16/03/2009
Hommage
J’envoie au sol
D’un coup de boule
Les idées molles
Comme les quilles
Dans un bowling
Je suis ma boule
Dans la rigole
Le rire des filles
Me désaltère
Sur une jambe
Je fais un spear
Je suis sensible
Au crissements
Je rate la cible
Du sentiment
Je le défais
D’un coup de tronche
Et le goudron
M’obstrue les bronches
Je vais serein
Dans les angoisses
Avec ce chien
Appelé poisse
Et sur l’écran
Je me torgnole
Je meurs tout seul
Avec la gnôle
Je pisse des murs
Dans mon cocon
Ça devient dur
Pour mes poumons
Même le masque
A oxygène
Ne ressuscite
Pas les baleines
J’envoie aux chiottes
Les idées flasques
Je pars aussi
Tirez la chasse.
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15/03/2009
Rôdeuse
Je la sais là qui rôde
Contre la chair qu’érode
Les vagues en maraude
Le temps écrit une ode
Une onde mélodique
Dans le parfum frangé
Qu’étrangent les tropiques
Dans le soir fatigué
Encore combien de fois
Ce regard amusé
Les fragrances de lilas
Trompant mon âme usée
Immobile impavide
Et de fière apparence
J’emmène mon pas vide
Visiter le silence
De mon mieux j’écartèle
Le poids des souvenirs
Et je mets des attelles
A demain pour tenir
Si le néant me happe
Je le remplis de mots
Ainsi je m’en échappe
En y laissant mes maux
Je pleus parfois dedans
Des pluies noyant les peurs
Larmes séchées de vent
Et derrière les pleurs
Et avril quelquefois
Vient troubler mes hivers
L’aube gardant le froid
Comme regardant hier
L’erreur de perspective
Dans laquelle je bagaude
Patience définitive
Je la sais là qui rôde.
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28/01/2009
Pauvre horloger
Pauvre horloger
Tant de pendules
Et pas le temps
Pour remonter
Le temps
Pour voir avant
Il faut du rêve
Et la nuit montre
Tant de bonheur
Passé
Un tour d’horloge
C’est bien trop long
En funambule
Sur la trotteuse
Du vent
La nostalgie
C’est du mensonge
L’âge embellit
Les petits riens
D’avant
Mais rien jamais
Ne se refait
Le jour revient
Et c’est demain
Encore
A actionner
Le remontoir
La manivelle
Et la musique
Tictac
Heureusement
Aussi devant
Une fois l’an
Il y a le
Printemps.
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22/01/2009
Janvier
Même si je laisse hier tout ce qui est trop tard
Que les dés sont pipés je le sais par avance
Je saute dans la flaque au milieu du trottoir
Même les jours de pluie ensoleillent l’enfance
Alors je vois demain les traces dans la neige
Que la folie d’aimer laisse sur son chemin
Ce sont les notes d’un impossible solfège
Qui ne se joue qu’à deux comme d’une seule main
Le soleil qui revient je le vois dans tes yeux
Mais je suis en retard de bien quarante piges
Quand il me semblait être cet ado merveilleux
Et tous mes souvenirs n’en sont que des vestiges
Je me rêvais et j’aime à me rêver encore
Romantique et maudit dans la nuit solitaire
En poète debout face au vent dans l’aurore
Une fille près de moi sauvage libre et fière
Ça se soigne c’est sur mais toujours je déjante
En humain parmi d’autres pauvre grain de poussière
Je vois un autre monde ici me désenchante
Alors je me fabrique un bel imaginaire
L’âge me ride de son fouet mais ne pénètre pas
La sève monte encore même dans le dur hiver
Ce serait le printemps mais je n’y pense pas
Quelquefois la jeunesse a des relents amers
Je me réchauffe des femmes qui s’offrent à mon regard
Si belles je me raconte des filles de mensonges
Quand le sommeil arrive je les suis sans retard
Qui viennent se promener dans l’espace des songes
Et combien seront-elles ces passantes des yeux
A me convier toujours d'infaisables voyages
Je voudrais voir mes mains dans ce désir soyeux
Avec du pur amour sans filet ni trucage
Alors je laisse autant et je laisse toujours
La démence mener ma barque chimérique
Et je persiste à voir dans l’invisible autour
Les aventures chaudes rencontres utopiques
Je suis un maraudeur à l’affût du plaisir
Je fais don de tendresse et j’accepte l’offrande
D’un geste d’un regard ou d’un joli sourire
J’ai l’épargne secrète j’attends les dividendes
Je ne suis pas de ceux hésitant de tango
Myopes qui ne savent plus ni l’avant ni l’arrière
Le rêve c’est demain hier est dans les mots
Et le baiser final a les pieds sous la terre
Je ne suis pas de ceux croyant dans le miracle
Qu’un déluge annoncé laissera sains et saufs
Et tranquilles et légers contemplant la débâcle
Assis sur un gazon que le soleil réchauffe
L’âge creuse et ravine et burine la peau
Agit sur la tripaille et sur le palpitant
Il essore les muscles et fait tordre les os
Mourir jeune c’est fini je n’en ai plus le temps
Je berce d’illusions ma vieillesse à venir
D’une main virtuelle pour caresser les courbes
Je m’aide quelquefois d’une verrée de plaisir
Pour adoucir ma gorge parfumée par la tourbe
Mon âme est insatiable elle guette l’émotion
Que le désir allume parfois sur la pupille
D’une inconnue rêveuse dont la séduction
Ecrira dans ma tête un poème tranquille
Je ne suis pas de ceux que la peur ratatine
Et qui bourrent à ras bord de fric leurs édredons
Qui méprisent les gueux et cela me fascine
Rêvent de l’autre vie promise des religions
Je ne suis pas de ceux qui façonnent leur corps
En prenant pour modèle un dieu publicitaire
Et dont la chair pendouille dépourvue de ressort
Quand l’âge triomphant laisse s’en échapper l’air
Je ne suis pas de ceux qui en conquistador
Choisissent sur catalogue des congés exotiques
Et pleurent pour une nuit dans un aéroport
Une grève bloquant leurs vacances idylliques
Je ne suis pas de ceux dont la seule ambition
Est celle de « m’as-tu vu » de petite envergure
Qui guette dans les temples de consommation
La marque qui d’un coup allonge leur pointure
Notre monde est le même c’est le regard qui change
La solitude amie qui fait le sentiment
Et le ressentiment de la bêtise étrange
Qui nous prend par le cou pour un étranglement
Je suis cet amoureux permanent et perdu
Dans le bonheur suprême que crée la permanence
Un nostalgique amer des amours jamais eues
Un vagabond errant aux portes du silence
Et j’attends de demain une bouche pour la mienne
L’ « ardence » du désir et la pulpe gonflée
La fraîcheur juvénile qui purifie l’haleine
Les lèvres sans scrupules qui s’offrent à baiser
Je ne suis pas de ceux sans amour ni haine
Formaté jusqu’au fond aveuglé jusqu’au sang
Dans le cruel des jours mon esprit se promène
Sens en éveil je vois je goûte j’écoute je sens
Dormir dans des draps une femme à son coté
En se tournant le dos « taciturnant » le noir
Je me demande parfois où est la dignité
Une chambre lugubre ou un bout de trottoir
Je n’ai pas de sagesse la votre m’horripile
Je préfère la folie quand elle est à vos yeux
Aucun de vous ne peut aborder sur mon île
Elle est si jeune et belle et vous êtes si vieux
Dans le mensonge miroir vous vous voyez si grands
Que vous pensez indigne le pauvre qui mendie
Vous ne donnez alors qu’un regard méprisant
Et ce miroir réel vous rend votre mépris
Je ne suis pas de ceux bloqués dans une case
Dont la pensée minus rebondit sur les murs
Leur revient dans la gueule, les plie et les écrase
Fait gonfler leur orgueil et leur cache l’azur
De ceux qui s’agenouillent marquant leur soumission
A une vieille horreur bâtie sur des bêtises
Pour y régénérer l’essence de leurs pulsions
Et semer la violence où le monde s’enlise
Je suis celui qui passe en se sachant passer
Je suis celui qui rêve de ta peau impossible
Les ailes étendues et la bouche fermée
Le sourire en dedans du regard impassible
Comme ce brouillard léger dans les arbres en lambeaux
Comme ces mots veloutés que je ne dirais plus
Comme l’appel au secours d’un monde qui fut beau
La lettre non écrite que j’ai pourtant reçue
Je suis celui qui met du printemps dans l’automne
Quand janvier au soleil craque dans la froidure
Quand le poil qui blanchit fait vieillir le bonhomme
Quand mon âme imagine l’été et l’aventure
Je suis cet ignorant dont le seul savoir
Se construit de désir et de désespérance
Le désir animal l’animal désespoir
Et l’amour par-dessus pour gonfler la souffrance
Dans le vent de l’hiver j’agglomère le chaos
Adolescent encore debout dans ce poème
Et la nuit qui blanchit m’épargne de ces mots
Et je tais à jamais cette romance : Je t’aime.
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06/12/2008
la nouvelle chanson des gueux
Quand elle ouvre les bras
Me voyant arriver
Il m’arrive de rêver
Qu’elle n’attend que moi
Que je suis le soldat
Qui revient de la guerre
Qui sort de la misère
De la faim et du froid
J’imagine le café
Qui chauffe sur le réchaud
J’ai envie d’avoir chaud
Et de me reposer
Et soigner mes blessures
Revenir à la norme
Jeter cet uniforme
Avec mes déchirures
Quand elle ouvre les bras
Ses yeux restent fermés
Elle parle de pitié
Et moi je n’en veux pas
Elle ne regarde pas
Ce miroir sacrifié
Qui dit la vérité
Mais elle n’y croit pas
Elle ne veut pas se voir
Sans son lourd maquillage
Elle me voudrait en cage
Enfermé sans espoir
Mais je reste debout
Et digne malgré elle
Quand cette vie cruelle
Me voudrait à genoux
Quand elle ouvre les bras
C’est pour me faire partir
Elle nous aide à sortir
Mais on ne revient pas
Elle se pince le nez
Elle n’entend pas mes cris
Du haut de son mépris
Elle ne voit pas lever
L’armée inattendue
Cette fleur de misère
Abreuvée de colère
Qui monte de la rue
Et cette armée de gueux
Gavée de ses paroles
Inversera les rôles
Pour lui ouvrir les yeux.
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