16/10/2009
Saison
Il faudrait l'éloquence froide et mordorée
De cette feuille qui tombe dans son dernier silence
Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé
Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence
La musique du vent soufflant aux branches nues
L'appel d'un corbeau sur le matin tranquille
A peine ce nuage qui traverse les nues
Et me met dans la tête quelques idées puériles
Sans sa beauté lugubre l'automne ne vaut rien
Le soleil est trop vif d'une gaieté étrange
Sa lumière trop pâle étouffe les chagrins
Et la douceur du spleen n'aime pas ce mélange
Les reflets de la lune viennent astiquer le sol
Blanchissent le gazon des pelouses séchées
La buse sur le poteau guette le campagnol
Le crépuscule voit l'horizon s'embraser
Il manque quelque chose qui ne sait dire son nom
Un poids peut-être bien une lourdeur grise
La noirceur des brouillards dessus comme un plafond
Les embruns quelquefois transportés par la bise
Dans mes veines palpite ce printemps décalé
Les lézards sortent encore paresser sur les pierres
Le chrysanthème en fleur voit l'abeille butiner
Pour dire cette splendeur trompeuse de la terre
Il faudrait l'éloquence froide et mordorée
De cette feuille qui tombe dans son dernier silence
Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé
Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence
D.L15/10/09
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