25/08/2024
Françoise
Je ne m'attendais pas à avoir cette réaction, ce bouleversement, cette émotion intense en apprenant la mort de Françoise. D'abord je ne m'attendais pas à ça, je garde encore le souvenir de Françoise avec son sourire malicieux, la cigarette aux lèvres, cette saloperie de cigarette, quand ce n'était pas un cigarillo... C'est Michèle qui m'a présenté Françoise. En quelle année ? Je n'ai pas de souvenirs précis, 71 ? C'était à Muzillac, on avait bu un pot ensemble, le premier, peut-être au « Récif » peut-être à la taverne de Pénesclus ? On avait ri, raconté des conneries, sympathisé. Elle était presque gamine, excitée, pleine de projets.
Françoise était dans le secret, la seule à savoir ce qui existait entre Michèle et moi. J'ai aussi le souvenir d'une rencontre, je crois que c'était en novembre 73, Il me semble que j'avais assisté à quelque chose, mais quoi ? Françoise devait faire parti d'un truc de curetons, de nones, je ne sais quoi, il y avait peut-être une fête ? Enfin je me suis trouvé assis au troquet en face d'elle, c'était la fin de l'après-midi, elle m'a dit qu'elle écrivait des poèmes, que Michèle lui avait dit que j'étais un poète et elle a commencé à me réciter ses trucs... J'étais vraiment dans un monde très différent du sien, elle était encore ado avec ses questions, ses problèmes et ses poèmes étaient longs, embrouillés et je n'arrivais pas à les écouter avec attention. J'ai fait semblant aussi longtemps que j'ai pu, je lui ai dit ensuite que j'avais eu un peu de mal à suivre mais que c'était bien. On a parlé de Michèle et des projets de Françoise de s'inscrire aux beaux-arts de Rennes après le bac.
En soixante-treize on s'est revu très peu, le temps quand même de boire un coup avec Michèle, à la taverne de Pénesclus. Et puis en soixante-quatorze, invité par Michèle, j'ai débarqué avec mon baluchon, mes disques, mes fringues, ma guitare et ma folie à la Monniais à Cessons-Sévigné, dans cette partie de ferme froide que Michèle et Françoise se partageaient. Françoise a été témoin des débuts de cette histoire -pas des vrais débuts mais des retrouvailles définitives- cette histoire d'Amour... Évidemment on s'est revu souvent à Muzillac, à Vannes et à Sulniac quand elle a acheté sa maison. Puis on a habité à Colpo et puis, c'est la vie !
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10/08/2024
Mélancolie 2
Une musique lente de cordes alanguies
Les algues caressées par la mer à l'étal
Une lune flemmarde pour éclairer la nuit
d'une triste lueur blanche bleuâtre et pâle
C'est comme un soir d'hiver sur une plage perdue
Loin sur l'eau l'éclat blanc d'une bouée cardinale
L'horizon dégagé tel une ligne nue
Entre le noir liquide et le clair sidéral
Immobile sur le sable le regard égaré
Contempler dans le ciel le coton d'un nuage
En restant là inerte comme mort allongé
Laisser cette mélodie nous offrir le voyage
Promeneur dans le vide d'une rue en abandon
Dimanche après-midi dans une ville déserte
Cette musique ignorée par toutes les partitions
Qui aime son existence solitaire et secrète
Ici là-bas ailleurs dehors comme dedans
Sans soucis du soleil du vent ou de la pluie
Mélancolie
10 08 2024
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01/08/2024
Mélancolie
Brusquement comme sorti du monde
Regard creux pensées vagabondes
Dans ce quelque part indicible
où je voudrais rester longtemps
Dans cet espace inaccessible
Sans être mort ni vivant
D'un oiseau le vol bleu fugace
Qui passe sans laisser de traces
Que cette douceur infinie
Qui fait mal tant elle est profonde
Cette douleur et cet oubli
L'éternité d'une seconde
Alors je me secoue et puis
Mélancolie mélancolie
Ai-je la force de quitter
La triste joie de ces instants
Ce vide plein de liberté
Sans être mort ni vivant...
D.L.B 01 08 2024
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16/07/2024
Vendôme...
Vendôme
Je me souviens des nuits passées sur les routes, entre deux points précis, entre « chez nous » et « chez eux », l'appel lent du matin, le jour qui vient sur les montagnes, dans les bois, les forêts, entre les étangs des Dombes ou les vignobles du Beaujolais, les vignobles du pays nantais, au retour. Les animaux furtifs qui traversent, renards, chevreuils, lièvres, sangliers... La radio en sourdine quand il y avait une radio... Mon amour à côté de moi, ma chienne à ses pieds, les enfants à l'arrière qui dorment ou non...
Je me souviens des villes, des villages traversés, déserts. Je me disais : il y a des gens qui dorment là, dans ces maisons, des gens qui entendent chaque jour et chaque nuit les voitures les motos les camions, le vacarme incessant. Parfois une lueur, une fenêtre éclairée. Je me suis demandé souvent comment on pouvait vivre là. C'était bien avant que les périphériques, les itinéraires poids lourds et les ronds-points existent. La route traversait Cholet, Poitiers, Chauvigny, Saint Calais, Vendôme, Saint Pourçain, Paizay-le sec, Montluçon et tant d'autres tant de départements, de régions, d'invisibles paysages.
Vivre ici ou là dans ces villages qui me semblaient perdus au milieu de nulle part, au milieu de la nuit, éclairés uniquement par la lumière jaune des phares.
Naître ce n'est pas choisir, alors pourquoi pas dans cette campagne, dans ce village, dans cette maison au bord de cette route. Puis aller à l'école, marcher jusqu'au feu tricolore, attendre qu'il soit rouge, le passage pour piétons pour traverser, rejoindre, un peu à l'écart près de la mairie, la cour de la petite école, les copines et les copains, la maîtresse ou le maître, être sage ou pas... Plus tard aller en car au collège au chef-lieu puis au lycée à la ville, en pension peut-être. Passer des examens, choisir ou pas une orientation, un métier ou des études. Rencontrer celle ou celui que sera l'amour, le vrai, le fort, l'éternel, la famille, qui durera ce qu'il durera... Rester ou partir, l'usine, le bureau, la ferme, les vaches, les moutons, les chèvres, les céréales, les terres, les emprunts... La vie, pareille partout, riche ou pauvre et le jour qui vient enfin. L'arrêt dans un village comme un autre dont on ne se souviendra pas du nom, pour faire une pause pipi, faire sortir les enfants, faire courir la chienne, Aller dans ce bistrot déjà ouvert, boire un café et manger un croissant avant de continuer jusqu'au but...
Ne plus penser jusqu'au retour, à tous ces villages, toutes ces villes, toutes ces vies...
D.L.B 16 juillet 2024
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VACANCE
Baigné, immergé dans le parfum des mélèzes et de la multitude des fleurs du printemps, marchant sur le moelleux tapis d'aiguilles dorées, retrouver le souffle, écouter l'harmonie musicale des oiseaux et du torrent voisin, refuser le monde ailleurs qu'ici, pour un moment, une minute, une heure, ne rien avoir en tête d'autre que ce bonheur, que cette envie d'ouvrir les bras pour aspirer mieux encore l'air et le paysage, les couleurs, la vie. Marcher encore dans le jaune des trolles, des boutons d'or, des pissenlits, du millepertuis, du lotier des Alpes, dans le bleu du ciel et des myosotis, des gentianelles, des gentianes de Koch, dans le blanc des dryades à huit pétales... Regretter qu'il soit trop tôt pour la folie de l'été, des campanules, des orchis, des anémones... Monter encore jusque sur les pierres, avaler le ciel, le blanc des petits nuages animant l'azur. Guetter l'aigle et le chamois, le chevreuil et le bouquetin, le renard, la marmotte... Et puis redescendre en gardant bien plus qu'un souvenir, l'intensité des instants de vrai bonheur et de sérénité absolue !
DLB 22 06 2024
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