02/01/2022
L'an zéro
J'ai cru ne pas sortir et pourtant je le suis
Elle me l'a reproché et la chaleur avec
J'étais le responsable coupable sans doute aussi
Moi pauvre nourrisson épais comme un fruit sec
Comme si j'étais fourbe déjà avant de naître
Fourbe et calculateur que j'avais fait exprès
Choisi le jour et l'heure et le mois pour paraître
Un dimanche matin au début de juillet
Bien content de quitter le liquide amniotique
J'ai ouvert sur le monde mes magnifiques yeux bleus
Dans la touffeur ambiante témoignant des tropiques
Pourquoi pas à Montreuil des tropiques de banlieue
Ensuite pour un moment je suis resté peinard
Babillant et rotant et peut-être souriant
Et prenant hardiment du poids en vrai têtard
Sept mois quand on est neuf c'est un beau bout de temps
V'là t'y pas qu'à cet âge je fais une crise d'asthme
Mes bronches sont étrécies je siffle comme un steamer
On me brûle la couenne avec des cataplasmes
On me colle dans la goule des sirops assommeurs
De vomis en cacas j'allais cahin-caha
Victorieusement passer mon premier hiver
De justesse, février et mars je pris du gras
Avril comme un régime m'enverrait en enfer
L'avenir attendu m'a pris bronches et poumons
Niveau température j'ai battu des records
Je cuisais dans mon jus jusqu'à des convulsions
Un ultime tremblement puis plus rien j'étais mort
Soixante-dix piges plus tard si j'écris ce chef-d'œuvre
C'est qu'une première fois elle m'a épargné
Elle m'a recraché déposé à pied d'œuvre
Devant une existence peut-être méritée ?
Elle m'a fauché trois jours dont il ne reste rien
Trois journées de néant dans un profond coma
Dans un passé bien sûr dont on ne se souvient
D'avoir tant entendu conter ces histoires là
De la suite il me reste des réelles images
Cette vieille bonne sœur qui venait me piquer
Devant la grande fenêtre adapté à mon âge
Cette caisse de bois qui était mon pucier
La phobie des toubibs qui me resta gravée
Chaque visite me voyait me planquer de mon mieux
Mes pleurs ne changeaient rien il fallait bien soigner
Mon corps en marmelade et mes nerfs furieux
Je voulais que s'arrêtent tous ces coups de seringues
J'étais un animal prisonnier douloureux
Je n'avais pas un an et je devenais dingue
Soixante-dix ans plus tard je me sens un peu mieux...
L'an zéro, Daniel Bontemps-Laudrin, Décembre 21 - Janvier 22
17/12/2021
La beauté...
L'infini bonheur de ceux qui savent
Comme ils ouvrent leurs yeux
Ouvrir leur cœur, leur âme et leur corps
Jusqu'à la plus infime particule
Et respirer le paysage
S'en emplir
Le devenir
S'arrêter là, suspendre un geste
tourner la tête
Contempler
Se souvenir en laissant chaque instant du passé
Devenir présent
Se souvenir, donner à chaque seconde le poids de l'éternité
Là, planté dans le jardin
Revivre tant de partages, tant d'amitiés, tant de musiques
Savoir le sourire de chaque moment, arrêter le moment
Ralentir les saisons, les années, les minutes
Rentrer à la maison avec quelques bûches
Allumer une flambée
N'avoir qu'un seul mot pour tout ça
Pour la splendeur du monde, de l'amour
La beauté...
Daniel Laudrin
17 12 2021
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02/12/2021
Premier décembre
Premier décembre
Je touille les cendres
Je cherche les ombres
Dans les décombres
Je vais derrière
Dans des ornières
Et je patauge
Dans cette bauge
Je suis coincé
Dans ce passé
Dans mon histoire
Comme un miroir
Où je m'enfonce
Mais je renonce
Curieux mélange
Où rien ne change
Tout est vivant
Tout est dedans
Et j'en ajoute
Je le redoute
des souvenirs
Définitifs
01 12 2021
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21/10/2021
Amis
Amis vous êtes là au creux de mon silence
Et pas un jour ne passe sans que je pense à vous
Pas un jour sans vous voir quelques soient les distances
Et sans imaginer le monde autour de vous
Votre ciel vos nuages l'air que vous respirez
Et quelquefois le manque me travaille les tripes
Mais le soleil de rêve qui vient me réchauffer
Me chante un avenir auquel mon cœur s'agrippe.
20 10 2021
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30/04/2021
Pleine lune
Dans la nuit propice
Toutes les délices
Même les délires
Et tous les désirs
Respirent
Quand le ciel s'allume
Ronde et pleine lune
Sans besoin de fard
se met en plein phare
Et pare
Pour les noctambules
Ceux qui déambulent
N'en croient pas leurs yeux
La planète bleue
De bleu
Et le bleu du ciel
D'avant le soleil
Semblant qu'il se trompe
Lentement estompe
Et rompt
Ce moment propice
Toutes ces délices
de la nuit obscure
Perdues dans l'azur
murmurent
Qu'un peu de patience
Fait passer l'absence
Que le jour prend fin
Que la nuit revient
Enfin !
27 04 2021
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