05/04/2021
L'île
UNE ÎLE
2006
RACINES
Comme les cheveux d'or des déesses incertaines
Elles tissent aux nuages des lambeaux de soleil
Accrochant les lumières des révoltes anciennes
Et tant de découvertes qui encore m'émerveillent
Elles m'accrochent doucement au vent de liberté
La terre qui les tient est toute la planète
Elles sont migratrices à moi seul agrippées
Elles ma font léger mais fort comme la tempête
Elles sont d'un seul bloc dans de l'amour sculptées
En inversant la pôles on trouve de la haine
C'est un vaisseau fantôme mille fois naufragé
Mille fois revenu mais la côte est lointaine
Elles sont faites de brume de chimères et de mots
de sombres mélodies qui peuplent le silence
La dureté des pierres la mouvance des flots
Le bonheur d'être triste du chant de l'espérance
Elles n'ont pas de repos elles n'ont pas de lieu
A peine un univers du feu et de la glace
Elles flottent dans l'air colonisant les cieux
Jusqu'au vide sidéral des confins de l'espace
Elles sont dans ma peau chaque morceau de chair
Chaque pas chaque odeur chaque respiration
Et sans cesse elles s'étendent elles caressent la terre
Elles viennent s'immiscer jusque dans mes chansons
Mes racines.
SÉRÉNITÉ
Une île a jamais perdue aux frontières des solitudes
Une île jamais explorée au delà des certitudes
Une île qui te ressemble même dans ce que tu veux cacher
Immatérielle diaphane comme la volupté
Sérénité
Une île suspendue comme un vaisseau de vent
Une île suspendue dans un ciel nu et blanc
Une île comme un espace absent des dimensions
Une île comme l'ivresse d'un vol de papillon
Sérénité
Une île où les vivants et les morts se mélangent
Une île dans la douceur de mélodies étranges
Une île de jeunesse d'éternelle folie
Une île d'oubli total où l'on oublie l'oubli
Sérénité
Une île sur ce chemin au grand jour déployé
Une île d'arc en ciel et de nuits étoilées
Une île tranquillement si loin des inquiétudes
Une île jamais perdue aux frontières des solitudes
Sérénité
CE MONDE
Ranger les peurs dans l'armoire des peurs
Entre les piles de quotidien dans la chaleur du nid
Avec un demain semblable aux demains et aux autres demains encore
Tourner les yeux vers l'intérieur pour voir enfin autre chose
Un paisible paradis sans dieux et sans tourments
Une île déserte enfin sans l'angoisse du mal et du bien
De l'amour et de la haine du convenable et du convenu
Du conçu et du concevable du correcte et de l'incorrect
S'ouvrir et s'oublier au plus profond des vagues
Dans la caresse abstraite de la seule réalité tangible de l'être
Ranger les peurs toutes les peurs et se faire face
Ranger le passé dans les tiroirs secrets de l'amertume
Ranger l'avenir dans les tiroirs secrets des aventures
S'allonger dans la pureté de l'air dans l'océan miraculeux
Se laisser porter par le courant caressant du vide
Faire face à la déchéance et à la mort impitoyable
Brûler les peurs et revenir tranquille dans ce monde où tout est différent !
ÉLÉMENTS
D'abord la source de la vie Qui se joue dans la transparence Dans la mouvance et l'émouvance Et les subtiles mélodies Le jaillissement splendide Du plus loin de l'inconnu De quelles étoiles fondues De quel au-delà du vide
Puis le support magmatique Maçonné par la main du temps Écrabouillé par les géants Et par leur force tellurique Le rocher coupant du désert La glaise douce à façonner Et la richesse des étés L'écueil au milieu de la mer
Le lait rougeoyant du volcan Qui allume des incendies Qui embrase les féeries Le magicien incandescent Qui transforme la terre en or D'un seul cri de sa colère Fait la légèreté de l'air Brûle la vie comme la mort
Je suis fait d'eau et de terre Et le feu m'habite souvent Je suis de tous les éléments Qui composent l'univers
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Je suis la poussière et le vent Je suis la lave et la rivière Je suis le silence des pierres Et les vagues de l'océan
D'abord la source de la vie Puis le support magmatique Le lait rougeoyant du volcan Je suis de tous les éléments. |
COMBIEN
Combien de fois suis-je déjà venu ?
Combien de fois sur la parallèle invisible
Suis-je encore semblable et différent
Perdu au cœur du voyage infini
Combien de vies passées
Combien de vies qui passent
Pour autant de morts à venir
Combien de fois l'aspiration du vide
Vers des promenades silencieuses
Sur des chemins désolés
Vers des amours impossibles
Vers des mondes qui n'existent pas
Combien de balades à deux
Tenant des fées miraculeuses
Pour tant de bonheur envolé
Combien de bonheurs refusés
Pour garder le vent sous mes ailes
Et l'habiller de mots étincelants
Combien de marées rugissantes
Pour effacer sur le sable
des traces de rêves aux longs cheveux
Des sourires angéliques
Les poèmes clandestins de la jeunesse éternelle
Combien de mondes imaginés pour exister dans ce réel chimérique
Combien de navires naufragés par les tempêtes de démence
avant d'être serein sur le pont de celui qui sait où il va
Combien de fois devrais-je partir encore
Avant de toucher terre sur cette île
Pour longuement me reposer
Pour devenir ce que je suis
Pour enfin revenir au monde et à l'amour.
KELTIA
Pauvres pays de granits affleurants
Aux récifs plantés dans le flanc des collines
Nageant la lande sauvage et la fleur d'aubépine
Aux âmes vagabondes dans les pluies et les vents
Ruisseaux dégringolant le long des chansons pures
Caressant les racines des chênes centenaires
aux arbres se battant sur l'épaule des pierres
Et aux fées habitant dans les forêts obscures
Pauvres et tristes pays dans le fond de mon cœur
Montagnes décharnées sur les vallées ombreuses
Menez Arrée ici ou Monédières ailleurs
Une île Keltia dans le fond de mon cœur.
SONGES
J'ai hissé la voile des songes
Et le vent s'y est engouffré
qu'importe s'il est un mensonge
quand il est ma réalité
Demain suffira pour ma peine
Puisqu' hier déjà a suffi
Que me libère de mes chaînes
Le songe qui peuple ma nuit
Il me faut bien chaque jour
Quitter la brise vagabonde
Retrouver dure et sans amour
La tristesse de ce monde
Que flottent mes mots vers vos âmes
Qu'ils portent un soleil chaleureux
Qu'ils fassent de nous hommes et femmes
Sur mon île des gens heureux
Qu'ils permettent que l'on s'évade
Pour échapper aux coups du sort
que la vie soit une dérobade
Pour n'y pas penser à la mort
J'ai hissé la voile des songes
Et le vent s'y est engouffré
qu'importe s'il est un mensonge
quand il est ma vérité.
RETOUR
Je reviens un monde m'appelle Je dois quitter l'océan Rejoindre l'artificiel Quitter l'émerveillement
Je dois aller faire les courses Au supermarché du coin Ouvrir les cordons de la bourse Acheter des pâtes et du vin Je dois passer au tabac Pour mon quotidien poison Jouer au loto pourquoi pas Ma chance sur quelques millions
Je dois aller au boulot Il parait que c'est normal Que chacun en a son lot Qu'il faut se tuer au travail Ensuite si je ne suis pas crevé Après le repas du soir Je regarderais la télé Avant de me mettre au plumard
Gavé de publicités Et de programmes à la con Je rêverais que je vais acheter Une grosse bagnole de patron Quand le réveil sonnera Il sera temps d'y retourner Ça dure toute une vie comme ça C'est la libéralité
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Puis par un beau jour de fête Petit vieux ratatiné Je pourrais prendre ma retraite Et un peu en profiter Mais payé une misère Je devrais bosser encore Le repos c'est au cimetière Les vacances c'est la mort
Alors je repars sur mon île Où souffle un vent de liberté Où on peut vivre tranquille Avec les lutins et les fées. |
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