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10/08/2024

Mélancolie 2

Une musique lente de cordes alanguies

Les algues caressées par la mer à l'étal

Une lune flemmarde pour éclairer la nuit

d'une triste lueur blanche bleuâtre et pâle

 

C'est comme un soir d'hiver sur une plage perdue

Loin sur l'eau l'éclat blanc d'une bouée cardinale

L'horizon dégagé tel une ligne nue

Entre le noir liquide et le clair sidéral

 

Immobile sur le sable le regard égaré

Contempler dans le ciel le coton d'un nuage

En restant là inerte comme mort allongé

Laisser cette mélodie nous offrir le voyage

 

Promeneur dans le vide d'une rue en abandon

Dimanche après-midi dans une ville déserte

Cette musique ignorée par toutes les partitions

Qui aime son existence solitaire et secrète

 

Ici là-bas ailleurs dehors comme dedans

Sans soucis du soleil du vent ou de la pluie

Mélancolie

 

10 08 2024

 

01/08/2024

Mélancolie

Brusquement comme sorti du monde

Regard creux pensées vagabondes

Dans ce quelque part indicible

où je voudrais rester longtemps

Dans cet espace inaccessible

Sans être mort ni vivant

 

D'un oiseau le vol bleu fugace

Qui passe sans laisser de traces

Que cette douceur infinie

Qui fait mal tant elle est profonde

Cette douleur et cet oubli

L'éternité d'une seconde

 

Alors je me secoue et puis

Mélancolie mélancolie

Ai-je la force de quitter

La triste joie de ces instants

Ce vide plein de liberté

Sans être mort ni vivant...

 

D.L.B 01 08 2024

 

15/10/2023

Comment

Comment vient la vieillesse comment fait-elle son lit

De ce lent pas tranquille esquivant les douleurs

Plongeant comme par mégarde vers la mélancolie

Se souvenir encore ces souvenirs tricheurs

 

Est-ce qu'elle vient un matin au réveil par surprise

Ou longtemps est-ce qu'elle s'insinue secrètement

En creusant des sillons dans lesquels s'enlisent

Tant de belles illusions alourdies par les ans

 

Est-ce qu'elle n'était pas là déjà ce drôle de jour

Par avance sachant que viendrait sa victoire

Comme l'amour la jeunesse ne dure pas toujours

Ce jour où j'arrivais premier de mon histoire

 

Les bras deviennent plus courts les panards sont plus loin

Les manches flottent autour des muscles amaigris

Les jours suffisent au jour comme demain à demain

les projets d'avenir ont des buts étrécis

 

Les morts sont plus nombreux que le sont les vivants

Fermant les yeux je vois cette armée de fantômes

Tous ceux qui ont compté qui me parlent d'avant

Qui viennent quelquefois me perturber le dôme

 

C'est ce poids sur la nuque ces taches sur l'épiderme

Alors qu'auparavant j'étais bien immortel

Fini l'éternité en approchant du terme

Mon amie la folie assure l'essentiel

 

Je ne suis pas De Gaulle je ne fais pas naufrage

Je ne suis pas Don Diègue elle n'est pas l'ennemie

Elle est au bout du compte une simple question d'âge

Et le seul vrai problème est qu'un jour elle finit.

D.Laudrin 15 10 2023

02/01/2022

L'an zéro

J'ai cru ne pas sortir et pourtant je le suis

Elle me l'a reproché et la chaleur avec

J'étais le responsable coupable sans doute aussi

Moi pauvre nourrisson épais comme un fruit sec

 

Comme si j'étais fourbe déjà avant de naître

Fourbe et calculateur que j'avais fait exprès

Choisi le jour et l'heure et le mois pour paraître

Un dimanche matin au début de juillet

 

Bien content de quitter le liquide amniotique

J'ai ouvert sur le monde mes magnifiques yeux bleus

Dans la touffeur ambiante témoignant des tropiques

Pourquoi pas à Montreuil des tropiques de banlieue

 

Ensuite pour un moment je suis resté peinard

Babillant et rotant et peut-être souriant

Et prenant hardiment du poids en vrai têtard

Sept mois quand on est neuf c'est un beau bout de temps

 

V'là t'y pas qu'à cet âge je fais une crise d'asthme

Mes bronches sont étrécies je siffle comme un steamer

On me brûle la couenne avec des cataplasmes

On me colle dans la goule des sirops assommeurs

 

De vomis en cacas j'allais cahin-caha

Victorieusement passer mon premier hiver

De justesse, février et mars je pris du gras

Avril comme un régime m'enverrait en enfer

 

L'avenir attendu m'a pris bronches et poumons

Niveau température j'ai battu des records

Je cuisais dans mon jus jusqu'à des convulsions

Un ultime tremblement puis plus rien j'étais mort

 

Soixante-dix piges plus tard si j'écris ce chef-d'œuvre

C'est qu'une première fois elle m'a épargné

Elle m'a recraché déposé à pied d'œuvre

Devant une existence peut-être méritée ?

 

Elle m'a fauché trois jours dont il ne reste rien

Trois journées de néant dans un profond coma

Dans un passé bien sûr dont on ne se souvient

D'avoir tant entendu conter ces histoires là

 

De la suite il me reste des réelles images

Cette vieille bonne sœur qui venait me piquer

Devant la grande fenêtre adapté à mon âge

Cette caisse de bois qui était mon pucier

 

La phobie des toubibs qui me resta gravée

Chaque visite me voyait me planquer de mon mieux

Mes pleurs ne changeaient rien il fallait bien soigner

Mon corps en marmelade et mes nerfs furieux

 

Je voulais que s'arrêtent tous ces coups de seringues

J'étais un animal prisonnier douloureux

Je n'avais pas un an et je devenais dingue

Soixante-dix ans plus tard je me sens un peu mieux...

 

L'an zéro, Daniel Bontemps-Laudrin, Décembre 21 - Janvier 22

17/12/2021

La beauté...

L'infini bonheur de ceux qui savent

Comme ils ouvrent leurs yeux

Ouvrir leur cœur, leur âme et leur corps

Jusqu'à la plus infime particule

Et respirer le paysage

S'en emplir

Le devenir

S'arrêter là, suspendre un geste

tourner la tête

Contempler

Se souvenir en laissant chaque instant du passé

Devenir présent

Se souvenir, donner à chaque seconde le poids de l'éternité

Là, planté dans le jardin

Revivre tant de partages, tant d'amitiés, tant de musiques

Savoir le sourire de chaque moment, arrêter le moment

Ralentir les saisons, les années, les minutes

Rentrer à la maison avec quelques bûches

Allumer une flambée

N'avoir qu'un seul mot pour tout ça

Pour la splendeur du monde, de l'amour

La beauté...

 

Daniel Laudrin

17 12 2021