30/04/2021
Pleine lune
Dans la nuit propice
Toutes les délices
Même les délires
Et tous les désirs
Respirent
Quand le ciel s'allume
Ronde et pleine lune
Sans besoin de fard
se met en plein phare
Et pare
Pour les noctambules
Ceux qui déambulent
N'en croient pas leurs yeux
La planète bleue
De bleu
Et le bleu du ciel
D'avant le soleil
Semblant qu'il se trompe
Lentement estompe
Et rompt
Ce moment propice
Toutes ces délices
de la nuit obscure
Perdues dans l'azur
murmurent
Qu'un peu de patience
Fait passer l'absence
Que le jour prend fin
Que la nuit revient
Enfin !
27 04 2021
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05/04/2021
1981
Voilà, j'ai terminé mon travail, le tri de toutes les poésies écrites depuis les années 70 jusqu'aux années 2000... Je n'ai jamais eu peur de l'autodafé, entre 150 et 200 poèmes sont passés à la poubelle, sans regrets. Ce n'est pas une chose facile de retrouver le jeune homme que j'ai été, un peu naïf, un peu ridicule même (peut-être), l'amoureux permanent, l'obsédé par la mort, par le silence... Et puis il y a eu le deux février 1981 et quarante plus tard la douleur qui frappe encore, le palpitant qui hésite mais je voulais aller jusqu'au bout, j'y suis allé.
1981
ET PUIS VINT LE DEUX FÉVRIER
LE MILIEU DE L'HIVER SON CŒUR
INSTALLER LA MORT DANS TON CORPS
ET LE DUR HIVER DANS NOS CŒURS
Faut-il jouer avec les mots
Maintenant que tu es en terre
Imaginer ce qui est vrai
Ce qui est fou l'absence
Ne plus compter les heures
Me séparant de toi
Je te parle pourtant
Et tu es dans ma tête
A entendre mes mots
Moi aussi je t'entends
Je te vois et c'est tout
La chaleur a quitté nos corps
Ton front ton sein n'existe plus
Et l'amour tourne dans ma cage
Je t'aime encore
Et déjà imaginer l'absence
Et vivre.
05 02 1981
Tu sais ce que peuvent manquer ton visage et ta chaleur
Et les gestes de tous les jours qui se comptaient par deux
Ma main frôlant tes fesses pour attraper le torchon
Ton sourire ton rire et tes larmes et l'avenir
La chienne sait je le lui ai dit mais elle t'attend encore
A chaque bruit elle est dressée prête à te faire la fête
Elle nous regarde tristement elle ne comprend pas
Les pleurs des enfants dans la nuit l'absence de joie
Tu sais comme peuvent manquer sous mes lèvres ton front
Tes yeux ton nez ta bouche et ton cou et tes mains
Je voudrais encore blottir mon visage sur tes seins
Je voudrais tant que tu arrives il va être dix heures
Mais la vie est impitoyable elle ne regarde pas
Celui qui part celui qui reste on a jamais le choix
Tu es partie un soir d'hiver vers un autre hiver je crois
J'ai la peine rivée au corps la mort ne s'imagine pas
Je pense à ta peur sur la route à ce moment là
Où je me suis levé pour éclairer la nuit je savais
Mon bel amour est blessé et je reste tout seul
Mais tu es là présente et tu n'existes plus
tu sais ce que peuvent manquer la tendresse et l'amour
Et les gestes de tous les jours que l'on faisait à deux
Je t'aime encore comment d'ailleurs ne plus pouvoir t'aimer
tu sais ce que peuvent manquer la tendresse et l'amour.
06 02 1981
Je voudrais bien fermer le livre de notre amour
Mais je ne peux pas
Tu es partie avec la clé je crois
Et jamais ce livre ne sera fermé
Je t'ai dans la tête je suis comme un con
Mille fois encore je vais jusqu'à la fenêtre
Je regarde le portail que tu ne franchiras plus je t'attends
Jamais je ne cesserai de t'attendre
Les enfants sont là vivants comme si bien elles savent être vivant
Les mots appuient sur l'injustice de ta mort
Je sais que ma douleur est égoïste elle est à moi
Précise et cruelle au cœur
Lancinante à l'âme
Tu es partout tu me tires et je suis déséquilibré
J'ai vu ton corps cloué par la nuit et par la mort déjà
Ce soir d'hiver que je sais ne jamais oublier
Je t'aime je vis j'ai froid
J'existe encore mais c'est étrange de vivre maintenant
J'ai posé un dernier baiser sur ta peau froide
Je sais que tu n'existes plus mais je t'attends mon amour
Les mots sont si cons
Certains seront imprononçables ton nom
Ce nom tendre et enfantin que je te donnais mon amour
J'ai encore bien du chemin à faire je crois
Un long chemin avec des peines et des joies
Le temps s'est arrêté pour toi et j'ai encore besoin de ton amour de ta tendresse mon amour
Ce n'est qu'une page de notre amour qui a tourné
Le livre n'est pas fermé
Je t'attends.
07 02 1981
Doucement je descends
De durs escaliers
Peut-être suis-je en bas
Ils ne sont pas de bois
Ni de fer ni de pierre
Il sont faits de tristesse
Et même je ne sais
S'ils me mènent vers toi
Ni même où tu es
Je sais dur l'hiver
Et ton corps glacé
Dans le fond de la terre
Il y a sur les marches
tout ce qui nous faisait
La beauté des choses
Le sourire du chien
Tout ce qui se partage
Ton regard ton sourire
La chaleur de ta voix
Deux filles si mignonnes
A vivre encore pour elles
Je me parle sans cesse
A toi et tu me parles
Tu es dans tous les gestes
Tu me donnes la main
Un jour je viendrai
Je te rejoindrai
dans l'inconnu et le néant
Ici le chemin se tourne
Et me cache son horizon
J'entends ton message et j'aime
qu'il me dise aimes !
14 02 1981
Deux février
Ma bien aimée
Tu es partie
T'a emmenée
L'autre pressé
Et endormi
Il t'a cassée
Ma bien aimée
Il t'a meurtrie
Et m'a privé
De tes baisers
Et de ta vie
Je vais chanter
qu'il faut s'aimer
C'est ton message
La lampe est restée allumée
Je vais chanter.
14 02 1981
Parles mon bel amour
Parles dans la machine
Parles j'entends si bien
Le fond de ta pensée
Ta vie et puis la mienne
violemment séparées
Dans une nuit d'hiver
Parles encore toi que j'aime
Parles.
14 02 1981
Je ne sais pas ta mort
Je ne sais pas ta nuit
La porte reste ouverte
J'ai tant de choses à partager
ton sourire n'éclaire plus les amitiés
Ami viens quand même
Habiller de musique la tristesse
Ami
Mon amour n'est pas mort
Mais il m'est arraché
Je l'ai vu sur la route l'autre nuit
Il fait froid
Les filles sont gentilles
Elles ne réclament pas
Leur maman
Mais elles ont dans les yeux
Tant de peine au fond
Je ne sais pas ta mort
Tu n'es plus près de moi
Et je ne sais pourquoi
Je vis parfois je pense
En regardant le feu
A toi et à la terre
A la nuit
J'ai froid
J'ai mal à moi
A toi
Mon amour
Et je t'attends.
15 02 1981
Je voudrais bien tout poser là
Entre la fatigue et le froid
Laisser le poids des inquiétudes
La mort me tire un peu des fois
quand elle s'habille un peu de toi
Dans les fonds de ma solitude
Je voudrais bien poser mon cœur
Vider l'océan des douleurs
Et me coucher dedans la terre
La vie du réveil marque l'heure
Je voudrais conjurer la peur
On a pris ma moitié entière
On a croqué mon meilleur fruit
Tranché la masse de ma vie
Et scié deux pieds de la table
Je boite de cœur et d'esprit
Et ne rencontre plus ici
que des images impitoyables
Ça fera deux semaines demain
Dix ans peut-être après demain
Que s'est arrêté ton âge
Nos filles se donnent la main
Et des baisers et des câlins
Nous poursuivons notre voyage
C'est si dur de ne plus te voir
Une nuit a tué l'espoir
Nos rêves vont à la dérive
Tout seul devant le feu ce soir
Ces mots c'est comme un peu te voir
Mais sans passer sur l'autre rive
Je sais il faut pas s'arrêter
Mais mon bel amour en allé
La nuit me couvre de silence
On ne s'aime jamais assez
Toute la maison est glacée
Mon âme aussi de ton absence
Ça fera deux semaines demain
Mille ans peut-être après demain
Que s'est arrêté ton âge
Nos filles se donnent la main
Et des baisers et des câlins
Nous poursuivons notre voyage.
15 02 1981
J'ai pris un livre et je l'ai lu
Je crois qu'il parlait de montagnes
Je ne sais plus rien de l'histoire
Le feu est dans la cheminée
Le chien le chat dans leurs paniers
chaque chose a gardé sa place
Les filles ont le sommeil profond
Il fait très froid en ce moment
Et parfois j'arrive à sourire
Mais j'ai le cœur tout arraché
Je n'ai pas fini de t'aimer
Il faut déjà fermer le livre
J'ai écrit des chansons nouvelles
Je ne sais pas si elles sont belles
Mais tu habites chaque ligne
tu ne pourras plus rien me dire
Et pourtant je t'entends encore
J'ai dans la tête ton sourire
Je ne t'ai pas assez serrée
contre moi et mes lèvres tremblent
Au seul souvenir de ta bouche
La nuit seul dans le lit glacé
Je ne trouve pas le sommeil
J'attends que tu viennes t'étendre
Je sais ce qui n'est plus possible
Mais la nuit me fait peur et mal
Je me raconte des mensonges
L'hiver est accroché dedans
Et si dehors il fait beau temps
Le froid reste là impassible
J'ai attrapé le froid un soir
En février dans le brouillard
Sur la route où la mort t'a prise
Le soleil peut bien me chauffer
Mon cœur déjà s'en est allé
Près de toi dans la terre grise.
17 02 1981
Elle pensait au chien et au chat
A ses filles et aussi à moi
Elle me savait déjà l'attendre
Elle avait le cœur plein de joie
Et sa pensée s'arrête là
La mort est venue la surprendre
Elle pensait peut-être au jardin
Aux fleurs qui s'ouvriront demain
Aux primevères et aux jonquilles
Aux courses faites le matin
Aux cadeaux qui demain matin
Feraient s'émerveiller les filles
Certains hommes sont trop pressés
Pour de l'argent ou du papier
Ils se foutent des conséquences
Et le soir du deux février
Un de ces cons a supprimé
toutes joies de notre existence
Elle pensait déjà aux beaux jours
A notre maison à l'amour
Au printemps et peut être même
A l'avenir qui un beau jour
viendrait sourire à notre tour
Une nuit a forgé la peine
A quoi sert de toujours courir
Me dit-elle et je veux écrire
Ce qu'elle pensait dans la nuit blême
Tous un jour nous devons partir
Rien ne vaut qu'on fasse mourir
Les gens il faut surtout qu'on s'aime.
20 02 1981
Julos je pense beaucoup à toi
Depuis que j'ai attrapé froid
A la chandeleur
Nous voilà frère en souvenir
D'avoir vu notre amour partir
A la chandeleur
Peut être on ne le sait pas
Elles se sont rencontrées là-bas
De l'autre côté
Qu'elles parlent de nous les vivants
De leurs amis de leurs enfants
De l'autre côté
Les voilà sœur maintenant
D'être parties brutalement
En février
75 ou 81
Ça ne change rien au chagrin
en février
Je ne connais que des poèmes
des musiques et des mots que j'aime
Qui disent amour
De toi je je sais rien encore
Que des chansons et que la mort
De ton amour
Michèle pleurait en janvier
Nous avions été t'écouter
Et c'est fini
Je suis proche de toi ce soir
Et je n'arrive pas à croire
Que c'est fini.
21 02 1981
Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui
Je n'ai plus que des souvenirs
Il va être deux heures et demi
Je voudrais tant te voir venir
Comme les soirs quand vient dix heures
J'entends le bruit de ta voiture
Pourtant je sais qu'en chandeleur
S'est arrêtée notre aventure
Je voudrais tant t'ouvrir la porte
T'embrasser et te réchauffer
J'ai beau me dire que tu es morte
Je ne peux cesser de rêver
Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui
Je n'ai plus que des souvenirs
Il va être deux heures et demi
Je voudrais tant te voir venir.
22 02 1981
Les amis sont partis le silence revient
Dans toute la maison que tu habites encore
Et je reste tout seul devant la cheminée
Qui ne chauffera plus jamais qu'une moitié
De tout ce qui fut nous jusqu'à ce triste jour
Des jours et puis des jours qui faisaient notre amour.
22 02 1981
Je ne peux écrire le silence
Des nuits fermées où je me tiens
Guetteur immobile et patient
Avec la folie dans la tête
Ni dire la longueur du temps
Ni mes dialogues avec toi
Ni les conseils que tu me donnes
Quand les larmes me viennent aux yeux
Je ne peux pas écrire le froid
De ton front rayé par le sang
Ton visage comme pierre glacée
Et ton regard sur le dedans
Mais je ne peux rien dire en fait
Qui pourrait meubler de douceur
Les plaines grises de douleur
L'immensité de ton absence.
22 02 1981
La vie tient à bien peu de chose
Trois semaines après à dix heures
Le soir se tait dans la maison
La petite ce soir ne voulait pas manger
Elle voulait sa maman
Où est l'espérance à trois ans
Le fil est ténu qui nous tient
Tous trois serrés dans notre amour
Avec les parents les amis
comme des murs chauds tout autour
Ne pas sauter dans l'inconnu
Même si vivre sans toi n'est pas vivre
Vivre et aimer encore
Parce qu'on t'aime encore.
24 02 1981
Je passe de l'autre côté
Mon amour
Et j'ai peur
Tout était si facile à deux
Je ne sais plus pourquoi les gestes
Je sais la blancheur de la nuit
Qui vient si peu de sommeil
Chaque chose
Ici
Me dit notre amour
Il n'est pas facile d'accepter
L'idée
De la fin
C'est à toi que je veux parler
C'est toi que les enfants attendent
Et on t'a enlevé à nous
Pour rien
Je t'aime
24 02 1981
Je range ma guitare
Dans son cercueil bleu
Je parle je mange je souris
Je cache mon cafard
J'étale comme la mer
Et j'écris des poèmes
Pour qui ?
Je fais de la musique
Les amis viennent me voir
Je raconte je demande je dis
Les enfants ont besoin
De beaucoup de tendresse
Je ne remplace rien
Moi aussi
Je vis comme si le soir
J'allais te retrouver
Je marche je bois je vis
Et puis vient le silence
Et la blancheur des nuits
Parfois je voudrais m'arrêter
Mais je vis
Je sais dans ma douleur
L'égoïsme et la peur
Un peu de triste joie
Mais je t'aime si fort
Que rien même la mort
N'arrêtera mon amour
Pour toi.
25 02 1981
La nuit est au dedans de moi
Avec son brouillard et son froid
Et elle est au dehors aussi
Ce soir dégoulinant de pluie
Ça va faire bientôt un mois
Que tous les bonheurs d'ici bas
Se sont trouvés écartelés
Parce qu'un homme était pressé
Je crois que je vivrais longtemps
Peut-être bien jusqu'à cent ans
Mais on ne peut jamais prévoir
Ce que réserve la route un soir
J'ai nos deux petites à aimer
Aimer aussi le monde entier
Mais il suffit d'un con parfois
que tout soudain s'arrête là
S'il advenait que dès demain
Il me faille quitter le chemin
Je laisserai au moins ceci
A ceux qui resteront en vie
Ces quelques vers de février
Ma tête de toi habitée
Et mon corps qui t'attend encore
Refusant de savoir la mort
Il n'y aura pas de compte à faire
Pour le partage de mes affaires
Chacun prendra selon ses goûts
Certains ne prendront rien du tout
Je n'ai jamais eu de richesse
rien que l'amour et la tendresse
Toutes choses qu'on ne compte pas
compter d'ailleurs je ne sais pas
Non si j'écris un testament
C'est pour que sachent les vivants
Ce que je souhaite pour mon corps
Quand j'aurai épousé la mort
Je veux bien que les chrétiens prient
Mais qu'ils ne fassent pas de bruit
Je ne veux église ni curé
Dans le bout de ma destinée
Au cercueil je veux aller nu
Comme le jour de ma venue
Qu'ainsi on aille me coucher
tout auprès de ma bien aimée
Et quand je serai dans la terre
Ne traînez pas au cimetière
Vous pourriez y attraper froid
Et la mort guette n'oubliez pas
Que ce soit hiver ou été
Que l'air soit chaud ou bien glacé
Mes amis allumez un feu
Et pour que nous soyons heureux
Allumez aussi des guitares
Et des chansons jusque très tard
Dites aussi quelques poèmes
Surtout ne soyez pas en peine
Nous nous serons juste à côté
Mon amour et moi retrouvés
Et nous nous donneront la main
Pour courir sur d'autres chemins
Amis qui resterez sur terre
Faites que ça ne soit pas l'enfer
Vivez le restant de vos jours
Avec le maximum d'amour
Ce soir j'écris je suis blessé
Je ne suis plus qu'une moitié
Le temps qui passe est bien trop long
Je ne sais pas où mes pas vont
La nuit est au dedans de moi
Avec le brouillard et le froid
La mort attend viendra le jour
Où je rejoindrai mon amour.
27 02 1981
C'était le bonheur simplement
En petits riens tout doucement
Ces choses pour lesquelles on vit
Petites joies multipliées
Petits gestes d'amour quotidien
Tout fini le deux février.
27 02 1981
Dernier jour de février
Demain de mars est le premier
La nuit avance
Il y a déjà des giboulées
Ta photo sur la cheminée
Rit à la vie et à l'amour
La nuit avance
A la fenêtre il y a le vent
La grêle qui tombe en frappant
Le chat dort sur ton fauteuil
La nui avance
On est rentré vers les dix heures
On a mangé chez des amis
J'ai le cœur encore écrasé
De notre avenir impossible
Dernière heure de février
Les filles étaient fatiguées
Le sommeil est venu les prendre
Moi je vais aller le chercher
Je sais que je n'ai pas rêvé
Que tu es morte en février
La nuit avance
28 02 1981
▄▄▄
Dormir maintenant
Alors que tu es là
Avec moi
En moi
J'ai retrouvé le sourire et le rire
Avec ce toi des souvenirs
Ce toit qui m'abrite un peu des tristesses
Tout ce que je me dis de toi
Du vécu et du à vivre
Vérités et mensonges agglomérés
Pour aider à un sommeil
Dont il ne reste rien
Demain
Que toi et encore dormir
Et vivre et parler
Des souvenirs
Comme ça le soir
Pour demain encore
vivre.
29 03 1981
Tout ce que tu aimais me fait mal
Je ne parle pas des gens
Mais des choses simples
Comme le linge étendu dehors
Près des arbres en fleurs
Et ses couleurs et les couleurs
Les odeurs le jardin touffu
Du printemps
Les mésanges et les rossignols
Et je ne partage plus l'amour
De toutes ces choses
Avec toi mon amour.
26 04 1981
J'ai laissé un à un les rêves
Dans les tortures du chemins
Je crois qu'il a plu tout le temps
Depuis la nuit de ton départ
Je m'adresse toujours à toi
Je te raconte et te questionne
J'avais un beau rêve en secret
Je voulais vieillir avec toi
Plein de temps s'écoule en silence
En cette fin de mois de mai
Les enfants vivent leur enfance
La chienne a eu d'autres petits
Les jours se suivent et se ressemblent
Mais la tendresse a disparu
L'avenir a cessé sa course
Je voulais vieillir avec toi
J'ai tant aimé imaginer
Pour nous deux des vieux beaux jours tendres
Il faudrait ne plus y penser
Parer les mauvais coups des songes
Tu aurais eu trente et un ans
A la fin de ce mai pluvieux
J'écris encore des chansons
Et j'ai peur de devenir vieux
J'ai laissé un à un les rêves
Dans les tortures du chemin
Je crois qu'il a plu tout le temps
Depuis la nuit de ton départ
Je m'adresse toujours à toi
Je te raconte et te questionne
J'avais un beau rêve en secret Je voulais vieillir avec toi.
24 05 1981
Si douce que tendre
Mais je reste seul
Je ne peux qu'attendre
Ne sais que rêver
La vie va si vite
La mort toujours là
Le temps qui palpite
Et ne revient pas
J'ai le cœur malade
Qui est parti pour
Une sombre balade
Quand est mort l'amour
Je vis et je marche
Sans savoir pourquoi
La route m'arrache
Le cœur en éclat
J'ai serré si tendre
Ton corps dans mes bras
Je ne sais qu'attendre
tu ne reviens pas.
21 06 1981
▄▄▄▄
Années 70 et 80
Ce qui fait vivre l'espérance
Tout ce que je crois
Ce que je dis ce que je chante
Je voudrais sortir du silence.
1979
ANNÉES 70 et 80
Comme une perle de rosée
Un beau matin m'a réveillé
Tu es si fraîche entre mes bras
Je ne rêve plus que de toi
Comme une étoile au ciel de nuit
A effacé les matins gris
Comme une princesse une fée
Tu es venue tu m'as trouvé
Comme un océan de plaisir
La douce fleur de ton sourire
Que je ne cesse d'embrasser
Que je ne cesse d'appeler
Comme une feuille un jour d'automne
Soudain que sa branche abandonne
Tu es venue te reposer
Près de moi tu t'es allongée
Comme une source inespérée
Vient mouiller ma gorge asséchée
Comme une oasis un mirage
Tu es le but de mon voyage
Comme le calme comme la paix
Comme l'enfance que j'aimais
Comme une grande solitude
Comme une immense quiétude
Comme une perle de rosée
Un beau matin m'a réveillé
Mon Amour...
29 03 73
Que pourrais-je te dire qu'à moi même je ne dis
L'amour n'est pas folie mais je suis fou d'aimer
Plus rien ne m'appartient ni la mort ni la vie
J'ai trop soif d'être seul pour ne pas te quitter
Je fais mon désespoir mes chagrins et mes peines
Que puis t'expliquer qui ne s'explique pas
Tu es toi peu importe ce que tu es je t'aime
Mais nos amours ne marchent pas du même pas
Rien n'est rien et pourtant dans mes yeux pas de larmes
Pas de sanglots cachés avalés silencieux
Rien que des nuits blanchies alarme après alarme
Plus rien que la lumière qui a brûlé mes yeux
Depuis longtemps mon âme n'avait plus souvenance
Des jours après les jours sans comment ni pourquoi
Je ne savais plus les longues heures de souffrance
A n'attendre plus rien que le temps qui s'en va
J'ai voulu boire tout les promesses les serments
J'ai voulu croire tes mots les boire jusqu'à l'ivresse
L'oubli serais trop beau je n'oublie rien vraiment
Pas plus le dégoût que nos nuits de tendresse
A quoi bon dire je t'aime mon amour à quoi bon
Quand c'est si vrai que déjà résigné je suis
J'ai déjà trop perdu mes belles illusions
Alors amour ou pas maintenant c'est fini.
06 04 1973
Silence dans la nuit folle des cris de tes silences
Souffrance dans la nuit sourde aux cris de mes souffrances
Amour dans le silence où souffre mon amour
Le jour où meurent mes cris aux nuits d'après le jour.
04 04 73
De senteurs salées ici le vent se charge
Sortie des rêves enfin ma Bretagne revit
J'ai sur les lèvres le parfum de l'air du large
J'a dans l'âme les vagues qui viennent et qui s'enfuient
Bretagne de demain que je fais chaque nuit
Bretagne je te rêvais hier sous les étoiles
Tu n'es plus une image une belle utopie
Tu fais souffler l'amour qui vient gonfler ma voile
Michèle te souviens-tu du temps déjà enfui
Le souvenir me porte vers les anciennes nuits
Les ciels chauds de Bretagne abritaient nos désirs
Et je disais qu'un jour et je disais qu'un jour
Je viendrai vivre ici et j'y viendrai mourir
La terre garde le feu de mes premières amours
Dans ton âme Michèle la flamme brûle t'elle encore
La Bretagne tient captif mon cœur jusqu'à la mort.
14 08 73
Parler encore et dire les mêmes choses
Les mêmes heures cent fois recommencées
Raconter son histoire quand tout est habitude
Qu'aujourd'hui est hier et qu'il sera demain
Parler dire les mots sortis de mille bouches
Bonjour comme ça va banal et quotidien
Comme un geste envolé le sourire de l'autre
Rencontré dans la rue et qu'on ne connaît pas
Parler de tous les rêves qui fabriquent la vie
Et de ce fait-divers écrit sur le journal
Pour dire je suis là j'existe écoutez moi
Ma voix traîne des mots qui sont aussi les vôtres
Parler tout simplement pour taire la solitude
Pour taire au fond de soi ce désir si fort
Parler pour ne pas dire la folie qui s'acharne
comme une vague forte aux plages d'amertume
Pour étouffer dans l'œuf cet instinct cette peur
Cette envie de s'enfuir comme le gibier traqué
Parler pour endormir la douleur de l'ennui
Pour dominer l'angoisse de ce monde à la porte
Parler de rien de tout ce qui fait l'habitude
Pour être un peu ici où les gens semblent vivre
Et pour combattre encore ce désir violent
De devenir enfin prisonnier du silence.
1975
Je vois par la fenêtre le soleil qui s'éteint
Derrière moi le disque tourne tourne tourne
Tu peux venir quand tu veux la porte est ouverte
Je ne sais pas ce que je ferai demain
J'ai un lit pour ce soir et un sourire aussi
Je suis fatigué « tu fais comme chez toi »
Je ne vois plus le soleil la route est longue
J'ai en moi la lumière de ton sourire
Le disque est dans ma tête il tourne tourne tourne
Michèle sourire amie amour Michèle
Les yeux fermés je meurs « j'arrive à vingt et une heures trente »
Et derrière la fenêtre il n'y a que la nuit
06 09 74
NAUFRAGE
Il était temps que tu arrives Je ne t'attendais déjà plus Je cherchais une main ou n'importe quoi Pour reposer ma tête ou ma main Tu n'as pas pris ma solitude Et je t'aime
J'ai fait naufrage dans tes yeux Au ciel de tes étoiles larmes Et dans l'océan silencieux De ton sourire qui me désarme Dieu ou diable qui donc viendra Pour me sortir de cette mort Au large qui m'emmènera Loin de l'eau tranquille du port
J'ai fait naufrage sur tes lèvres Où stagne ta douleur salée Je me suis noyé de ta fièvre Et de tes rêves réchauffé Pluie ou tempête qui donc viendra Me sortir de cette lumière Et dans l'obscurité du froid Qui me rappellera l'hiver
J'ai fait naufrage à tes sanglots Je ne sais plus où est la porte Et je suis ivre de ton eau Qu'une rivière d'amour emporte |
Faudra t'il donc que j'abandonne Et que je me plie à l'été Moi qui aie tant aimé l'automne Faudra t'il aussi le quitter
J'ai fait naufrage sur ta peau Emprisonné de tes caresses Et de la douceur des barreaux Si bien scellés de ta tendresse Qui donc viendra chagrins ou peines Me sortir de ce lit de soie Faut-il que je dise je t'aime J'ai fait naufrage entre tes bras.
10 74 |
Qu'adviendra t'il de toi
Ma fille mon amour
Qu'adviendra t'il de toi ?
Que t'aurais-je laissé
Me reste t'il encore
quelque chose à donner
Je n'ai su qu'être aveugle
Je te laisse un enfer
Et pour seul héritage
Une planète morte
Qu'adviendra t'il de toi
Comment pourras-tu vivre
Comment pourras-tu vivre ?
Qu'aurais-je fait pour toi
Les mots sont un peu faibles
Surtout quand on est seul
Je n'ai que courtisé
Mon royal égoïsme
Entassant des ordures
Jusque dans ton jardin
Ne me pardonne pas
Ma lâcheté cruelle
Ne me pardonne pas
Et crache sur mes larmes
Puisque comme cadeau
Je laisse une poubelle
Comme c'était facile
De vivre de mon temps
On était bien dressé
On faisait des enfants
Qu'adviendra t'il de toi mon enfant...
1977
Au vent ces regards qui me chantent le passé
Au vent qui me bouscule et me parle de toi
Ces images d'hier ta tête sur mon bras
Ces parfums qui recréent les regrets oubliés
Les nuits douces d'étoiles les nuits douces de lune
L'horizon qui se meurt Dans la brume et la nuit
Ces chemins du passé de soleil ou de pluie
Ces rêves que j'aimais hier dans les dunes
Le temps comme le vent passe et souvent revient
Es-tu rêve en ce rêve où je dors et je vis
Est tu l'amour pour moi et l'amour est-il vie ?
Ma Bretagne renaît d'hier pour demain
Mais toi, sauras-tu lire et comprendre ces vers
Aujourd'hui le soleil est tout glacé d'avant
Glacé vient le parfum du port de Lorient
Pourras-tu me comprendre ou m'es-tu étrangère ?
Assis sur le jetée là je ne vois plus rien
Je suis peut-être ailleurs je couche sur le vent
Tu es là dans mon âme et ta main douce me prend
Assis sur la jetée étranger et plus rien
Les souvenirs d'amour sont toujours nostalgiques
13 08 1973
J'ai les yeux déjà loin de ces murs sales et gris qui cernent mes regards
Mes yeux voguent déjà vers d'autres horizons de Bretagne et d'espoir
J'ai déjà quitté tout le terne de la ville et de ces rues sans joie
Pour retrouver les yeux fermés l'écume sur la vague et le vent de noroît
J'ai oublié le bruit d'ici pour le silence des chemins creux
J'ai oublié les gens qui courent pour le pas sûr des paysans
J'ai oublié ce ciel trop triste et dès que j'ai fermé les yeux
J'ai vu la mer rougir là-bas dans le soleil finissant
J'ai entendu le vent chanter le goût des îles bretonnes
Quand la lumière dévoile la terre qui se réveille là devant
Belle comme ce sourire que mon amour me donne
Belle comme l'avenir qui se réveille là devant
10 10 1973
Le temps passe bien vite
Dans la vie des autres
On les voit s'agiter
De pendules en horloges
De journée en journées
Et s'égrainent les heures
Et soufflent les années
Ainsi passe la vie
Qui va de mort en mort.
16 06 1972
A quoi bon chaque jour refaire le jour passé
Est-on venu au monde pour ne rien y changer
Ses routes bien trop vieilles pour nous intéresser
A quoi bon malgré tout vouloir s'y enchaîner
Homme où vas-tu si vite quel vent peut te pousser
Regarde autour de toi ce monde pollué
Les rivières qui se couvrent de poissons crevés
Les goélands qui meurent d'une mer empoisonnée
Mon amour jamais nous ne ferons d'enfants
Quelle terre connaîtraient-ils qu'est-elle maintenant
Il ne sert à rien de pleurer les larmes sont du vent
L'homme a semé de mort le paradis d'antan.
02 09 1973
Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro de l'ère zéro
Je cavale au hasard perdu dans les rues sombres Je crache sur les murs des vierges graffitis Je gueule sans qu'on m'entende je parle d'anarchie Mais en ont-elles encore des oreilles ces ombres ?
Le maquillage est réussi je félicite L'esthéticien de la clownerie des sentiments Votre amour ne ressemble presque plus à l'argent Seule la vérité est maintenant illicite
Je dégueule ma haine à vos principes usés Et je pose mon cul sur vos institutions Et l'église et l'armée et tous ces pièges à cons Elle a goût de moisi l'eau de vos bénitiers
La justice ne se fait que moyennant finances Si t'as plein de pognon à toi la liberté Si tu n'as pas de pèse tu seras bien logé Dans un cachot malsain d'une prison de France
On vend l'art au kilo en prêt à consommer Les publicités chantent une vie d'aventure Vous l'avez si vous achetez leurs pourritures La connerie fleurie sur le mur des cités
La télé bourre de peur le crâne des français L'État banque organise le lavage de cerveau Votez toujours pour nous et payez vos impôts Vos intérêts ne sont pas les pavés de mai |
Le sexe tient sa place dans le marché commun La France au goût du jour parle d'éducation Et les bourgeois pensent qu'ils font la révolution Partout des sex-shop naissent le long des chemins
La guerre fait travailler des millions d'ouvriers Seule sur elle peut se reposer l'économie On ne peut supprimer une telle industrie Les patrons eux ne vont jamais se faire tuer
Et moi je crache du noir et je lève le poing Je fais parti des fous qui prêchent la liberté Poète miséreux peut-être mal aimé J'aurais dû n'être rien ou bien naître demain
Le virus anarchiste à envahi mes veines M'a donné le dégoût de cette société Et celle dont je rêve ne peut que se rêver Ce monde n'est pas le mien il met mon cœur en peine
Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro de l’ère zéro.
10 01 1973
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Il faut oublier la flamme
Quand le feu nous brûle encore
Il faut oublier la pluie
Quand le ciel nous noie de larmes
Il faut oublier le corps
Ne se soucier que de l'âme
Il faut oublier la vie
Pour mieux oublier la mort
27 09 1973
Le temps me revient d'un amour avorté
Une vieille carte postale aujourd'hui retrouvée
Une rose s'enfuit une rose revient
Qui fane et refleurit une rose demain
Un amour platonique un amour en courrier
Une tendresse lointaine et le ciel d'un été Une rose
Les images me reviennent et sous mon ciel sombre
Fleurissent des étoiles des transparentes ombres
Une rose fleurit parmi mes souvenirs
Une rose rouge et rose comme un sourire
L'espoir vierge encore de douceurs infinies
Éclose la douce fleur au cœur de mes nuits Une rose
Les secrètes envies les rêves d'un jardin
Où naîtrait dans la friche le plus doux des parfums
Une rose embaume l'horizon de mon âme
Une rose de feu une rose de flamme
C'est la trop vieille fleur d'une enfance fanée
La brume porte les traces d'un amour avorté Une rose
Il y a d'un côté trois maisons sous l'hiver
Des mots sur l'autre face couchés tout de travers
Une rose qui meurt seul reste le rosier
Une rose qui pleure l'odeur d'un été
Mais que meure le temps d'une jeunesse vieillie
Au soleil je vois : un espoir refleurit
Une rose
07 11 1973
ON AURAIT
On aurait, écoute, on aurait ce que tu veux, ce que je veux, une maison, une grande maison avec des lits pour tous, pour tout le monde et des animaux et du soleil et de la paix. On aurait la paix et la liberté et tout le monde serait comme nous, on aurait l'égalité totale et la liberté. On aurait la liberté et l'amour.
Je suis fou de voguer comme ça au gré d'un vent de rêve et d'amour, on aurait l'amour.
J’effleure ta peau encore les clos de sommeil
Je sens ta bouche sous ma bouche
Je viens dans la nuit m'éclairer à tes rêves
Je t'aime
On aurait, mais qu'a t'on ? On a un cœur un corps, on a entre les lèvres une fleur qui rit, une fleur qui pleure aussi, on a au fond des poches des restants de misère, on a aussi dans le cœur des bonheur et des chagrins d'amour.
Mais on a l'amour, on a dans la tête trop de liberté quand des lourdes chaînes de principes et d'habitudes entravent nos pieds
On a des poings serrés.
On a dans la tête des belles idées de liberté,
trop de liberté ?
Trop de liberté !
On aurait la liberté, on aurait des fleurs dans les yeux, des folles musiques d'espérance dans la bouche, on aurait des mots d'amour, tous les mots seraient amour, on aurait l'amour.
Mais au présent l'amour est béton et fumées, contrat et hypocrisie, mais l'amour n'est plus la vie ! Alors, aimer ?
Pourquoi puisqu'on a rien, que faut-il ?
A quoi bon les larmes ?
On a plus rien que des rêves, que vains espoirs alors il faut s'inventer une prison nouvelle pour goûter la solitude. Il faut être seul pour savoir l'amitié, pour savoir les hommes et les femmes qui tendent les mains.
Alors aime moi, cache moi et regarde dans mon regard la folie du rêve, la folie du vent. Écoute, on aurait un toit et des amis et on s'aimerait, on s'aimerait. On s'assumerait sans contrainte et on serait peinard. Viens, plonge avec moi dans ce rêve.
J'effleure ta peau, j'ai les yeux rougis de peine
Je sais en toi mon chagrin
Je sens ta bouche sous ma fièvre
Je sens tes lèvres sous mes lèvres
On aurait...
29 07 1973
Vivre sur un nuage se baigner de soleil
Se taire toujours se taire voyageur égaré
vivre au milieu de tout et être à tout pareil
Vivre seul isolé et pourtant toujours là
Connu aimé ou mal aimé ou étranger
Croire à l'amour du monde d'une femme qui tend ses bras
Vivre comme le vent tout en ne bougeant pas
Aimer la pluie la nuit l'automne et puis l'été
Et plonger dans mes rêves pour voir au fond de moi
Savoir crier sa haine savoir serré le poing
Quand la force et la haine s'appelle liberté
Aider le camarde qui a tendu sa main
Vivre pour un oiseau vivre pour un espoir
Vivre pour une fleur Vivre sans y penser
vivre comme une mort pour un jour ou un soir
Mes idées
05 08 1973
Paris tout sale Paris tout le temps
Je crève la vie toute sale me tue
Où est ma terre je ne respire plus
Ma terre qui vit loin de Paris
J'ai dans la bouche l'odeur des vagues
J'ai dans les yeux la mer qui joue
L'écume n'est plus qu'un reflet vague
A Paris l'odeur vient de l'égout
Un jour j'irai à Montparnasse
Une fois pour toutes une dernière fois
Un jour j'irai à Montparnasse
Cette vie de con n'est plus pour moi
J'ai dans la tête la marée haute
La berceuse de l'océan
J'ai dans la tête la marée haute
Les cris des mouettes et goélands
Paris tout sale Paris tout le temps
Terre et mer Glenmor Bretagne
Je sens enfin venir le vent
La brise du retour en Bretagne
20 08 1973 (Paris gare du nord)
Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores
Nous aurons tant marché de routes sans ailleurs
A l'horizon s'étire un chemin sans ennui
Je sais pour nous demain la chaleur d'autres ports
Je sais des matins neufs de mille belles couleurs
Ton regard est en moi qui bouscule la nuit
demain nous abordons un bien plus doux rivage
Que ces rues d'habitudes qui tuaient nos espoirs
Que ces cris qui mouraient sans sortir de nos voix
Partir est déjà fait dans tes yeux qui voyagent
Le vent a dispersé les restes de brouillard
Je serra le soleil quand tu es dans mes bras
Vient dans le ciel baigné de la folie des jours
Le temps dort pour nous ne le réveillons pas
Viens s'égayent dans l'air les chansons des forêts
Comment t'appellerais-je ? Sourire mon amour
Fermes sur mon épaule tes yeux ne dors pas
Ton souffle sur mon cou rêves de joie et de paix
Bientôt viendra le jour des corbeaux évadés
Entends tu leurs chansons dans l'espace tout près
Tes longs cheveux sur moi qui tendrement se posent
Demain nous laissons là les regrets du passé
Pour là-bas des torrents je te dirai je t'aime
Je te ferai des lits de pétales de fleurs
Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores
J'abandonne ces routes glacées et solitaires
Mon Amour laissons faire ce vent qui nous entraîne
Laisses ma peau se chauffer aux douceurs de ton corps
Je sais pour nous demain des nouvelles lumières
Ne bouges plus près de moi fermes les yeux je t'aime.
30 10 1974 (la Monniais – Cesson-Sévigné)
La folie me fait mal à la mort mon amour
Et toi qui est ma vie je meurs de vivre à te rêver
Toi ma réalité des cris qui font le jour
Des douleurs du silence de l'âme transpercée
La folie fait de bruit la musique des corbeaux
Mes ailes me font mal de te faire souffrir
Dans l'enfer de mon ciel tu te brûles la peau
Et mes larmes bloquées me déchirent à mourir
La folie ne fait rien qu'un tremblement abstrait
Aujourd'hui est tant mort qu'il en est éternel
Ma tête dans les murs pour y trouver la paix
La folie de ton sang à ma corde je bêle
La folie est prison dans mes yeux de la mort
Et me casser les mains à frapper les barreaux
Aliéné que je suis au béton de mon corps
Mon bec à te blanchir les nuits de mes corbeaux
La folie me fait mal à la vie toi ma vie
Mon soleil éclaté quand la mort se ramène
Mon étoile blessée par le vide des nuits
Et la vérité mots de ma folie des peines.
01 11 1974
Ne pas aller plus loin que demain à la fois
Être sans être plus que des ombres
Multiplié quel est le nombre
Un plus un ça fait deux je crois
N'être rien que ce rien qui me fait
N'être que ce sanglot que je pleure en dedans
Que je me cache à moi et que la mort me tait
Et que je métaphore en des larmes et du vent
Tu ne sais pas l'étendue de mon désespoir et c'est bien
C'est toujours mieux
si j'écris ça maintenant que tu es là c'est de ne pouvoir faire autrement
tu comprends peut-être je t'aime
Je ne sais pas même l'eau me saoule
Je croyais te dire ma folie mais que dis-je ?
Rien qui ne vaille la peine de se souvenir
Tu te souviendras de ces heures mortes
Ce temps fini qui part en cris étrangers
Je parle et c'est un vent anarchique qui me porte
Et de te dire je t'aime je me sens libéré
Je suis un prisonnier de toi et toi m'étrange
Je t'aime et ma folie me souffre dedans toi
Comme une armée d'oiseaux ou d'éléphants mélange
Et mes mots se répètent ma solitude est toi
Tu ne connais peut-être que ça à me perdre mon désespoir idiot égoïste et de solitude !
J'en ai marre et je t'aime comme l'automne qu'on a vu ensemble et mes mots corbeaux qui viennent comme les
autres comme des cons il ne m'en reste qu'un seul
Je t'aime et tu es seule quand je pars ou quand tu pars et peu importe où tu es
Je t'aime.
11 11 1974
La neige s'est faite pluie et coule sur le seuil
La montagne se cache sous son lit de nuages
Le ciel est bien lourd comme portant le deuil
Devines dans la brume un plus beau paysage
La chaleur tranquille de mes rêves oppressés
A fondu dans l'ennui les reflets de tes yeux
Et d'obscurs tourments voyagent dans nos cœurs
Inventes des couleurs pour repeindre le ciel
Si tout le poids du temps se pose sur ton âme
Penses que je t'aime et que je suis là
Que j'ai à jamais pour toi une flamme
Un rêve d'éternité pour construire nos joies
Berces de ta voix la musique des songes
Emplis toi le corps d'espoir et de vie
Fais de ce jour gris où les regards se plongent
Un rêve d'amour pour égayer les nuits
Écoutes la nouvelle chanson du silence
La musique neuve des jours
Ton regard revit dans la grise mouvance
Et invente de bleu le bonheur de l'amour.
27 11 1974 (Léard, Jarrier)
Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents
Tant de chemins appellent nos voyages
Ailés de rêves vers quels océans
D'amour ferons d'autres vagabondages
Tant d'horizons nous restent inconnus
Où seront nous lorsque naîtra le jour ?
Nos mains scellées ne se détachent plus
Sur chaque route se refait notre amour
Et tant de matins nous verront partir
Encore vers d'autres idées d'autres gens
Tant de pays viendront nous endormir
Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents.
19 11 1974 (Lagarde-Enval)
Regardes celui-là qui voudrait boire le ciel
qui dit avec les gens faire autant de soleil
Qui marche dans Paris en y voyant la mer
Et qui dit de la mort faire jaillir la lumière
C'est lui aussi qui meurt du désespoir de l'ombre
Qui meurt de ce monde sans âme froid et sombre
C'est lui qu'on dit perdu quand il dit vous êtes fous
C'est lui que l'on dit fou parce qu'il reste debout
Laisse dire le monde ce n'est rien qu'un poète
27 12 1974 (Montreuil)
J'ai quitté le champ de pierres
Où ne fleurissait plus rien
Et voilà que m'abandonne
L'arbre rêvé de demain
Je quitterais la rivière
Si la source se tarie
Comme un jour j'ai quitté la pierre
Qui peignait les arbres en gris
J'ai quitté la mort et l'ombre
Pour mourir dans la lumière
Si la lumière devient ombre
Moi je resterais de pierre
Ma vie n'est pas un jardin
Où fleurit n'importe quoi
Si les arbres y meurent trop vite
Les pierres n'y meurent pas
J'ai quitté le champ de pierres
Pour une rivière asséchée
Les pierres ont bloqué la source
Je meurs d'avoir trop rêvé.
28 12 1974
Où sont les mille horizons
Du royaume de triste joie
Où sont les belles illusions
Que j'avais inventé pour toi ?
Où sont-ils donc tous les oiseaux
Dont je t'ai raconté l'histoire
Les mouettes et les corbeaux
Où sont-ils donc tous nos espoirs ?
Quand aurons-nous notre maison
Près du ciel et de l'océan
Refuge des fous et vagabonds
Quand voudra t'il tourner le vent ?
Et lorsque je te dis je t'aime
Sais-tu l'espérance du mot
L'amour brisera toutes nos chaînes
Et viendra un monde nouveau
Où sont les mille horizons
Du monde que je rêve pour toi
Faisons la vie d'une illusion
Faisons d'une illusion la joie
Notre route est longue notre rêve est loin
Notre route est dure donnes moi la main
Notre route est longue en vois-tu la fin
Sais-tu ? L'amour est le plus court chemin.
31 12 1974
Douces nuits fécondes de rêves
Où vous êtes vous donc perdues
Les nuits de sommeil sont brèves
Et de mirages dépourvues
Heureux celui aux jours sereins
Au creux du soleil et des vagues
Aux nuits sans soucis de demain
Courant sur les plages et les algues
Heureux qui peut rêver la mort
Heureux qui peut rêver la vie
Se rassasier de métaphores
Et se laver de l'eau des pluies
Ceux dont le temps ne compte pas
Qui choisissent le liberté
Pourquoi pas vous pourquoi pas moi
Dans le berceau des nuits rêvées
Tant de sentiers sont devant nous
Loin du bruit et loin des cités
Qui se fait oiseau n'est pas fou
De solitude imaginé
Douces nuits fécondes d'amour
Un homme sait vous retrouver
Rêver la nuit pour faire le jour
Un poète vit en liberté.
08 01 1975
Dans les pas du présent s'empalent mes silences
Et le vent solitaire s'en revient m'appeler
Mais que dire qui ne soit pas chargé de souffrances
L'amour la solitude l'amour la liberté.
17 01 1975
La terre et grasse de trop de pluie
Et me rassasie de douceurs
comme le ciel de cette nuit
Où se perdent les yeux et le cœur
Je n'étais qu'un graine au vent
Nulle Glèbe ne voulait de moi
J'allais comme un oiseau planant
Même mes soleils étaient froids
Et je me rive au sol enfin
Chaque jour forme mes racines
Dans la terre douce à la main
D'une magie qui me fascine
Aimer au point de s'en nourrir
D'être l'immobilité qui bouge
Serrer le vent sans fléchir
Au cœur des automnes rouges
Aimer au point de n'être plus
La folie qui rêve de mort
Mais la joie d'avoir voulu
Et d'avoir pu toucher le port
J'aime cette terre au gré des temps
au fil de l'eau des jours des nuits
J'aime cette terre comme le vent
Qui est devenu mon pays.
23 01 1975
Si tes rêves sont dans le ciel
Je me ferais oiseau pour te les amener
J'irais jusqu'à la nuit pour te donner le jour
Mes ailes seront toi pour me porter d'amour
Si ton rêve est bergère je me ferais mouton
Et je viendrais manger ta forêt de velours
Je tisserais de laine les plus chauds de tes jours
Et la glace du vent fondra en notre amour
Si ton rêve le plus beau est fleur épanouie
Je me ferais pensée pour t'éclairer de feu
Dans ton jardin d'amour je serais liberté
Et naîtrait au soleil de tes yeux parfumés
Tu es mon rêve oiseau le feu de mon soleil
Et je veux que ma sève soit la fleur du printemps
Et que rose tu pousses dans mon jardin d'amour
que tes rêves se noient d'un temps baigné d'amour.
20 12 1974
Quand le temps s'en ira de nos rêves folie
Comme une flamme meurt dans le fond de la nuit
Je fera des champs rouges sous le ciel de granit
Je fera des poèmes pour nos voix nostalgiques
Je resterai de braise pour faire d'autres feux
Je t'aime et je me vis au hasard des voyages
Comme les dés que l'on jette en changeant de maison
Je t'aime et me consume et te consomme aussi
Que je meurs en rotin au bois de l'horizon
Je t'aime dans l'anarchie que l'on vit et l'on rit
Car si on doit pleurer faut laisser faire le ciel
Et les savantes critiques qui sourient aux pavés
Peuvent si elles le veulent détruire l'éclat de rire
Et mes alexandrins pourquoi pas de quinze pieds
Dansent sur le parquet des danses étrangères
Pour combler quelques blancs maculant mon délire
Je recommence aussi comme le temps violet
Que je viole de mes dents au dedans du dehors
La folie n'est-elle pas ce rêve de mort qui vit
Et qui fauche alors vient j'ai encore bien du blé
Diraient les paysans car moi je n'en ai plus
Et ça m'emmerde tant que j'en perds l'appétit
La mort est une dame que nul aime faut pouvoir
Faux qui fauche les fausses vies qui s'en vont
Celles qui poussaient bien aussi mal celles qui pouvaient nuire
De toute façon je m'en fous je ne veux plus rien
Il n'y a plus de place je raccourcis un peu
Je pouffe sur mon pouf et bouffe du caramel
En attendant que le vent emmène la folie du rêve
Le temps des flammes ne m'a pas brûlé la braise est douce
Et mes alexandrins qui disent que je t'aime
Le dise pour combler les restants du désir.
02 02 1975
Je dis je t'aime pour la vie
Et je renais dans chaque mot
Et j'ai tant peur à chaque cri
Qu'il soit le dernier des oiseaux
Tu vas tu viens devant mes yeux
Un jour il nous faudra mourir
Je mets ma main dans tes cheveux
Et mes yeux fous sur ton sourire
Le bruit se fait dans le quartier
Le jour s'en va jusqu'à demain
Dans la chambre triste et glacée
Il me semble tenir ta main
Je dis je t'aime pour toujours
Toujours c'est aussi maintenant
Quand la pierre devient velours
Quand la douceur me fait amant
Dans les musiques de mon âme
Quand les corbeaux sont apaisés
Qu'incessantes viennent les larmes
Sur mes plages de sable mouillé
Quand ma bouche avale tes larmes
Baisant tes paupières de soie
Et que mon cœur sans fin s'alarme
De tes chagrins où je me noie
Alors je t'aime et c'est jamais
Et je me fonds au fond de toi
alors c'est toi que j'aimerai
Tant que notre vie durera.
25 02 75 (Nantes)
Quand glacée dans le vent froid les quais sont déserts
Les mouettes se cachent là-bas dans les creux de rochers
J'ai perdu le fil me reliant à l'infini
Dans le soleil du désespoir dans la chaleur de l'hiver
J'ai perdu l'ailleurs où je me suis tant saoulé
Les nuits ou la mort était encore la folie
Et je vois que sont les hommes que ce qu'ils étaient
Je me voulais oiseau il ne reste plus rien
J'ai manqué un barreau de l'échelle du temps
Et je suis revenu de mes rêves abstraits
Et je vois et je touche et je ne comprends rien
Car j'ai perdu les ailes qui me tenaient au vent
Je veux que mon enfant connaisse une autre vie
Connaisse une autre terre et un ciel plein d'oiseaux
Je veux tant que les hommes soient des hommes enfin
Et l'amour m'est venu tant est longue la nuit
Écoutez moi écoutez je suis un corbeau
Et l'enfant de l'amour viendra naître demain
Et quand la pluie glacée et grise d'amertume
Et que je pense à toi mon amour les chemins
Dans ma tête se croisent et se bousculent encore
D'où viens-tu ? Si longtemps et tant et tant de brume
Et l'enfant mon amour cet enfant de ton sein
Cet enfant de mon corps dans l'acier de la mort
La folie s'oublie loin de la solitude
Et le cœur aux étoiles je rêve de jamais
Et je noie de fumier le passé et les peines
Et la folie revit loin de la solitude
Dans l'ailleurs d'un enfant que nous deux avons fait
Et dans le froid désert d'ici je vis je t'aime.
08 03 1975
Je ne veux pas brûler ma peau sous les soleils du désespoir
Et les nuits blêmes de jadis s'en sont allées entre tes mains
Je ne veux plus fouiller l'abîme obscur de la lumière noire
Quand mon cœur tremble de joie pour qu'un oiseau vive demain
Je veux laisser venir le jour quand tu es douce entre mes bras
Et voir l'aube renaître encore au fil des jours de notre vie
Je veux vivre pour cet enfant quui se réveille au fond de toi
Je ne veux plus chanter la mort je ne veux plus chanter la vie
Je t'aime et dans ses tourbillons la mer traîne des rochers
Et je te blesse et je me tue au gré des vagues en colère
Dans tes yeux je pleure et tes larmes brûlent les blessures ravivées
Et dans l'océan de l'amour le temps oublie le temps amer
Tes yeux je les ai tant noyé de peine et de mort inutiles
Un oiseau prendra son envol un jour de nos deux mains serrées
Le soleil ne s'éteindra pas je t'aime et mon âme vacille
Sous ces mots larmes mais de joie qui me naufrage d'être aimé.
15 03 1975
...J'ai rêvé sur ton corps vagues et océan
Les tempêtes la nuit ont d'obscurs desseins
Je t'ai fait goéland comme on fait un dessin
Pour courir avec moi sur les plaines du vent
J'ai posé sur ta peau des baisers de velours
Dans la soie langoureuse de nos doux corps à corps
Tes lèvres avec mes lèvres ont signé leur accord
J'ai noyé dans ta chair les graines de l'amour
J'ai semé dans ton corps les ailes d'un oiseau
Cet enfant dont mes rêves se peuplent et je voyage
D'un sommet imaginé et des nouveaux rivages
J'ai semé dans ton sang mes rêves les plus beaux
J'ai trouvé sur ta peau un nid et je m'endors
Dans le parfum des fleurs et dans la quiétude
du repos mélangé de nos deux solitudes
J'ai fait d'amour ma vie sur l'aube de ton corps.
23 03 75
J'ai eu froid j'ai eu faim partout le long des routes
Ne vivre que d'amour faut se nourrir de vent
Et les pieds dans le ciel la tête vide de doutes
Il aimer là-bas des nouveaux océans
Pour t'aimer dans le ciel je me suis fait mouette
Quand tu étais cette île où je vins me poser
J'étais parti enfin les yeux dans la tempête
Te disant la musique des vagues la liberté
Mais quels murs nous cernent à ne pouvoir s'enfuir
Le chemin est devant serrons nos mains d'espoir
Quelles prisons croient avoir la force de nous tenir
La liberté est vraie la mort est illusoire
Je sais être dans l'arbre qui se nourrit de terre
Et tant que le vent souffle je vole avec lui
Je t'aime je suis le vent et le ciel est ma terre
Je t'aime viens avec moi et nous serons la vie.
15 04 1975
Mais je n'ai rien écrit pour toi !
Il fut un temps où je savais
Quand je vivais de solitude
Que ce n'était qu'une habitude
Une habitude que j'aimais
Il fut un temps je l'écris bien
Car il est mort et enterré
Tu es toute ma liberté
Et tu es tout ce qui est mien
Mais je n'ai rien écrit pour toi
Quand je meurs de ton absence
Dans ces murs clos de silence
Qui ne respire qu'avec toi
Et si j'ai chanté les oiseaux
Les étoiles et les draps de soie
C'est sans savoir que sans toi
Les nuits ne sont que des tombeaux
Le silence habite le silence
Et sans un bruit coulent les mots
Tu n'es pas là je suis en trop
Et je souffre dans ta souffrance
Mais je n'ai rien écrit pour toi
Qu'en ce soir de déchirure
Et au profond de ma blessure
Le sang qui vient me vient de toi
Car je n'ai rien écrit pour toi !
27 04 1975
Écrire pour mes racines nues
Arbre levé dessus la terre
Dans l'impuissance solitaire
De la nuit
Dans le lit vide ou je m'endors
reste un soupçon de ton parfum
Dans le silence où meurt le jour
Dans le noir je cherche ta peau
Et je rêve déjà du jour
Où nous pourrons faire l'amour
Je voudrais écrire les cris
De la pluie qui frappe à la vitre
Dans la lumière d'aube blafarde
Le vent souffle sur le pays
Où est ton cœur que je m'abrite
Des larmes que le vent brouillarde
Et de brume se font les heures
Au pas cassé du temps banal
Et arbre je ne sais voler
Mon âme éraille sa fureur
A gueuler le feu de son mal
Dans ces instants assassinés.
29 04 1975
Je t'aime dans le fraîcheur du vent qui peigne les genêts
Qui ride la Vilaine et envole mes rêves fous
Et envole mes rêves fous
Je t'aime
Dans la chanson d'amour d'un merle ou d'une hirondelle
quand le matin doré les réchauffe et les caresse
Nous réchauffe et nous caresse
Je t'aime
Dans le va et vient lourd de la marée qui monte
Dans l'odeur des algues et la mousse d'écume
qui roule sur la plage
Je t'aime
Je t'aime comme la terre où mes pieds s'enracinent
fleurissent les ajoncs les coucous et la lande
Je t'aime dans le vert et le jaune de mai
Dans ce printemps et la beauté de ce pays qui se réveille
Et son soleil sur les rochers
Chauffe les lézards et les vipères
Et rosit tes joues comme des pétales
Je t'aime Michèle comme un arbre aime sa terre.
19 05 75
Un peu de nuit où s'endorment les vents
Où le silence naît et la paix
Un peu de nuit où respirent les fleurs
Où repose l'amour
Et la vie
Un peu de vie dans ce souffle si doux
qui s'endort
Un peu de vie clame comme le serait
La mort
Un peu de ciel et le chant des oiseaux
Et la fraîcheur du soir sur la mer
Un peu de sel d'une larme séchée
De la joie de l'été
De la vie
Un peu de vie où meurent les canons
Et la mort
Un peu de vie quand la vie à raison
D'être vie
Un peu de terre où la graine a germé
Et l'épi sera beau de demain
Un peu de terre quand l'enfant sera grand
Et fera de sa vie
De la vie
Un peu de vie où nous vivrons nos rêves
Dans l'amour
Un peu de paix que l'on a dans les mains
De la vie
Un peu d'amour et les chant des oiseaux et la nuit tranquille de la paix.
01 06 1975
Dans a pluie de l'aube
Le long du chemin
Crèvent les nuages de mes souvenirs
Et je me rappelle le temps maudit
Quand tu n'étais pas
Quand je n'étais pas
Dans la pluie de l'aube
Dans le gris de l'aube
Je lis dans les larmes
L'éclat de la lampe derrière les carreaux
Et je me rappelle
Derrière la fenêtre
Que j'étais mal
Et que tu étais mal
Dans le gris de l'aube
Je lis dans les larmes
Dans le gris du ciel
Je sais ton sourire
Ton espoir de moi mon espoir de toi
Et je me rappelle
toutes ces villes les soirs
Tu m'aimais déjà comme je t'aimais déjà
Dans le gris du ciel
Dans un coin du jour
Vivent nos solitudes
Au creux de l'amour qui les a réchauffées
Et je vois demain
L'été d'aube claire
Je sais que tu es je sais que je suis
Dans un coin de l'aube je vois le soleil
Je vois le soleil. 28 06 1975
Quels seront les mots d'aujourd'hui
Quelle sera la force du sourire ou des larmes
Combien de mains écriront ce poème
Quels seront les mots de l'instant ?
D'où viendront le repos et la paix
Après la blancheur de la nuit
Les gens s'en vont dans la rue
Le soleil chauffe t'il leur cœur ?
Quelles seront les armes du temps provisoire
Les armes du vent et de l'amour
Fugitive seconde d'un sourire inconnu
Ou mon chien calme qui sommeille
Quels seront les sons d'aujourd'hui
Des aujourd’hui passés des aujourd'hui demain
Des yeux se ferment sur la mort
Les mêmes motos se forment dans ma main
Suprême instant de triste joie
L'arbre et la terre tant unis
Et les mots toujours de l'instant
Et les mots de demain déjà s'en vont
Quels seront les mots de ma mort
Qu'un long poème recommencé
J'écris sur l'aile d'un corbeau
Les mots abstraits de l'infini.
09 07 1975
Dans le silence cloîtré des habitudes
Quand le vent vient parfois me caresser
Je me dis que l'amour n'a rien changé
A la triste joie de nos solitudes
Tu t'en vas dans un rêve et tu me laisses
Choisir mon chemin vers d'autres au-delà
On se dit que l'on sait que l'autre est là
Et on va doucement et sans tristesse
La maison est remplie de ta présence
Sans toit il n'y aurait pas de liberté
Je te sais près de moi sans pouvoir te toucher
Mais l'instant dans l'air se charge d'espérance
Sur le lit le chien dort dans le matin
Je n'ai rien à perdre et rien à donner
Décidément l'amour n'a rien changé
Et pourtant sans toi je ne suis plus rien.
16 07 1975
NOSTALGIQUE BLUES
On partait de la ferme, on allait dans la boue jusqu'au parc du château glaner du bois pour la cheminée
Marie-Pierre venait nous voir, elle nous amenait un pain, elle se taisait et elle ne mangeait presque rien
Tu te souviens ?
Il faisait froid, on se serrait près du feu, je lisais tu tricotais, dans le silence on était bien
Jean-Pierre venait, on allait faire les courses en passant le pont de l'autoroute, à la petite épicerie
Lucie jouait de la guitare et chantait Marie-Claire, je te serrais dans mes bras, au chaud on était bien
On écoutait de la musique, Ferré, Glenmor et les beatles et puis aussi Simon and Garfunkel
Dans le froid de la chambre on chantait un peu désespéré, pour cacher la souffrance la folie et les larmes
Tu faisais des bouquets avec les fleurs des champs, ça sentait bon et on s'aimait comme des fous
Tu te souviens, gitane aboyait toujours après nous et le mouton paisible nous regardait
On partait de la ferme et on allait dans la boue jusqu'au parce du château glaner du bois pour la cheminée
Tu te souviens ?
19 07 1975
La tempête nous a glacé en un instant
Il est déjà cinq heures et la nuit va tomber
Novembre gris s'avance et son odeur fanée
Amène près de nous le souffle de l'océan
Nous arriverons dans la nuit à la maison
Mais pourquoi s'en aller déjà l'air est si pur
Le ciel qui s'assombrit se souvient de l'azur
Mais est-ce bien le froid qui te donne ces frissons
Mon enfant mon amour ma fille de satin
Approche toi de moi vient contre mon épaule
Que ton souffle si doux et mon souffle se frôlent
Reste près de moi et ne pense pas à demain
Viens et marchons au rythme des vagues qui se couchent
Entre les draps glacés du sable de la nuit
Ce lent balancement des instants qui s'enfuient
Comme l'oiseau de vapeur envolé de ta bouche
Nous rentrerons plus tard ou ne rentrerons pas
qu'importe c'est si bon près de toi de mourir
sur la plage égayée d'une écume sourire
La tempête revient rentrons il fait trop froid
Le temps s'allonge automne et nous gèlent les vents
comme la solitude silence comme la mort
Le temps s'allonge et dans la lumière de l'aurore
Vient au creux du rêve le souffle de l'océan.
22 07 1975
Écume moite d'un dimanche août écume bouillante
La brume de chaleur d'est vite dissipée évaporée
Et l'instant fugitif à l'allure éternelle
De l'ennui
Pas un souffle de vent ne tremble les rideaux
Et le soleil éclate en lambeaux d'incendie
Et le jour est si chaud qu'il chauffera la nuit
Août merde !
03 08 1975
Bien sûr c'est JE
C'est aussi TU
Car tu c'est je
Car tu sais je
Aussi me tue
Et quand c'est Il
Je se retrouve
Mais qu'en sait-il ?
Si c'était ELLE
Ce serait tu
Qu'en saurais-tu ?
Toi si belle
Nous sommes NOUS
Tenez le fil
Car VOUS est tu
Et tout se noue
Nous sommes ILS
Et tu es elle
Si tu est elle
Je deviens fou
Après vous je
Est encore tu
Tout ça c'est je
Car tu c'est je
Car tu sais je
Aussi me tue !
07 08 1975
Quand tu auras quitté les remparts de l'enfance
Qu'il te faudra courir les chemins de la vie
quand seront épuisés les jeux de l'innocence
Quand tu seras seul sur les chemins de l'ennui
Alors mon fils si l'espoir s'enfuit loin de toi
Et si tu te demandes pourquoi vivre la peine
Songe aux temps oubliés rêve d'un autre là-bas
Fais d'amour ton chemin les amours seront tiennes
Quand tu seras révolte au temps d'adolescence
Et que tu sentiras les forces de ton corps
Dans l'aube d'un printemps bois aux fleurs l'espérance
Si avant l'été tu ne rencontres la mort
Alors mon fils alors si tu passes ce pas
Si éclatent d'été les grains de ta jeunesse
Gardes toi des raisons tous ces feux sans éclats
N'ont de gloire qu'argent et d'amour tristesse
Quand tu verras l'automne habiller tes cheveux
Et derrière toi la grisaille des souvenirs
Si tu as échappé aux gens qu'on dit heureux
Que de franchise amère se plisse ton sourire
Alors quand tu seras proche de toucher le port
L'enfance te reviendra comme un peu de poussière
Tu rêveras encore aux portes de la mort
D'un parfum de printemps dans le cœur de l'hiver
Mon fils quand tu auras terminé ton chemin
Que ne sonneront plus les gaietés et les rires
Ton fils où sera t'il quel sera son destin
Lui diras-tu ceci au moment de mourir ? 09 08 1975
Où vent les mots dans la fatigue du travail
Quand le soir vient sans envie de faire l'amour
Où va l'espoir quand demain i faut se lever
Quand le vol du corbeau ne perce plus la brume
Une goutte d'aube comme un retour de poésie
Deux doigts de vent dans la fraîcheur du matin
La caresse d'un cri d'oiseau qui se réveille
Où va la poésie dans des journées sans fin
Dois-je dire à l'enfant le monde t'appartient
Et ne fais pas le con tu as une bonne place
Je lui donne la vie il faut déjà mourir
Mais alors qu'on me dise ce que c'est : le bonheur
Que fais le désespoir dans ce temps qui avance
Et à quoi bon l'amour si plus rien ne l'appelle
Où va la poésie dans la mort quotidienne
quand le cri des corbeaux ne disent plus liberté.
24 09 1975
Un dernier rêve dans la nuit
Un dernier regard avant le seuil du jour
Justice liberté amour
Une dernière aurore de vie
Des noms résonnent dans nos têtes
Une première pensée au réveil
Où vont dans leurs derniers sommeils
Les rêves des martyrs de Franco
Mourir pour des idées goût de littérature
On est loin de la mort à ne faire que dire
Ce n'est pas pour un mot que demain vont mourir
En Espagne des hommes sous le garrot franquiste
Allons je me dégoûte de rester bien vivant
Avec juste des cris pour aider la conscience
A rester bien en paix crions « à bas Franco »
Ces hommes en Espagne ne meurent pas pour des mots.
26 09 1975
Le froid comme les flammes pénêtre dans mes pores
Une vieille sur le chemin tremblotte sous son châle
Dans le silence du parc un écureuil s'étonne
Ma chienne se tait roulée en boule dans le soleil
J'entends le bruit d'un bus un enfant joue tout seul
Je pense à l'éternité à la sagesse des arbres
Je pense à mon amour et je pense à la mort
Au silence précieux des diamants de lumière
La paix est dans le gel qui étourdit ma chair
Comme la pluie transpercée d'un vieil imperméable
J'ai envie de boire un coup dans une ferme isolée
Du vin rouge quand le soleil s'apaise aux rideaux de la porte
Je pense à mon enfance et puis à mon enfant
blottit contre le dos de ma femme dans le lit
Je bande au pont du Cens d'un rêve chaud de tissu
Triste joie solitaire d'un royaume sans roi
Le froid est dans la laine du pull sur mon corps
La paix s'en va pressé par la rage impuissante
La semaine dernière en Espagne des hommes
Troués et de leur peau n'a pas jailli mon sang.
04 10 1975
Le vent d'automne
Passe et me donne
Des longs baisers
De rêves emplis
Dans cette nuit
Déjà rêvée
Et d'un regard
Dans le brouillard
De mon passé
Je vois fleurir
Des souvenirs
Recommencés
Dans le silence
alors je pense
Quelle triste vie
Et je repars
Dans le hasard
Vers d'autres nuits.
09 10 1975
Nous partirons dans une aube claire
Ou dans un soir tiède
Vers des pays que nous ne connaissons pas
Tu me prendras par la main
Tu me feras traverser des fleuves
Je te dirai que je t'aime
Nous aurons la sagesse des montagnes
Et de l'océan
Nous irons à pied dans la plaine
Le vent n'emporte pas les souvenirs
Demain est déjà un souvenir
Maintenant je te dis je t'aime
Nous trouverons un jour une vérité
Sans dieu ni rien pour l'obscurcir
Nous trouverons le vide
La paix et le silence
Tu m'apporteras l'oubli
Je te dirai que je t'aime.
11 10 1975
Je suis né où mon cœur m'appelle
Dans le vent d'amour et de nuit
Un goût de mer dans la bouche
La terre est à moi sans pays
Je suis né où l'amour m'attend
J'hérite du feu et du gel
J'aime le soleil et la pluie
La terre est à moi sans frontières
Je suis né sans père ni mère
Sans saisons ni nostalgie
Là où la liberté respire
Je suis né sans état civil
Et si mon cœur s'est fait arbre
Pour grandir dans la terre d'ici
Le vent peut emmener mon âme
Ailleurs au gré de sa folie
Je suis né sans le faire exprès
Dans un monde où l'on m'a fiché
Je nais où le veulent de mes désirs
La terre est à moi sans papiers
Je suis né suis-je déjà mort
Dans le béton de la cité
Le vent m'indique le chemin
D'un autre rêve où je suis né
Mille autres rêves où je naîtrais.
01 12 1975
Je n'oublie rien il n'est rien que je ne donne
Ce rire mêlé de toux secouée ce regard
Je suis par vous il n'est rien qui m'abandonne
Un parfum de tendresse de vent qui passe espoir
Je n'oublie rien fenêtre ouverte à deux battants
Poignées de mains caresses au chien et ce silence
Si chaud si clair ce sourire je vous aime tant
Que dire de l'amour que dire de l'espérance
Je suis nu de par vous je suis bien
Je n'oublie rien
30 12 1975
Je rentre le soir il fait jour encore
Il gèle parfois et ce matin
Quelques flocons de neige sont tombés
Les arbres sont gris et paraissent morts
Encore un mois d'hiver le printemps vient
Viendront bientôt des jours ensoleillés
Le temps nous mène et d'habitudes
Se font les jours recommencés
Le temps nous mène et l'habitude
Dans la mort bientôt va casser
Dans la mort demain va casser.
24 01 1976
Cherches au hasard des émotions la voie de la plénitude
Jusqu'à savoir la puissance des larmes
Laisses tes gestes aller à leur quotidienneté mécanique
Cherches la pais dans le renoncement et la folie
Jusqu'au bout
Creuses en ton âme un puits de sagesse et de vide
cherches encore la plénitude et le silence
Jusqu'à être silence et éternité
Ta force abolit le temps l'amour et la mort
cherches l'éternité dans cette fraction de temps
Tranquille
Jusqu'au bout
Vas t'en jusqu'au-delà de l'au-delà
Oublies jusqu'à l'oubli jusqu'aux mots de ton intelligence
Recrées le silence apaisant de la neige épaisse
Élèves toi plus haut que les hommes plus loin que leurs dieux
Vas dans l'absolu du hasard
Jusqu'à créer la mort
Jusqu'au bout de la mort.
15 02 1976
Ici la mer m'a dit
Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves
Le vent n'est pas levé ne cherche pas ton voilier
Il restera au port
Ici la mer m'a dit
Sur le sentier de la falaise où rien ne se fait nuage
Tu ne peux pas t'envoler
Ici la mer m'a dit
J'ai creusé de silence une île au fond de toi
Et tu tournes en rond sans un mot dans la tête
Immobile
La mer m'a dit ça
alors j'ai pris un galet et au bout de la plage
Me suis mis à genoux
Le vent au fond de moi s'en revenait du large
Frappant sur les rochers
J'ai gravé dans le sable
Les mots que j'entendais
J'ai vu sur l'horizon
Se dresser une voile
Que la brise gonflait
Je me suis vu écrire ici la mer m'a dit
Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves
Quand l'horizon s'embrume une vague est venue
Laissant le sable lisse
Les oiseaux ont chanté.
21 02 1976
Tes yeux sont des reflets du vent
Quand dans leur bleu le mariage
Se fait de la mer et du ciel
Tes yeux qui bruinent de rosée
Dans le vert où je me promène
Quand la forêt a du chagrin
Tes yeux où passent en un instant
Les écumes des mers du monde
Comme dans un rêve de musique
Tes yeux mon amour où je meurs
quand j'y vois briller le plaisir
Et que je murmure je t'aime
Tes yeux sont des reflets d'amour
Quand dans la terre de leurs ombres
tu inhumes toutes mes peines
Tes yeux sont des reflets du vent
Où je voyage avec l'amour
Qui illumine tes regards.
21 02 1976
Je voulais ne rien perdre du temps qui s'en allait
Faire n'importe quoi n'avoir pas de regrets
Courir à perdre haleine tous les chemins devant
Vivre chaque seconde comme un ultime instant
Mais monter et descendre ça ne fait pas grand bien
De l'amour à la haine il n'y a presque rien
Espoir et désespoir tout volait en éclats
Vivre chaque seconde je suis tombé bien bas
Mais vivre nom de nom à quoi ça peut servir
J'ai connu la misère j'ai perdu le sourire
Et j'ai tout essayé pour être -un peu- heureux
Mais l'alcool et la drogue c'est pas ce qu'il y a de mieux
Je me suis fatigué sur toutes ces routes vaines
Où j'ai récolté moins de bonheur que de peines
Ce sont des mots il faut savoir pour les comprendre
Qu'un est le mois de juin et que l'autre est décembre
Dans ce monde où je vis je ne suis pas chez moi
Je tourne en rond je cherche et je ne sais pas quoi
Et puis tous les matins je m'en vais travailler
Et j'écris des poèmes parlant de liberté
Mais vivre comme ça ça n'en vaut pas le coup
A vouloir ne rien perdre je suis devenu fou
J'en ai marre mais j'espère encore et malgré moi
Je tourne en rond je cours sans savoir après quoi...
06 03 1976
L'instant qui vient est déjà loin
dans les instants que je vivrai
Le temps prison qui me retient
Et que je n'oublierai jamais
Quand je fais deux pas en avant
A tout hasard vers la lumière
Le temps de respirer le vent
Et je fais deux pas en arrière
Je joue comme un tango lassé
Entre désespoir et espoir
Et je rêve du mot liberté
Dans le ciel pluvieux de mes soirs
Les habitudes sont vite là
Le rêve n'engendre pas l'action
Quand je parle d'autre là-bas
Je reste planté là comme un con
Un jour je quitterai la ville
Comme on fait un geste banal
Je verrai que c'était facile
Et que cela ne fait pas mal
L'instant qui vient est déjà loin
Dans les instants où je vivrai
Le temps prison qui me retient
Ne laissera pas de regrets.
21 03 1976
Nous irons jusqu'au delà des rêves
Mon amour tu verras
Rien ne nous barrera la route
Et nous aurons pour vivre
L'éternité
Nous chanterons toutes les mers
Mon amour tu verras
Nous verrons toutes les terres
Et tous les êtres
De l'univers
Rien n'empêchera la jeunesse
Mon amour tu verras
De faire du monde un seul pays
Et de l'amour une seule paix
Éternelle
Et nous irons vivre nos rêves
Mon amour tu verras
Dans le cœur des hommes nouveaux
Nos enfants seront ceux là
Mon amour.
03 04 1976
Un peu de musique comme pour taire l'ennui
Mon amour je sais
Je suis fatigué je pourrais dire tu
Tu rentres à huit heures ce soir
Fatiguée
Mon amour ne regarde pas ce feu
Dans mon regard
Il est hier
Deux gouttes de guitare pour un samedi
A qui dire j'en ai marre je deviens fou
Quelle heure est il ? Mon enfant tousse
Je t'attends
Ce feu qui brillait comme une étoile loin
Que l'on touchait du cœur
Comme un soleil
Il est hier
Lundi je partirai dans l'aube froide
Il sera six heures et demi et puis le soir
Plus encore abruti je ne rêverai pas
Mon boulot paye mal et il est dur
Ce soir je prendrai un comprimé pour ne pas y penser
Pour ne pas voir dans la nuit le feu d'un rêve
Demain il y aura un peu de joie et puis
Lundi nous crèvera
Dimanche sera le feu
Mon amour ne dis pas l'espoir !
Je t'en prie.
10 04 1976
Un couple de vieux est passé au soleil
Dans la rue is se tiennent la main
Serré sur tant de peines et tant de joies
Aujourd'hui m'étrange étrangement
Une femme en minijupe qui serre son enfant
Sur sa poitrine un gamin en vélo
Un morceau de désert calme et silencieux
Comme aujourd'hui où je suis ailleurs
Une phrase d'un poète qui par le du Chili
Les camarades morts du temps de Franco
Le sourire du bébé, la chienne un coup de langue
Avril samedi
Le printemps c'est une voix comme aujourd'hui
Et samedi m'étrange étrangement.
10 04 1976
Le vent de l'Est s'en va dans les vagues
Le village est dans le rouge du soleil
Les cloches sonnent il est huit heures à Muzillac
Je pars dans la coupure du temps de mon poème
Les merles sifflent des hymnes à la liberté
Dans la maison les enfants mangent
Le petit déjeuner
La paix est vivante dans l'absence
Je puise de la joie dans le vent glacé
Le temps s'est arrêté dans le silence
Tranquille de mes mots assemblés
Mais il fait trop froid il faut que je rentre
Ma chienne devant moi court sur le chemin
Elle est heureuse
Mon amour je ne veux pas quitter ce poème
Donnes moi la main fermes les yeux
L'instant de déchirure verticale de l'espace
Je ne sais pas si nous en sortirons
Le vent de l'Est s'en va dans les vagues
Le temps n'est plus à Muzillac
Mon amour.
25 04 1976
il me revient des souvenirs sans arbres
Nos pas jumeaux dans l'herbe rase
De l'amour dans nos regards
Et les vagues contre les rochers là-bas
Derrière le phare
Il me revient du vent dans les cheveux
Et toi pensive assise face à la mer
Un chien qui va nous rassemblant
Dans la lande et les chemins
du bout du monde
Il me revient cette île tout a recommencé
Le silence et les rires
La brise glacée de pluie on marchait
Mon amour il me revient cette île
Il me revient Ouessant.
08 05 1976
Toute ma vie de vivre je cherche
Dans vos yeux
Un rêve pareil au mien
Où je suis comme une pierre
Parmi la pierre qui vit
toute ma vie je cherche
Ce regard d'horizon ensemble derrière les vagues
Ensemble
(je ne sais rien)
Au delà des vagues de cette mer
De cette terre
Au delà même (je cherche) de cet ailleurs
Chacun
Chacun ensemble avec lui-même
J'aigris je cherche quoi ?
Toute ma vie de vivre au temps qui va
Au delà de mon amour ma quête de paix
J'aigris dans la solitude et la folie
Le regard avant les mots
Le regard humble devant la beauté
Je cherche
Je cherche ce regard d'ailleurs ?
Je n'en sais rien
Ce sourire figé dans l'espace imperceptible du temps
Je cherche et ne vois rien
Toute ma vie de vivre j'espère pourtant
L'espérance...
15 05 1976
Poème d'un homme dans une usine
Il est là pour travailler
Il pense à sa vie maintenant
Il se demande pourquoi ?
Poème d'un homme qui est triste
Qui rentrera dans un « chez moi »
Anonyme et comme chez eux
Ces gens tout à côté de lui
Poème d'un homme dans une usine
Qui pense à son amour
Amour qui est loin au travail
Et qui se demande aussi pourquoi ?
Les heures les jours les jours les jours
Qui se demande pourquoi le vie
Pourquoi l'enfance pourquoi la vie
Pourquoi le rêve sortir de quoi ?
Poème d'un homme et d'une femme qui en ont marre
Poème d'un homme qui sourit
A une femme qui sourit
sur leurs lèvres glisse je t'aime
Ils ont leur enfant dans les bras
L'instant est lumineux
Pourquoi sont-ils déjà
Un peu tristes un peu blessés
Pourquoi les larmes pourquoi la peine
Pourquoi la vie ?
Poème d'une femme et d'un homme qui travaillent
Ils pensent à leur vie maintenant
Et ils sourient pour la folie
Et ils espèrent.
05 06 1976
Ce toi qui est un rêve assassine les miens
Et je vois dans tes yeux des tourments obscurs
Des cris demain qu'arrache à ma gorge ton chant
Ce rêve au fond de moi est toi dans ma folie
Je t'aime et le silence m'enveloppe de vent
Avec des souvenirs ressassés de corbeau
L'avenir je le vis dans tes rires et tes larmes
Ces ailleurs de maison où nous serons heureux
Mes rêves sont noyés dans l'océan trop vite
Notre amour bateau a ses voiles gonflées
Et joue sur les chevaux d'écume et de misère
Notre port est la nuit où s'échoue le plaisir
Et ce toi dont je rêve me caresse sans fin
Des enfants dans tes doigts courent sur ma peau
Tous ces cris que demain arrache de ton ventre
Ce rêve dans ma folie où nous sommes heureux.
03 07 1976
Pour ce regard bruissant d'ombrage d'automne
Le miroir d'amour et de paix j'écris
Pour la jeunesse dans les rues
Deux doigts en V et le sourire
Pour ce regard de nuit luisante et lunaire
J'écris.
02 08 1976
L'arbre de la liberté, chétif
Dans un triporteur va les rues
Les blousons noirs se battent
Le soir chez les pompiers
C'est les années soixante
J'achète des pétards
J'ai gardé la monnaie en revenant des courses
Et j'ai des culottes courtes
Dans la banlieue des accordéons
C'est le bal des misères les quatorze juillet
La connerie humaine bat le goudron trop chaud
De leur Bastille maquillée et solide
Ça me dégueule maintenant
Jusque dans mes godasses.
16 08 1976
Où vont les jours
Il fait si lourd
Où est l'automne
Où va la vie
Le temps me plie
Tant monotone
Où s'en vont les jours
Où partent les mots
Et la mort bientôt
Viendra mon amour
Les heures se perdent
Et je m'emmerde
L'esprit absent
J'attends toujours
Oh mon amour
Un autre temps
Où s'en vont les jours
Où partent les mots
Et la mort bientôt
Viendra mon amour.
25 08 1976
Un envol blanc et gris au raz de l'écume
Puis les ailes étendues sur un doux lit de vent
L'oiseau comme mes rêves s'éloigne dans l'azur
Mais garde dans son regard l'océan en furie
Il faudra bien qu'il plonge bientôt pour se nourrir
Même un oiseau ne peut vivre que des nuages
Et mes rêves le suivent dans son plongeon vital
Mais ne remontent pas avec lui dans le ciel
La fange existe tant que j'y reste collé
Et avec la folie dans mon regard absent
Je vois l'oiseau de mer m'abandonner ici
Et je meurs doucement noyé comme mes songes.
30 08 1976
Un instant comme sorti d'un rêve
Un seul instant encore
Et je retrouve mes yeux de demain
Et d'hier
Et le sang comme d'habitude
Et le silence
Couleront des arbres et de tes yeux
Couleront des arbres et de tes yeux
Des océans
Et la folie mêlée d'espoir
Ne sera plus
Qu'un instant qui reviendra
Peut-être
Dans l'infini de l'éternité
04 09 1976
J'écris avec des mots d'automne
Des mots mouillés comme le ciel
Comme la terre
Comme mon cœur
Mon âme s'en va vers le nord
J'écris avec des mots de brume
Avec des mots prisonniers
Comme mon amour
Je vais sans espérance
Pourtant c'est bon d'aimer
J'écris avec des mots tristes
Des mots qui coulent comme des larmes
Comme des fleuves
Vers la mer
Mon âme s'en va vers la mort
J'écris avec des mots d'automne
Le souffle de mon désespoir
Celui de mon amour
Et de ma vie
Ne dites pas que c'est le temps
Qui me fait ça
Ne dites pas le temps
Ne dites pas ça
Pourtant c'est beau l'amour !
Et j'aime.
04 10 1976
Je suis toujours allé comme ça
De misère en misère
Comme la nuit
Le papillon vers la lumière
J'ai oublié mon innocence
Entre deux filles deux aventures
Je suis toujours allé comme ça
Au hasard
Le destin me pousse vers cette fange
Si c'est le prix de la liberté
Si j'ai le choix
Je suis toujours allé comme ça
comme une barque seule au large
Je ne porte pas d'uniforme
Ni la crasse ni les cheveux
Je regarde au fond de votre âme
Je ne m'arrête pas sur vos yeux
Je suis toujours allé comme ça
Dans la vie
La vie me pousse dans la fange
Si c'est le chemin de la liberté
Si j'ai le choix
Je vais.
16 10 1976
Je ne peux te donner de moi
Que ce qui est moi
Des mots qui coulent entre des silences
Un sourire qui semble venir de mon enfance
Un sourire des rues
Quelques vagues d'une mer révolue
Une vision bizarre des choses et du monde
Quelques siècles de retard ?
Un enfant qui te ressemble
Et mon amour comme la liberté
Je ne peux te donner de moi
Que ce qui est moi
Des mots qui volent entre des silences
Une fracture du ciel un instant
Qui brise le temps qui passe
Le vent glacé de l'aube
Quand tu vas au travail
Une idée toujours comme une route
Vers la liberté
Je ne peux rien te donner
Je ne peux rien te donner !
21 11 1976
La brume du matin prépare
Le temps pour l'automne arrivant
L'été est plus dans nos mémoires
Que dans le soleil pâlissant
L'aube a des couleurs virginales
Le gel habille la terre en blanc
Les fleurs ont perdu leurs pétales
Les arbres vont leur dénuement
Je sais qu'il est vain de chercher
Dans l'amour quelque raison
Mais je traîne mon cœur glacé
Le notre a duré la saison
Tu as fermé ta porte
Et sur ton seuil le vent
Balaie nos amours mortes
Et s'en va tristement
Viennent les saisons mortes
Emportant notre amour
Tu as fermé ta porte
La nuit chasse le jour.
1978
Quand aura tant coulé le temps
Comme un torrent nous emportant
Quand nous serons devenus vieux
S'il plaît aux dieux que nous soyons
Encore vivant
Je voudrais te donner la main
Arrivé au bout du chemin
Te dire je t'aime oh mon amour
Je t'aime comme au premier jour
Quand la vie nous aura laissé
Un seul rivage pour aborder
Avant que soit l'heure de la mort
L'heure de toucher le dernier port
L'ultime instant
Je voudrais te donner la main
Baiser ta bouche et me noyer
Dans la tendresse et le chagrin
Que ces instants soient les derniers
Je voudrais partir avec toi
Fermer mes yeux sur ton visage
Et ne plus se quitter jamais
Partir pour le dernier voyage
Oh mon amour
Je voudrais te donner la main
Et avec toi être entraîné
De l'autre côté s'il n'y a rien
Notre amour est éternité.
1978
Et je pousse comme une herbe folle
Dans ces sillons trop ordonnés
Je cherche je cherche
Qui peut être heureux dans ce monde
Où je voudrais simplement vivre
Qui viendra avec moi ?
Mais mes racines sont tordues
Et les vents toujours m'écartèlent
Je cherche je cherche
Bloqué par les contradictions
Et englouti sous le silence
Qui viendra avec moi ?
Mais je ne suis pas ce chemin
Si droit qu'il ressemble à la mort
Je cherche je cherche
Pourrais-je trouver dans les mots
La vie enfin sortie des rêves
Qui viendra avec moi ?
La liberté existe t'elle
La liberté la paix l'amour
Je cherche je cherche
Et je tends mes mains et mon âme
Vers cet espoir simple et fou
Et je reste tout seul.
1979
Je rentre le soir il fait jour encore
Il gèle parfois et ce matin
Quelques flocons de neige sont tombés
Le temps...
Les arbres sont gris et paraissent morts
Encore un mois d'hiver le printemps vient
Viendront bientôt des jours ensoleillés
Le temps...
Le temps nous mène et d'habitudes
Se font les jours recommencés
Le temps nous mène et l'habitude
Dans la mort bientôt va casser
Dans le mort bientôt va casser.
1975
On arrive presque à l'an deux-mille
L'homme à quelques millions d'années
Que si Cro-Magnon revenait
Il serait complètement paumé
On arrive presque à l'an deux-mille
Toutes les sciences ont fait des progrès
On vit de plus en plus longtemps
Peut-être grâce aux médicaments
Ça devrait être bien portant
Autoroute et tour de fer
C'est ni paradis ni enfer
On de vivre avec son temps
Est-ce qu'on pourra vivre longtemps
Je n'en suis pas sûr
On vit à l'air industrielle
Ça nous fait pas le vie très belle
L'herbe est noire dans les fossés
Au bord des routes surchargées
L'usine c'est pas la liberté
On a fermé toutes les issues
Rien dire rien entendre rien voir
L'incommunicabilité
Est bien la reine incontestée
Tant le monde a évolué
Gros verrou sur porte en fer
C'est ni paradis ni enfer
Il faut vivre avec son temps
Est-ce qu'on pourra vivre longtemps
Je n'en suis pas sûr
Les réserves de pétrole s'épuisent
En deux-mille tout sera à sec
Mais il faut continuer de produire
chercher autre chose sans s'arrêter
Les flics c'est la sécurité
Il y a des atomes un peu partout
Et c'est pour des siècles et des siècles
Il faut que le monde soit vraiment fou
Mais on continue le chemin
On se prépare une drôle de fin
Flic partout et nucléaire
C'est ni paradis ni enfer
On dit faut vivre avec son temps
Mais enfants l'auront-ils ce temps
Il faudrait pouvoir tout arrêter
Avant que tout soit terminé !
23 04 1979
En forme de testament
Une liberté de mots et de gestes
Peut-être trop de rêves peu de vie
Longue
L'infini de l'instant
Le silence en forme de testament
Le silence comme un aboutissement
Avec l'anarchie
Avec un éternelle adolescence
Mon corps je m'en fous
En forme de testament
Chaque rêve en dernière volonté
C'est bien long la vie parfois
Le silence léger et doux
Avec des rires et de la musique
L'adieu sans larmes
quelque soit la couleur du temps
En forme de testament
L'amour.
16 04 1978
Rien ne ramène la douceur du temps
Pour hier il n'y a pas de chemin
Hors le souvenir
Je cherche d'autres voies vers la liberté
Tout ce que j'ai marché s'inscrit dans mon histoire
Mais ma mémoire ignore le cheminement de demain
Je n'échapperai pas à ma route
Qu'aujourd'hui encore je cherche
La tristesse ne peut vivre au futur
Mais l'espoir et le rêve
Alors je vais sans renier mes pas
Je cherche mon chemin
J'espère et je vis avec ma force et ma folie
Je marche.
1978
J'ai quitté le champs de pierres
Où ne flrurissait plus rien
Et voilà que m'abandonne
L'arbre rêvé de demain
Je quitterais la rivière
Si la source se tarie
Comme un jour j'ai quitté la pierre
Qui peignait les arbres en gris
J'ai quitté la mort et l'ombre
Pour mourir dans la lumière
Si la lumière devient ombre
Moi je resterai de pierre
Ma vie n'est pas un jardin
Où fleurit n'importe quoi
Si les arbres y meurent trop vite
Les pierres n'y meurent pas
J'ai quitté le champs de pierres
Pour une rivière asséchée
Les pierres ont bloqué la source
Je meurs d'avoir trop rêvé.
1978
De plus en plus je me clos
Dans le silence
A quoi serviront tous ces mots
Jetés
Même si je m'en retournais
Jusqu'à l'enfance
Je n'y retrouverais
Que la nuit
Et de plus en plus je rêve
Dans le silence
D'une jouissance infinie
Et secrète
Mais si je vais trop vite
Vers elle
Je ne trouverais
Que la nuit
Et de plus en plus je m'enfuis
Dans le silence
A quoi serviront tant d'instants
Jetés
Dans les poubelles du vent
Qui n'emporte
Qu'un tout petit peu de moi
Dans la nuit
Et de plus en plus je meurs
Dans le silence.
07 05 1978
Si le présent est imparfait
A l'imparfait c'était le bon temps
Si pour nous le passé est simple
Que conjugueront nos enfants
Pauvre maison ta vie est morne
Car en dehors des souvenirs
L'environnement uniforme
Ça n'a rien pour te réjouir
Tu n'auras jamais eu de chance
Habitée trois mois dans l'année
C'est secondaire une résidence
Pour les nantis et les trop gavés
Tu étais traitée sans amour
Par des touristes indifférents
Tu appelais l'automne au secours
L'été n'était pas alléchant
A part les lézards paresseux
Qui se réchauffaient sur tes pierres
C'étaient des cris des coups des feux
Et le goût de l'huile solaire
Au moins l'automne il ya avait des feuilles
Que le vent balayait gaiement
La musique dans les branches vides
Des saules et des chênes puissants
Maintenant l'automne c'est à peine
S'il verdit l'herbe il y en a si peu
Pas besoin de chercher de chênes
Il n'y a même plus de résineux
La mer n'était pas une poubelle
IL y avait encore des pêcheurs
Et sur des plages propres et belles
Nichaient des oiseaux migrateurs
Maintenant si on approche la côte
On est averti par l'odeur
Les grèves sont noires et pestilentes
Il y a longtemps que les oiseaux sont morts
Il n'y a plus dans le silence
Le grincement régulier
D'une charrette sue devance
A pas lent un goémonier
Un goémonier pour quoi faire
Puisqu'il n'y a plus de goémon
Qu'il n'y a plus de vie sur terre
Que dans tes souvenirs de maison
Que dans tes rêves de maison.
1977
Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre
Ils marchent dans l'épais de la pluie
Enracinés au froid de l'air qui leur fouette la peau
Ceux de nulle part ne sont pas du néant
Ils ont dans les yeux un peu de chaque pays
Ils ont dans le cœur déjà la terre où ils vont
Celles où ils iront
Peut être aussi celle où viendra les prendre la mort
Ceux de nulle part sont du ciel
Ils sont des arbres aux racines nuages
Ils emmènent avec eux le bonheur
Moi je suis d'ici et d'ailleurs
De partout un peu
D'ici et du ciel et du vent
Ailleurs de la pluie du froid et du feu
De partout de l'amour
Je suis d'ici de part mes tripes reliées à la terre
Et à la mer
Reliées à la musique aux mots aux morts
Par le flux et le reflux la tempête
Je suis d'ici des chants des champs aussi des fleurs
Je suis d'ici et de nulle part de l'au-delà du rêve
Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre
Et le vent m'emmène ailleurs toujours
M'emmène vers la liberté ailleurs toujours lointaine
Le vent m'emmène je marche dans l'épaisseur de l'air
Je passe je suis sans être vu
Je n'ai pas le temps je passe et j'espère je marche
Je ne sais faire que ça
Je suis d'ici et d'ailleurs de l'amour
je vais où le vent m'emmène toujours le vent
Vers la liberté je n'ai pas le temps je passe et je chante
Écoutez...
01 05 1979
Je n'ai plus
Qu'à refermer les yeux
Et rêver de lumière
Sans prison
Je n'ai plus
Qu'à attendre encore
L'heure de la mort
De ma liberté
Je n'ai plus
Qu'à vivre sans demain
Le temps est déjà loin
D'hier
Et demain
Quelque soit demain
J'ouvrirai les yeux
Sur un soleil nouveau
Et si je n'oublie pas
Le brouillard d'aujourd'hui
Les détours du chemin
M'éloigneront de lui
Même si
Je n'ai plus
Qu'à dormir sans sommeil
Qu'à aimer sans envie
Sans amour
Je n'ai plus
Qu'à refermer les yeux
Et rêver de lumière
Sans prison. 1973
Le monde est fait comme ça
On est sur des rails
En naissant on prend le train
On y reste jusqu'à la fin
Tu as beau tirer le signal d'alarme
Pousser des cris manifester
Des pancartes dans les défilés
Il n'y a pas souvent de gares
Depuis soixante-huit pas d'arrêt
Sauter en marche ne sert à rien
Le monde est fait comme ça
Ceux qui ont la parole s'en servent
Pour dire qu'il n'y a rien à faire
Que leur pouvoir ne va pas si loin
Ne pas toucher aux aiguillages
Qu'on est sur la bonne voie
Qu'on a fait les bons choix
Que sauter en marche ne sert à rien
On est sur les rails
Faudra aller jusqu'au bout
Faudra tomber dans le trou
après le butoir c'est l'explosion
On trouvera mieux que le nucléaire
Pour se foutre la gueule en l'air
On a de l'imagination
Le monde est fait comme ça
Il faut aller toujours plus loin
Il faut aller toujours plus loin !
05 1979
« Je sais d'étranges morts qui ne pourrissent pas
Et qui sont beaux comme la chair adolescente
Ce sont ceux-là dont les vivants parlent tout bas
anges assassinés de leur jeunesse ardente »
Léo Ferré « les morts qui vivent » (Poètes vos papiers)
C'était un soir de fête
Ni à cause des bals
Ni parce que les flonflons
C'était un soir de fête
Parce que la jeunesse
Parce que les copains
On ne se connaissait peut-être pas encore assez
Pour que je dise « mon ami »
On s'entendait bien
Tout le monde s'aimait
C'était un soir de fête
Le rire volait avec nous
On avait peut-être un peu bu
Il n'était peut-être pas encore mon ami
Mais on ne se quittait pas beaucoup
On parlait de motos et de filles
On faisait connaissance
C'était un soir de fête
Peut-être qu'on a sommeillé un peu
Il ne s'est pas réveillé
C'était un soir de fête
pourquoi y a t'il eu demain ?
19 08 1979
Vers quels autres pays s'astreindre à espérer
Mes pas vers quels soleils ou terre d'esprit nouveau
Pétrir quels autres rêves
Sourire
S'installer le matin pour quel autre horizon
Enfoncer de la voix comme un clou dans la main
Quelques trop durs silences
sourire
Vers quels autres étranges lieux se diriger
Dans la pluie drue
Comme dans un ancien automne
De mes joies sans pareilles
Sourire
S'installer sous les arbres allongé sur les feuilles
Les écureuils régnants là-haut dans le regard
Et attendre l'hiver
Sourire
Vers quels autres printemps alors l'enfance comme
Usée d'amour le temps du temps que l'amour s'use
Et dans l'été blessant
Sourire
Vers quels autres pays s'astreindre à espérer
De folie à venir s'envahir doucement
Comme une cinquième saison
Mourir
08 09 1979
C'était un matin gris rappelant nos voyages
La route était déserte dans la brume immobile
Des corbeaux passaient ras la terre retournée
Je voudrais m'arrêter
Et vivre
Te prendre par la main je nous revois si bien
Sur ces routes de pluie combien d'années déjà
Passées et se referment sur notre liberté
Un écureuil rapide a couru dans les phares
On a pris l'habitude le travail les enfants
La fatigue des soirs l'amour que l'on fait moins
La grisaille des jours et moi dans mon silence
Et des ennuis de fric nous qui ne comptions pas
Je voudrais t'emmener d'autres vagabondages
En Allemagne encore pourquoi pas n’importe où
Et n'importe comment mais il faut qu'on y aille
Dans la neige neuve rire comme des enfants
Mais nous ne pouvons pas et le temps fait le reste
La vie ça va si vite on a bientôt trente ans
Le rêve ça va un peu mais l'espérance gèle
De semaines en années notre temps s'obscurcit
Ce midi fatigué j'ai écrit ce poème
Un peu désespéré mais le vie est comme ça
Je voulais simplement te dire que je t'aime
Et que peut-être un jour tout recommencera
C'était un matin gris rappelant nos voyages
La route était déserte dans la brume immobile
Je voudrais repartir avec dans les bagages
Deux petites filles une chienne et toi, mon amour. 11 09 1979
Ce serait un matin d'hiver
Un copain matinal
Allumerait le feu
Et préparerait le café
Le chocolat pour les enfants
Et bientôt on se trouverait
Tous autour de la table
On ferait la liste du jour
Chacun choisirait son travail
Doucement doucement
Ce serait un soir de printemps
Une longue journée
Bien remplis bien aimée
Les plus fatigués dormiraient
certains seraient à lire dehors
Et d'autres à chanter dedans
On allumerait un petit joint
Contents d'aujourd'hui et demain
Hier étant déjà bien loin
Doucement doucement
Ce serait un midi d'été
Il y aurait des invités
Qui nous raconteraient
Ailleurs la vie comment elle est
Dans les autres communautés
Ils nous amèneraient du pain
Ou de la laine ou des sabots
On partagerait le repas
On s'apprendrait quelques chansons
doucement doucement
Ce serait une aurore d'automne
Sur une terre libre
Où vivre une autre vie
J'aurais pu dire dans ma chanson
Les engueulades et les départs
La mort et puis les maladies
La faim les jours noirs les soucis
Mais ça n'est pas intéressant
Et puis on vit ça au présent
Comme des cons comme des cons.
1979
Mon réveil s'arrêtera
Et j'arrêterai aussi
Sans rien pour accrocher mes mains
Ni mes souvenirs
Rien qu'une terre sensible
Qui le nourrit
Et où je renaîtrait
J'attends
J'attends
Avec des rêves grands comme le ciel
Que les mots tuent
Indispensable pour donner
Les mots c'est con
L'amour
J'attends
J'attends
Avec des mots auxquels je crois
Qui ne m'appartiennent pas
Les mots s'envolent
L'amour
J'attends
Combien sommes-nous pour y croire
Les pierres ont elles une mémoire
Le temps c'est con
La mort.
31 12 1978
C'est ce moment tranquille où revit le silence
Où même la maison semble se reposer
Et les objets respirent du même souffle que moi
comme pour calmer les battements de mon cœur
C'est ce moment tranquille où les instants s'étirent
Longs infiniment longs comme une éternité
Où je ferme les yeux et je reste immobile
Pour apaiser en moi la tempête et le feu
C'est ce moment tranquille où doucement se pose
La paix comme un oiseau diaphane et léger
Où tout vit au même rythme lent et minéral
Des secondes où j'arrive presque à le plus penser
Mais ce temps est si court et au combien fragile
Qu'un bruit de pas un rêve l'image d'un sourire
Où un souffle de vent suffit à la casser
Mais je ne sais pas parfois de temps qui soit plus tendre
Qu'attendre
T'attendre.
07 11 1979
Les gestes qui ne comptent pas
Ni les mots nés des habitudes
Les bruits les musiques les voix
Bourdonnement des multitudes
Tout ce qui bouge tout ce qui vit
Les rues les villes les cafés
Les terres les mers les pays
Les femmes les hommes les sociétés
Tout ce que je vois
Ce que je sens ce que j'aime
Ce que je combats
Au fond de moi mon âme saigne
Je voudrais sortir du silence
Et tous les pas que j'ai pu faire
Comme ceux que je ferai encore
Les vagues revenues de la mer
Les bateaux revenus des ports
La liberté jamais atteinte
La page vierge et le stylo
Qui imprimera mon empreinte
Dans l'éternité d'un sanglot
Tout ce que je vois
Ce que je suis ce que je montre
tout ce qui fait mon espérance
Tremble au fond de moi
Comme les secondes sur la montre
Je voudrais vomir mon silence
Tous les poèmes amoncelés
Tous ces mots scellés dans l'encre
Les pages qu'un jour j'ai tournées
Les baies où j'ai jeté l'ancre
Aucune chanson n'est finie
Même quand la guitare s'est tue
D'autres s'enfoncent dans l'oubli
C'est le silence qui continue
Tout ce que je vois
Ce que j'admire ce qui m'enchante
On y a pas pensé souvent
Mais un mot suffit pour que vienne
L'idée du poids que font trente ans
Alignés derrière le miroir
quand on se croise du regard
En se disant qu'on a rien fait
Il faut bien dire aussi
Que la machine nous enchaîne
Et le manège tourne si vite
Demain vient où l'on sera vieux
Que dans le ciel de notre vie
Il n'y a pas beaucoup d'éclaircies
L'image paraît jeune encore
C'est dans la tête que le temps pèse
On sait ce qu'on ne ferait plus
On a plus de ces folles joies
Qu'hier nous arrachaient le cœur
Plus de folles peines non plus
On a laissé notre folie
Le long d'un fleuve merveilleux
On sait pourtant qu'il coule encore
Quand on vivait le temps présent
Sans souci d'après ni d'avant
En laissant filer la jeunesse
On prend encore des coups au cœur
Par la beauté ou par la mort
Comme des retours d'adolescence
On n'a pas passé de frontières
C'est pas demain qu'on sera vieux
Le ciel est bleu par la fenêtre
Il n'y a qu'à dire aussi
qu'on peut arrêter la machine
Qu'on peut descendre du manège
Et se jeter à cœur ouvert
Dans le fleuve tumultueux
Où vivra toujours la jeunesse.
14 07 1980
Matin pluvieux
Aux cris d'oiseaux
Timides
Le vent secoue
Les peupliers
Dimanche
Un parapluie
Énorme et noir
Promène
Sous ma fenêtre
Un chien avec
Son maître
Longeant les murs
Sac sous le bras
Une femme
Le pas pressé
Le pain frais sous
La cape
Un goéland
Vire lentement
Au ciel
Un géranium
Pleure des pétales
Fanés
Et moi assis
Bien à l'abri
J'attends
Que le soleil
Montre son œil
Brûlant
Matin d'été
qui ressemble à
L'automne
Les cloches sonnent
Il est neuf heures
Dimanche
20 07 1980
Qui est venu sonner
Cette nuit à ma porte
Était-ce un ami
Ou bien un inconnu
Je ne sais
Je n'ai pas bougé
De la chaleur du lit
Mais j'ai ouvert les yeux
Et j'ai écouté le silence
C'était peut-être un rêve
C'était peut-être ailleurs
Il n'y a plus rien eu
Vague peur
Et le noir de la nuit
C'était peut être un homme
Ou peut-être un fantôme
Ou peut-être la mort
Qui venait me chercher
je ne sais
Un clochard un poète
Ou un souvenir
Mais je n'ai pas bougé
Cette nuit et je garde
Des regrets
Qui est venu sonner
Cette nuit à ma porte ?
Je ne sais.
28 08 1980
tu peux croire que tu aimes vivre
Et même que tu es heureux
C'est un bon moment à passer
Mais il ne dure pas longtemps
Quand le cafard te tenaille
Sans que tu saches son secret
Tu penses que la fin est au bout
Et passent sans fin les jours
Qui se suivent et se ressemblent
Le travail et le sommeil
Avec amour ou sans amour
Tu veux supprimer la tristesse
En fumant l'herbe de ton jardin
Le matin le soleil t'aveugle
Tu sais que rien ne change rien
Le jour où tu en as marre
tu restes chez toi tu t'en fous
Tu vas cueillir des champignons
Ou tu ramasses des pommes de terre
Tu te dis que tu aimes vivre
Et même que tu es heureux
Puis tu retournes à l'usine
Tu sais que rien ne change rien
Alors tu prends ta guitare
Et tu rêves de liberté.
14 09 1980
Ce que je vis doucement
L'air respiré des forêts
Les lentes longueurs
Je vois quand je veux
Les nuages se déchirer
Où restent sur les crêtes où restent
Des neiges d'hiver
J'ai l'âme éparpillée
sous le ciel gris ou bleu
Comme un blues
doucement
Ce que je vis en douceur
Sur les plages gelées de décembre
Quand je suis seul
Avec les oiseaux
Les goélands les mouettes
Hérons cendrés des marais
Ce que je voudrais
C'est presque tout ce que je voudrais
J'ai la tête en morceaux
Devant la mer étalée
Comme un blues
En douceur
Ce que je vis en dedans
Le soleil perdu du soir
Dans les monts d'Arrée
La liberté des sommets
Tout est songe
Peut importe tout est songe
Je ne peux qu'imaginer
Car je n'ai pas le temps
Le temps que je vis en dedans
C'est un blues, doucement.
29 09 1980
Rien a changé tout se replace
Chaque chose
Les années ont fui
Je n'ai pas vu d'écureuils
Depuis longtemps
Je bois, je fume je vieillis
Je me sens mal
Rien n'a changé rien ne va
Mais je suis si bien
Quand tu es là
Mon amour
J'ai perdu beaucoup de folie
Ma haine est morte
Je vis comme « tout le monde »
J'en ai assez du travail
rien n'a changé
Rien ne va
Mais je suis si bien avec toi
Mon amour
J'ai des cernes noirs autour des yeux
Et des rides
Pas de goût pour le merveilleux
J'ai aigri j'ai maigri
Je n'écris plus rien
Je n'ai pas de souvenir
De ce que j'étais
Rien n'a changé
Mais j'ai peur de la vie
C'est peut-être fou
De t'aimer comme je t'aime
Rien n'a changé rien ne va
Mais je suis si bien
Avec toi
Je t'aime. 30 09 1980
Écoute
La lumière
Des pierres
Leurs chants
D'une éternité
C'est assourdissant
Sans doute car
Tu doutes
Et rien
Tu n'entends.
22 08 1980
Je voudrais écrire
Une chanson belle
Une seule chanson
Me vider de tout
Des mots et des ciels
Des misères du monde
De nos rêves mêlés
Et contradictoires
Je voudrais
Je voudrais écrire
Une musique belle
Une seule musique
Douce comme l'amour
Écrire des poèmes
Dans la longueur des nuits
Pour te dire je t'aime
Et puis t'écrire encore
Je voudrais
Peindre le gris du ciel
Pasant au loin les vagues
Et l'horizon multiple
Des amitiés de sable
S'effritant dans les jours
Ou alors se serrant
Dans un granit lourd
A défier le temps
Je voudrais
Je voudrais raconter
Mais mon temps est trop court
La vie telle qu'elle serait
Si elle était d'amour
Comme un soir tranquille
Chantant sur sa guitare
La voix d'un seul ami
Pour un monde d'espoir
Je voudrais
Je voudrais écrire
Une chanson belle
Une seule chanson
Le temps pousse le temps
Je marche et je vieillis
Et je chante et je sais
si longue soit ma vie
Je n'aurai pas le temps.
09 12 1980
Le matin cache
Son butin
Rouge
C'est en mai
Mais en mai
D'aube
Planté dans
Le froid bleu
Je vois
Loin après
Loin avant
L'aube
Le matin cache
Son butin
Planté dans
Le froid bleu
Rouge
Je vois
C'est en mai
Bien après
Mais en mai
Bien avant
L'aube rouge.
09 05 1979
Rêver sans cesse un monde qui ne sera jamais
Écrire sans cesse un rêve qui ne sera pas lu
Courir sur des chemins magnifiques et faciles
De sourire et d'amour et y rester tout seul
Vivre le cœur ouvert vers la vie souveraine
Aimer l'amour jusqu'à s'en faire péter l'âme
Souffrir aussi sans fin des souffrances humaines
Devant le papier blanc se retrouver tout seul
Un grand remue ménage me secouant la tête
Les idées et les mots me martelant l'esprit
Le cerveau déchiré tel des pieds sur l'asphalte
D'espérance marcher en signes sur le papier
Marcher encore mùarcher jusqu'au bout du silence
Et de la solitude et de l'amour aussi
Avec au fond du sang d'obscures mécaniques
Indécentes à se mettre nues et à crier
Retranscrire les chants qui montent de la terre
Les cris des pierres les arbres les caresses du vent
La mort qui marche aussi et l'angoisse des hommes
Le temps dans la poitrine qui sonnera le glas
Aller du crépuscule à l'aurore est la route
De l'aurore à la nuit de la mort à la vie
Semblable à tout jamais à soi-même et aux autres
Peut-être vivre enfin une cinquième saison
A la mort retrouver le silence être seul
Et puis ne rien laisser qu'en poèmes glacés
Les rêves de ce monde qui ne sera jamais
Qu'un peu de la folie coulant des solitudes. 06 01 1980
Je vois dans la nuit glisser les lumières
De ce train qui vient de quitter la gare
Il vient de Paris et va vers Quimper
En passant il raconte des histoires
Des histoires de pluie des choses d'hier
Des instants perdus dans le désespoir
De l'amour la mort et puis la misère
Et la vie n'efface rien de ce trou noir
Un amour s'en va un amour arrive
La même folie et le même goût
Une partie de moi reste à la dérive
On avance on n'oublie rien du tout
Rien du tout ce soir où par habitude
J'ai pris un stylo pour écrire un peu
Recroquevillé dans ma solitude
De cette douleur j'ai senti le feu
Jamais d'autres flammes si fortes soient elles
Ne pourront masquer cette fièvre là
Je pourrais connaître d'autres amours belles
Je sais un brasier que rien n'éteindra
Et si aujourd'hui la femme que j'aime
Est comme le soleil d'un matin d'été
J'ai au fond du cœur une ombre ancienne
Qui file sur les rails d'un destin brisé
J'ai vu dans la nuit glisser les lumières
D'un train qui traînait des flots de hasard
Et qui sans douceur cassait les barrières
Des profonds secrets de mon désespoir.
07 11 1991
Je voudrais pour toi la mer
Quand les vagues écrivent des poèmes
Quand dans le bleu du matin
Les goélands disent que je t'aime
Je voudrais pour toi le ciel
Quand le vent mange les nuages
Et viennent les étoiles dans la nuit
Guider mes pas dans tes voyages
Je voudrais pour toi le feu
Quand il éclate le bois en cris
Et quand au cœur de l'hiver
Il berce les rêves de ta vie
Je voudrais pour toi le sourire
Pour tes yeux vidés de la peine
Pour l'enfant qui un jour viendra
Je voudrais te dire je t'aime.
28 10 1974
Mon amour s'endort bleu sur ma peur
Aux draps comme les cieux et les fleurs
Mon amour, bercée de silence
S'abrite de mes cauchemars
Et porte en elle la présence
De notre enfant de notre espoir
Mon amour rêve t'elle si calmée
De cette vie nouvelle bien cachée
Et moi je voudrais croire en dieu
Et j'aimerais pouvoir lui dire
toi que l'on dit si glorieux
Pour moi garde lui son sourire
Mon amour frissonne dans ce lit
Douce respiration de la vie
Dans le tendre oubli du sommeil
Avant que la nuit ne s'achève
Avant que vienne le réveil
Ma force soit en elle et ses rêves
Mon amour s'endort bleue fatiguée
Aux draps comme les cieux de l'été
08 07 1975
Tout ce qui vit dans mon regard
Le vent qui fait frémir les fleurs
Le vol blanc des oiseaux de mer
Les vagues frappant le rivage
Ton nom est en toute beauté
Toutes les beautés sont ton signe
L'odeur de la terre mouillée
Celle du vin frais et de l'ombre
O douceur des choses banales
O silence ardent des tendresses
Toi suspendu avec le temps
A la potence de l'avenir
ton nom est au creux des forêts
Avec l'écureuil et le loir
Avec l'aigle et avec l'agneau
Avec l'enfant émerveillé
Toute vivance t'appartient
C'est pour toi que ma chair vibre
Par toi qu'exultent toutes joies
Par toi que toutes les amours naissent
Tout ce qui vir dans mon regard
Aujourd'hui d'été et de calme
Apporte sur mes lèvres ton nom
Liberté.
23 07 1982
Le bonheur ce n'est pas grand chose
Le bonheur ce n'est pas beaucoup
La beauté fragile d'une rose
Dans le soleil chaud du mois d'août
Le bonheur on ne le voit pas
On ne le sent ni ne le touche
Il est et déjà il n'est pas
comme ce sourire sur ta bouche
Le bonheur va le bonheur vient
Il passe dans notre horizon
comme un lièvre sur le chemin
comme le bateau sous le pont
C'est l'instant qui se fait caresse
Le calme doux d'une embellie
Le plongeon à fond de tendresse
Avant de retrouver la vie
Le bonheur ce n'est pas beaucoup
D'imperceptibles petits riens
A peine le chant du coucou
Dans une aube tiède de juin
Dans le noir il est la lumière
Il est la flamme dans le froid
Le sourire dans la misère
La solitude quelquefois
C'est l'instant qui se fait caresse
Le calme doux d'une embellie
Un plongeon à fond de tendresse
Avant de retrouver la vie. 29 11 1982
Ni l'eau fraîche d'une source vive
Ni le printemps d'un chant d'oiseau
Même la douceur d'une rive
Bordant de vers un ruisseau
Pas l'instant nu d'une caresse
Ou le souvenir de la mer
Ni la folie de la jeunesse
Et son parfum volant dans l'air
Pas même les cieux quand ils pleuvent
L'orage tonifiant de l'été
Ni l'hiver qui donne aux fleuves
D'un torrent la saine gaîté
Non plus la peur des mésanges
Au froid venant à nos maisons
Non plus la perfection des anges
Que créent nos imaginations
Plus que le silence des tendresses
Des matins chauds au fond du lit
Plus que l'insouciance des ivresses
Ou l'obscurité de la nuit
Rien ne suffit il n'est de mot
Ni de chansons ni de poème
Pour dire plus fort et plus beau
Simplement mon amour
Je t'aime.
04 01 1983
La nuit d'aujourd'hui s'emplit d'un vide effrayant
D'un silence chargé de silence
La nuit souveraine chaude et lourde immobile
Les mots s'éteignent les étoiles se taisent
Pas un souffle ne veut troubler cette épaisseur
La poésie me laisse la poésie s'en va
J'ai craché son venin déjà
Le papier reste vierge et muette la voix
Les feux de la mémoire désespère ce temps
Dans lequel je glisse silencieux maintenant
Le désert coule sa chape noire et irréversible
Et noie les mots dans son néant
La forme disparaît dans l'absence de fond
Les sommets s’aplanissent et se comblent les puits
Je reste nu devant les solitudes grises
Les nuits portaient leurs chants au hasard des silences
La poésie vivait encore
Les insomnies avaient le verbe fiévreux
Le désert était plein d'espoir et de musique
La solitude avait la folie du stylo
Mais la nuit d'aujourd'hui reste vide...
08 07 1983
Le soleil de l'aube à allumé le gel
Et libère sur la neige des myriades d'étoiles
Les aiguilles se dressent massives et glacées
Le mélèzes au Sapey laissent passer la neige
que le gel de la nuit retenait en leur toile
Un brouillard amical nous cache la vallée
Il y a aux Chambeaux encore quelques névés
La terre comme une mousse éclate de crocus
Le dôme du Châtelard garde le blanc d'hiver
Les premières marmottes ont quitté le terrier
C'est le printemps qui vient chaque jour un peu plus
On ramasse des trolles en allant aux Bottières
Sur la balme on trouve encore quelques mousserons
Bientôt seront girolles et cèpes dans la panier
Au loin dans nos regards la Meije et l'Étendard
De roche noire on voit les pics de Belledone
A Léard on respire la pleine liberté
Et si je suis ici ce n'est pas par hasard
Quelques flocons parviennent à transpercer la pluie
Et la fraîcheur du soir se perd dans la flambée
Les cimes sont masquées par le flot noir des brumes
souvenirs et futur se mélangent cette nuit
Dans l'éternelle saison fleurie de l'amitié
De ce chalet sourire qui dans mon cœur s'allume.
23 11 1985
Il ne me reste rien d'enfance
Il ne me reste rien de bleu
Dans ces naufrages de silence
Où je me sens devenir vieux
La montagne à des vagues roses
Lorsque tremble la fin du jour
Dans une éternité morose
Nous mortels parlons d'amour
Parlons causons et à boire
Laissons couler les fleuves de mots
Nous voudrions risquer pour voir
Et il ne reste que nos os
Et la mer est infatigable
Dans un érotique ballet
Pénétrée de vent et de sable
violée parfois cocu jamais
que faisons nous nous pauvres diables
De notre mortelle durée
Pour ne pas voir couler le sable
Ineffable du sablier
Nous parlons d'amour et de mort
A l'ombre d'arbres centenaires
Et nous accompagnons les morts
Dans le calme des cimetières
J'ai été un môme innocent
J'ai jeté vite l'innocence
Et mes rides vont se creusant
Me voisi réclamer l'enfance... 06 04 1984
A quatre heures du mat on hésite
Entre la fin et la poursuite
D'une nuit partie l'œil ouvert
Entre paradis et enfer
Refuser le jouir du sommeil
Pour guetter le premier soleil
si le matin n'est pas trop gris
Si le ciel n'est pas trop pourri
Ces quelques heures nues et coupantes
Posées devant la tasse fumante
Se comptent déjà au passé
Si pleines où rien ne s'est passé
C'est le désert en ouverture
Une fenêtre ouverte sur
des libertés inexplorées
Des veilles de rêves éveillés
silencieusement on avance
Entre joie et désespérance
Dans un temps passif et couché
Soufflant les brumes du café
Et puis on voit venir l'aurore
On se retrouve debout dehors
Les six coups vont bientôt sonner
Le vent frais chasse les buées
Dans le premier rayon qui vient
On chasse d'un geste de la main
La dernière fatigue accrochée
Et on boit un premier café
ou
La première fatigue accrochée
Et on boit son dernier café.
26 07 1984
Encore une cigarette grillée
En attendant le soleil
Ou l'amour ou la fin du monde
Encore un jour ou une année
Une averse de grêle
Et une fleur épanouie
Aimer le chant des oiseaux
Les merles les chardonnerets
Et grattouiller sa guitare
Encore un verre de vidé
Le cri aigu d'une marmotte
On est vraiment pas pressé
Encore une vie qui s'achève
Le jour où je reviendrai
que serai-je dans ce monde
Peut-être encore animal
Végétal ou minéral
L'important c'est le moral
Ce qu'il faut c'est être bien
Ne rien faire mais le faire bien
S'en aller tout doucement
Vivre et jouir
27 05 1984
Je ne veux pas aller en terre
Allongé dans une caisse en bois
Le trou bouché par une pierre
Avec des fleurs sur le toit
Je ne veux pas chaque Toussaint
Être embellit de chrysanthèmes
Pauvres fleurs triste jardin
Où une routine les sème
Je n'aime pas les cimetières
Savoir couché Dans le froid
Mon corps même déjà poussière
Serait mourir une seconde fois
Vivant je n'aurais jamais cru
Au paradis ni à l'enfer
Je ne veux quand je ne serai plus
Être emmerdé par des prières
Plonger mon corps dans les flammes
Ainsi que j'ai toujours souhaité
L'amour se charge de mon âme
Et ma vie l'aura consumée
Puis confiez mes cendres au vent
Dans le cendrier du hasard
Et que je devienne l'amant
Des pluies des neiges et des brouillards
Je ne veux pas aller en terre
Je veux vivre une dernière fois
éparpillé dans l'atmosphère
Et dans l'infinité du temps 06 11 1985
Peut-être n'ai-je pas su déchiffrer les signes
Moi depuis si longtemps debout dans les tempêtes
Les murs dans la cendre debout encore et dignes
Là dans mon cœur noirci où chantent encore vos fêtes
Une aube de soleil qui vient après la pluie
L'océan des nuages tranquilles dans la vallée
Et dans ce jour qui vient semblable à une vie
Le sourire et les larmes l'hiver et puis l'été
Je connaissais vos rêves je m'immisçais dedans
J'y craquais des membrures répandais mon parfum
Je riais à vos rires et vibrais à vos chants
J'aspirais les vapeurs douces de vos festins
Je sais des cris d'enfants dans des matins légers
Des fatigues sublimes des alcools ruisselants
Les silences spacieux de la sérénité
Ces instants de repos où l'on oublie le temps
Je me souviens du linge séchant sur mon balcon
Les fleurs multicolores peuplant les jardinières
Face au ciel découpé de pics sur l'horizon
Ce grand bleu presque noir d'une étrange lumière
Les nuits sont longues longues bien trop longues parfois
J'aime tant le soleil qui projette des ombres
Mais je sens le sang battre encore au fond de moi
Je sais la renaissance au delà des décombres
Je sais demain j'y suis déjà je me souviens
D'autres rires d'autres chants aux accords des guitares
d'autres vies à venir le printemps qui revient
Et des amis toujours pour écrire l'histoire... 21 09 2011
La fille de l'île
LA FILLE DE L'ÎLE
OUBLI
avec le temps me reviennent
Des histoires de mon passé
des bévues et des fredaines
Que je croyais effacées
Des amours d'une semaine
D'une folie d'un été
Des erreurs des calembredaines
Des mensonges des billevesées
Pourtant elles me souviennent
avec tant de netteté
Et de façon si soudaine
Que je ne peux en douter
Si j'en ai rêvé certaines
D'autres ont bien existé
Et j'ai encore de la peine
De les avoir vues s'évader
Parmi ces liaisons anciennes
Je vois avec acuité
Le visage d'une îlienne
Sa jeunesse sa beauté
Je sens sa main dans la mienne
L'insolent de ses baisers
Était-ce à Ouessant où Molène
Il a coulé trop d'années
trop de fées trop de sirènes
Passantes que j'ai cru aimer
Était-ce à Paris où à Rennes
Comment ai-je pu oublier...
TRAVERSÉE
La mer envoyait ses paquets Balayer le pont Du bueguel Eusa Le bateau tanguait et roulait Dans ce béton Verdâtre et froid
Moi je fuyais la capitale Et la folie et le mal
Novembre essayait d'être laid Avec son crachin Comme un ciel qui pleure Les terres disparaissaient Sous les embruns Dans le Fromveur
Je fuyais l'alcool des nuits Et la violence et l'ennui
Emmitouflée dans la cabine Regard plongé dans un bouquin Elle ne voyait rien j'imagine C'était pour elle quotidien Moi j'avais plutôt mauvaise mine La pâleur du parisien Avec un zeste de déprime La tempête m'allait si bien
|
Et puis elle a levé les yeux Le port approchait Cette beauté soudain Cette fille au regard si bleu Qui me regardait J'étais encore loin
Elle m'a donné un sourire Je n'étais pas près d'atterrir
Le matin était gris et doux J'étais arrivé Dans le bout du monde Ses cheveux dansaient sur ses joues comme avait dansé L'écume sur l'onde
Je ne savais pas où dormir Elle m'avait donné un sourire.
|
PARIS
Ah Paris Paris Paris du jour
Le matin glauque les yeux lourds
Le chambardement des entrailles
Un café rhum pour que ça aille
Paris Paris et le turbin
Des sept heures et demi le matin
Le jour est long et sans espoir
Tu bosses jusqu'à six heures du soir
Paris métro pour le voyage
La variété du paysage
La page de pub dans les stations
Et le tunnel Dubo-Dubon
Paris de la sueur et du temps
Qui file triste et fatiguant
Paris le sandwiche de midi
Dans un troquet vieillot et gris
Ah Paris Paris Paris des nuits
Paris de rues et des oublis
Quand il n'y a plus d'aujourd'hui
Plus de demain que la folie
L'herbe qui pousse sur l'alcool
Pour être sûr que ça décolle
Paris qui danse sur son nombril
Comme sur le ventre d'une fille
Paris le soleil de minuit
Ou le boulevard sous la pluie
Paris des putains attirantes
Et du sommeil qui s'absente
Paris de l'aube qui hallucine
Pendant le retour à la mine
Paris de la mort annoncée
Et le départ est arrivé...
La baie de Lampaul tranquille Et le sourire de cette fille.
LE GÎTE
L'hôtel était fermé
A quoi bon ouvrir
S'il n'y a pas de clients ?
La patronne du café
M'a donné une adresse
Chez l'habitant
Je ne savais pas
En frappant à la porte
Qu'elle serait là
Comme dans un songe
Où Morphée m'emporte
Quand dans ses bras je plonge
Sa mère est venue
J'ai payé une semaine
Je ne savais plus rien
La vie avait disparu
La ville et la haine
Et j'étais bien
COUP DE FOUDRE
Dans le pâle soleil du matin Je l'ai accompagné au porc Nous avons gardé nos distances Sur la lande tout se voit de loin Pas un arbre dans le décor Nous avons gardé le silence
Parfois nous nous sommes regardés Et nos sourires étaient bavards J'avais pour moi seul la beauté Celle du monde celle de son regard
Et sur le chemin du retour Ses cheveux volaient sur le vent Son pull dessinait ses seins La folie nous tournait autour Me faisait bouillir le sang Alors je lui ai pris la main
Ça a duré dix mètres à peine avant les premières maisons Dans sa paume contre la mienne Je sentais une douce vibration
|
Je l'ai laissé là sur le seuil Je suis parti me promener Il faisait si beau ce jour là J'étais léger comme une feuille J'avais envie de m'envoler Les vagues rugissaient ma joie
dans un creux entre les rochers Dans le sable je lui ai écrit Les mots que l'amour ne dictait La plus belle des poésies
Bientôt la mer a effacé Ce message qu'elle n'a pas lu Mais par transmission de pensées Je sais bien qu'elle l'a entendu. |
PRÉ SALÉ
Loin des restaurants miteux
Les bars pourris les bouis-bouis
Les casse-dalles calamiteux
Les verres sales la bière aigrie
Le nuage de fumée
Flottant sous le plafond jauni
Le steak dur vite avalé
Les légumes vite vomis
Loin l'œuf dur du comptoir
Avec son goût d'eau usée
Les rêves de vrais tartares
A la viande avariée
Les choucroutes ratatinées
Le vin blanc qui fait des trous
Les sardines trop huilées
Qui imbibent le pain mou
Bout de terre entourée d'eau
que puis-je manger de meilleur
que des côtelettes d'agneau
Pour consolider mon bonheur
C'est simple autant que c'est beau
C'est parfumé et succulent
Rien n'égale la viande d'agneau
De pré salé de Ouessant !
NUIT EUSA
Dans sa chambre d'adolescente
Aux murs décorés de posters
De tous ces rêves qui la hantent
Je suis passé avec sa mère
Simplement pour lui dire bonsoir
On a échangé un sourire
Quand la maman tournait le dos
Je n'avais pas envie de dormir
Son regard me faisait chaud
Comme le soleil troue le brouillard
Demain matin elle partira
Vers Brest et la cour du lycée
Je crois qu'elle me manque déjà
Mardi sera vite arrivé
enfin je pourrai la revoir
Les yeux ouverts sur ce lit
J'entends les vagues qui déferlent
Décorent le silence de la nuit
Comme dans l'aube le chant du merle
Je pense à elle dans le noir
que suis venu faire ici ?
Qule piège me tend le hasard
Quitter la ville et sa folie
Tordre le cou du désespoir
Je pense à elle dans le noir
Demain matin elle partira
Vers Brest et la cour du lycée
Je crois qu'elle me manque déjà
Mardi sera vite arrivé
Enfin je pourrai la revoir...
LUNDI
Lundi je me suis fait des copains
Pour échapper à la pluie
Je suis resté au bistrot du coin
Pour tromper l'attente et l'ennui
Il y avait quelques mecs au rade
Qui avait l'air d'écluser sec
rien à faire d'autre que boire avec
Et devenir bons camarades
On s'est marré comme des benêts
A se moquer des parisiens
Des marseillais et des lyonnais
Et puis aussi des ouessantins
Ils connaissaient bien sûr les gens
Chez qui j'avais une carrée
Des discrets des pas causants
Comme l'île sait en fabriquer
Que la fille était bien jolie
La plus belle dans les parages
Ils auraient aimé qu'elle dise oui
Mais elle était si sauvage
Le retour a été bien long
Je tanguais comme sur les vagues
Je devais avoir l'air d'un con
Sous la pluie marcher en zigzag
Mais la journée se finissait
Et j'étais bien dans mon ivresse
Quand je vis mon lit j'étais fait
Et j'y tombais à la renverse.
AMOURÎLE
J'étais flottant dans ce nuage
Près de la pointe de Créac'h
Imaginant des mélodies
Dans le son rauque
De la corne de brume
J'étais entre angoisse et espoir
devant la suite du voyage
Je scandais son nom en silence
Sur mon pas dans le brouillard
Impatient de la revoir
Peut-être de reprendre sa main
Et de lui dire des bêtises
Chaque instant me menait vers elle
Bercé par les cris des mouettes invisibles
J'avançais dans la gwerz lancinante
De cette merveilleuse folie
La veille je l'ignorais
Elle m'ignorait aussi
Ai-je depuis aimé avec autant
D'amour ?
OBSESSION
Allongé sur ce grand lit froid
Je bouquinais les fleurs du mal
Ou autre chose je ne sais pas
Peut-être même le journal
Je la voyais à chaque page
Je l'entendais à chaque mot
Elle m'avait mis dans une cage
Dont elle était tous les barreaux
Je fermais les yeux pour dormir
Pour sortit de cette obsession
Mais je retrouvais son sourire
Le sommeil fuyait pour de bon
Je regardais par la fenêtre
Tourner la lumière du phare
Mais dans mon corps et dans ma tête
Rien ne perçait le brouillard
Je voulais maudire le jour
Où j'étais venu sur cette île
Où j'avais reconnu l'amour
Dans le regard de cette fille.
VAGUES
Comme dans une hallucination avec a fatigue et la brume Une irréelle apparition Aérienne comme une plume Elle est entrée silencieuse Ses ailes portées par le vent Dans la lumière cafardeuse Elle a amené un printemps J'ai d'abord cru à une vision La nuit a des effets pervers Un excès d'imagination Elle m'a fait signe de me taire
Tremblante un peu sans qu'il fasse froid Elle semblait encore indécise Elle s'est approchée de moi Et elle a ôté sa chemise Alors j'ai ouvert grand le lit Elle s'est glissée entre les draps Frissonnante fraîche et transie Je l'ai serrée entre mes bras Les vagues caressaient la plage De sa peau comme de la soie Nous sommes partis en voyage Plus haut que tous les au-delà
Aller jusqu'au bout du désir Chaque retour est un départ On sait que la nuit doit finir Que reviendra le jour blafard |
Alors on s'est donné sans fin C'était pour elle la première fois Et quand est venu le matin Elle dormait tout contre moi Combien de filles dans mes nuits Une semaine un jour ou un mois Et qui sont tombées dans l'oubli Pour que ne reste que celle là
Les vagues caressaient la plage De sa peau comme de la soie Nous sommes partis en voyage Plus haut que tous les au-delà. |
LES MOTS
Je voudrais connaître les mots Que la poésie distille Dans son alambic Dire la force du printemps Quand il vient au cœur de novembre Jouer sa musique
Dire le soleil de la nuit La chanson du vent sur le toit Compagnons d'instants fantastiques Traduire tout ce qu'elle m'a dit Prise dans l'étau de mes bras Pour ce voyage magnifique
Je voudrais vivre infiniment La douceur de ces instants Ces délices harmoniques retrouver ce goût ce parfum Le velouté du satin De sa peau douce et magique
Dire le soleil de la nuit La chanson du vent sur le toit Compagnon d'instants fantastiques Pris dans l'étau de ses bras Pour ce voyage magnifique
Si loin des peurs irraisonnées La mort derrière la porte La folie toujours à guetter Le petit bonheur qu'elle emporte |
La course effrénée des jours Les nuits au bord des démences L'angoisse qui joue des tours Et la prison du silence
Si loin l'avenir triste et gris De la grande ville sans lumière Sinon le néon sans vie De ce tunnel sous la terre Si loin les amères aventures Qui me laissaient désespéré Bien loin cette désinvolture Qui ne servait qu'à me cacher
Je voudrais connaître les mots Que la poésie distille Dans son alambic Dire la force du printemps Quand il vient au cœur de novembre Jouer sa musique.
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JE L'AIMERAI
Le lycée l'avait reprise
Les vacances seraient pour plus tard
Moi j'avais des choses à régler
A dérégler
Je ne voulais plus de Paris
Je ne voulais plus du désespoir
J'avais envie de m'envoler de rêver
Le samedi elle reviendra
On se croisera sur le quai
Et le bateau l’emmènera
Enez Eusa
Je lèverai le pouce
Au bord de la route
La pluie cachera mes larmes
Enfin s'il pleut
Un jour je reviendrai c'est sûr
Mais demain est bien compliqué
Je suis devant tant de ruptures
Tant de blessures
Que garder de cette aventure
Que le vent de la liberté
Soufflant de la mer un air pur ou impur
Demain est un autre monde
On ne peut pas s'arrêter
J'avance et chaque seconde
Fait partie de mon passé
Je vis avec cette histoire
Et avec bien des regrets
J'avais beau ne pas vouloir
Cette fille je l'aimais
Le bateau a quitté le port
tout a changé désormais mais jusqu'à ma mort cette fille je l'aimerai !
OUBLI
Je l'ai revue par hasard Quelques années plus tard A Vannes allez savoir La chance nous conduit Nous nous sommes regardés Le temps avait glissé Elle n'avait pas changé Et nous avons souri
Au café de la mairie Assis à la terrasse J'ai commandé un demi Elle a pris une glace
On ne se disait rien Ses yeux au fond des miens Elle a dit : tu vas bien Pour rompre le silence Elle venait ici Chez son petit ami Quelques jours quelques nuits Elle était en vacances
Moi j'étais installé Je vivais près d'ici J'allais me marier J'ai fini mon demi |
Alors on s'est levé Il fallait se quitter L'amour était passé Était enfuie la fièvre A chacun son destin Il y a tant de chemins Je lui ai pris la main Et j'ai baisé ses lèvres
chacun de son côté On a repris la route Elle ne s'est pas tournée Un peu triste sans doute
J'y pense maintenant Il s'est passé trente ans J'ai des petits enfants Des douleurs de l'arthrose Quelquefois dans la nuit Avec mélancolie Je repense à nos nuits Et puis à autre chose... |
L'île
UNE ÎLE
2006
RACINES
Comme les cheveux d'or des déesses incertaines
Elles tissent aux nuages des lambeaux de soleil
Accrochant les lumières des révoltes anciennes
Et tant de découvertes qui encore m'émerveillent
Elles m'accrochent doucement au vent de liberté
La terre qui les tient est toute la planète
Elles sont migratrices à moi seul agrippées
Elles ma font léger mais fort comme la tempête
Elles sont d'un seul bloc dans de l'amour sculptées
En inversant la pôles on trouve de la haine
C'est un vaisseau fantôme mille fois naufragé
Mille fois revenu mais la côte est lointaine
Elles sont faites de brume de chimères et de mots
de sombres mélodies qui peuplent le silence
La dureté des pierres la mouvance des flots
Le bonheur d'être triste du chant de l'espérance
Elles n'ont pas de repos elles n'ont pas de lieu
A peine un univers du feu et de la glace
Elles flottent dans l'air colonisant les cieux
Jusqu'au vide sidéral des confins de l'espace
Elles sont dans ma peau chaque morceau de chair
Chaque pas chaque odeur chaque respiration
Et sans cesse elles s'étendent elles caressent la terre
Elles viennent s'immiscer jusque dans mes chansons
Mes racines.
SÉRÉNITÉ
Une île a jamais perdue aux frontières des solitudes
Une île jamais explorée au delà des certitudes
Une île qui te ressemble même dans ce que tu veux cacher
Immatérielle diaphane comme la volupté
Sérénité
Une île suspendue comme un vaisseau de vent
Une île suspendue dans un ciel nu et blanc
Une île comme un espace absent des dimensions
Une île comme l'ivresse d'un vol de papillon
Sérénité
Une île où les vivants et les morts se mélangent
Une île dans la douceur de mélodies étranges
Une île de jeunesse d'éternelle folie
Une île d'oubli total où l'on oublie l'oubli
Sérénité
Une île sur ce chemin au grand jour déployé
Une île d'arc en ciel et de nuits étoilées
Une île tranquillement si loin des inquiétudes
Une île jamais perdue aux frontières des solitudes
Sérénité
CE MONDE
Ranger les peurs dans l'armoire des peurs
Entre les piles de quotidien dans la chaleur du nid
Avec un demain semblable aux demains et aux autres demains encore
Tourner les yeux vers l'intérieur pour voir enfin autre chose
Un paisible paradis sans dieux et sans tourments
Une île déserte enfin sans l'angoisse du mal et du bien
De l'amour et de la haine du convenable et du convenu
Du conçu et du concevable du correcte et de l'incorrect
S'ouvrir et s'oublier au plus profond des vagues
Dans la caresse abstraite de la seule réalité tangible de l'être
Ranger les peurs toutes les peurs et se faire face
Ranger le passé dans les tiroirs secrets de l'amertume
Ranger l'avenir dans les tiroirs secrets des aventures
S'allonger dans la pureté de l'air dans l'océan miraculeux
Se laisser porter par le courant caressant du vide
Faire face à la déchéance et à la mort impitoyable
Brûler les peurs et revenir tranquille dans ce monde où tout est différent !
ÉLÉMENTS
D'abord la source de la vie Qui se joue dans la transparence Dans la mouvance et l'émouvance Et les subtiles mélodies Le jaillissement splendide Du plus loin de l'inconnu De quelles étoiles fondues De quel au-delà du vide
Puis le support magmatique Maçonné par la main du temps Écrabouillé par les géants Et par leur force tellurique Le rocher coupant du désert La glaise douce à façonner Et la richesse des étés L'écueil au milieu de la mer
Le lait rougeoyant du volcan Qui allume des incendies Qui embrase les féeries Le magicien incandescent Qui transforme la terre en or D'un seul cri de sa colère Fait la légèreté de l'air Brûle la vie comme la mort
Je suis fait d'eau et de terre Et le feu m'habite souvent Je suis de tous les éléments Qui composent l'univers
|
Je suis la poussière et le vent Je suis la lave et la rivière Je suis le silence des pierres Et les vagues de l'océan
D'abord la source de la vie Puis le support magmatique Le lait rougeoyant du volcan Je suis de tous les éléments. |
COMBIEN
Combien de fois suis-je déjà venu ?
Combien de fois sur la parallèle invisible
Suis-je encore semblable et différent
Perdu au cœur du voyage infini
Combien de vies passées
Combien de vies qui passent
Pour autant de morts à venir
Combien de fois l'aspiration du vide
Vers des promenades silencieuses
Sur des chemins désolés
Vers des amours impossibles
Vers des mondes qui n'existent pas
Combien de balades à deux
Tenant des fées miraculeuses
Pour tant de bonheur envolé
Combien de bonheurs refusés
Pour garder le vent sous mes ailes
Et l'habiller de mots étincelants
Combien de marées rugissantes
Pour effacer sur le sable
des traces de rêves aux longs cheveux
Des sourires angéliques
Les poèmes clandestins de la jeunesse éternelle
Combien de mondes imaginés pour exister dans ce réel chimérique
Combien de navires naufragés par les tempêtes de démence
avant d'être serein sur le pont de celui qui sait où il va
Combien de fois devrais-je partir encore
Avant de toucher terre sur cette île
Pour longuement me reposer
Pour devenir ce que je suis
Pour enfin revenir au monde et à l'amour.
KELTIA
Pauvres pays de granits affleurants
Aux récifs plantés dans le flanc des collines
Nageant la lande sauvage et la fleur d'aubépine
Aux âmes vagabondes dans les pluies et les vents
Ruisseaux dégringolant le long des chansons pures
Caressant les racines des chênes centenaires
aux arbres se battant sur l'épaule des pierres
Et aux fées habitant dans les forêts obscures
Pauvres et tristes pays dans le fond de mon cœur
Montagnes décharnées sur les vallées ombreuses
Menez Arrée ici ou Monédières ailleurs
Une île Keltia dans le fond de mon cœur.
SONGES
J'ai hissé la voile des songes
Et le vent s'y est engouffré
qu'importe s'il est un mensonge
quand il est ma réalité
Demain suffira pour ma peine
Puisqu' hier déjà a suffi
Que me libère de mes chaînes
Le songe qui peuple ma nuit
Il me faut bien chaque jour
Quitter la brise vagabonde
Retrouver dure et sans amour
La tristesse de ce monde
Que flottent mes mots vers vos âmes
Qu'ils portent un soleil chaleureux
Qu'ils fassent de nous hommes et femmes
Sur mon île des gens heureux
Qu'ils permettent que l'on s'évade
Pour échapper aux coups du sort
que la vie soit une dérobade
Pour n'y pas penser à la mort
J'ai hissé la voile des songes
Et le vent s'y est engouffré
qu'importe s'il est un mensonge
quand il est ma vérité.
RETOUR
Je reviens un monde m'appelle Je dois quitter l'océan Rejoindre l'artificiel Quitter l'émerveillement
Je dois aller faire les courses Au supermarché du coin Ouvrir les cordons de la bourse Acheter des pâtes et du vin Je dois passer au tabac Pour mon quotidien poison Jouer au loto pourquoi pas Ma chance sur quelques millions
Je dois aller au boulot Il parait que c'est normal Que chacun en a son lot Qu'il faut se tuer au travail Ensuite si je ne suis pas crevé Après le repas du soir Je regarderais la télé Avant de me mettre au plumard
Gavé de publicités Et de programmes à la con Je rêverais que je vais acheter Une grosse bagnole de patron Quand le réveil sonnera Il sera temps d'y retourner Ça dure toute une vie comme ça C'est la libéralité
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Puis par un beau jour de fête Petit vieux ratatiné Je pourrais prendre ma retraite Et un peu en profiter Mais payé une misère Je devrais bosser encore Le repos c'est au cimetière Les vacances c'est la mort
Alors je repars sur mon île Où souffle un vent de liberté Où on peut vivre tranquille Avec les lutins et les fées. |