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05/04/2021

Poèmes

 

 

 

 

« Il s'agit d'un sentiment de vide intérieur et d'isolement qui ne correspond pas nécessairement à un besoin de compagnie ou au manque de quelqu'un en particulier, mais plutôt au sentiment d'être à la fois déconnecté du monde, incompris. Au fond, c'est la conscience aiguë de sa situation d'humain qui est et qui restera seul face à lui même et à la mort. »

(Les nouvelles solitudes. Marie France Hirigoyen. La découverte 2007)

 

 

 

 

 

ANNÉES 2000

Et quelques égarés des années 90, 80 et 70...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Juste laisser filer les jours après les jours

Le pas après le pas l'instant après l'instant

c'est le chemin qui compte qu'il soit long ou court

l'indiscutable fin ne viendra qu'en son temps

 

11 / 01 / 2021 1

 

 

 

 

 

 

Dans le creux frais du jour

Épuisé des nuages

Comme dans l'ivoire des tours

Refusé des voyages

Dans l'éphémère tremblant

des absences sereines

Et les déchirements

des bonheurs et des peines

 

Je laisse une lampe allumée

Et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi

 

Près de ce lit bien fait

Des livres éparpillés

La table de chevet

Tant de mots égarés

Dans le cœur noir des nuits

Perdues dans le secret

Ce souvenir qui fuit

Mais ne s'oublie jamais

 

Je laisse une lampe allumée

Et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi

 

Dans le matin glacé

du soleil de l'hiver

Comme un brouillard tombé

L'orage sur la mer

L'incroyable splendeur

Qui arrête le temps

tu reviens tout à l'heure

Et toujours je t'attends

Je laisse une lampe allumée

et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi.

 

27 09 07

 

 

 

C'est un p'tit mec

Aux grands quinquets

Tout bleu

Un vrai soleil

même quand dehors

Il pleut

Si ça va pas

J'vois son sourire

Ça va

J'entends ses cris

J'entends ses rires

Ça va

Je l'vois pousser

De jour en jour

C'est bien

J'demande pas plus

J'prends l'amour comme

Il vient

J'veux pas savoir

Qu'un jour il se-

Ra grand

Quand ce sera

J'l'aimerai toujours

Autant !

Quand il m'appelle

Qu'il dit je t'aime

Papa

C'est du bonheur

Qui ne s'enfui-

Ra pas

C'est un p'tit mec

Aux grands quinquets

Tout bleu

Un vrai soleil

Même quand dehors

Il pleut

17 04 03

Je ne sais pas si le soleil va se montrer

Dans la fraîcheur du matin qui m’exaspère

Encombré par le vide d’un dimanche d’été

Alourdi et pensif d’une torpeur étrangère



Je joue dans le jour gris une autre adolescence

Je regarde grimper lentement les volutes

Des mots dans le tabac grillés par le silence

Avalés d’un pinson qui s’essaie à la flûte



J’attends la visiteuse à l’alignement strict

Qui aujourd’hui se traîne de douze sabots lourds

Puis je pèse je juge et je rends mon verdict

Les vers éparpillés s’étonnent tout autour



Je suis mon propre alien et n’en suis pas content

Je dévoile des secrets je fore dans l’intime

Je m’écoute mentir dans la chanson du vent

J'attends de la folie une fin pour la rime



J'ai trop dormi sans doute et j’ai les cheveux longs

Avec un peu de gris soulignant le blafard

Un bâton sur l’épaule portant le baluchon

Je voudrais supprimer la route de la mémoire



Quelques grilles éparses tentent l’enfermement

Je regarde de loin j’apprécie la distance

Je me perds dans le vague de l’immense océan

Aspirant les embruns rénovés de l’enfance



Je triture l’avenir d’un passé que j’exhume

J'oublie de regarder le jour qui me fait face

Ce présent sans saveur que le vide consume

Qui me perce pourtant de ses yeux de rapace



Je promène mes panards tranquilles dans la campagne

Une balade rythmée d’un accord de guitare

Une habanera en direct d’Espagne

Qui s’amuse en chantant sur mon tempo faiblard



J'ai des ampoules aux pieds j’en épaissis mon style

Les syllabes fatiguées arrivent par douzaine

Dragueuses insatisfaites elles cherchent une idylle

Aujourd’hui je crains que leur prospection soit vaine



Le soleil s’est montré une chaleur paisible

A envahi l’espace et le ciel a bleui

Le vide s’est écrasé j’ai pété ses fusibles

Et dans le soir léger solitaire je souris.



    1. 20/07/2008







Je la sais-là qui rôde

Comme la chair qu'érode

Les vagues en maraude

Le temps écrit une ode

Une onde mélodique

Dans le parfum frangé

Qu’étranglent les tropiques

Dans le soir fatigué

Encore combien de fois

Ce regard amusé

Les fragrances de lilas

Trompant mon âme usée

Immobile impavide

Et de fière apparence

J'emmène mon pas vide

Visiter le silence

De mon mieux j'écartèle

Le poids des souvenirs

Et je mets des attelles

A demain pour tenir

Si le néant me happe

Je le remplis de mots

Ainsi je m'en échappe

En y laissant mes maux

Je pleus parfois dedans

Des pluies noyant les peurs

Larmes séchées de vent

Et derrière les pleurs

Et avril quelquefois

Vient troubler mes hivers

L'aube gardant le froid

Comme regardant hier

L'erreur de perspective

Dans laquelle je badaude

Patience définitive

Je la sais-là qui rôde



14 03 2009









 

J’envoie au sol

D’un coup de boule

Les idées molles

Comme les quilles

Dans un bowling

Je suis ma boule

Dans la rigole

Le rire des filles

Me désaltère

Sur une jambe

Je fais un Spare

Je suis sensible

Aux crissements

Je rate la cible

Du sentiment

Je le défais

D’un coup de tronche

Et le goudron

M’obstrue les bronches

Je vais serein

Dans les angoisses

Avec ce chien

Appelé poisse

Et sur l’écran

Je me torgnole

Je meurs tout seul

Avec la gnôle

Je pisse des murs

Dans mon cocon

Ça devient dur

Pour mes poumons

Même le masque

A oxygène

Ne ressuscite

Pas les baleines

J’envoie aux chiottes

Les idées flasques

Je pars aussi

Tirez la chasse.



16/03/09









Peut-être qu'après tout

Je suis une métaphore

Une image perdue

Comme un égarement

Métaphore euphorique

Photophore sans lumière

Comme la voie lactée

Quand on aura tout bu

Je ne suis qu'un reggae

Aux guitares muettes

Un poème funambule

Nageant dans le whisky

Une note oubliée

D'un sombre concerto

Ce voyageur lassé

De rester immobile

Un noble aventurier

Affamé qu'on sert tôt

Un amour en attente

D'un avion sans moteur

L'ordinateur d'un cadre

Qui joue en solitaire

Le cul d'une fausse blonde

Qui m'empêche de dormir

Et la main de ma sœur

Qui ne naîtra jamais

Cette table ou Gauguin

N'a jamais mis les pieds

Et cet alexandrin

Qui ne sait pas compter

Un métro déjanté

Qui prolonge sa ligne

Et porte son quartier

Jusqu'au bord de la mer

Une jeunesse enfuie

Une mémoire amère

Un jour surréaliste

Sans soleil et sans nuit

Quelques années encore

A crever sous l'ennui

Un état dépressif

Qui rigole et qui baise

Et se saoule la gueule

En buvant son tilleul

Un bonheur du matin

Un fromage de montagne

Des rêves pour demain

De néant garanti

En bref pas grand-chose

Dans ce noir qui avance

Une simple méta chose

Et ma mélancolie



04 08 06



Rien qu'un bout de silence

A peine habillé

Des mots dans la danse

Des phrases rimées

C'est rien qui nous gène

Une mélodie

Pour dire toi je t'aime

Pour dire toi

Mais qui ?

Du soleil un peu

Doux comme au printemps

Quand on est heureux

Et qu'on a le temps

Une fraction de paix

Loin de la folie

Un sourire qui met

La joie sur la tristesse

Rien qu'un bout de silence

Pour une chanson

Sans importance



16 03 82





Marcher tranquille

Infiniment

Dans une ville

Ou dans les champs

Pour aller voir

Tout simplement

Fleurir l'espoir

Et le printemps

 

Dans le cagnard

Ou les frimas

Dans ce hasard

Où vont les pas

Sur la montagne

Dans la beauté

Dans la campagne

Jaunie des blés

 

Dans l'aube claire

Ou le brouillard

Vers la rivière

Au cours traînard

Vers le torrent

Et ses galets

Ses scintillements

Et ses reflets

 

Franchir le vent

Qui se rebelle

Contre ce temps

De l'irréel

De l'inconscience

Du dépassé

Des imprudences

Échevelées

 

Loin des camions

Et des bagnoles

Dans les mousserons

Et les girolles

En toute quiétude

Dans la forêt

Dans la solitude

Et la paix

 

Pour ramasser

Des champignons

Se balader

Dans les saisons

Les bois les prés

Et les ravins

En liberté

Dans les chemins

 

Des fruits d'été

Pleins de plaisirs

A déguster

Comme un sourire

Des blancs divers

Comme l'aubépine

Et des hivers

De neige fine

 

Si sous les pas

File le temps

Si la vie va

Plus lentement

C'est encore bon

Dans le matin

Chaque saison

A ses parfums

 

Marcher sous le

chant des oiseaux

sous les étoiles

au fil de l'eau

se moquer de

la nuit qui vient

le soleil

reviendra demain

 

Pour vivre libre

Rester debout

En équilibre

Sans garde-fou

Se battre pour

La dignité

Et pour l'Amour

La liberté

 

Contre les fous

Jamais repus

Qui tuent le monde

Et qui nous tuent

de leur pouvoir

et leur violence

de leurs mensonges

et leur démence

 

Marcher Tranquille

Infiniment

Dans une ville

Ou dans les champs

Pour aller voir

Tout simplement

Fleurir l'espoir

Et le printemps

06-11-2004 & 12-04-2018 & 09-01-2021









Je laisse le monde et l'immonde

Je pars me baguenauder

Antennes ouvertes sur les ondes

Qui forgent ma sérénité



Je marche dans l'aube en fleurs

Et dans la chanson des oiseaux

Chaque pas évacue mes peurs

Ma chienne boit le ruisseau



Mes fantômes sont avec moi

Ils flottent en ma compagnie

Ils me racontent n'importe quoi

Parlent de la beauté de la vie



Le merle me dit attention !

Ne marche pas sur ce beau ver

Le rouge-gorge et le pinson

Décident d'aller boire un verre



Les ajoncs cachent leurs piquants

Dans l'or brillant de leur parure

Des jonquilles passent fleurissant

Le chemin de mon aventure



Mais bientôt il faut revenir

Il faut se rendre à la raison

Goûter les fruits d'autres plaisirs

Dans l'abri doux de la maison



Les bonheurs sont de toute sorte

Demain le soleil va briller

et je pourrai ouvrir la porte

qui ouvre sur la sérénité



27 03 05





Comme le bois rongé rejeté par les flots

Allégé et usé dévoré par le sel

comme une réminiscence flottante entre deux eaux

Si semblable aux nuages envahissant le ciel

avec je ne sais quoi qui ressemble à l'automne

L'élégance fragile et le décharnement

Dans le jour velouté que le brouillard façonne

quand la feuille de l'arbre s'évade doucement



Comme un feu qui s'éteint laissant la brume épaisse

S'installer pour de bon jusque dans les pensées

Étendre sur la nuit son manteau de tristesse

qu'un soleil matinal ne saura pas ôter

Comme le marée tranquille qui recouvre l'estran

Noyant dans son voyage le sable des chimères

Laisse un soupçon d'écume chahuté par le vent

s'amarrer aux regrets troubles d'un autre hier



tous les rêves secrets fermés dans le silence

Les paroles non dites les amours avortées

Le sourire des femmes et leur indifférence

Au moment où la vie aurait pu basculer

les douces illusions la rondeur des hanches

Sur lesquelles la main ne s'est jamais posée

qui durent comme un fruit accroché à la branche

Relents d'adolescence au goût acidulé



Tous ces morceaux d'histoire peuplant les cimetières

Qui frappent brusquement et emportent le cœur

Dans un galop brutal et des sanglots amers

qui détruisent un peu plus les restes de bonheur



Des souvenirs banals qui pourtant font naufrage

Comme le soleil couchant se perdant dans le roux

Et le rire même fou qui renaît d'une image

Est happé par le sel et s'éteint dans la boue



Et le pas est plus lourd et chaque heure est plus pleine

De ce sac gonflé par les vies et les morts

De la balance qui penche du côté de la peine

Mais chaque pas attire un autre pas encore

Demain sera demain pétillant comme un vin

Ou aigri et amer sans trace d'allégresse

Et le soleil viendra réchauffer le matin

Alors je sortirai promener ma vieillesse.



26 11 05





Aux percussions mouillées de la pluie sur l'ardoise

Quand le matin éclate les nuages sur le toit

Au goût des confitures de mûres et de framboises

Au sentier du printemps qui marche dans le bois

 

Au crépitement sec des hivers glacés

Dans la chaleur du bois qui pète et se consume

A la finesse de l'air des silences enneigés

A l'heureuse chanson des bêtes qui transhument

 

A l'océan furieux qui s'acharne à la grève

Aux tempêtes qui viennent arracher les embruns

Aux ports cimetières pour les bateaux qui crèvent

Le pont mangé de rouille déserté des marins

 

Au miaulement geignard de mon chat à la porte

Qui rêve de croquettes et de coussins moelleux

A la musique légère du pas dans les feuilles mortes

A l'oignon épluché qui fait pleurer les yeux

 

A l'accord de guitare qui ferraille sous mes doigts

Une harmonie loufoque qui me va comme un gant

au tabac qui graillonne jusqu'au fond de ma voix

Et qui met dans les notes d'étranges sifflements

 

A ce bouchon content de quitter la bouteille

Pour donner à mon pif l'assemblage de parfums

Des fruits secs du blanc aux rouge des groseilles

Rigolant les papilles dans la gueule des copains

 

Aux averses que coupe l'averse de soleil

Quand le vent fait chuter la blancheur des pétales

Au gel qui fait briller le jour qui se réveille

Au pigeon qui roucoule sa rengaine matinale

Au renard qui mulote sur les prés de septembre

Quand l'azur a permis de clore les moissons

Au héron qui repeint ses plumes dans la cendre

En guettant son dîner du coin de son œil rond

 

Au sourire pointu de cette jolie femme

A la nuit qui avance vers l'autre jour demain

Aux mélodies secrètes à démonter la gamme

Quand les crampes salopes viennent attaquer mes mains

 

Au voyage lointain des soies de Samarkand

Et tant d'autres cités où je n'irai jamais

Aux huîtres de Penerf et au sel de Guérande

A tous les souvenirs qui me grimpent au palais

 

A la liberté noire du fond des solitudes

A la beauté parfois qu'elles font naître en dedans

Aux rêves qui se créent dans la douce hébétude

Aux mensonges utopiques qui me poussent en avant

 

Au bonheur fragile du sourire des gosses

Au rire qui engloutit le reste du chagrin

Ma chienne qui salive en rêvant à un os

aux pauvres qui voudraient ne plus l'être demain

 

A l'imagination tranquille qui radine

Aux fêtes qui viendront dans les rues pavoisées

A la révolution qui se lèche les babines

Devant l'alternative qui construira l'été

 

Au champignon furtif qui tremble du chapeau

Quand le champignonneur armé de son panier

Voit déjà dans sa poêle posée sur le réchaud

Le cèpe voisinant les patates sautées

 

 





A ce mouflet fiérot qui chiale des escarbilles

Debout dans le couloir du train de son passé

A ce futur vieillard qui regarde les filles

En avançant peinard vers la sérénité



Au rythme alexandrin qui syncope mes pieds

Au sombre désespoir qui s'agrippe à mes basques

A l'alchimie secrète qui les fait se mêler

Et oblige les mots à faire tomber les masques



A tout ça et au reste je n'ai rien à donner

qu'un peu de temps passé aujourd'hui pour écrire

Tout ce fatras de mots épris de liberté

Dans la nuit qui s'avance vers le jour pour mourir.



12 / 12 / 2007



Regarder briller l'incandescence

Avec des airs de liberté

Dans la nuit glauque qui avance

Dans un cortège désespéré

Parce que c'est la mort qui conduit

Cette infinité de fantômes

Qui nous suivent toute la vie

comme un régiment de symptômes

Car la mort celle dont on parle

Celle qui a pris les êtres aimés

Les a tiré vers la néant

qui par la main qui par les pieds

Les poumons qui n'en peuvent plus

La voiture ivre du connard

La corde serrée du pendu

Qui étrangle son désespoir

Ces morts qui ne sont pas la notre

Et qui nous rongent et nous appellent

C'est toujours celle des autres

Impitoyables et cruelles

Et même si elle était belle

comme une fille prête à tout

Docile douce et éternelle

Qui donc voudrait tirer un coup

Prendre la tête du défilé

Hanter de larmes et des rires

Les amours et les amitiés

Jusqu'à leur heure de partir

La mort est une vraie salope

Qui nous tend les bras pour toujours

Sans se soucier de l'horoscope

De l'année du mois et du jour

Elle n'oppresse que les vivants

Elle est comme la plainte du loup

L'immense brûlure d'un instant

qui nous brûlera jusqu'au bout

Même quand elle est la délivrance

Ce n'est que pour celui qui part

Celui qui reste a la souffrance

D'un puits profond et sans espoir

La mort est au bout du chemin

Elle nous attend avec patience

Elle est comme une nuit qui vient

Nous enfermer dans le silence

Le soleil brille sur la vie

Et dans le feu des souvenirs

Traînant la douleur sans oubli

Présente jusque dans les sourires

La mort est une vraie salope

Qui nous tend les bras chaque jour

Comme le froid qui nous enveloppe

Et nous prive à jamais d'amour



21 / 11 / 2005





J'ai connu un Montreuil qui n'existera plus

Le crottin des chevaux ramassé dans la rue

Les bateaux de papier courant les caniveaux

La bande de copains pour les courses en vélo

Les filles gentilles et douces pour quelques émotions

Des promesses non tenues des paniers de frissons

Des soleils d'amitié des flippers des billards

Et des soirées trop bues à tenir les comptoirs



J'ai construit des Corrèze chimériques et tranquilles

Des collines ondulantes pour entourer les villes

Des chemins dans les bois d'automne mordorés

Des amours au printemps fleuri des châtaigniers

J'ai bâti des enfances au ventre des étés

des bonheurs insolents des filles au cerisier

Des veillées de silence des matins doux et clairs

Et des incandescence au toit des Monédières



J'ai vécu des Bretagne d'îles noyées de vent

Des féeries rougies au feu de l'océan

Des endormissements de brumes et de pluies

Des journées bien trop courtes et des nuits de folie

J'ai ceinturé mes songes d'ajoncs et de genêts

Espace fleuri de landes profondeur des forêts

D'éternelles aventures échappées des chansons

De délices infinies perdues dans l'horizon



Il ne faut pas grand chose pour construire une vie

Des histoires et des rêves des jours suivant des nuits

Des souvenirs parfois amenés par le vent

Pour que je sache encore que j'ai été enfant

Que j'ai pensé un monde qui serait sans frontières

enfin débarrassé des douleurs et des guerres

Mais je n'ai rien trouvé de ce que j'imagine

Pas trouvé une terre où planter mes racines



Je n'ai rien vu passer je suis adolescent

Porté par les hasards j'ai filé dans le temps

Bien assez pour savoir que la vie est cruelle

Qu'il suffit de l'amour pour qu'elle devienne belle



08 / 06 / 1986





La terre que je pétris prend la forme des mots

Qui ne peuvent pas dire la douceur de l'argile

Le contact soyeux de mes doigts sur ta peau

L'opulente rondeur d'une saison tranquille



Je bande du pinceau sur le papier trempé

Comme la note qui vient éclater dans l'oreille

L'obsession qui me comble comme la volupté

D'un dimanche d'été ravagé de soleil



Le silence rebondit sur la portée du vent

Là où le verbe est mort trop bavard quelque fois

Le trait et la couleur disent le sentiment

Ou l'exacerbation du désir parfois



J'entends des violons en marchant dans la rue

Quand je ferme les yeux la lumière est violente

Comme une envie d'alcool subite et incongrue

Comme la beauté bleue d'une femme indolente



Et ce rêve de lèvres enfiévrées de douceur

qui vient me caresser le ventre de la nuit

Comme l'aquarelle sait en donner la couleur

Comme un double soupir repose la symphonie



qu'importe que comprenne ou ne comprenne pas

Les sculptures de mots la peinture des musiques

Elles n'ont rien à dire et pourtant elles sont là

Un simple souvenir pour un moment magique



Que raconte l'oiseau dont le chant m'émerveille ? 06 /10 / 08

A peine quelques feuilles au sol

Tu changes la couleur de l'alcool

Tu n'es pas un petit joueur

tu te fous pas mal du bonheur

tu sais garder de l'allure



Tu sens déjà venir l'hiver

qui te prend les côtes et te serre

Même si le froid est pour demain

Il t'écrase déjà les mains

tu préserves la devanture



Et comme pour préserver ton âme

Tu sais sourire aux jeunes femmes

Tu te veux toujours prêt à tout

Tu gardes quelque chose de fou

Tu te prépares à l'aventure



Ta jeunesse reste devant toi

Te dit tant que tu veux de moi

Tu peux compter sur ma présence

Pour garder ton adolescence

Et elle te montre sa cambrure



Tu fais le rêve que tu veux

Partir jeune tout en étant vieux

Si l'amour reste ton joker

Tu aimes encore ce poker

Tu as su garder ton cœur pur



Alors qu'importe la saison

Le grand soleil ou la mousson

L'horloge où s’égrènent les heures

Devant toi il y a du bonheur

Tu sais écouter son murmure



A peine quelques feuilles au sol

Tu changes la puissance de l'alcool

Tu n'es pas un petit joueur

Tu te fous pas mal du malheur

Tu sais garder de l'allure.



01 10 06





C'est du soleil en noir et blanc

Sur des photos d'un autre âge

Brillant au regard des enfants

Le sourire mangeant le visage

Un grand soleil en noir et blanc

Que l'on pétrit comme l'argile

Qui laisse partir au néant

La pluie des jours difficiles

C'est de l'amour sans le chagrin

Doux comme la beauté des filles

Les fleurs d'été dans le jardin

Et l'ombre des siestes tranquilles

C'est le miel des pauvres matins

L'odeur du charbon et du bois

Le ballon avec les copains

L'orage qui cogne sur le toit

C'est la parfum particulier

D'une chambre dans la maison

Les cris des gamins du quartier

Et un refrain d'accordéon

C'est le goût du premier baiser

Et de la peau nue sous la main

De ce premier lit partagé

Dont le drap rêche devient satin

C'est une ancre posée au fond

De l'océan des souvenirs

L'éternité d'une saison

Qui ne pourra pas revenir

Le provisoire définitif

Du sourire d'une fiancée

Que comme peignant sur le motif

Le peintre n'a pas terminé

C'est l'avenir d'un autre temps

C'est le passé que l'on construit

Et qui dure éternellement

Que l'on appelle nostalgie.



05 04 07





Je joue toujours je veux jouer

Je ne supporte pas les murs

Ni les impossibilités

De cette absence de futur



Les pétales de la fleur de l'âge

renaissent de l'humus parfumé

Je voudrais partir en voyage

Votre monde me tient enfermé



Je mets la folie en musique

Elle naît de ma tête étoilée

Dans cette vie où tout se complique

L'amour ce n'est pas compliqué



Derrière la porte la lune veille

Presque pure dans l'obscurité

La nuit m'allume le soleil

L'existence ne fait que passer



Les barreaux sont de cordes douces

De la geôle où je me morfonds

Dur l'univers que courrouce

Qui brave les interdictions



Un soir peut-être ou un matin

Peut-être at temps des cerises

Cette balade prendra fin

Il n'y aura pas de surprise



Dans un dernier sursaut lucide

Avant que le néant m'aspire

Et que je parte dans le vide

Encore une fois j'aimerais rire



Je veux jouer je joue toujours

Funambule de la folie

Sur le fin filin de l'amour

Que notre monde n'a pas compris



25 07 07





Oh ! J'en ai rêvé des grands voyages

Je me voyais explorateurs

Abordant des nouveaux rivages

Comme un captain Cook amateur

Vasco de Gama d'opérette

Naviguant au gré de l'envie

Entre la tristesse et la fête

Entre le silence et la vie



Oh ! J'avais des terres à défricher

Des îles vierges à conquérir

Des mystères à élucider

Et dans la voile de mes désirs

Quelques beautés adolescentes

Qui me rassasiaient de sourire

Avec une grâce insolente

J'étais au port à me maudire



Oh ! Quel océan là devant moi

Quel horizon encore après

Quand l'horizon n'existe pas

Puisqu'il s'échappe à tout jamais

Que de flots en vain parcouru

Que de naufrages et de tempêtes

Pour toucher des côtes inconnues

Approcher des berges secrètes



Oh ! Qu'aurais-je bien pu découvrir

Qui fasse qu'un jour je m'arrête

Aurais je gagné un empire

Il n'eut été qu'une défaite

Entre le silence et la nuit

Quand me souviennent les aventures

Quand entre tangage et roulis

l'appel du large me capture



Oh ! Sur la route qui mène à vous

Je n'ai pas mis mon dernier pas

Vous êtes toujours je l'avoue

Une terra incognita

Vous êtes encore dans le lointain

Ce paysage àa contempler

Et je ne suis bien qu'en chemin

Vers votre cœur à prospecter



Oh ! J'en ai rêvé des grands voyages

Où je chavirais dans vos yeux

Abordant de nouveaux rivages

Des archipels merveilleux

Où me mène l'envie d'aimer

Partir encore pour toujours

Tant d'univers à explorer

C'est l'océan qui est l'amour.



14 02 04







J'appartiens à ce monde

Je suis un animal humain

En ce monde rien ne m'appartient

Ni l'air ni l'eau ni le feu

Je sens chacune des pulsations

Les glissements les tremblements

Car mes racines sont robustes

Et mobile comme le vent

Chaque jour je tourne chaque nuit

Le hasard m'a conduit ici

Ailleurs il pouvait m'emmener

Ici ou là-bas quelle importance

Les cailloux des déserts ou l'eau des marais

La sombre et verte éternité des forêts

La couleur de ma peau celle de mon âme

Je suis un animal humain

Je n'aime pas beaucoup mes semblables

En ce monde rien ne m'appartient

De la beauté devant mes yeux

Ni du regard des amoureuses

J'aspire le chant des rossignols

Et je vibre dans le printemps

chaque frissons des saisons vivantes

Me touche au plus profond du corps

le soleil me caresse jusqu'au cœur de l'hiver

J'appartiens à ce monde



10 11 06









Mickaëlle on s'aimait sur le bancs dans la rue

C'était en quelle année je ne m'en souviens plus

Je venais te chercher le soir devant chez toi

La rue était à nous et tu étais à moi

Jamais il ne pleuvait parce qu'on avait vingt ans

Et puis c'était l'été on n'avait pas le temps

Aujourd'hui dans mes nuits il y a du soleil

Mais si je suis bien vieux c'est que tu es bien vielle

Mille ans se sont passés je ne t'ai pas revu

Je suis déjà pépé qu'es-tu donc devenue

Tu t'encalifourchais sur moi sous les étoiles

Et on partait voguer grand vent dans la grand-voile

L'aventure de ces nuits tes jolies seins tout ronds

Dont tu étais si fière qui me rendaient si con

Ces plaisirs défendus qu'on défendait si bien

Sur les bancs dans le rue quand tu me disais viens

Mickaëlle si longtemps après je pense à toi

J'aimerais bien jouer encore à ces jeux là

Mais je tourne une valse à nos jeunesses enfuies

Un rayon de soleil sur ma mélancolie

Sans cesse le présent est déjà du passé

Ces petites nostalgies paraissent bien dépassées

Du gnangnan de poète au romantisme lourd

Pourtant nos galipettes c'était bien de l'amour



Mickaëlle on s'aimait sur les bancs dans la rue

C'était en quelle année je ne m'en souviens plus

Je venais te chercher le soir devant chez toi

La rue était à nous et tu étais à moi. 14 07 99

A peine passé le sas de la porte cochère

Une odeur lourde et grasse de sardines et de bière

Vient m'assaillir le nez je la suis dans la cour

Retenant ma nausée mais j'ai le souffle court

Elle a piqué son fard en me faisant de l'œil

Je revenais le soir de Paris vers Montreuil

Dans ce triste métro je pensais à son cul

A la croix de Chavaux nous sommes descendus

Pad besoin de lancer d'inutiles discours

elle a le pas pressé d'envie de faire l'amour

Elle marche devant moi son manteau est râpé

Moi je bande déjà j'en suis un peu gêné

A ses traits je devine une trentaine avancée

Un trou dans ses bottines clame sa pauvreté

La porte s'ouvre en grinçant sur un couloir gris

Le décor désolant et terne de sa vie

Puis nos corps ont chanté un refrain de bonheur

On a tout oublié pendant une petite heure

Je me suis rhabillé et puis je suis parti

Au creux du lit froissé elle s'était endormie

J'ai rejoint mes copains dans notre vieux bistrot

Joué au 4,21 en buvant quelques pots

Je n'ai rien raconté de cette drôle d'histoire

Cette heure vite passée sentait le désespoir.



21 09 06





Elle est venue me voir

Sans mon consentement

J'en fais pas une histoire

Mais n'étais pas content

Je discutais peinard

Avec mon marmouset

Sirotant un p'tit noir

Le printemps finissait



Je laissais les cerises

Pour une cigarette

Et sous la cagnardise

J'enlevais ma liquette

Elle s'approchait déjà

La salope invisible

J'en aurais ri mais là

Ce n'était pas risible



Elle m'a sauté au cou

Quand je buvais mon jus

Et puis plus rien du tout

J'avoue je n'ai rien vu

Elle est venue par derrière

Et elle m'a étranglé

Je suis tombé par terre

Et elle m'a embarqué



Mon gamin regardait

Et j'étais couché là

Quand elle rigolait

Me pensant au trépas

Elle donnait rien de mieux

Que le vide absolu

N'y étant pas heureux

J'en suis vite revenu



Je lui ai dit tu repasseras

Quand tu veux maintenant

J'espère que t'attendras

Que mon môme soit grand

Je te connais assez

Pour ne pas avoir peur

Mais je n'ai pas usé

Mon forfait de bonheur



Et puis tu te crois forte

Mais tu n'as pas compris

Les amours ne sont mortes

Que lorsqu'on les oublie.



21 06 07







Alors à quoi on joue à bosser comme des cons ?

A quoi ça peut servir ? Pas le temps d'y penser

On glisse sur notre erre sans savoir s'arrêter

Sans savoir où on va sans imagination

Qu'y a t'il donc devant puisqu'on fait des enfants

Quels espoirs garde t'on pour eux Qu'ils soient meilleurs ?

Les petits riches dans la richesse et le bonheur

Les petits pauvres dans les rues avec la faim

Le précaire la précarité l'impuissance

La colère qui ne gonfle pas ou est vaine

Le contentement du peu l'absence de haine

L'autre protégé se pavane dans l'insolence



Les mots ne servent à rien les oreilles sont bouchées

Par les discours verbeux des pouvoirs et du fric

Et par les religions qui sont comme des tics

Je me courbe je me plie je me signe et je prie

dieu multiple et sanglant et partout et ailleurs

Qui agenouille le monde et lui tord la bouche

Par la douleurs les cris et les armées farouches

par la folie encore installant la terreur

Bétail chômeur il y en a plein le réservoir

Esclaves consommateur nourri de faux espoirs

On naît et on avance on ne sait faire que ça

Sans réfléchir jamais qu'au profit immédiat



On nous dit liberté quand c'est libéralisme

On entend liberté déformé par le prisme

De la politique et de la publicité

Être riche être beau être blanc et bronzé

En cherchent on ne trouve pas mais il se peut

Aussi qu'on trouve et sans chercher qu'on est heureux

Aveugle et sourd bien sûr sans fatigue et sans rêves

qu'une télé plus grande et du foot sans trève

Une troisième voiture un frigo en couleur

Et des enfants esclaves pourrissant dans l'horreur

Pour que des mômes goinfrés chéris par l'occident

consomment de la marque mais restent innocents



Est-ce qu'il se peut encore qu'on rêve d'autre chose ?

Se peut-il que des mots disent encore quelque chose ?

Que tout n'est pas perdu que la braise rougeoie

Que ce vent seul suffit pour retrouver la joie

Est-ce qu'il se peut encore qu'on quitte notre nombril

Que l'on constate simplement qu'on n'est pas seul

Qu'on peut faire autrement que coudre notre linceul

Que partout sur la terre on peut barrer la route

Au monstre commercial et son cortège idiot

En levant des idées en rénovant des mots

En retrouvant des rêves au sortir du doute



D'un autre monde une autre vie une illusion

Au fond du puits une lumière à entrevoir

Une belle alternative tuant les désespoirs

Alors à quoi ça sert de bosser comme des cons ?



22 12 04









Si vous saviez derrière les brouillards

Alors que je suis immobile

Sans pluie ni vent posé comme un poids mort

dans le flou abrupt de l'absence de détails

si vous pouviez voir

si vous pouviez voir comme c'est facile

Et grisant de filer dans les gares et les aéroports

Pour être sûr d'être là sûr d'être vivant

Moi je ne bouge pas je reste assis

Je crains trop les mirages

Je laisse Syracuse et Kérouan

Mais je croise les étoiles qui

Brillent dans vos yeux et qui font mes voyages

Mon escale c'est vous cette sécurité

De venir de partir au gré de nos rencontres

Je vais au port la nuit

Ce n'est pas Amsterdam

Mais c'est un port quand même

Je me fous des marins je préfère les filles

Je veux dire dans mes rêves de fauteuil

Quand je pars ou je reste c'est du pareil au même

Aucun embrun ne vient me fouetter les narines

Et la mer n'arrive jamais jusqu'à Montreuil

Et pourtant je m'en vais là où vous n'allez pas

Là où vous n'irez pas parce c'est dans l'intime

Dans mes Valparaiso mes Buenos aires

Mes Kamtchatka ma Tasmanie

L'infini du voyage ce voyage infime

D'infime du visa collé là, dans ma tête

A créer des images dans le cœur de la nuit

Si vous alliez derrière les brouillards

Vous y trouveriez un jardin

Sans bassin et sans nénuphars

Un désert de sable fin

Des voyages de solitude

Pour partager avec le monde

En buvant une bonne bière

En fumant une mauvaise clope

Si vous alliez derrière les brouillards

que la nuit installe entre nous

si vous pouviez voir

Il y a du bonheur

Immobile.



28 11 04





Un geste suffirait

Pas n'importe quel geste

Un baiser sur les lèvres

Une main sur l'épaule

La chaleur d'une chambre

gorgée de ton parfum

Et le soleil vainqueur

D'un lendemain matin



Quelques mots suffiraient

Pas n'importe quels mots

Ceux qu'il ne faut pas dire

Ceux qui sont bien trop doux

Les mots d'une chanson

Qui parlerait de nous

Les pages d'un roman

Écrasé d'amour fou



Le geste cependant

c'est tout juste un sourire

et les mots d'aujourd'hui

C'est à peine un bonjour

Mais je sais que tu rêves

Et tu sais que je rêve

Si nos songes se joignent

C'est pour faire l'amour



20 06 06





Qu'est-ce qui va tomber encore

Une tuile de mon toit ?

Une pierre de mon puits ?

Quel sorcier m'a jeté un sort ?

Est-ce que je peux tomber plus bas

Dans cette misère qui m'envahit ?



Que peut-il aussi m'arriver

Qui ne s'est pas encore produit

Quelle saloperie dans mon enfer ?

Quelle nouvelle adversité

Va venir me pourrir la vie

Quelle maladie quel cancer ?



Est-ce que le feu crépitera

Cet hiver dans la cheminée

Quand le froid glacera mon sang ?

Quel alcool me réchauffera

Et m'aidera à rêver

De la venue d'un autre temps ?



Sans doute que le jour viendra

Demain peut-être

Avec le sourire du soleil.



16 09 06





L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

Où rien n'est interdit

L'amour avec Lucie

est un peu comme une île

Où tout serait facile

C'est si doux et si lent

Qu'on se perd sur son corps

Dans cette suprême torture

Même si chaque instant

Vers la petite mort

Est une grande aventure

Elle est d'aspect menue

Les seins comme des cimes

Douces à s'y promener

La rondeur de son cul

De ses fesses sublimes

Invite à s'arrêter

l'amour avec Lucie

S'il n'est pas anodin

S'il est tellement bon

L'amour avec Lucie

N'a pas de lendemain

Il est comme un bonbon

On le croque en rêvant

Que sa saveur sucrée

pourrait durer toujours

Mais elle n'a pas d'amant

Qu'elle n'a pas viré

Avant le point du jour

J'aimerais être celui là

Puisqu'elle dit qu'elle m'aime

Que je la fait bien jouir

Qu'elle est bien avec moi

Qu'enfin elle est elle même

Et pourtant elle me vire



L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

où rien n'est interdit

L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

Où tout serait facile...



19 04 05





Est-ce que c'est simplement l'approche

Sereine ou non du dernier port

Malgré la folie qui s'accroche

Comme cette jeunesse qui tient encore



Est-ce simplement le goût des brumes

Où s'est évaporée l'enfance

Et que notre présent parfume

D'incompréhensible espérance



Est-ce les voyages en utopie

Qui sont restés tant utopiques

Qui engrossent les nostalgies

Et font demain mélancolique



Est-ce les rêves inaccessibles

Toutes les bien trop belles chimères

Tous les désirs indicibles

Quand rien ne peut se refaire



Est-ce pourtant sans tristesse

Novembre qui montre son nez

Humide zet noir comme une détresse

Du jour par les nuits éventré



L'environnement monochrome

Dans l'épaisseur des brouillards

Et les voix glacées des fantômes

Qui reviennent du désespoir



Est-ce l'hiver qui vient bientôt

Ou le printemps trop éloigné

Et le silence des oiseaux

Sur les branches aux feuilles tombées



Est-ce le ventre gelé du temps

Qui nous traîne vers l'avenir

D'un univers où nos enfants

Peut-être connaîtront le pire



Est-ce déjà les chrysanthèmes

Aux couleurs passées des chagrins

Ces paroles qui disent je t'aime

Mais qui reviennent de trop loin



Peut-être ces relents d'été

Cet accent de soleil qui brille

Une sensation de liberté

L'insaisissable beauté des filles



Est-ce les regrets les remords

qui mordent dans le vivant

Qui nous rapprochent des morts

Sans nous attirer pourtant



Tous les amis trop tôt partis

Comme ces fiancées provisoires

Dont le souvenir engourdi

Vient en nous prolonger l'histoire



Les pères et les mères échappés

Qui manquent à notre quotidien

Les enfants trop vite envolés

Dont on voudrait tenir la main



De notre adolescence enfuie

On a rempli notre mémoire

L'adolescence dure et puis

On en néglige les désespoirs



Est-ce simplement effet de l'âge

De ce corps qui ne veut plus rien

De ces amours qui font naufrage

Et dont on n'oublie jamais rien



Est-ce de l'espoir l'usure

Qui nous transporte vers l'absence

Et fait crier les déchirures

Qui se plaisaient dans le silence



Est-ce une poussée romantique

A saisir une providence

Un dernier sursaut poétique

Une suprême incandescence



Cette nuit pourquoi cette nuit

Cette troupe autour de moi

Cette étrange mélodie

Quand me souviennent leur voix



Est-ce simplement l'approche

Sereine ou non du dernier port

Ou le passé qui s'effiloche

traînant son lourd fardeau de morts.



17 & 28 10 2006



Lorsque vous aviez dix-sept ans

Madame vous étiez belle

Et aussi souvenez-vous

Je n'étais pas mal du tout

Par une chaude journée d'août

De cette année exceptionnelle

Vous m'avez offert sans tabou

Votre corps de demoiselle

Elles avaient assez vécu

Nos belles amours platoniques

On pouvait mettre au rebut

Nos poèmes romantiques

Nos longues lettres enflammées

Transporteuses des passions

Ces gros paquets de courrier

C'était bon pour le pilon

Tout cet amour dans le texte

Avait perdu son parfum

Il nous paraissait grotesque

Comme un passé trop lointain

Pas besoin d'être savant

Même tous les cons le savent ou presque

Si l'amour est un sentiment

Il ne peut se passer du sexe

Nous savons bien aujourd'hui

Approchant les soixante berges

que l'absence de sexe ternie

Vite la beauté des vierges

Adieu la poésie d'hier

Quand la folie qui me submerge

N'est qu'un excès glandulaire

Évacué par ma verge

Si un jour les mots croisés

Remplacent les siestes amoureuses

C'est que l'ennui aura gagné

Finies les époques heureuses

C'est pour mieux parler de tendresse

Qu'on aura chacun son plumard

On pensera avec sagesse

Qu'on pourrait faire chambre à part

Incorrigibles romantiques

Les souvenirs qui viendront

Dans le soir mélancolique

De bien loin remonteront

De ce temps encore courtois

Où je vous aimais à distance

Si pour vous je bandais déjà

vous n'étiez qu'une espérance

Lorsque vous aviez dix-sept ans

Madame vous étiez belle

Et aussi souvenez-vous

Je n'étais pas mal du tout

Par une chaude journée d'août

De cette année exceptionnelle

Vous m'avez offert sans tabou

Votre corps de demoiselle



25 10 06

Alors que j'étais garé

Immobile

J'ai vu passer sous les nuages

Un immense silence

Tranquille

Qui voulait partir en voyage



Il était fait de neige

Épaisse

Et ressemblait à un fauteuil

Alors j'ai calé sur ce siège

Mes fesses

Sur le dur froid de cet accueil



Je n'avais pour seul bagage

qu'un sourire

Et un fatras de mots tordus

Rassemblés au fil de mon âge

Souvenirs

Chaos de sentiments confus



Et j'ai vogué dans ce ciel pâle

Cafardeux

Suspendu dans la peine

Comme un poisson dans un bocal

Malheureux

D'être sans amour ni haine



Un jour comme les autres jours

Blafard

Au cœur d'une ville inconnue

Fermé dans l'ivoire de ma tour

Une guitare

Soudain s'est offerte à ma vue



Cette vision était sonore

Et belle

Rassasiée de réminiscences

Elle était plus encore

Cruelle

Pour moi bloqué dans le silence



J'ai rêvé si fort du soleil

Brûlant

Pour fondre toute cette neige

Que j'ai entendu le réveil

Sonnant

qui m'a éjecté de mon siège



Depuis je tombe lentement

Emporté

Bercé de douces ritournelles

Planant tranquille au gré du vent

En liberté

Le chant des oiseaux sous mes ailes.



29 05 06



Je ne sais pas qui vous êtes

Je ne crois pas vous connaître

Je voudrais que vous soyez demain

Celle qui me donnera la main

Celle qui me fera oublier

Tous les malheurs du passé

Les violences d'aujourd'hui

Le silence glacé des nuits

Et toutes les folies du monde

Bien sûr le gris dans mes cheveux

Bien sûr les rides au coin des yeux

Et tout le poids de mon histoire

Les bonheurs et les désespoirs

Bien sûr le torrent s'est calmé

Mes colères sont apaisées

Si quelques force m'abandonnent

Il reste l'espoir que me donne

Le désir de vous rencontrer



Je veux oublier l'automne

Cette saison qui frissonne

Après les délires de l'été

Les fruits et fleurs à satiété

Je veux recréer le printemps

Chaque jour chaque moment

L'insouciance et l'allégresse

Saoulées du feu de la jeunesse

Je veux manger votre sourire

J'ai hâte enfin de vous tenir

Dans mes bras hâte de vous dire

La folie de nos lendemains

La folie de l'âge qui vient

Pour nous seuls dans notre abri

Loin du cauchemar et du bruit

Débarrassés de nos chaînes

Exclus du monde et de la haine

Sans dieu ni maître que l'amour



J'ai envie d'un grand soleil

Même s'il doit faire fondre mes ailes

Un soleil de dessin d'enfant

Avec des rires et des chants

Des champs reverdis de plaisir

Des grandes prairies à courir

Des couleurs à mettre en bouquet

Sur notre table de chevet

Et pour parfumer notre lit

J'envoie ce message dans le vent

Et moi je reste dérivant

Flottant au gré des espérances

Et des relents d'adolescence

Le vide veut être comblé

La solitude être gardée

Pour le soleil gelé du soir

Quand il se perd dans les brouillards

En attendant je vous attends



J'ai envie que vous m'aimiez

J'ai envie de vous aimer

Où êtes-vous ?



20 09 04

Il y a le monde autour en larmes et en sourire

Et le cri des enfants dans la cour de l'école

Des rêves de soleil et des pluies de désirs

des chansons qui s'écrivent et des chats qui somnolent



Les plages noires des volcans où l'océan se brise

Et l'orchestre du vent qui joue ses symphonies

Un ourson qui s'amuse sur son bout de banquise

Un albatros errant qui plane dans la nuit



Le parfum de l'humus dans le sous-bois d'autmne

Une déchirure de mouettes sur le gras d'un labour

La beauté d'une femme dans le regard qu'elle donne

Qui habille de bleu la mélodie du jour



Cette odeur de café qui vient charmer l'aurore

Le bonheur du sentier qui s'allonge sous les pas

La luisance du trottoir que l'averse décore

Et le torrent limpide qui file entre les doigts



Le poète insolent défricheur de béances

Qui vide des silences sur du papier nu

Accrochant au matin les voiles de l'espérance

Que viennent gonfler les songes d'un passé disparu



Il y a le monde autour en larmes et en sourires.



05 09 08







La nuit menteuse t'enveloppe de rêves

Elle prend plaisir à malaxer

Ta conscience et ton inconscience

Elle sait faire hurler les silences

Et te rejeter sur la grève

Le vide cruel et fatigué



La nuit est réelle comme l'idée

Que tu regardes dans le miroir

Dans l'onde fraîche de la mer

La vague grimpe sur ta chair

Comme tes doigts dans la volupté

Une fumée dans le ciel noir



A peine le temps d'un sommeil

Les quelques secondes du songe

Le trouble gomme ton sourire

La gêne gène le plaisir

Et au moment où tu t'éveilles

Le jour efface le mensonge



Je me contente de me taire

Je me satisfais de si peu...



10 09 08



Ce n'est pas une toile de maître

Ici des maîtres il n'y en a pas

(Sauf un peu pour l'altitude

Juste pour les droits d'hauteur)

Ici il y a le ciel

Les parfums ne se racontent pas

Le silence et le soleil

Et tout ce que je ne dis pas



Ici tout est grave et beau

Comme la pluie qui tape le toit

Comme le trou au fond du seau

qui laisse passer le pipi de chat

Ici la grâce du dérisoire

Le sourire d'un ami qui boit

La beauté de l'illusoire

Et tout ce que je ne dis pas



Ici les mots ont la saveur

D'un grand cru classé de bordeaux

Ils se distillent avec bonheur

Ils sont gazeux comme de l'eau

Ici parfois quand le soir miaule

Dans un printemps baigné de froid

C'est douceur le vent qui nous frôle

Et tout ce que je ne dis pas



D'ailleurs je n'ai plus rien à dire

Le monde est moche quelquefois

Il se ferme sur ses délires

Il pèse lourd vers le bas

Le feu vient griller les arbres

Le maquis et la pampa

Il brûlera même le marbre

si ça continue comme ça



La folie que vit la terre

N'est pas ma folie à moi

Sept milliards d'humains sur terre

Et moi et moi et moi ?

Ici il y a le ciel

Les parfums qu'on ne raconte pas

Le silence et le soleil

Et tout ce que je ne dit pas.

28 04 2005









Quand les silences tomberont

Comme des fruits trop mûrs

Quand les paroles des chansons

Feront trembler les murs

Quand la pluie fleurira

Le sable des déserts

Quand l'homme arrêtera

Sa course vers l'enfer

Quand le vent frais du matin

Dissipera les fumées

Que le soleil câlin

Viendra nous réchauffer

Quand nos rêves ne seront plus

En richesses inutiles

quand nous changerons le superflu

contre une vie tranquille



Alors nous pourrons nous aimer.



26 01 06





Une valse russe et lente

Une longue mélopée

Une gwerz lancinante

Ou un blues déchiré

Comme la brume du matin

Sur la lande désolée

Ces notes comme un chagrin

Comme un sanglot réprimé



Le chant exprime la douleur

Il sait la mort inéluctable

Et par son cri ou sa douceur

Il console de l'imparable

Par la grâce d'une mélodie

Il anime le désespoir

C'est une lueur dans la nuit

Une porte au bout du couloir



Le chant transforme la douleur

Dans son secret laboratoire

C'est un espace de bonheur

Une étoile dans le ciel noir

Quelques minutes sorties du temps

Un instant d'oubli total

Un tranquille éloignement

Une injection de penthotal



Une valse russe et lente

Comme un sanglot réprimé.



29 09 06

Je rêve de la constance du souffle

La continuité du vent

Je veux que jamais ne s'essouffle

La fertilité du néant



Construire une bulle fragile

Regarder dans sa transparence

toute une éternité futile

Et y musiquer le silence



Je rêve que jamais rien n'arrête

La violence du torrent

Que la rime se tienne prête

A combattre le courant



Construire la profondeur du puits

Pour y vider le temps perdu

Pour y dilapider l'ennui

Pour y perdre le superflu



Je rêve debout le nez en l'air

De l'amour étendant ses ailes

Pour qu'il transporte l'univers

Que pour tous la vie soit belle



Construire un monde c'est facile

Tout en sourire et en douceur

Seul tapant comme un imbécile

Le clavier de l'ordinateur



Je rêve qu'encore le rêve dure

Qu'il me montre sur son chemin

Les immobiles aventures

Qui me feront bouger demain



Je rêve de la constance du souffle

La continuité du vent

Je veux que jamais ne s'essouffle

La fertilité du néant



07 08 08



Qu'est-ce qui va tomber encore

Une ardoise de mon toit

Ou une pierre de mon puits

Quel sorcier m'a jeté un sort

Est-ce que je peux tomber plus bas

Dans la misère qui m'envahit

Que peut-il aussi m'arriver

Qui ne s'est pas encore produit

Quelle saloperie dans mon enfer

Quelle nouvelle adversité

Va venir me pourrir la vie

Quelle maladie quel cancer

Est-ce que le feu crépitera

Cet hiver dans la cheminée

Quand le froid glacera mon sang

Quel alcool me réchauffera

Et m'aidera à rêver

De la venue d'un autre temps



Sans doute que le jour viendra

Demain peut-être

Avec le sourire du soleil.



16 09 06





Pas de vacances pour moi

Pas de week-ends de repos

Pas de plage sous le soleil

Pas de bonheur pour demain

Les secondes s’égrènent

Les jours et les semaines

Et je suis là inutile

Dans ce monde difficile



Pas de pitié pour moi

Puisque je n'existe pas

Je ne sers plus à rien

Ni ma tête ni mes mains

Je traîne mes angoisses

Des montagnes de poisse

Et je reste immobile

Tandis que le temps file



Pourtant j'étais normal

Quand j'avais du travail

Depuis que je suis chômeur

Je vis dans le malheur

Le temps file en vitesse

Quand ça rigole un peu

Mais quand vient la tristesse

Il freine il devient vieux



Pas le temps de penser

Ou d'être en liberté

Je voudrais bien savoir

Où se trouve l'espoir

Pourquoi je n'ai plus rien

Pour ma tête ou mes mains

A quoi je peux servir

quand tout ça va finir.



22 10 03



Je t'envoyais par la poste

Toute ma mélancolie

Une fortune en timbres-poste

Pour expédier mes lents colis

Puis je guettais le facteur

Le matin des samedis

Pour savoir si du bonheur

Allait colorer ma vie

Notre histoire était étrange

Aussi belle et aussi bête

Je taisais nos beaux échanges

Tu devais rester secrète

Les copains et les copines

Et les petites amies

Se doutaient je l'imagine

Que déjà mon cœur était pris

Mais, mais je savais me taire

Même tranquille sur l'oreiller

Après l'étreinte passagère

D'une belle amourachée

Qui usait de tous ses charmes

Pour savoir enfin pourquoi

Je refusais de rendre les armes

Je leur disais n'importe quoi

L'époque n'était pas faite

Pour les amours éloignées

Quelques centaines de kilomètres

C'était la mer à traverser

On suivait chacun sa route

Avec l'esprit bien occupé

On se disait que sans doute

On finirait par se retrouver

Alors chaque semaine

On noircissait du papier

On écrivait les je t'aime

Qu'on ne pouvait se susurrer

Petit vieux perclus de misères

Il m'arrive de regretter

Cet amour épistolaire

D'avant que la mort soit passée



Je t'envoyais par la poste

Toute ma mélancolie



26 10 06





Un jour ou l'autre l'on se dit

Tous ces courriers trop refroidis

Déposés presque par hasard

Consignés dans une triste gare

Un autre jour comme aujourd'hui

Ou dans le secret de la nuit

Le temps dans sa distillerie

Dégueule son alcool maudit



Pourquoi de toutes ces aventures

Cette douleur qui fulgure

De ce deuil l'avortement

Si ce n'est parce qu'on est vivant

Derrière la trame des confidences

On a usé même les silences

Pourquoi cette désespérance

Pourquoi le poids de cette absence



Un mot suffit ou une image

Pour que l'on reparte en voyage

Le souvenir n'est pas la mort

Même si l'on a quelques remords

On était dans le même train

Sans se questionner sur demain

si ce demain est dépassé

Le sourire d'hier est resté



Que me reviennent

Les joies anciennes

Qui parfumaient nos désespoirs.

20 05 07

TABANARCHIE

 

Une paix abstraite s'installe dans le silence crépusculaire

Le merle se tait l'air a cessé de bruisser dans les feuilles

A peine encore à l'ouest ­l'incandescence fait un clin d'œil

L'obscur et le tragique des mots dans la nuit se libèrent

 

Mais ce n'est pas un cri je n'ai pas cette peur

Rien qu'un jour qui arrête là sa banalité

Le chant sans désespoir d'un amour qui meurt

De ce triste trépas de trop avoir été

 

Au couvercle quelques étoiles indécises

colorent le bleu sombre de tachetures nacrées

Les ombres sans contours deviennent imprécises

Le poumon goudronné goûte sa rareté

 

Comment s'appelait-elle et qu'importe son nom

jusqu'il y a si peu elle était ma jeunesse

Si jamais je l'oublie je deviens un vieux con

Le sexe racorni sans espoir de tendresse

 

Elle habitait rue de la solidarité

Juste dans l'angle du boulevard Bakounine

Elle avait une âme qui me faisait bander

Le cul d'une ouvrière le sang de Kropotkine

 

Le temps passe paraît-il et je passe dans le temps

Pauvre incrédule aux récits des contes de fées

Éternel cocu et toujours espérant

Et croquant dans la mie du pain de l'amitié

 

Contemplatif je compte au camping des misères

Les tipis du refus les wigwams des clodos

Quand le vent libéral rétame leurs colères

Quand l'assassin hiver les couche sur le dos

 

Il me reste un euro juste assez pour un litre

A boire à la santé d'un quelconque richard

Mais le cœur n'y est pas l'estomac récalcitre

Pas facile pour le pauvre d'abreuver les soiffards

 

Qu'est-elle donc devenue elle qui était si belle

Pour que je me déplace le dimanche matin

Les guibolles en coton les éponges en flanelle

Et le doigt dans leur urne avec mon bulletin

 

A me faire bassiner avec la république

Je ne suis pas un mec je suis un citoyen

De quoi me parlez-vous ? Les services publics ?

J'ai vu ça en histoire c'était les temps anciens

 

La nuit me berce tranquillement

D'une valse lente à souhait

Je tousse un peu sur ses trois temps

Deux pour la guerre un pour la paix

 

où est de mes rêves la beauté

Alors que la connerie s'obstine

Et que la mort est à guetter

Que m'achève la nicotine

 

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour

 

C'est curieux comme parfois vie et mort se marient

Quand la terre fait toujours sa révolution

Mais que fais t'on de plus d'un mot aussi joli

A l'Est rien ne se lève sans le goût du pognon

 

Moi j'arrive à mon terme et je n'ai rien changé

La bêtise me tue les cons sont si nombreux

Quelques esprits peut-être que j'ai un peu touché

Qui se sentent si seuls qu'ils en sont malheureux

 

Quelques marches à monter dans la rue sur les flics

quelques coups échangés avec quelques fachos

Quelques drapeaux levés contre l'ère atomique

Des discours bégayés aux comptoirs des bistrots

 

Je n'en ai pas fini de mes propos futiles

Seule la mort à son heure me fermera le bec

A moins que la folie voulant se rendre utile

D'un de sa magie rende mon cerveau sec

 

C'était peut-être rue Proudhon qu'elle habitait

Un vieux taudis dont elle n'était que locataire

Elle sortait son tabac des troncs qu'elle pillait

Elle me le partageait comme on partage en frères

 

Mais mes pauvres frangins va comprendre aujourd'hui

si tu as des idées il faut les convertir

Dans la publicité si tu y as des amis

Ou dans la politique si tu n'as rien à dire

 

La clope du condamné que je roule dans mes doigts

Ça fait quarante piges qu'elle me tient enfermé

Avec un peu d'alcool elle me tire vers le bas

Construisant une fortune pour les cigarettiers

 

Ça tire sur les neurones ça épuise les soufflets

Mais ça a du parfum dans le vent libéral

L'imbécile fumeur chante le dernier couplet

Pas de richesse pas de sécurité sociale

 

Un monde sans autoroute voudrait-il de l'indien

C'est duchanvre bien sûr qu'il me plaît de parler

Ça sèche un peu la gueule mais ça fait tant de bien

Où donc habitait-elle je n'en ai pas idée

 

La nuit me berce tranquillement

D'une valse lente à souhait

Je tousse un peu sur ses trois temps

Deux pour la guerre un pour la paix

 

Où est de mes rêves la beauté

Alors que la connerie s'obstine

Et que la mort est à guetter

Que m'achève la nicotine

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour

 

Elle habitait dans cette maison insalubre

avec des fantômes et des adolescents

On entendait la nuit la musique lugubre

La voix des copains mort pour ses beaux yeux de sang

 

Je fumais des P4 c'était quelques centimes

Je me noyais dans le parfum des parisiennes

Je jouais les funambules sur le bord de l'abîme

Je trouvais dans l'alcool des délices musiciennes

 

Dans le matin bancal je jetais aux oiseaux

Quelques miettes de pain avant d'aller au taf

Je rêvais de l'amour et j'empilais des mots

Avec des noms de filles titrant les paragraphes

 

Et jamais de réponses à mes drôles de questions

Je rencontrais parfois pour un peu d'espérance

Les quelques camarades habitant sa maison

On construisait des plans pour rompre le silence

 

J'affichais sur les murs des slogans interdits

Je décorais le tubes de mots provocateurs

Mes songes mon montraient en poète maudit

La route me tendait ses bras et puis son cœur

 

Les vieux de ce temps là me foutaient les jetons

Pas un seul argument plaidant à leur décharge

Être en vie si longtemps pour devenir si con

Combien je durerais à rester dans la marge ?

 

Elle habite mes tripes alors que maintenant

Mes éponges rongées me tirent vers la frontière

Que mon corps ne veut plus être un adolescent

Que mon cœur ne veut pas faire machine arrière

 

Je suis un vieux corbeau croassant des silences

Parfois je fais la pause si souvent je soupire

Je me les roule amer au fond des dépendances

En regardant demain il m'arrive de sourire !

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour...

 

 

D.L, Tabanarchie 14/15/16/08/2006

 

 

 





Elle sera devant moi alanguie nue et belle

Et je n'aurai pas peur en avançant vers elle

J'allongerai le pas pour être à ses côtés

Et je frissonnerai devant tant de beauté



Je lui dirai peut-être s'il me reste des mots

La saveur de sa chair la douceur de sa peau

Je poserai mes lèvres sur le carmin des siennes

J'en goûterai le miel et j'oublierai ma peine



Et je me coucherai contre son corps tranquille

Contre la fraîcheur pâle de son ventre immobile

Puis je l'enlacerai et elle m'enlacera

Je pleurerai peut-être quelques larmes de joie



J'aimerai qu'elle m'emmène bien au delà de l'âge

M'engloutir longuement dans l'infini voyage

Je suis prêt à partir avec toi maintenant

Pour une éternité ou même pour un instant



Pour ce si court moment qui sera le dernier

après toutes les amours qui m'ont été données

Une seconde seulement au bout de la folie

Mon souffle s'en ira se perdre dans la nuit.



22 04 14





Esthète de l'ombilic

Je marche sur mon fil

Au dessus des à-pics

D'un quotidien tranquille

La nuit je me dépêche

De ne rien faire du tout

J'attends des denrées fraîches

Pour modifier mes goûts

Je fais des longs voyages

Je plane infiniment

Je tente l'atterrissage

Quand il n'y a plus de vent

J'ausculte et j'introspecte

Jusqu'à l'obscur profond

De noir je me délecte

Je fabrique du poison

Je chute quelquefois

Dans des marais bizarres

Des gluances de vodka

Des sombres désespoirs

A dessein je cramponne

Dans ces délires amers

Les rêves que me donnent

L'alcool nu de l'enfer

Je tourne sur mon axe

Et je vomis enfin

Les cailloux que malaxe

L'estomac du matin

Et le jour vient banal

Un peu enchifrené

Alors d'un mouchoir sale

Je me vide le nez.



25 10 07



La folie est passée un jour à la maison

Je lui ai dit d'entrer et de boire un gorgeon

Quelques lambeaux alcoolisés

De poser quelques hardes sur sa rugosité

De poser quelques routes devant ma liberté

Quelques déserts désenchantés



C'était un simple geste d'avoir ouvert la porte

Je larguais le normal en me disant qu'importe

Je préfère croire à la magie

J'imaginais sans peine des vastes étendues

Des prairies de poèmes gravées sur sa peau nue

Comme sur une terre embellie



Elle m'a montré des mondes engloutis et glacés

Des hallucinations de matins fatigués

Comme des soleils de corbeaux

Elle m'a montré des feux qui n'existeront pas

Les chemins désolés qui ont fui sous mes pas

Des amours enfuies bien trop tôt



En pensant à l'envers j'ai inversé l'envers

Et dans l'artificiel j'ai inventé l'enfer

Sur le fil du rasoir des nuits

Elle restait là gentille dans chacun de mes mots

fidèle derrière la grille qu'elle tressait de barreaux

Et jusqu'au creux chaud de mon lit



Et elle est encore là à me combler le vide

A exploser toujours ce réel insipide

A me tordre les mots béants

Elle lancine à mon âme des phrases torturées

Et des mélancolies d'utopies déchirées

Qui s'absentent dans le néant



La folie est passée un jour à la maison

Plus jamais elle ne m'a quitté.



21 12 07



Une pleine valise de mots

Et un tombereau de musiques

Quelques sentiments à propos

Pour assurer les harmoniques

Quelques montagnes sous le ciel

Avec une armée de nuages

Taches grises sur l'aquarelle

Photographiant ce pays sage



Le gris d'un crachin quelquefois

Et quelques malles de brouillard

Le soleil des autrefois

Quand j'allais encore quelque part

Avec le sourire dans les yeux

De ce regard qui intrigue

Pâlissant les pupilles bleues

Dans l'énormité des fatigues



J'ajoute les bordées de comptoirs

De maintes nuits adolescentes

Cette vie qui finit si tard

Cette vieillesse qui s'absente

Dans l'ambre maltée des whiskys

Dans le vieil or de la bière

Et le matin des amnésies

Sur le manège de l'enfer



Quelques aventures gelées

Vers l'Est dans le cœur de l'hiver

Avec le chaud des amitiés

Pour effacer les frontières

Des logorrhées débordantes

Sur des torrents de ţuica

Quelques images désopilantes

Pour se souvenir de ça



Un cargo de vent dans les voiles

Pour faire surgir des sirènes

A bécoter sous les étoiles

Dans des obscurités sereines

L'implacable beauté des femmes

Avec leurs offrandes douces

Et le chagrin des mélodrames

Lorsque le désir s'émousse



Voilà un peu de mon bagage

Le minimum à emporter

Si tu veux partir en voyage

Avec l'envie de m'emmener

Je complète d'une brosse à dents

Et d'une paire de chaussures

Et je suis prêt dès maintenant

Pour chevaucher les aventures.



05 06 06





Il demi tourne sans brusquerie

Sans lâcheté sans menteries

Et s'il te tire en arrière

c'est qu'il connaît sit bien ta vie

Qu'il vire à la mélancolie

Quand il te renvoie sa lumière



Il te ramène avec tendresse

Aux eaux troubles de ta jeunesse

Et ses amourettes perdues

Toutes les filles étaient princesses

Tu pensais surtout à leurs fesses

En ignorant leur « vertu »



Aucune pluie sur le trottoir

Aucune nuit quand il fait noir

Aucune parole sans musique

Pas une couleur sans espoir

Pas une larme sans mouchoir

Au ciel des étoiles magiques



Tu aimes à te laisser aller

Pas de frontières barbelées

Quand tu démarres sur ton âge

Toutes les vies sont à rêver

Il ne faut pas être pressé

Pour s'embarquer dans ces voyages



C'est une chanson de Ferré

C'est la plage sous les pavés

Ou le regard clair d'une fille

Ou un poème d'Aragon

Que Ferrat a mis en chanson

Comme une aspiration tranquille



Aucune image dans le brouillard

Pas un semblant de désespoir

Aucune parole sans musique

Pas un copain qui fout le camp

Sans un signa amical avant

Pour rejoindre un monde magique



Et si je dois partir demain

Comme un bandit comme un vaurien

Gavé du sirop de la rue

Que va t'il donc rester de moi

Dès que je ne serai plus là

De celui que je ne suis plus



Que pourront penser mes enfants

Et les enfants de mes enfants

Si je devais rester muet

Ne pas leur parler des parents

Et des parents de mes parents

De la vie avant ma venue



De tout ce que je garde au cœur

Des milliers d'instant de bonheur

Tous les printemps de mon décor

L'aube des levers de bonne heure

quand vient sur la cime la lueur

Qui vient illuminer l'aurore



Et tout l'amour que j'ai pour eux

Quand je me sens devenir vieux

Parfois dans mes nuits solitaires

Ne serait rien sans la mémoire

De ceux qui ont fait notre histoire

Ceux qui ont brûlé les galères



A qui ou à quoi suis-je égal

Dans ce monde pour être normal

Est-on esclave avant de naître

Si je ne me souviens de rien

vous pourrez d'une seule main

Éliminer tous mes ancêtres



Mais quand je regarde derrière

C'est pas très loin après la guerre

A moi ça me donne des ailes

Je vole au dessus des tordus

Les libéraux et les glandus

Je plane encore hors de leur ciel



qu'est-ce qui ne vient pas d'hier

De quoi pourrais-je être fier

Quand l'univers perd le sourire

Il ne sert à rien d'être amer

Je veux pour mes enfants la terre

Qui ne soit pas qu'un souvenir



Aucune honte sur ma vie

Qui se tourne sans brusquerie

Sur tous nos rêves du passé

Le soleil brille sur mes nuits

C'est la beauté des nostalgies

Que l'avenir vient éclairer.

12 04 06



Je sens venir de terre comme une vibration

Un petit tremblement quelque chose qui gronde

Une autre poésie dans les mots des chansons

Je sens dans le présent se propager une onde



J'entends que devient fade le chant d'autres sirènes

Que grelotte la frousse dans leurs voix éraillées

Qui nous vantent en grinçant un avenir bien terne

J'entends déjà le bruit de ce train dérailler



Je vois venir l'après comme une impertinence

Des ailes d'albatros dégageant les brouillards

qui nous cachent encore les fleurs de l'espérance

Qui nous tiennent encore entres ces murs blafards



J'imagine demain béants de la corgniole

Les riches méprisants qui n'auront pas compris

Pleurnichant dans leur flic attendant la torgnole

Qu'ils ne recevront pas car ils seront finis



C'est demain c'est déjà leur monde qui se fendille

La rue qui fait tomber les pierres de leurs palais

C'est demain c'est déjà le futur qui scintille

Comme dans cette chanson de mes rêves secrets.



18 10 07





Qu'est-ce c'est cette vie qu'on vie

Quelle est cette dans qu'on danse

Ces trépidations ces cris

Et cette désespérance

Et ces lumières dans la nuit

Ce chaos qui tue le silence

Toute l'horreur et le bruit

La panique et la violence

Tous ces avenirs finis

Grâce aux dieux en dissonance

Tout ce future qui s'enfuit

Dans ce monde en décadence

Faut-il que tout soit écrit

Que cet animal qui pense

Sans cesse construit et détruit

Et détruire le met en transe

A quoi ressemble aujourd'hui

Alors qu'hier était souffrance

On a vraiment rien compris

Rien gardé des expériences

On a rêvé l'Anarchie

Laissant au vent sa semence

On a vénéré l'utopie

Se disant qu'avec de la chance...

Dans les ruines on est assis

A pleurer nos souvenances

Entre Guevara et Gandhi

On espère partir en vacances



Lest avions qui trouent l'infini

Ont bousillé les distances

Les villes qui brillent les pays

Qui ne savent plus les différences

On ressort les mots bannis

On prêche la tolérance

Mais les rêves ont déjà cuit

Dans le feu froid de l'impuissance

La richesse a de l'appétit

Le pauvre ne crie plus vengeance

Le riche doit être enrichi

Le pauvre lui remplit la panse

Le portefeuille bien garni

on achète même l'enfance

Même l'amour s'est enfui

avec la paix et l'insouciance

La tristesse qui m'envahit

C'est la joie de mon enfance

Les idées de paradis

Un reflet de l'innocence

Je me fous de la folie

Et de la mort qui commence

J'ai encore la force d'un cri

Pour anéantir le silence



Faut-il que tout soit écrit

Quelle est cette dans qu'on danse

Même l'amour c'est enfui

On espère partir en vacances.



26 10 04













Le silence imposant se répondait tout seul, son écho, mille fois répercuté par le vide, multipliait sa puissance.

L'absolue nudité du néant était parfaitement immobile.

L'espace infini et sans couleur n'était traversé par rien.

Je vis comme un nuage transparent ma dernière pensée s'enfuir, j'étais mort.

12 02 1982









Assemblage de mots mouvants, tournants

Dans mon environnement

Et, qu'un à un

J'attrape

Et dénude et

Range dans un tiroir à mots

Pour un jour en extraire

Vite

Un poème

27 12 1981





Elle est comme l'aigle sur sa proie

Tu ne peux sortir de ses serres

Elle est comme la pluie et le froid

Elle te maintient en hiver

Et ton sourire reste coincé

Et ton amour reste endormi

Elle est possessive et sacrée

Et tu es seul à sa merci



Elle vient forte et souveraine

Tu l'attends comme une mousson

Dans le silence des matins blêmes

Où elle te laisse nu et con

Et tu ne connais pas les armes

Qu'il te faudrait pour la tuer

Tu as le cœur au bord des larmes

Et du chaos dans tes pensées



Elle pose son sac et s'installe

Au plus profond de ton esprit

Et sans te faire ni bien ni mal

Elle casse doucement ta vie

Elle s'empare de la tendresse

Comme pour la sortir de ton cœur

La remplace par la détresse

La solitude et le malheur



La tristesse est tranquille

Elle aime à faire pleurer

Elle te met en exil

Le bonheur à côté. 20 01 1982



















Ce n'est qu'après avoir marché pendant huit heures que je me rendis compte, en me réveillant, que j'étais couché dans mon lit.

12 02 1982





J'ai suivi le fleuve innombrable

Mille chemins, mille nuits, mille horizons, mille silences

Je ne sais pas si j'ai choisi

Si je choisis ce mot qui vient avant d'âtre pensé

Celui qui s'inscrit avec son poids

Son passé, sa culture et la mienne

Et qui sera compris ou pas, qu'importe !

Je suis encore le fleuve

Je parle d'amour avec lui presque involontairement

Il est là en moi

Je suis là en lui

Si je me tais il m'étouffe

Et quand lui ne dit rien

Me voilà infirme de lui à chercher le membre absent

Comme s'il s'agissait d'un de mes bras ou de ma tête

En fait c'est tout à la fois

C'est moi entier coupé par me manque de lui, d'elle

Lui, le mot, elle, la poésie

La poésie est l'air que je respire

La fleur que je vois, la femme que j'aime

La poésie s'appelle amour

Elle est partout la poésie

A l'usine quant tu crèves, chez toi quand tu vis

Dehors, dedans, partout

J'ai suivi son fleuve innombrable

Et je retourne au fond de moi quand j'y plonge

Elle est le sang en moi

La où tout est clos, si clos qu'elle ouvre les barrières

Et que je laisse aller sa jouissance

La poésie est l'espoir du monde

L'espoir universel, le seul espoir

viens avec moi, tourne les pages

La poésie c'est la vie

Tu peux suivre à ton tour ce fleuve magnifique

Où rien ne s'oublie, rien ne s'oublie

On est si petit on dure si peu de temps

Viens...

07 09 1980





Des troupeaux de chiens morts cavalent dans les couloirs

Du même rythme fou ils se poussent et se pressent

S'écrasent contre las murs et marchent sans rien voir

Et moi les voir suffit que leur allure m'oppresse

Et je ne peux rien faire que d'aller à leur pas

Poussé traîné tiré bientôt sans volonté

Presque même allant là où je ne voudrais pas

Et le cauchemar dure vais-je me réveiller



Et je me ratatine contre les portillons

Dans mon regard s'éteint la dernière des flammes

Je suis indifférent sans haine je dis pardon

Quand je sens dans les reins le sac d'une dame

Je suis dans le troupeau numéro matricule

Je cours au fond de moi la machine travaille

Elle est réglée pour prendre des coups de pieds au cule

Je vais bêtement où l'on a voulu que j'aille



Je sens la mutation je deviens un taré

On me marche dessus et je reste placide

Intimement je rêve de paix de liberté

Et j'appelle folie ces seuls instants lucides

Parfois dans mon délire je deviens une chèvre

Encornant les chiens morts cassant les portillons

Ballottant de la queue et grignotant des dents

Ballottant de la queue et grignotant des dents.



25 01 1974





Progressivement je transhume

De l'avant je me catafalque

Je rumine ce titre posthume

Lettres dorées à l'orichalque

Qui orneront le virtuel

D'une pierre de vocabulaire

Qui a défaut d'être éternelle

N'encombrera rien sur la terre



Le jour sournoisement m'affale

Par cette douceur attendue

Qui fait tant de bien dans le mal

Comme un oxymoron verrue

J'oublie en me creusant la tête

A l'affût de quelques conneries

Les pinces du crabe qui guette

Derrière mes vertèbres pourries



Je revendique le droit des fous

A taciturner la folie

A triturer l'espace mou

Dans lequel se contraint leur cri

J'envisage du téléphone

Le bouchon quittant le goulot

Des copains aux verrées gloutonnes

Au cœur des nuits gorgées de mots



Je m'entends sentencieux et con

Prêchant mon discours libertaire

flottant dans le fétide sans fond

Comme l'anneau détaché du ver

N'en gardant que la solitude

Comme le garde-fou du contraire

La mauvaise fois dès le prélude

Et l'amitié pour le sincère



Alors dans la nuit je débonde

J'écoute mon corps voyager

Et mon esprit se dévergonde

Puisqu'il n'a rien à expliquer

Pas de retenue de censure

Pas d'aile de pigeon de côté

Pour éviter les salissures

Qui jaillissent de ma liberté



Pas l'obscure clarté étrange

De la lanterne du passé

Ni l'horrible odeur de vidanges

Que donne les rêves dépassés

Je poursuis sans bruit mon voyage

En aspirant dans le silence

Un peu d'air de la fleur de l'âge

Qui parfume ma transhumance.



04 12 07





C'est comme une océan gris et froid de ciment

Qui cogne les rochers lucides de la grève

Le soc d'une charrue au corps du sentiment

Une réalité qui vient noyer les rêves

Un crachin vespéral qui brouillasse l'azur

Une pesanteur sombre qui appuie sur le dos

L'ivresse masochiste qui ouvre les blessures

La mort qui frissonne de ce froid dans le dos

C'est ton système à toi qui flingue les systèmes

Une idée essentielle ou renaît l'animal

Heurtant l'intelligence dans ce qu'elle a d'humaine

quand l'inhumanité intègre le normal

C'est la peu qui s'échappe et la folie qui gagne

Qui te prend par la main clamant sa vérité

Qui ne te lâche plus trop fidèle compagne

T'entraîne sur les cimes d'un pays désolé

C'est l'ennui qui s'absente derrière la porte close

Là où on ne sait plus qui a tort ou raison

Là où on aimerait que les ordures explosent

retombant en cascade pour enfouir les cons

C'est l'alcool noctambule qui prend de l'altitude

Et te fait explorer le puits de ta conscience

Le silence de l'autre qui dit ta solitude

Quand tu planes là-haut Contemplant la démence

C'est ce savoir malsain qui peint ta poésie

Mais qui ferme la porte à tant d'entendement

Une idée perspicace qui frôle la folie

Et que l'univers prêche par tous ses saignements

C'est l'amour qui talonne pour sortir de la crasse

Et c'est la liberté une liberté noire

Cette bulle qui remonte seule vers la surface

Et la lumière viendra sortie du désespoir. 07 08 07 58

A quoi bon la couleur les soleil les nuages

L'automne qui démarre sa saison de voyage

Depuis un mois déjà l'été a fait naufrage

Et maintenant l'hiver est en apprentissage

A quoi bo la douceur la chaleur de midi

Quand c'est dans le sous-sol que se cache la vie

Que le jour peu à peu se perd dans le gris

Que l'aube se fatigue a remplacer la nuit



Tout autour de mon île l'océan est plus dur

Et les vents sont plus forts pour gonfler la voilure

La nostalgie du temps chante les aventures

D'une jeunesse enfouie sous bien des déchirures

A peine un souffle d'air et trente ans sont passés

Une vague de rêves que je voudrais surfer

Cet endroit où se mêle avenir et passé

Toute la neige qui vient ne va rien effacer



Le gel va venir dans le mois de novembre

Déjà je le sens bien il fait froid dans la chambre

Le matin trouvera la braise sous la cendre

Dans la cour il ya encore des bûches à fendre

Qu'importe la météo puisque l'on est vivant

Et qu'en mars c'est sûr reviendra le printemps

Il suffit de savoir ce qui est important

Je ne suis pas pressé je veux durer longtemps



Changement de saisons

changement de bonheur

La nuit arrive

De bonne heure.

20 10 06



Même si je laisse hier tout ce qui est trop tard

Que les dés sont pipés je le sais par avance

Je saute dans la flaque au milieu du trottoir

Même les jours de pluies ensoleillent l'enfance

Alors je vois demain les traces dans la neige

Que la folie d'aimer laisse sur son chemin

Ce sont les notes d'un impossible solfège

qui ne se joue qu'à deux comme d'une seule main



Le soleil qui revient je le vois dans tes yeux

Mais je suis en retard de bien quarante piges

quand il me semblait être cet ado merveilleux

Et tous mes souvenirs n'en sont que des vestiges

Je me rêvais et j'aime à me rêver encore

Romantique et maudit dans la nuit solitaire

En poète debout face au vent dans l'aurore

Une fille avec moi sauvage libre et fière



Ça se soigne c'est sûr mais toujours je déjante

En humain parmi d'autres pauvre grain de poussière

Je vois un autre monde ici me désenchante

Alors je m'en fabrique un bel imaginaire

L'âge me ride de son fouet mais ne pénètre pas

La sève monte encore même dans le rude hiver

Ce serait le printemps mais je n'y pense pas

Quelquefois la jeunesse à des relents amers



Je me réchauffe des femmes qui s'offrent à mon regard

si berlles je me raconte des filles de mensonge

Quand le sommeil arrive je les suis sans retard

Qui viennent se promener dans l'espace des songes



Et combien seront-elles ces passantes à mes yeux

A me convier pour tant d'infaisables voyages

Je voudrais voir mes mains dans ce désir soyeux

Avec du pur amour sans filet ni trucage



Alors je laisse autant et je laisse toujours

La démence mener ma barque chimérique

Et je persiste à voir dans l'invisible autour

Des aventures chaudes rencontres utopiques

Je suis un maraudeur à l'affût du plaisir

Je fais don de tendresse et j'accepte l'offrande

D'un geste d'un regard ou d'un joli sourire

J'ai l'épargne secrète j'attends les dividendes



Je ne suis pas de ceux hésitant du tango

Myopes qui ne savent plus ni l'avant ni l'arrière

Le rêve c'est demain hier est dans les mots

Et le baiser final a les pieds sous la terre

Je ne suis pas de ceux croyant dans le miracle

Qu'un déluge annoncé laissera sains et saufs

Et tranquilles et légers contemplant la débâcle

Assis sur un gazon que le soleil réchauffe



L'âge creuse et ravine et burine la peau

Agit sur la tripaille et sur le palpitant

Il essore les muscles et fait tordre les os

Mourir jeune c'est fini je n'en ai plus le temps

Je berce d'illusions ma vieillesse à venir

D'une main virtuelle pour caresser les courbes

Je m'aide quelquefois d'une verrée de plaisir

Pour adoucir ma gorge parfumée par la tourbe



Mon âme est insatiable elle guette l'émotion

Que le désir allume parfois sur la pupille

D'une inconnue rêveuse dont la séduction

Écrira dans ma tête un poème fébrile



Je ne suis pas de ceux que la peur ratatine

Et qui bourre à ras bord de fric leurs édredons

Qui méprisent les gueux et cela me fascine

Rêvent de l'autre vie promise des religions

Je ne suis pas de ceux qui façonnent leur corps

En prenant pour modèle un dieu publicitaire

Et dont la chair pendouille dépourvue de ressort

Quand l'âge triomphant laisse s'en échapper l'air

Je ne suis pas de ceux qui en conquistador

choisissent sur catalogue des congés exotiques

Et pleurent pour une nuit dans un aéroport

Une grève bloquant leurs vacances idylliques

Je ne suis pas de ceux dont la seule ambition

Est celle de « m'as-tu vu » de petite envergure

Qui guette dans les temples de consommation

La marque qui d'un seul coup allonge la pointure



Notre monde est le même c'est le regard qui change

La solitude amie qui fait le sentiment

Et le ressentiment de la bêtise étrange

Qui nous prend par le cou pour un étranglement

Je suis cet amoureux permanent et perdu

Dans le bonheur suprême que crée la permanence

Un nostalgique amer des amours jamais eues

Un vagabond errant aux portes du silence

Et j'attends de demain une bouche pour la mienne

L'  « ardence » du désir et la pulpe gonflée

La fraîcheur juvénile qui purifie l'haleine

Les lèvres sans scrupules qui s'offrent à baiser



Je ne suis pas de ceux sans amour ni haine

Formaté jusqu'au fond aveuglé jusqu'au sang

Dans le cruel des jours mon esprit se promène

Sens en éveil je vois je goûte j'écoute je sens

dormir dans des draps une femme à son côté

En se tournant le dos taciturnant le noir

Je me demande parfois où est la dignité

Une chambre lugubre ou un coin de trottoir



Je n'ai pas de sagesse la votre m'horripile

Je préfère la folie quand elle l'est à vos yeux

Aucun de vous ne peut aborder sur mon île

Elle est si jeune et belle et vous êtes si vieux

Dans le mensonge miroir vous vous voyez si grands

Que vous trouvez indigne le pauvre qui mendie

vous ne donnez alors qu'un regard méprisant

Et le miroir réel vous rend votre mépris



Je ne suis pas de ceux bloqués dans une case

Dont la pensée minus rebondit sur les murs

Leur revient dans la gueule les plie et les écrase

Fait gonfler leur orgueil et leur cache l'azur

De ceux qui s'agenouillent marquant leur soumission

A une vieille horreur bâtie de couardise

Pour y régénérer l'essence de leurs pulsions

Et semer la violence où le monde s'enlise



Je suis celui qui passe en se sachant passer

Je suis celui qui rêve de ta peau impossible

Les ailes étendues et la bouche fermée

Le sourire en dedans du regard impassible

Comme ce brouillard léger dans les arbres en lambeaux

Comme ces mots veloutés que je ne dirai plus

Comme l'appel au secours d'un monde qui fut beau

La lettre non écrite que j'ai pourtant reçue



Je suis celui qui met du printemps dans l'automne

Quand janvier au soleil craque dans la froidure

Quand le poil qui blanchit fait vieillir le bonhomme

quand son songe imagine l'été et l'aventure

Je suis cet ignorant dont le seul savoir

Se construit de désir et de désespérance

Le désir animal l'animal désespoir

Et l'amour par dessus pour grossir la souffrance



Dans le vent de l'hiver j'agglomère ce chaos

Adolescent encore debout dans ce poème

Et la nuit qui blanchit m'épargne de ces mots

Et je tais à jamais cette romance : Je t'aime.



16 01 09





J'ai vécu des instants aux confins de l'horreur

Dans une nuit entre le brouillard et la peur

Des instants ou mes rêves étaient de terminer

Ce chemin où l'amour m'avait abandonné



J'ai traîné derrière moi sur ce chemin de terre

Une besace lourde de joies et de misères

Je n'oublie rien pas même que je suis vivant

Que la mort peut venir dès le prochain tournant



Mais je ne suis pas seul et ce n'est plus l'enfer

Demain arrive pour atténuer d'hier

Les douleurs et les larmes et pour créer l'espoir

Et faire de tendresse ce soir et d'autres soirs



Mais je ne peux plus dire jamais

Mais je ne veux plus dire toujours

Et je ne veux plus

Parler d'amour.



02 07 1981





J'entends la chanson des champignons qui poussent

Les percussions de la pluie qui éclabousse

Le froissement léger des feuilles qui pourrissent

Le cri lent du granit le rire de mon fils



L'automne qui chuchote sa vie secrète et dense

Au ventre de la terre fourmillement intense

hirondelles parties vers la lointaine Afrique

L'écume bouillonnante de la côte Atlantique



On pourrait croire que le monde est en paix

Que la nature va sur son chemin parfait

Que rien ne peut perturber l'équilibre

Que l'amour existe que les hommes sont libres



La neige est vierge sans la trace d'un pas

Le ciel est pur l'avion ne le strie pas

Le chant du merle habille le silence

Le sourire d'une fille habille l'espérance



Un accord de guitare sur le feu qui crépite

La brise qui envoie l'averse sur les vitres

Une femme lovée dans la douceur du lit

La malice dans les yeux de l'enfant qui sourit



On pourrait croire que partout c'est pareil

que jamais rien n'arrête la course du soleil

Que les frontières ne sont pas inventées

Et que la guerre n'a jamais existé



Sur l'océan l'ouragan se prépare

Typhon cyclone qui frappent au hasard

Comme l'avalanche qui dévale l'adret

Et qui emporte les hommes et les chalets



Jusqu'où peut s'envoler mon rêve d'aventure

Plus haut que ce tuyau où brûle les ordures

Plus loin que les fumées qu'il crache vers les nues

Comme pour nous cacher un Éden perdu



On voudrait croire que le monde est en paix

Que la nature va sur son chemin parfait

Que rien ne peut perturber l'équilibre

Que l'amour existe que les hommes sont libres



25 10 05







Avec le ciel et ses nuages

Avec le vent avec ton âge

Avec l'oiseau qui vient chanter

Dans ton jardin sa liberté



Avec les fleurs avec les fruits

Avec le corps avec l'esprit

Avec la mer avec le sel

Avec le vin avec le miel



Avec l'enfance qui ne revient pas

L'adolescence qui ne s'en va pas

Avec les filles que tu as aimé

Sans rien leur dire juste rêvées



Avec maintenant comme hier

Avec le monde avec la terre

Avec les hommes malgré l'enfer

Pour que la paix balaie la guerre



cherche l'harmonie.



13 05 04







Le linge est craquant sur le fil

Le silence est blanc comme la neige

Sous la lune le sol scintille

comme les étoiles de mon rêve



On ira dans les pentes

Avec des luges et des skis

On fera des descentes

Des courses jusqu'à la nuit



Le froid est dans mes mains

Le gel est dans mes pieds

Au chaud je serais bien

Il est temps de rentrer



Le gros bonhomme glacé

A des yeux de charbon

Une carotte pour le nez

Et des dents en bouchons



L'hiver est arrivé

Les jours vont s'allonger

On va pouvoir glisser

On va bien s'amuser



24 12 05



Et puis elle est partie

Épuisée et finie

Sans pouvoir revenir

Que dans les souvenirs

Elle était douce et belle

Singulière et plurielle

Les nuits comme les jours

Elle se gavait d'amour

Parfois je le sens bien

elle tend encore sa main

vers ma paume ridée

Vers mon cœur fatigué

Dans le printemps parfois

Je crois entendre sa voix

chanter dans un murmure

Le goût de l'aventure

Je me prends à réver

De sublimes étés

D'un parfum de vacances

D'un refrain d'insouciance

D'une vie à construire

Un nouvel avenir

Je sais que c'est folie

Je sais qu'elle est partie

Parfois je le sens bien

Elle tend encore sa main...



23 06 07



Sans souci de l'impertinence

Je m'installe au cœur de la nuit

Pour transpercer les transparences

Dans les jeux de la poésie

J'écris ce qui me vient à l'âme

Depuis demain ou le passé

J'écris le sourire des femmes

Et leurs épaules dénudées

La fragilité de l'amour

Et la longueur de la vie

Parfois l'obscurité des jours

Parfois la langueur et l'ennui



Je voudrais rompre le silence

En faire des menus cristaux

Trancher le cou des apparences

Me défaire de mon air idiot

J'aimerais animer les débats

Des élections médiatisées

Faire avaler aux candidats

Du sérum de vérité

Les montrer à poil au vingt heures

Quand ils retiennent leurs proutes

voir sil leur talent d’esbroufeur

Résiste à leurs corps en déroute



J'écris le cul d'une voisine

Si la lune me fait du gringue

On peut croire que j'hallucine

Et même que je deviens dingue

L'albatros me donne ses ailes

Et la jeunesse sa folie

Je me promène dans le ciel

Sans jamais me bouger d'ici

Je fais des filles violoncelles

Dans mes visions surréalistes

Je chantonne les ritournelles

D'un vieux solitaire anarchiste



Je rêve que le pouvoir des mots

Peut à lui seul virer la crasse

Nous dépolluer le cerveau

Sortir la terre de la mélasse

Alors tout seul dans mon coin

Avec la nuit tout autour

Je pisse dans mon jardin

Et puis je dors jusqu'au jour



Bonjour...



15 10 06





Quelques minutes comme un luxe insensé

Ce temps qui file pour rien que pour rêver

Oublier les oublis et tout le reste

vivre dans l'harmonie du jour qui vient

Du soleil pâle habillant au lointain

En rose indien des nuages modestes



Quelques minutes arrachées au réel

Dans la couleur douce d'une aquarelle

durée tranquille d'une respiration

Juste se dire il fait beau on est bien

Dans l'air léger baladant des parfums

Attendre encore dans cette vibration



quelques minutes à s'ancrer dans le cœur

l'éternité d'un instant de bonheur

chercher le mots pour partager tout ça

Dire l'indicible le néant et la paix

tout le fragile de ce moment secret

Quelques minutes qui ne s'effaceront pas



Poser son cul sur le banc du jardin

Juste avant l'aube dans le frais du matin

Quelques minutes la musique du silence

Un peu de brume comme un paquet cadeau

De la lumière sur le chant des oiseaux

Un vent subtil qui fait la transparence.



06 07 05





Est-ce que c'était rue saint Michel

Ou bien rue de saint Malo

Cette nuit quand tombait du ciel

Des larmes tirées d'un piano



Qu'avait-on fait ce soir là

Il n'y avait que nous deux

Est-ce qu'on sortait du cinéma

Je crois que j'étais heureux



C'est toi qui a pris ma main

Sans réfléchir comme une enfant

Je ne pensais pas aux lendemains

Tu pleurais en souriant



Nous avons marché enlacés

Jusqu'à ton appartement

Et comme on n'était pas pressé

On a fait l'amour lentement



On a recommencé parfois

Sans se dire de mots inutiles

Pour le simple plaisir d'être là

Rêvant dans la nuit tranquille



Puis la vie nous a séparés

On a rangé les souvenirs

Quelquefois quand pointe l'été

J'aimerais bien y revenir



Peut-être bien rue saint Michel ?... 31 03 06

Après ces jours sans fond où j'ai mis à la voile

En mouillant ma chemise à souquer face au vent

Je vois surgir du gris un port pour une escale

Et la lumière du phare a le goût du printemps

Après toutes ces nuits ravagées de colère

De désespoir ancré du désenchantement

Je laisse enfin aller je glisse sur mon erre

Et la toile faseye lourde sur le gréement



Après l'écran tordu où je glisse mes notes

Une à une sur la vague qui charrie mes ordures

Des silences et des mots qui s'emberlificotent

Aveuglant la vigie en haut de la mâture

Je me laisse flotter et la brûlure du sel

Et le froid de la bise qui mord dans ma chair

S'habillent soudainement de la douceur du miel

sous un ciel chatoyant qui embellit la terre



qu'importe le mensonge s'il construit du plaisir

Et si le poil blanchit sous les assauts du temps

Si la mémoire ne garde qu'un éclat de rire

Et le soleil radieux du sourire d'un enfant

Si ce jour d'aujourd'hui ne compte que vingt-quatre heures

Même si ce provisoire se termine demain

L'éphémère de la valse suffit à mon bonheur

L'éternel de l'amour suffit à mon destin.



18 01 08





L'aurore est mélodieuse sur les bourgeons craintifs

Dans les branches presque nues que le vent fait frémir

Le soleil de l'hiver darde un rayon chétif

Sur le pinson transi et beau comme un sourire



Il y a dans le gel des brillances nacrées

Même dans le froid pâle des chaleurs insouciantes

Une grive m'observe depuis le cerisier

Un pigeon applaudit de ses ailes battantes



Je respire lentement le silence fleuri

Les grasses matinées d'une enfance tranquille

Une odeur de dimanche pour se sortir du lit

Au jardin où se montrent primevères et jonquilles



Ce n'est pas le printemps encore ce n'est pas lui

D'ailleurs l'azur clair est vide d'hirondelles

Et la lumière tarde à éloigner la nuit

A envoyer la brume se perdre dans le ciel



J'ai tant aimé le givre crissant dans les chemins

Au gré de mes balades solitaires et fécondes

De l'infini des rêves : sans jamais le mot fin

Immobile je poursuis mes pensées vagabondes



J'ai tant aimé la bise me cisaillant la chair

A me sentir vivant dans l'ivresse glacée

Comme l'oiseau passant de la mer à la terre

Le héron engourdi mulotant dans les pré



Mon fils regarde l'eau dévaler la colline

Emplis toi de la beauté pure de ce moment

La blancheur des cristaux que la clarté satine

La mélodie sereine qui baigne cet instant



Février aujourd'hui a des allures d'avril

Et le prunus habille de rose ses brindilles

Demain encore lointain apparaît comme une île

L'autre côté des nuits où les étoiles scintillent



Mon fils garde toujours le bonheur dérisoire

Et fugace de l'amour de ce morceau de temps

Cette fragile seconde d'éternel provisoire

Dans laquelle l'hiver sait rêver du printemps.



14 02 08





Dans les prisons touffues des épines acérées

Qui labourent la chair des blessures ouvertes

Dans le dur tintamarre des mensonges avérés

Qui inonde l'espace que l'amour déserte

Dans le monde qui ploie sous la fatalité

La folie de si peu qui suicide l'espoir

Dans ce zoo où l'humain joue la fraternité

Dans le ciel si bleu que ce bleu vire au noir

Dans les mots des discours où le vide résonne

Les lendemains heureux ne sont plus que des rêves

Dans le bel océan profond qu'on empoisonne

Il y a le reflet d'une planète qui crève

La prison est partout même dans un fauteuil

Dans la publicité aveuglant la lucarne

Dans l'œil borgne et froid de la rue qui t'accueille

Son objectif sec comme le sort qui s'acharne

La cage domestique qu'on te fait avaler

Tu le gardes tout seul pas besoin de serrure

Quand la consommation s'appelle liberté

Que la télévision s'appelle l'aventure...



Dans le souvenir sec comme dans le vent du soir

Dans la tristesse acide et dans le vin à boire

Je m'évade

Dans les morts venues dans la mort qui viendra

Dans les chagrins perdus et les confins des joies

Je m'évade

Dans la lumière bleue de l'aube ensoleillée

Le carmin frémissant d'un crépuscule d'été

Je m'évade

Dans le rêve serein d'un plus bel avenir

Les yeux de cet enfant et ses éclats de rire

Je m'évade

Dans le mutisme lourd des campagnes enneigées

Le crissement du pas sur la terre glacée

Je m'évade

Dans la brise flottante caressant l'horizon

L'ombre légère du soir qui ferme la maison

Je m'évade

Dans la vive lenteur des arbres et des pierres

Et le lourd sentiment des absences amères

Je m'évade

Dans l'incessant voyage de l'immobilité

Et le sourire sauvage du vent dans les nuées

Je m'évade

Dans la chair profonde des notes et des silences

La liberté des sources et dans la transparence

Je m'évade...



2009 ?







C'est une route déserte et nue

Un chemin qui va nulle part

Là où personne n'est attendu

Là où il n'y a rien à croire

Un joli sentier sentier sur la crête

Pour y dominer le néant

Défricher ses pensées secrètes

Dévaler les pentes du temps



C'est une route clandestine

que personne ne veut savoir

La mélancolie qui patine

Sur le vécu de son miroir

Pa l'ombre creuse de l'été

Où aiment s'abriter les bonheurs

Pas le creuset des amitiés

Dans lequel fondent les peurs



C'est une route noctambule

Trimballée au gré des hasards

Le fil ténu du funambule

Et la trouille du désespoir

C'est le lendemain qui vacille

Dans un présent sans horizon

Le passé qui met des guenilles

Pour habiller son abandon



C'est une route sans histoires

Dans le taciturne des nuits

Sans avenir et sans mémoire

Pas même celle des nostalgies

C'est ce petit chemin sordide

Sue lequel on existe plus

Où se crée la haine solide

Et le principe du refus



C'est une route...



29 01 08



Les amours égarées au gré de l'inconscience

Parmi les mots qui taisent les plus beaux des silences

Les souvenirs construits par les rêves présent

Cet assassin qui part avec l'adolescent



Les bonheurs incertains du vers dans la poème

Avec le rythme lourd des lettres qui vont et viennent

Comme des ventres collés qui vieillissent lentement

Comme le soleil d'hiver présage le printemps



Les tripes déchirées d'un avenir déçu

La nausée réprimée dans les boyaux tordus

Les nuages qui fondent dans le bleu de la mer

La chanson vagabonde qui traîne dans l'amer



La mémoire assiégée des passés qui s'arrangent

Ce qui ne sera plus et qui devient étrange

Avec ce sentiment de fin et d'être encore

Un bateau dérivant dans l'attente d'un port



Et ce repos absent sous le ciel de la nuit

Cet obscur agressif où se planque l'ennui

La mélodie glacée du râle dans les éponges

Ce vide de l'aurore où se planquent les songes



Comme le défilement des âmes arrachées

Livres si peu ouvert et déjà refermés

Et pourtant tant de cris dans la blancheur des pages

L'absence quelquefois fait durer les voyages



Avec ce poids poisseux qui poigne dans la chair

Qui tord les existences les demains les hier

La rivière qui défile son film au ralenti

On y pêche l'instant on y laisse la vie



Comme contemplant de loin l'horizon du rivage

L'horizon dont les murs ferment cet ermitage

Creusé dans les photos blêmes des espérances

La sirène épuisée du navire en partance



Dans la dilatation spatiale des aventures

comme la beauté du jour qui naît d'une blessure

L'imparfaite distance qui roule dans ce torrent

Où l'immobilité regarde passer le temps.



11 01 08



Noir en dessous noir en dessus

Noir en dehors noir en dedans

Noir alentour comme un refus

Noir comme désespérément

Fermé derrière fermé devant

Le silence comme une barrière

Le froid fermé toujours pesant

Mordant jusqu'au cœur de la chair

L'angoisse qui creuse son trou

Et qui refuse les voyages

Le rêve désarmé qui s'en fout

L'oppression qui fait des ravages

Pas d'horizon ni de nuances

La vue bloquée du quotidien

La blancheur qui avance

Jusqu'à la peur du matin

L'impossible oubli des souffrances

Qui tordent les muscles et les os

Et qui lardent les espérances

En piqûres froides du couteau

La mémoire marbrée du miroir

Qui se souvient d'un avenir

Que le temps passant peint en noir

Comme le revers d'un sourire

Noir en dessous noir en dessus

Noir en dehors Noir en dedans

Noir alentour comme un refus

Noir comme désespérément.

21 03 08





Je ne retiens qu'anecdotiques

L'amour infinitésimal

Le fou rire des nostalgiques

Histoires qui finissent mal



Ce goût de tourbe qui stationne

Dans le rêve doré des whiskys

J'ai le décodeur qui déconne

Je passe le cap de la nuit



J'ai la mémoire qui sature

De beaux mensonges encore trop verts

Et la jeunesse qui s'aventure

Dans les chants givrés de l'hiver



Je me bavarde en solitaire

des contes à s'asseoir debout

bourré pissant comme une gouttière

Saoulé d'un hermétisme mou



Je me concrète d'incrédible

En concrétions stalagtitantes

Qui donnent des nausées pénibles

Aux petits matins qui déchantent



J'ai la vieillesse qui voyage

vers des lointaines galaxies

Quand le jour revient j'ai mon âge

Au fumet des mélancolies



Alors j'arrache de demain

Le vin gâché des utopies

Judas préservé de copains

Je ne peux vendre que ma folie



Je m'ermite le choix est sincère

En saignant de l'âme et du cœur

Pour les amours que j'ai su taire

Pour y enfermer le malheur



J'espère voir éclater un signe

Le cul posé sur mon divan

Tout en tâchant de rester digne

Je lâche un pet tonitruant !



27 12 07







Le silence est d'or

Il ne vole pas

Je préfère les oiseaux qui pépient

Le silence c'est la mort

Il tombe au fond il est inerte

Le silence c'est le poids du malheur

Et de la solitude

Je préfère les oiseaux qui chantent

Ils sont légers ils dansent dans l'air

Des ballets insensés

Ils sifflent l'air de la liberté

Le silence me cloue au sol

Sa musique est sombre et monotone

Sa musique est bavarde et parle de folie

Je préfère la mandoline

Le oud la lyre et la conversation

Le silence est cotonneux et lourd comme la neige mouillée

Il s'ennuie dans les fonds

Dans les profonds de l'âme

Dans les poèmes abscons

Et dans les déchirures de l'amour

Je préfère les cris des enfants qui sont comme des oiseaux

Je préfère les oiseaux et la conversation

Je préfère m'envoler

Et pourtant je me tais

Chut...

04 12 04





Sentir le froid glacé du vent dans la tempête

Un cerveau congelé quelque part dans la tête

l'alcool seul pétrifié dans l'absence des nuits

L'aurore décolorée dans la brume endormie



Voir le temps s'étaler gluant comme une morve

Une boue molle et grasse fille au regard torve

Inquiétant et collant du vide déprimant

Sans l'éclat de malice des pupilles d'enfants



Découdre fil à fil le crêpe noir des mémoires

Voiler l'écran lucide et sombre du désespoir

N'accepter de folie que la folie du jour

Ce sourire tranquille qui ressemble à l'amour



Dégueuler le breuvage amer et solitaire

De la peur planquée jusqu'au fond des chimères

La musique tordue des sommeils incertains

L'obtuse logorrhée trompeuse du matin



Mais j'attends le printemps demain

Pour y planter mes pas pour y placer mes mains

Pour revenir de loin comme on vient de l'hiver

Pour y planter mes pas sur un chemin désert

De l'avenir qui vient moi j'attends le printemps demain



15 01 08



 

La pluie sur les vitres

Tape la mesure

Ça ne va pas trop vite

Ça ne cogne pas trop dur

La brise désarçonne

L'oiseau sur le fil

Ma chanson d'automne

Reste bien tranquille

Le soleil se montre

Entre les ondées

Je vais à sa rencontre

Je ne suis pas pressé

Je n'ai rien à foutre

Je suis un chômeur

J'ai l'œil dans la poutre

Une paille de bonheur

Je reste debout

je fais face au vent

J'aimerais j'avoue

Que ça dure longtemps

Ce petit tempo

Cette valse lente

A tout ce qu'il faut

Et cela m'enchante

La pluie sur les vitres

Qui marque le temps

Me fournit un titre

Pour une chanson

Je fais face au vent

J'aimerais j'avoue

Que ça dure longtemps... 19 10 06



La danseuse de tango

A le cœur argentin

Elle aime son macho

La guitare et les pleurs

avant arrière elle va

Jusqu'au petit matin

Elle accroche ses pas

A ceux de son danseur

Elle a le cœur vibrant

comme la corde qui sonne

Et le corps languissant

du temps qui s'abandonne



Elle n'a sur la peau que le noir du satin

Au creux du ventre le désir et le chagrin



La danseuse de tango

Glisse sur les tristesses

elle exulte et c'est chaud

La beauté de l'offrande

La danseuse de tango

Est gracieuse et lucide

Elle jette le pied haut

Et son sourire candide

Elle tourne et transpire

Au bras d'un hidalgo

Elle use du plaisir

Comme d'une arme terrible



Elle semble se plier

A ses caprices hautains

A lui faire oublier

que sans elle il n'y a rien



Elle n'a sur la peau que le noir du chagrin

Au creux du ventre la douceur du satin



La danseuse de tango

Mène l'homme où elle veut

elle bride la macho

Pour mieux le rendre heureux



26 01 04





Je la regarde quand elle passe

Quand elle sourit légèrement

Son regard embellit l'espace

Comme une averse de printemps

Je reste seul à la terrasse

Avec mes yeux d'adolescent

J'aimerais tant trouver ma place

dans sa vie même pour un instant

Je suis un morceau de silence

Que le hasard à posé là

Moins réel qu'un transparence

Un triste miroir sans éclats

Mais au profond de mes absences

Je rêve que je lui prends la main

Et qu'un nouveau chemin commence

Qu'elle fait partie de mon destin



Elle est mon but inaccessible

Je cherche les mots à lui donner

Tant de beauté est indicible

Tant de douceur est à pleurer

Je la regarde quand elle passe

Quand elle sourit légèrement

Son regard embellit l'espace

Comme une averse de printemps



Mais pour elle je n'existe pas

Je ne suis qu'un objet banal

Elle ne me voit pas je la vois

Elle est si belle que j'en ai mal.

29 08 07

Je voudrais vous raconter

Ce coin où je suis né

Où j'ai vécu l'enfance

Ce petit coin tranquille

Dans le cœur d'une ville

Mon temps de l'insouciance



Dans la maison en bois

qu'avait construit papa

C'était pas la richesse

Pour moi j'étais petit

C'était un paradis

Tout rempli de tendresse



C'était il y a longtemps

Avant que je sois grand

Dans les années cinquante

C'était toujours la fête

Quand un air de musette

Sortait du poste à lampes



Avec tous les copains

Les mômes des voisins

On jouait dans la rue

On n'emmerdait personne

Et sur le plan bagnoles

C'était pas la cohue



De nos grands yeux d'enfant

On admirait les grands

Qui avaient des mobylettes

Eux c'étaient des loubards

Des vrais des blousons noirs

Des héros dans nos têtes



Soixante et soixante-dix

Sont passés bien trop vite

Pour que vraiment j'y pense

Quatre-vingt est venu

Et puis tellement de plus

La nostalgie avance



Quand je vais à Montreuil

Je revois ce quartier

Bourré de souvenirs

si tout a bien changé

Pas l'ombre d'un regret

Ne voile mon sourire



Le passé est passé

J'ai quitté ce quartier

J'ai quitté mon enfance

Et mes mômes un beau jour

Penseront avec amour

A leur temps d'insouciance



08 02 1985 – 16 12 1992



J'ai connu un Montreuil qui n'existera plus

Le crottin des chevaux ramassé dans la rue

Les bateaux de papier courant les caniveaux

La bande de copains pour les courses en vélo

Les filles gentilles et douces pour quelques émotions

Des promesses non tenues des paniers de frissons

Des soleils d'amitié des flippers des billards

Et des soirées trop bues à tenir les comptoirs



J'ai construit des Corrèze chimériques et tranquilles

Des collines ondulantes pour entourer les villes

Des chemins dans les bois d'automne mordoré

Des amours au printemps fleuri des châtaigniers

J'ai bâti des enfances au ventre des étés

Des bonheurs insolents des filles aux cerisiers

Des veillées de silence des matins doux et clairs

Et des incandescence au toit des Monédières



J'ai vécu des Bretagne d'îles noyées de vent

Des féeries rougies aux feux de l'océan

Des endormissements de brumes et de pluies

Des journées bien trop courtes et des nuits de folie

J'ai ceinturé mes songes d'ajoncs et de genêts

Espace fleuri de lande profondeur de forêt

D'éternelles aventures échappées des chansons

De délices infinies perdues sur l'horizon



Il ne faut pas grand chose pour construire une vie

Des histoires et des rêves des jours suivant des nuits

Des souvenirs parfois ramenés par le vent

Pour que je sache encore que j'ai été enfant

Que j'ai pensé un monde qui serait sans frontières

Enfin débarrassé des horreurs et des guerres

Mais je n'ai rien trouvé de ce que j'imagine

Pas trouvé un pays où planter mes racines



Je n'ai rien vu passer je suis adolescent

Porté par le hasard j'ai filé dans le temps

Bien assez pour savoir que si elle est cruelle

Il faut bien peu de choses pour que la vie soit belle.



1995 ?





La nuit me balaie le visage

Comme le soleil de minuit

Elle me saoule bien davantage

Qu'une botte de radis

Cette nuit il fait bien clair

Pourtant c'est à peine midi

Un casse-croûte et un petit verre

Et ce sera reparti !



La grande Berthe me l'avais bien dit

Celle du fond du bout du fond

Ne bois pas cette saloperie

Ou tu vas devenir con

Tu vas faire comme moi après

Tu ne sauras plus ce que tu fais

Tu iras chercher du muguet

sur une plage en plein juillet



Tu pourras voir des voitures

Sur les quais dans le métro

Et semer sur tes brûlures

Quelques beaux plants d'artichaut

Tu arriverais à confondre

Le pape avec une putain

Et donner à son arrière train

Le dû du pauvre tapin



Prends pas ce truc au trichlo

Ça te donne mal à la tête

Tu crois que c'est rigolo

Que c'est mieux pour faire la fête

Mais pourquoi tu fais du vélo

Sur le képi de cet agent

Ça ne lui plaît pas de trop

Et tu pédales contre le vent



Arrête de tambouriner

Je te dis c'est pas un taxi

Et l'hôtel où on va t'amener

N'est pas l'hôtel du paradis

Fais gaffe ne pique pas les grilles

Pour en faire un barbecue

Déjà ce ne serait pas facile

Et ça ne leur plairait pas du tout



Demain si tu sors intact

Tu vas te mettre aux radis

Ça a beaucoup moins d'impact

Que cet alcool je te le dis

Tu n'est pas près d'être bourré

En buvant du jus de salsifis

Mais tu gardes ta liberté

Même si tout autant tu vomis



Mais tu auras des regrets

Et même de la nostalgie

De ces nuits de grand soleil

Où tu jouais avec ta vie

En oubliant les garde-fous

Et lorsque tu seras mort

Tu ne regretteras rien du tout !

1997



Il fait chaud il fera beau demain

C'est l'été qui crache son venin

Des jeunes filles nues prennent leur bain

Une autre mafflue montre ses seins

Vivement l'automne

Que je mange des pommes

Tout seul



Le sable sent l'huile et la sueur

Les touristes y trouvent leur bonheur

Les amoureux s'activent dans les fourrés

Les châteaux sont détruits par la marée

Vivement l'hiver

que je pêche des praires

Tout seul



Les campings débordent de graisse brûlée

Ça pue la friture et la diarrhée

Lest bagnoles écrasent les bas-côtés

Le garde-champêtre est débordé

Vivement le printemps

Que je cueille les fleurs des champs

Tout seul



Au café il y a des filles délurées

Qui se laissent facilement peloter

Le string à peine caché par la jupette

On y met la main sans qu'elles rouspètent

Y a que l'été

que je ne prends pas mon pied

Tout seul !

06 07 06

Avant de te connaître

Je croyais à la mort

Le ciel par la fenêtre

N'était plus qu'un décor

Je ne pouvais y voir

Que des étoiles éteintes

Comètes sans espoir

Ne laissant pas d'empreinte



Avant de te connaître

J'avais tout oublié

Je faisais semblant d'être

Enveloppe abandonnée

Je ne sentais plus rien

Ni désir ni douleur

J'allais sur le chemin

Sans malheur ni bonheur



J'étais sans impatience

Du sourire des femmes

Perdu dans le silence

Où je tenais mon âme

Je contemplais le vide

De l'avenir perdu

Je goûtais l'insipide

Et je m'y plongeais nu



Et puis tu m'as fait naître

Puisque je n'étais rien

Avant de te connaître

que tu me tendes la main

Dans le vert de tes yeux

J'ai vu le grand soleil

Disque d'or sur le bleu

Dont tu as peint mon ciel



Au désert de ma vie

Tu as semé des fleurs

Ton sourire a suffit

A réveiller mon cœur

Tu es ma source vive

Et ma liberté même

Ma chance mon estive

Je t'aime



22 09 07







Elle lui lance un regard

Bavard

Et lui

Ébahi imbécile

Ne voit que la beauté

La beauté sombre et bleue

De ses yeux

Plus tard

Pour s'endormir peut-être

Il verra tout le reste

Il verra tous les gestes

Il repensera

A la tête penchée sur l'épaule

Au visage posé sur la main

A la chair pulpeuse

La bouche entrouverte

Plus tard sera trop tard

Au sourire

Comme une lumière

Il aura encore un espoir

Puis le contraire

Plus tard

Perdu dans son regard

Trop tard.



27 07 08



Combien de temps faut-il

Des souvenirs tranquilles

Des frôlements secrets

Des regards discrets

Pour ce premier baiser

Cette peau caressée

Pour ces mots murmurés

Pour ces deux corps serrés



Combien de temps faut-il

Petits instants tranquilles

A voir main dans la main

Le soleil du matin

Et puis tant d'autres jours

A se dire toujours

A ne faire plus qu'un

A rêver le chemin



Combien de temps faut-il

Pour une vie tranquille

De chansons et de rires

Voir les enfants grandir

Pour ce petit matin

Sur le banc du jardin

Paisible et silencieux

Simplement être heureux



Combien de vies faut-il ?



12 07 08



Je ne comprends plus tes messages

Je ne sens plus tes vibrations

Je ne sais plus si tu es sage

Je ne sais plus qui a raison

tout ce passé qui m'appartient

Quand je me souviens de tes yeux

Comme cette pluie du matin

tombée de tes nuages bleus

Est-ce que tu sais ce que je veux ?



Je ne vais plus dans tes méandres

Je ne fouille plus tes silences

Je suis sans sourire à te rendre

Le présent est une indécence

Tout ce passé qui est le mien

Cette vie où rien ne s'agite

Mes lèvres posées sur ta main

Cette vie où je vais trop vite

Est-ce que je sais ce que je veux ?



Je déchire toutes les attaches

Puisque demain sera nouveau

Je ne sais plus où tu te caches

J'aimerais bien aller plus haut

Tout ce passé qui me revient

Comme un grand vide dans le cœur

Tu t'effaces de mon destin

Pourtant plus rien ne me fait peur

Est que je sais ce que je veux ?



Et si l'amour m'abandonne

Si je choisis la solitude

C'est tout le froid que tu me donnes

Pour l'avenir qui se dénude

Tout ce passé déjà lointain

A longer des tristes frontières

Qui m'accompagne vers un demain

Qui va ressembler à hier

Est-ce que je sais ce que je veux ?



Mais je ne veux pas te corrompre

Pas plus que te sacraliser

Il n'y a plus de lien à rompre

Plus rien ne peut nous détacher

Je choisis la route déserte

Parce que je n'ai pas trouvé mieux

Si ce chemin me déconcerte

Est-ce que je sais ce que je veux ?



(non daté)



Je cherche des pierres de patience

Pour construire mon bunker

Je les choisis soigneusement

Elles doivent préserver le silence

Qui règne dans le fond de la mer

Comme dans mon enfermement



Je n'ai pas de maître à penser

Je n'ai pas d'idole pas de dieu

J'attends sans hâte la vieillesse

J'ai une enfance dans le passé

Un grand soleil d'étés heureux

Et je me dis que rien ne presse



Je suis un moine contemplatif

Qui ne connaît pas de prières

Sinon des blagues pour rire à l'aise

Le diable et moi c'est kif-kif

Quand je rode dans la monastère

Où je veux vivre mon ascèse



Je suis un mystique ignoré

Un vieux messie sans foi ni loi

Je lève le jupon des blondes

Un irréligieux athée

J'ai même du mal à croire en moi

Sauf quand la bêtise débonde



J'ai vécu cent-mille vies

Dont quelques unes de bonnes

Celles que j'ai oubliées

J'ai eu des milliards d'amis

Excusez moi je déconne

Ce qu'il faut une poignée



J'ai travaillé bien longtemps

Pour autant de choses futiles

Que je suis bien fatigué

Est-ce qu'il me reste du temps

Pour enfin jouir de l'inutile

De nature et de liberté



Où vais-je trouver un désert

Une terre que le vent dénude

Pour y installer la paix

J'y inventerais des pierres

Pour protéger ma solitude

Je vous y inviterais



Mais mon pas se fait si lourd...



02 08 06





Elle est douce elle file dans nos mains

Comme les traits blancs des autoroutes

Ces lueurs dans le lointain

Entre le ciel et le doute



Elle est comme une frontière

Une rupture dans le temps

Entre demain et hier

Comme l'avenir au présent



Elle est ce que l'on veut en faire

Du plaisir ou du malheur

Le paradis ou l'enfer

Elle ne dure que quelques heures



Elle est à toi maintenant

Sans limite et sans profondeur

Fraîche comme un coup de vent

Parfumée comme les fleurs



Insaisissable et magique

Elle peut te faire voyager

Sur des ondes de musique

Surfant sur la voie lactée



Elle vient tout doucement

Et s'insinue dans les regards

S'immisce dans les sentiments

Et fait naître les brouillards



C'est une porte vers la liberté

Un sas avant la plénitude

Une tristesse désarmée

Le secret de la solitude



Elle a tout ce qu'il faut pour plaire

Même si elle peut faire peur aussi

Avec sa curieuse lumière

Ce silence qui s'épaissit



Elle est ma compagne fidèle

Elle guide ma main quand j'écris

Elle est une fée si belle

Qui peut allonger la vie



Elle est vive comme un torrent

Immobile comme l'attente

Blanche comme le gel craquant

Ou sombre et désespérante



Elle te passe de l'autre côté

Mais c'est toi qui avance toujours

Elle revient pour nous reposer

On voudrait qu'elle soit l'amour



Elle va de soleil en soleil

Elle nous montre l'univers

Des myriades de points pareils

Au grain de sable du désert



Je l'aime livide sous la lune

Je l'aime noir comme l'oubli

Je l'aime légère comme une brume

Je l'aime sombre comme un puits



Elle est la promesse du jour

Elle est le désir du lit

Elle est tout cet espace autour

Qui fait ressentir l'infini



La nuit



17 10 04





Tu es ivre de son regard clair

Tu n'as plus besoin d'autre chose

Que le satiné de sa chair

C'est ce que la vie te propose

Qu'importe les heures et les jours

Et la mélodie du silence

La rivière du temps qui courre

Sur son éternité immense



Rien que sa peau contre ta peau

Te suffit pour que tu découvres

Sa transparence comme de l'eau

Derrière la fenêtre qui s'ouvre

Elle devient ton alcool tranquille

L'aube de ton jardin des délices

Ton utopie de l'an dix-mille

Ton addiction sans artifice



Elle joue sur ton corps des arpèges

Comme sur les cordes d'une guitare

Tu fais parti de son solfège

Sur la portée où elle t'égare

Et si elle part sur le vent

Vers des ailleurs où tu n'es pas

Des paysages différents

Ton amour ne la quitte pas



Alors tu la serres dans tes bras

tu laisses tes mains se promener

Quand elle s'allonge près de toi

Avec l'envie de voyager. 22 10 08

Tu peux sans t'en rendre compte

Sauter tous les ruisseaux

Tu es si près de la source

Tu écoute ce que raconte

Le son cristallin de l'eau

Qui sans fin poursuit sa course



Même si c'est un torrent

Et qu'il cascade parfois

Tu te plais dans ces jeux fous

Comme tu joues avec le vent

S'il te malmène quelquefois

T'entraîne dans ses remous



Mais la rivière s'élargit

il faut apprendre à nager

Ou remonter sur la berge

Ce tumulte c'est la vie

Ce souffle la liberté

Qui inonde tes vingt berges



Plus tard et plus large encore

Il te faut chercher des ponts

Pour poursuivre le voyage

Le fleuve change le décor

Et s'il approche l'horizon

Il alourdit le bagage



Et si tu me tends la main

Est-ce que je pourrais franchir

D'un bond cette éternité

Quand j'arriverai demain

En dépit de mes désirs

A l'océan redouté



Quand seront loin les tempêtes

Les folies les ouragans

tous les ponts seront trop courts

Quand seront mortes les fêtes

Les jours de déchaînement

Il n'y aura plus d'amour



Laisse aller à la jeunesse

Le sang vif du ruisseau

Tu es si près de la source

Ne te soucie pas que cesse

Un jour de couler le flot

Quand j'aurai fini ma course.



10 11 08







Le vent dessine dans les nuages

Des vraisemblances chimérique

Des géographies des voyages

Et des émotions poétiques

La beauté d'une déchirure

Le gris qui s'ouvre sur le bleu

Je lis dans les effilochures

La tendre lumière de tes yeux

Je suis assis comme au spectacle

L'âme dans les rêves ancrée

Pour y déchiffrer les oracles

Météo de la destinée

Je vois la jeunesse dans mon âge

Des fleurs rouges épanouies

Le désir au cœur du présage

Comme l'espoir dans la folie

Et puis la nuit mange le ciel

Étale l'obscur sur la toile

Et dans ce noir artificiel

Elle allume quelques étoiles

Je me satisfais de bien peu

A peine une vision fugace

L'effleurement sur mes cheveux

Un geste pur comme une audace

Que m'importe les transparences

La lune visible sur l'azur

La peur jusqu'au fond du silence

Le songe noyé sur ta cambrure

Ce n'est rien d'autre qu'un nuage

Que le vent vient effilocher

Qui m'entraîne dans ce voyage

Que stoppe la réalité.



11 07 09

Il reste là sans rien attendre

Ne lui demande pas qui il est

Sa réponse pourrait te surprendre

Si par hasard il répondait

C'est un beau vieux aux cheveux gris

Au sourire dans les yeux brillants

La clope au bec les dents jaunies

La peau tannée par les ans

Son visage creusé de ravins

Est couvert d'une barbe frisée

Il tient sa canne dans une main

L'autre sur un genou posée

Il me regarde sans me voir

Ne répond pas à mon bonjour

Il va resté là jusqu'au soir

Assis sur ce banc dans la cour

Ça fait bien longtemps qu'il habite

Ce vieil immeuble de Paris

Personne ne lui rend visite

Personne ne sait comment il vit

C'est un vagabond du dedans

Je le vois chaque matin

Venir se poser sur le banc

Sa canne tordue à la main

Je persiste à le saluer

Et il persiste à me sourire

Sans cesser de voyager

Son passé est son avenir

Un jour il ne sortira pas

La cour restera déserte

Je crois qu'il me manquera

Que je souffrirai de sa perte

Il reste là sans rien attendre

Je ne lui demande rien...



11 09 06





Il faudrait l'éloquence froide et mordorée

De cette feuille qui tombe dans son dernier silence

Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé

Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence



La musique du vent soufflant aux branches nues

L'appel d'un corbeau sur le matin tranquille

A peine ce nuage qui traverse les nues

Et me met dans la tête quelques idées puériles



Sans sa beauté lugubre l'automne ne vaut rien

Le soleil est trop vif d'une gaîté étrange

Sa lumière trop pâle étouffe les chagrins

Et la douceur du spleen n'aime pas ce mélange



Les reflets de la lune viennent astiquer le sol

blanchissent le gazon des pelouses séchées

La buse sur le poteau guette le campagnol

Le crépuscule voit l'horizon s'embraser



Il manque quelque chose qui ne sait dire son nom

Un poids peut-être bien une lourdeur grise

La noirceur des brouillards dessus comme un plafond

Les embruns quelquefois transportés par la bise



Dans mes veines palpite ce printemps décalé

Les lézards sortent encore paresser sur les pierres

Le chrysanthème en fleur voit l'abeille butiner

Pour dire cette splendeur trompeuse de la terre

Il faudrait l'éloquence...



15 10 09

A peine léger comme une brume

Comme la feuille décrochée

Un fragment de temps que parfume

Ce bout de rêve ensommeillé

Je n'ose pas ouvrir les yeux

Je ne veux pas me réveiller

Je plane sur le sourire bleu

De ce matin ensoleillé



L'étoile brille dans ma nuit

comme la lumière de l'été

Le froid s'esbigne dans l'oubli

Ta peau est chaude et veloutée

Je n'ai plus ni âge ni poids

Je ne crains pas de me noyer

Je m'agrippe de tous mes doigts

A tes seins comme à des bouées



Mais il est temps je le sais bien

Que je dégage du plumard

L'automne souffle un vent malsain

Et la douceur du songe m'égare

Je dois retrouver le réel

La rouille qui fait grincer les os

Quitter le bonheur virtuel

De ma peau tout contre ta peau



A peine ce soupçon de vent

Déjà ton corps s'est échappé

Dans l'air sourire évanescent

Petit plaisir pour la journée

Ce bout de rêve ensommeillé. 05 10 05 96

L'amour désarticule le sang de l'éphémère

Le précipice ouvert sous le fil aveuglé

Puits profond de silence

Et parfois je me vois mendier dans le désert

Parfois je rêve encore de cette éternité

Comme d'une innocence



Il peut pleuvoir comme le vent peut souffler très fort

Un fragment d'azur clair peut déchirer le gis

Venir même le printemps

Parfois mes jambes sont lourdes je regarde dehors

Sans trouver de courage même au cœur de la nuit

Quand l'escalier descend



L'amour même la haine me deviennent étrangers

Je flotte au gré de l'air parfois dans une bulle

Et je suis libre enfin

Dans le poison cruel de cette liberté

Le tranchant du rasoir sous mon pas funambule

Comme unique chemin



Le poids de l'or me ploie sous sa charge imposante

Je fermerai ma gueule un de ces jours prochains

Lorsque tout sera dit

Jamais je n'ai écrit de chansons qui se chantent

si parfois j'ai voulu m'y noyer mes frangins

Des torrents de whisky



Je laisserai pourtant ces délires gravés

Des poussières de cagnard avant l'heure des moustiques

Des soleils qui se lèvent

quelques étoiles filantes dans le ciel d'un été

Des concrétions amères qui se voulaient musique

Les mots pillant les rêves



Parfois le blanc nacré sur des routes lointaines

Un copain mâchonnant une baguette en béton

Et tant d'autre voyage

Des navire sauvés d'un port en quarantaine

Sur la mer givrée d'une autoroute sans fond

L'aventure en bagage



Je suis né immobile depuis je vagabonde

Et je refais des pas tant de fois déjà faits

Qui ne se refont pas

chaque instant m'est précieux tant que je suis au monde

Ma mémoire est un gouffre qui se gonfle de laid

Et de beau quelquefois



Je n'oublie jamais rien je m'arrange et je passe

Je fais des analyses dans mon laboratoire

Je triche un peu parfois

Je lâche l'animal si l'animal me lasse

Je tangue vers l'obscur j'y devine un espoir

Dans le cœur lourd et froid



Hambourg Copenhague Vienne Bratislava

Satu-Mare Bercu Dunkerque Rotterdam

Quand parfois j'y reviens

Ultime vagabond qui traînaille par là

Tant de temps qui s'écoule où s'écoule mon âme

Quand il n'y a plus rien



J'étends mes jambes maigres au cygne qui décolle

Avec mes pieds puants trempant dans le Neckar

Sous la pluie germanique

Parfois je laisse au fond un peu de cet alcool

Cette chair de houblon que l'on boit jusque tard

Un bière utopique



Je naufrage parfois d'un sombre désespoir

Je laisse dériver ma barque sur mon ire

Et je vais jusqu'au bout

Le matin me réveille arpégé de guitare

Et de cernes bleuis allégés d'un sourire

La sagesse du fou



Je suis d'os et de peau et de ce sang impur

Qu'on apprend aux gamins qui s'en font une idée

Pourtant je reste intact

Rien de rien en ce monde dont je puisse être sûr

Que la mort qui m'attend à cette extrémité

Et qui manque de tact



Je n'oublie rien jamais et je souris encore

L'out back violet de l'été en décembre

Où je n'irai jamais

La méditerranée si nue de l'autre bord

Hamid de Kabylie a cessé de m'attendre

Au bled à Michelet



Michèle me tient la main souvent quand je transpire

Elle reste avec moi elle me donne des mots

Comme des enfants heureux

Quand je me couche alors le désert se retire

Et si je sens parfois un souffle sur mon dos

J'en prends assez pour deux



L'amour me condamne perpétuité infime

a la saveur du jour demain qui se prépare

A me noyer encore

A la douceur du grain aux fragrances intimes

Et aux navigations obscures et sans radar

Pour repousser les ports



Le facteur est passé du mot épistolaire

Tenant son pistolet à factures braqué

Dans ma boite crânienne

Je sème à la tempête des jeux de solitaire

Cette lettre nouvelle qui n'est pas arrivée

Est-ce la pénultième



Tout ce temps échappé fuyant d'une blessure

Pour encore une aurore et une aurore parfois

Respirant l'avenir

Le surf sur les lames frôlant la déchirure

Et les chevaux d'embruns galopant sous le toit

Je les entends hennir



Et des visages lampes et du son de vos voix

J'éclaire consciemment jusqu'au fond de mon cœur

Une onde familière

Un rire de guitare me surprend quelquefois

Un hoquet ferraillant qui ressemble au bonheur

Le sang de l'éphémère.



02 08 08





Ce miroir fendillé renvoie surtout mes rides

Il confond le futur et le conditionnel

Mais le « si » qu'il me joue s'agace devant le vide

C'est le poids de ce rien qui fait trembler mon ciel



Il ramène l'imparfait avec ses auxiliaires

Les images transies d'un temps aléatoire

La blessure d'un soleil qui se cachait hier

Qu'une goutte de pluie ranime à la mémoire



Des images de mots en noir sur le fond blanc

La fougue de ce torrent en presque automatique

Qui roule dans ses galets les morts et les vivants

L'avenir qui s'en fout le passé qui claudique



C'est derrière que ça joue en mineur bien souvent

En septième quelquefois pour blueser le plaisir

Et le majeur tendu pour voir d'où vient le vent

Qui grave sur l'écran l'infime du souvenir



Ce fleuve me réfléchit parfois un flot d'insultes

Un barrage de remords contient l'impétueux

Jusqu'à ce que l'oubli apaise le tumulte

Semant dans la musique des soupirs pernicieux



Même l'imaginaire quand je suis sur le pont

Envoie sur le tableau sa lumière rasante

Il creuse des ravins même dans les chansons

Il grésille jusqu'aux croches les plus insignifiantes



Maintenant je regarde le passé immédiat

Les yeux de l'avenir avalés par les cernes

Une lumière noire envoyant ses éclats

Dans mon dos loin derrière où je tiens la lanterne



Demain n'existe pas sinon au creux des songes

Et le passé n'est simple qu'à ne pas y penser

L'avant qui nous soutient si le présent nous ronge

Comme une météo de la réalité



Lecteur pointilleux je déchiffre les signes

Que mon cerveau envoie par mes doigts engourdis

S'afficher sur l'écran et même entre les lignes

Je vois se resserrer celles du fendillement



Alors laissant aller je cataracte encore

Contemplant ébahi dans ce fatras de mots

Ma jeunesse qui se terre au fond de ce décor

Et se souvient d'un monde où demain sera beau.



28 06 07





Que de temps qui passe à ne penser à rien

Suspendu dans le vide comme un triste pantin

A regarder dans l'invisible et dans l'absence

A piétiner dans le néant et le silence



Que de moments figés dans une gélatine

La transparence molle d'un ennui qui s'obstine

A ouvrir les yeux sur le gris du matin

Au seuil d'une journée longue comme un chagrin



Trop de désirs manquants pour que le soleil vienne

Que le chant des oiseaux me tire et me retienne

Tant d'obstacles à sauter quand je me sens perdu

Sans force dans le pied pour me botter le cul !



19 06 06





Tant de nuits tant de jours qui passent

Et les gestes d'amour s'encrassent

S'éloignent les soleils les étoiles

Vient le goût du sommeil dans la toile

Dans les toiles



La toile blanche du jour ou de la nuit

Où sont les traces d'amour où sont-elles parties

On dit que c'est tendresse cet ennui

Avant j'aimais tes fesses et la vie

Et la vie



J'aimais être dans toi et courir

théâtre et cinéma le plaisir

Profiter te ta peau me nicher

Tout ce doux et ce chaud embrasé

Exacerbé



C'est fini le temps du tango bien ralenti

On a perdu le tempo on a vieilli

Bientôt sera le moment de tout fermer

Pour moi maîtresse pour toi amant fini de rêver

Fini de rêver



Tu reviendras contre moi est-il trop tard

Y a t'il d'autres émois d'autres espoirs

Autre chose à vivre pour nous Rien que deux

Oublier brouillards et remous être heureux

Être heureux



Tomorow is another day c'est ce qu'on dit

Ça fait du bien au oreilles C'est joli

Je ne pas te dire je t'aime ou chérie

Je ne veux pas te faire la peine d'une menterie



Tant de jours tant de nuits

Vient le goût du sommeil...



19 12 04





Bien sûr je prends toujours

Quelques gestes d'amour

Que parfois tu me donnes

Ce sont des faux semblants

Exempts de sentiment

Juste un ersatz en somme



J'y trouve l'apaisement

La fin de ces tourments

Qui maltraitent mon corps

Ce n'est pas une offrande

Rien qu'une affaire de glandes

Qui cesse après la mort



Fini les barricades

Les sombres engueulades

Quand je n'en pouvais plus

Que je hurlais de rage

Tu faisais ton bagage

Puis on n'en parlait plus



J'étais dans le malheur

Vivants sur mes douleurs

Nié solitaire et fou

Mais tu vois le temps passe

Et les chagrins s'effacent

Ce temps là je m'en fous



Les mois et les années

Et les heures ont filé

Voyage sans retour

Emmenant les souffrances

Et la désespérance

Et détruisant l'amour



Je n'ai pas cette tristesse

Ni ce mal que laisse

Les anciennes blessures

Je n'ai pas de colère

Je ne suis pas amer

Je suis sans déchirure



Mais maintenant tu vois

Tu fais n'importe quoi

Et je ne dis plus rien

Tu restes dans ma vie

Mais pas dans mes soucis

Plus dans mes lendemains



Tu fais comme tu veux

Ou bien comme tu peux

Je ne sais rien y faire

C'est dommage mais tu vois

Aujourd'hui chaque pas

Que tu fais m'indiffère



Ce qu'il faut de duperies

Ce tas d'hypocrisies

Je les ai balayé

Je vis au jour le jour

Et ce désert autour

Je me sens libéré



C'est curieux quand j'y pense

De sortir sans souffrance

D'un naufrage pareil

Et d'aimer en silence

La belle indifférence

Qui devient mon soleil.



(non daté)



Salut vieux crabe salut beau prince

C'est la camarde qui tient tes pinces

Je viens t'écrire une chanson

avant que tu aspires mes poumons

Que tu viennes bousiller mon foie

Mon œil ma langue mes pieds mes doigts

Que tu t'en prennes à mon colon

A mon cerveau ou mon menton

Que j'ai des ganglions qui poussent

Et des tumeurs comme cette mousse

Qui vient sur les troncs d'arbres au nord

Du côté froid du côté mort

Tu joues mais ce n'est pas marrant

Puisqu'on perd la plupart du temps

Même si on perd dès la naissance

Même si c'est perdu d'avance

Je dois dire qu'on est pas pressé

De voir la ligne d'arrivée

Les sprinters c'est bien en vélo

Avec toi c'est moins rigolo

Qu'est-ce que tu attends pour y passer

Tes stases ne peuvent pas t'infecter

Tu es caché au fond de nous

Sûr de ne pas rater ton coup

Tu es dans l'eau tu es dans l'air

Tu fais du paradis l'enfer

Tu es dans la chair et le sang

tu vas jusqu'au cœur des enfants

Moi je sais bien que tu es là

Tu ris quand je me moque de toi

Tu es sûr de tous tes calculs

Tu affûtes tes mandibules

OUI je sais bien que tu es là

Peut-être bien que tu m'auras

Peut-être bien que je mourrais

Et qu'avec toi je partirais

En attendant je suis vivant

Et si je n'en ai plus pour longtemps

Il me reste un filet de voix

Assez pour t'écrire tout ça



Salut vieux crabe salut beau prince

C'est la camarde qui tient tes pinces

Moi c'est l'amour qui me tient debout

Tant que j'en aurais Tu ne m'auras pas !



15 11 04



Je ne veux pas des avions

Ni des trains à grande vitesse

Je suis bien à la maison

A profiter de ma paresse

Après quoi courent tous ces gens

Que je vois sur les trottoirs

Ou qui forment ce serpent

Qui bouche le boulevard

A quoi bon courir tout le temps

Passer sa vie au boulot

Courir est bien trop fatiguant

La mort viendra bien assez tôt

C'est si bon de ne rien faire

Que d'aller se promener

Les pieds bien posés sur terre

Et ses parfums dans le nez

A quoi ça sert d'aller vite

Ne rien voir de la beauté

Dans ce monde où tout s'agite

On ne peut plus respirer !

Je ne veux pas des avions

Ni des trains à grande vitesse

Je suis bien à la maison

A profiter de ma paresse.



Solitaire je bois de l'alcool mou

J'attends

D'une improbable espérance

Faut-i croire que je suis fou ?

Qu'y a t'il derrière le silence ?

Sinon moi

Mes broches font du yo-yo

Mon estomac se révulse

C'est dans mon sang

Ça pulse

C'est ma vie

Ça n'interdit pas le sourire

Ni l'amitié même l'amour

Je pourrais même mourir de rire

Mais ce n'est pas mon jour

Ce sois je bois de l'alcool mou.



09 09 06





Dans cinq minutes ou demain

Sans rien dire ni préparer

Sans bagage ni destin

Que l'envie de respirer

Sans rien oublier d'avant

Et sans rien savoir d'après

Pour profiter d'un instant

Pour n'avoir pas de regrets

Laisser derrière moi les doutes

Préférer le cri du vent

Se laisser faire par la route

Ne pas se soucier du temps

Je suis prêt pour le départ

Je suis paré pour aventure

Puisqu'on est là par hasard

Et que jamais rien ne dure

La vie est une plaisanterie

De bon ou de mauvais goût

On peut la rire à l'envie

Ou la vomir de dégoût

Je vous emmène avec moi

On démarre quand vous voulez

Et puis si on reste là

On a le droit de rêver

Je suis prêt pour une autre vie

Pour toutes les espérances

Toutes les couleurs tous les pays

Tous les bonheurs toutes les chances

Dans cinq minutes ou demain...



25 07 05

La folie est dans la conscience

Où elle joue un accord majeur

Et la sagesse dans le silence

Dans le froid où fanent les fleurs



Et ma main sait rester immobile et secrètes

Quand tu tends cette chair qu'elle ne peut plus toucher

Et les rêves sont vains dans cette nuit abstraite

Et mon âme sous le poids plie sans rien oublier

C'est en mineur que vient vibrer l'accord

Et jusqu'à l'infini s'étend sa résonance

Et l'atroce folie qui sépare nos corps

Prolonge le chant maudit de la désespérance.



05 11 06







Le vert est teinté de froid

Il se recroqueville dans l'aube

Même si l'automne n'est pas là

L'été se confit dans la daube

La brume baigne le matin

L'hiver déjà joue son prélude

Et lje marche sur ce chemin

Dans le vent de la solitude



Bientôt seront entre les murs

Les artifices des guirlandes

Trouées dans le néants obscur

D'un longue nuit de contrebande

Et la lumière va gagner

Une autre bousillera mon cœur

Et le printemps va arriver

Comme une fille qui me fait peur



Le mal succède à la douleur

Et la douleur suit le plaisir

Comme pour un enfant les pleurs

Sombrent dans un éclat de rire

Je n'ai qu'une idée du bonheur

Elle te ressemble aujourd'hui

Je n'ai qu'une idée du malheur

Quand le jour part revient la nuit



Tourne la valse des amours

Qui jamais ne durent

Mais aux nuits alternent les jours

La vie naît de cette blessure.

05 09 06

Sans être nyctalope pourtant

J'ai eu des nocturnes errances

Entre ivresse et désespérance

Qui me reviennent maintenant

Désincarnées et incertaines

Mais encore lugubres et noires

Et je m'y vois comme au miroir

L'image nette bien que lointaine

Chacun de nous la multitude

Lisant l'avenir dans la bière

Encore des demains comme hier

L'âme percluse de solitude

Bien tristes nuits quand j'y repense

Tant de fatigues engrangées

Je m'y vois comme un étranger

Dans ces fermées de l'absence

Mais rien ne cogne et rien ne blesse

A resurgir de ces histoires

Qui titubent sur les trottoirs

Avec un parfum de jeunesse

Je m'avoue parfois des regrets

Qu'avec l'âge l'on s'assagisse

De la mort je vois les prémisses

Est-ce bien elle que l'on cherchait

Quand la folie guidait mes pas

J'avais une chanson aux lèvres

Et cette perpétuelle fièvre

Qui me jetait dans des combats

Alors l'étranger quelquefois

Que je croise dans les souvenirs

Me fait signe de revenir

J'y vais mais je ne bouge pas ! 03 11 0921/02/21



Quand je sors de ce film

-J'y tiens le premier rôle-

Je me perds quelquefois

Dans la réalité

La lumière qui décline

L'aube qui ralentit

La beauté

Qui s'évade vers d'autres horizons

La jeunesse éternelle

Illusion

Un petit pas idiot vers demain

Dérisoire

Une poignée de remords ramassés

Pour l'insensé d'un geste

Hasardé par mégarde

D'un rêve sans contrôle

Quand je sors de ce film

Je laisse les mensonges

Je me retrouve usé

Avec cette fatigue

Et l'âge qui avance

L'avenir exigu

Et le soleil quand même

Pâle et bas de janvier.



25 01 09

Un chien à lunettes

Mange une gaufrette

Couché dans la cour

Assis dans une yourte

Le canard mongol

Joue du violoncelle

Une institutrice

Écrit au tableau

Ce poème idiot



Un chien à lunettes

Assis dans une yourte

Écrit au tableau

Une institutrice

Couchée dans la cour

Joue du violoncelle

Ce poème idiot

Le canard mongol

Mange une gaufrette



Un chien à lunettes

Écrit au tableau

Une institutrice

Le canard mongol

COUCHÉ dans la cour

Ce poème idiot

Joue du VIOLONCELLE

Mange une gaufrette

Assis dans une yourte



Un chien à gaufrettes

Assis au tableau

Écrit le canard

Une institutrice

Mange des lunettes

Idiot dans une yourte

Violoncelle couché

Mongol dans la cour

joue ce poème !



17 09 08



Mourir d'une savonnette au pied d'un lavabo

Une belle glissade et un manque de pot

Provoquant dans la chute une inondation

Jusque dans les éponges il y a des morts plus cons

 

Mourir dans le sommeil au bout des lassitudes

Dans le creux frais d'un rêve presque en béatitude

Ou mourir au réveil contemplant le plafond

Le regard bientôt vite il y a des morts plus cons

 

Mourir en se noyant au fond d'une bouteille

Pour avoir cru y voir se cacher des merveilles

Avant d'être aspiré par le cul du flacon

Et n'en pas revenir il y a des morts plus cons

 

Mourir à la sauvette bien planqué dans le noir

sous un tas de carton couché sur le trottoir

par une nuit d'hiver et de triste abandon

Tué d'indifférence il y a des morts plus cons

 

Mourir dans une baignoire d'aucun ont essayé

La baguette magique de l'électricité

Le chaud et froid banal pour une hydrocution

Ou les doigts dans la prise il y a des morts plus cons

 

Mourir par manque de bol alimentaire coincé

rempli jusqu'au oreilles parfaitement gavé

Bloqué en plein milieu de la déglutition

Sans pouvoir respirer il y a des morts plus cons

 

Mourir aux cabinets d'un prout exceptionnel

A consteller les murs des éclats de shrapnel

Et puis qu'enfin les gaz fassent péter la maison

Dans un feu d'artifesses il ya des morts plus cons

 

Mourir au garde à vous saluant le drapeau

La mitraille ennemie envoyant ses pruneaux

 

 

De ce petit trou rouge en plein milieu du front

De ce petit trou rouge en plein milieu du front

Le doigt sur la gâchette il y a des morts plus cons

 

Mourir ratatiné bouffé de métastases

Mourir de ce virus ramené d'une extase

D'un rhume mal placé d'une maladie sans nom

Ou d'un cœur fatigué il ya des morts plus cons

 

Mourir avec un flic assis sur la poitrine

Un de ces abrutis de la race porcine

Qui n'a pour seule cervelle qu'un ordre de mission

Et le sens du devoir il y a des morts plus cons

 

Mourir en promenade dans la nature complice

Et faire ce pas de trop au bord du précipice

Pour après des années transformé en glaçon

sourdre au pied d'un glacier il y a des morts plus cons

 

Mourir de son vivant avalé par la faim

Vidé de choléra et voir venir la fin

Comme une banalité sans poser de questions

Simplement étonné il y a des morts plus cons

 

Mourir dans la tempête d'un arbre fatigué

qui choisit notre tête pour venir se coucher

Et finir écrasé le pif dans le gazon

comme une fleur fanée il y a des morts plus cons

 

Mourir de s'envoler par la fenêtre ouverte

Les bras bien écartés et atterrir inerte

L'écarlate du sang décorant le goudron

D'un monochrome rouge il y a des morts plus cons

 

Mourir de liberté comme d'une aventure

Pour une belle idée jusqu'au bout des tortures

Partir en envoyant les mots d'une chanson

Au nez du tortionnaire il y a des morts plus con

 

 

 

 

Assis devant un char et bien douché d'essence

Partir dans la beauté de cette incandescence

Pour que se voit de loin le poids de l'oppression

Et qu'elle recule enfin il y a des morts plus cons



Assis dans une bagnole ou tranquille au plumard

Dans un congélateur ou bien en plein cagnard

Que l'on soit centenaire que l'on soit nourrisson

Que l'on soit gros ou maigre la mort c'est vraiment con



C'est le bout du chemin c'est elle qui nous attend

Elle qui nous emmerde tant que l'on est vivant

On aimerait qu'elle soit et reste une abstraction

Qu'elle n'existe pas la mort c'est vraiment con !



16 11 08





Le matin quand je m'éveille

Je tourne mon visage heureux

Vers le généreux soleil

De notre avenir radieux

Je prends mes médicaments

Avant le petit déjeuner

Des excitants et des calmants

des vitamines pour la journée

Ensuite avec le sourire

Je pars gaiement vers le boulot

douze heures par jour c'est pas trop pire

Même si ce n'est pas un cadeau

Le patron en veut toujours plus

On est bien d'accord sur le fond

Travailler plus pour gagner plus

Que me rapportent mes actions

Je constate que certains matins

J'ai un peu de mal à me lever

J'ai mal aux pieds et mal aux mains

Les articulations rouillées

Avec mes quatre-vingt printemps

Je ne m'en sors pas encore trop mal

J'ai tant d'amis qui ont foutu le camp

Vers un autre monde sans travail

Je peux faire cette confidence

Je pense à eux sans tristesse

Je les ai vu crever en silence

Noyer au fond de la détresse

Moi si je pouvais choisir

C'est un dimanche que je partirais

Je voudrais bien mourir de rire

Maintenant qu'on ne rit plus jamais. 10 05 07

Je regarde ce temps immobile qui passe

Au rythme des saisons et de leur souvenirs

Tous ces hivers trop blancs ces automnes fugaces

Que la mémoire invente et qui nous font vieillir



Qu'y a t'il derrière éclairé de jeunesse

Qui vient pour habiter l'avenir étréci

Ces images violentes qui pourtant nous caressent

Et ces larmes qui perlent au bord des nostalgies



Ces bonheurs révolus piquants comme des épines

Le sourire des photos aux couleurs fanées

Les échos de ces voix s'accordant pour le spleen

Et les éclats de rire depuis longtemps fêlés...



(Non daté – oublié - inachevé)

Elle sait le temps qui passe elle chante les saisons

Elle n'a pas peur des mots elle est la liberté

Elle est la voix des hommes jusque dans l'abstraction

Elle taille l'émotion du verbe pour la sculpter

 

Elle se pointe en loucedé et me chope la calebasse

Sa litanie de mots encombrante quelquefois

Comme une averse glauque qui engluerait l'espace

Elle vient me pourrir l'air bien mieux que le tabac

 

Elle gerbe ma folie je la suis à la trace

Sans pouvoir tout capter de ses messages abscons

Car elle est si lucide que s'en est dégueulasse

Et je marfle ses baffes comme si c'était bon

 

Elle est profuse en tout elle embellit le monde

Rarement quand elle plane sur le vol des oiseaux

Mais un coup de fusil lui rappelle l'immonde

Et sa sérénité fout le camp aussitôt

 

Dans ses voyages elle a parfois des Amériques

Des cordillères bleues regorgeant de silence

Quelques Afghanistan aux herbes chimériques

Et des libres Afrique tapant sur la conscience

 

Un tonnerre canonnant lui ramène à propos

Un gendarme casqué debout sur une poubelle

Et quelques abrutis s'enfonçant dans le pot

Des pétards dont les mèches n'attendent qu'une étincelle

 

J'entends sa voix de nuit car elle est les ténèbres

Et que le jour n'efface pas sa réalité :

Ce vrai de pacotille que l'univers célèbre

Cet écrasant de vide qui flingue la vérité

 

Elle envoie dans l'espace d'aventureux messages

Qui cognent et rebondissent sur la bêtise fière

De décideurs sourds et libres dans leur cages

 

De se crever les yeux pour ne pas voir l'enfer

 

Elle pose des questions qui n'ont pas de répliques

Mais font tinter les chaînes qui nous tiennent captifs

Des interrogations de bac philosophique

qui nous laissent dans la brume douloureux et pensifs

 

Elle chante le malheur pour créer son contraire

Et son blues quelquefois s'autorise les pleurs

Dans les larmes il y a l'essentiel qu'elle libère

Dans la douleur parfois il y a du bonheur

 

Dans le quotidien lourd elle prend de l'altitude

Loin du rouge du sang et du blanc du linceul

Elle préfère goûter les vins des solitudes

Et ceux de l'amitié qu'on ne boit jamais seul

 

Elle me tient compagnie quand me lâche l'amour

Elle éponge en secret les sanglots des chagrins

Qu'elle habille tendrement d'une chanson de faubourg

De cette chanson là qui parle de demain

 

Elle est ma sœur ma mère ma femme et quelques autres

Rebelle quand elle unit Villon et Néruda

Fraîche comme ce lit sur lequel je me vautre

Je l'attends sans attendre car je sais qu'elle est là

 

Sans elle il n'y a rien sinon le pragmatique

Des horaires contraignants et des jours incertains

Elle sème dans ses paroles une lumière magique

Pour fabriquer du rêve et changer de destin

 

Elle rêve sans hésiter d'un meilleur utopique

Elle touche à tout coup le cœur du sentiment

Elle se maquille de mots s'amuse de musique

Et se laisse envoler dans les dessins d'enfants

La poésie !

13 09 07