24/03/2010
Je suis !
Avachi au fauteuil
Le ventre poussant la ceinture
Le corps comme l'esprit perclus de meurtrissures
De déjà vieilles douleurs
D'angoisse d'être malade
Ou de choir maladroit
A risquer la fracture
Gardant le verbe haut
Et le vers frétillant
Glougloutant la bibine de premium quality
Suréallistant les mots de cette histoire
Vomissant des métaphores ésotériques
Esotéraques et bien sur maléfiques
Et bientôt en juillet alignant
Cinquante neuf balais au-delà de l'écran
Portraituré ainsi auto ainsi soit-il
Comment ne pas être beau
Pendouillard en bidoche
Bandant pourtant encore
Avec des rêves dans la tronche
Et des envies parfois de faire des trous
Dans les imbéciles...
Je suis !
D.L24/03/10
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16/03/2010
Jean Ferrat
Jean Ferrat - Ma France
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
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03/11/2009
L'étranger
Sans être nyctalope pourtant
J'ai eu des nocturnes errances
Entre ivresse et désespérance
Qui me reviennent maintenant
Désincarnées et incertaines
Mais encore lugubres et noires
Et je m'y vois comme au miroir
L'image nette bien que lointaine
Chacun de nous la multitude
Lisant l'avenir dans la bière
Encore des demain comme hier
L'âme percluse de solitude
Bien tristes nuits quand j'y repense
Tant de fatigues engrangées
Je m'y vois comme un étranger
Dans des rues fermées de silences
Mais rien ne cogne et rien ne blesse
A resurgir de ces histoires
Qui titubent sur les trottoirs
Avec un parfum de jeunesse
Je m'avoue parfois des regrets
Qu'avec l'âge on s'assagisse
De la mort je vois les prémisses
Est-ce bien elle que l'on cherchait
Quand la folie guidait mes pas
J'avais une chanson aux lèvres
Et cette perpétuelle fièvre
Qui me jetait dans des combats
Alors l'étranger quelquefois
Que je croise dans le souvenir
Me fait signe de revenir
J'y vais mais je ne bouge pas !
D.L03/11/09
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16/10/2009
Saison
Il faudrait l'éloquence froide et mordorée
De cette feuille qui tombe dans son dernier silence
Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé
Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence
La musique du vent soufflant aux branches nues
L'appel d'un corbeau sur le matin tranquille
A peine ce nuage qui traverse les nues
Et me met dans la tête quelques idées puériles
Sans sa beauté lugubre l'automne ne vaut rien
Le soleil est trop vif d'une gaieté étrange
Sa lumière trop pâle étouffe les chagrins
Et la douceur du spleen n'aime pas ce mélange
Les reflets de la lune viennent astiquer le sol
Blanchissent le gazon des pelouses séchées
La buse sur le poteau guette le campagnol
Le crépuscule voit l'horizon s'embraser
Il manque quelque chose qui ne sait dire son nom
Un poids peut-être bien une lourdeur grise
La noirceur des brouillards dessus comme un plafond
Les embruns quelquefois transportés par la bise
Dans mes veines palpite ce printemps décalé
Les lézards sortent encore paresser sur les pierres
Le chrysanthème en fleur voit l'abeille butiner
Pour dire cette splendeur trompeuse de la terre
Il faudrait l'éloquence froide et mordorée
De cette feuille qui tombe dans son dernier silence
Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé
Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence
D.L15/10/09
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06/08/2009
Autruche
Comment vais-je faire si je n'ai pas ma dose
Comment vais-je faire faire pour rester vivant
Comment vais-je faire il faut que je trouve quelque chose !
Pour avoir du ravitaillement
Comment faisaient mon père mon grand-père
Tous mes aïeuls de tous les temps
Pour devenir nonagénaire
En étant aussi ignorant !
Comment vais-je devenir un homme
Si je n'ai pas mes omégas 3
Et sans ma ration de calcium
Et mes OGM au chocolat ?
Il me faut les chaussures machin
Un beau catcat pour plaire aux connes
Manger au super mac machin
Et une brosse à dents en chewing-gum
Mon lait de soja hydrogéné
Mon viagra aux tenseurs actifs
Mon bifidus mes allégés
Le shampooing qui recolle les tifs
Comment vais-je faire je n'ose pas y penser
S'il y a une grève ou une panne
Un soir de match à la télé
Et que je rate un but de Zidane
Comment faisaient mon père mon grand-père
Tous mes aïeuls de tous les temps
Pour devenir nonagénaire
En étant aussi ignorant !
Bien planqué sous ta capuche
Tu ne vois rien de l'enfer
Pauvre ballon de baudruche
Au gré des vents publicitaires
La politique de l'autruche
Masque la mort de la terre !
08/09/05
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