Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/04/2021

Années 70 et 80



Ce qui fait vivre l'espérance

Tout ce que je crois

Ce que je dis ce que je chante

Je voudrais sortir du silence.



1979

ANNÉES 70 et 80











Comme une perle de rosée

Un beau matin m'a réveillé

Tu es si fraîche entre mes bras

Je ne rêve plus que de toi

Comme une étoile au ciel de nuit

A effacé les matins gris

Comme une princesse une fée

Tu es venue tu m'as trouvé

Comme un océan de plaisir

La douce fleur de ton sourire

Que je ne cesse d'embrasser

Que je ne cesse d'appeler

Comme une feuille un jour d'automne

Soudain que sa branche abandonne

Tu es venue te reposer

Près de moi tu t'es allongée

Comme une source inespérée

Vient mouiller ma gorge asséchée

Comme une oasis un mirage

Tu es le but de mon voyage

Comme le calme comme la paix

Comme l'enfance que j'aimais

Comme une grande solitude

Comme une immense quiétude

Comme une perle de rosée

Un beau matin m'a réveillé

Mon Amour...



29 03 73

 

 

Que pourrais-je te dire qu'à moi même je ne dis

L'amour n'est pas folie mais je suis fou d'aimer

Plus rien ne m'appartient ni la mort ni la vie

J'ai trop soif d'être seul pour ne pas te quitter



Je fais mon désespoir mes chagrins et mes peines

Que puis t'expliquer qui ne s'explique pas

Tu es toi peu importe ce que tu es je t'aime

Mais nos amours ne marchent pas du même pas



Rien n'est rien et pourtant dans mes yeux pas de larmes

Pas de sanglots cachés avalés silencieux

Rien que des nuits blanchies alarme après alarme

Plus rien que la lumière qui a brûlé mes yeux



Depuis longtemps mon âme n'avait plus souvenance

Des jours après les jours sans comment ni pourquoi

Je ne savais plus les longues heures de souffrance

A n'attendre plus rien que le temps qui s'en va



J'ai voulu boire tout les promesses les serments

J'ai voulu croire tes mots les boire jusqu'à l'ivresse

L'oubli serais trop beau je n'oublie rien vraiment

Pas plus le dégoût que nos nuits de tendresse



A quoi bon dire je t'aime mon amour à quoi bon

Quand c'est si vrai que déjà résigné je suis

J'ai déjà trop perdu mes belles illusions

Alors amour ou pas maintenant c'est fini.



06 04 1973

























Silence dans la nuit folle des cris de tes silences

Souffrance dans la nuit sourde aux cris de mes souffrances

Amour dans le silence où souffre mon amour

Le jour où meurent mes cris aux nuits d'après le jour.



04 04 73







De senteurs salées ici le vent se charge

Sortie des rêves enfin ma Bretagne revit

J'ai sur les lèvres le parfum de l'air du large

J'a dans l'âme les vagues qui viennent et qui s'enfuient

Bretagne de demain que je fais chaque nuit

Bretagne je te rêvais hier sous les étoiles

Tu n'es plus une image une belle utopie

Tu fais souffler l'amour qui vient gonfler ma voile



Michèle te souviens-tu du temps déjà enfui

Le souvenir me porte vers les anciennes nuits



Les ciels chauds de Bretagne abritaient nos désirs

Et je disais qu'un jour et je disais qu'un jour

Je viendrai vivre ici et j'y viendrai mourir

La terre garde le feu de mes premières amours



Dans ton âme Michèle la flamme brûle t'elle encore

La Bretagne tient captif mon cœur jusqu'à la mort.



14 08 73





Parler encore et dire les mêmes choses

Les mêmes heures cent fois recommencées

Raconter son histoire quand tout est habitude

Qu'aujourd'hui est hier et qu'il sera demain



Parler dire les mots sortis de mille bouches

Bonjour comme ça va banal et quotidien

Comme un geste envolé le sourire de l'autre

Rencontré dans la rue et qu'on ne connaît pas



Parler de tous les rêves qui fabriquent la vie

Et de ce fait-divers écrit sur le journal

Pour dire je suis là j'existe écoutez moi

Ma voix traîne des mots qui sont aussi les vôtres



Parler tout simplement pour taire la solitude

Pour taire au fond de soi ce désir si fort

Parler pour ne pas dire la folie qui s'acharne

comme une vague forte aux plages d'amertume



Pour étouffer dans l'œuf cet instinct cette peur

Cette envie de s'enfuir comme le gibier traqué

Parler pour endormir la douleur de l'ennui

Pour dominer l'angoisse de ce monde à la porte



Parler de rien de tout ce qui fait l'habitude

Pour être un peu ici où les gens semblent vivre

Et pour combattre encore ce désir violent

De devenir enfin prisonnier du silence.



1975







Je vois par la fenêtre le soleil qui s'éteint

Derrière moi le disque tourne tourne tourne

Tu peux venir quand tu veux la porte est ouverte

Je ne sais pas ce que je ferai demain



J'ai un lit pour ce soir et un sourire aussi

Je suis fatigué  « tu fais comme chez toi »

Je ne vois plus le soleil la route est longue

J'ai en moi la lumière de ton sourire



Le disque est dans ma tête il tourne tourne tourne

Michèle sourire amie amour Michèle

Les yeux fermés je meurs « j'arrive à vingt et une heures trente »

Et derrière la fenêtre il n'y a que la nuit



06 09 74





NAUFRAGE



Il était temps que tu arrives

Je ne t'attendais déjà plus

Je cherchais une main ou n'importe quoi

Pour reposer ma tête ou ma main

Tu n'as pas pris ma solitude

Et je t'aime

 

J'ai fait naufrage dans tes yeux

Au ciel de tes étoiles larmes

Et dans l'océan silencieux

De ton sourire qui me désarme

Dieu ou diable qui donc viendra

Pour me sortir de cette mort

Au large qui m'emmènera

Loin de l'eau tranquille du port

 

J'ai fait naufrage sur tes lèvres

Où stagne ta douleur salée

Je me suis noyé de ta fièvre

Et de tes rêves réchauffé

Pluie ou tempête qui donc viendra

Me sortir de cette lumière

Et dans l'obscurité du froid

Qui me rappellera l'hiver

 

J'ai fait naufrage à tes sanglots

Je ne sais plus où est la porte

Et je suis ivre de ton eau

Qu'une rivière d'amour emporte

Faudra t'il donc que j'abandonne

Et que je me plie à l'été

Moi qui aie tant aimé l'automne

Faudra t'il aussi le quitter

 

J'ai fait naufrage sur ta peau

Emprisonné de tes caresses

Et de la douceur des barreaux

Si bien scellés de ta tendresse

Qui donc viendra chagrins ou peines

Me sortir de ce lit de soie

Faut-il que je dise je t'aime

J'ai fait naufrage entre tes bras.

 

10 74





Qu'adviendra t'il de toi

Ma fille mon amour

Qu'adviendra t'il de toi ?

Que t'aurais-je laissé

Me reste t'il encore

quelque chose à donner

Je n'ai su qu'être aveugle

Je te laisse un enfer

Et pour seul héritage

Une planète morte



Qu'adviendra t'il de toi

Comment pourras-tu vivre

Comment pourras-tu vivre ?

Qu'aurais-je fait pour toi

Les mots sont un peu faibles

Surtout quand on est seul

Je n'ai que courtisé

Mon royal égoïsme

Entassant des ordures

Jusque dans ton jardin



Ne me pardonne pas

Ma lâcheté cruelle

Ne me pardonne pas

Et crache sur mes larmes

Puisque comme cadeau

Je laisse une poubelle

Comme c'était facile

De vivre de mon temps

On était bien dressé

On faisait des enfants

Qu'adviendra t'il de toi mon enfant...

1977

Au vent ces regards qui me chantent le passé

Au vent qui me bouscule et me parle de toi

Ces images d'hier ta tête sur mon bras

Ces parfums qui recréent les regrets oubliés

Les nuits douces d'étoiles les nuits douces de lune

L'horizon qui se meurt Dans la brume et la nuit

Ces chemins du passé de soleil ou de pluie

Ces rêves que j'aimais hier dans les dunes



Le temps comme le vent passe et souvent revient

Es-tu rêve en ce rêve où je dors et je vis

Est tu l'amour pour moi et l'amour est-il vie ?

Ma Bretagne renaît d'hier pour demain



Mais toi, sauras-tu lire et comprendre ces vers

Aujourd'hui le soleil est tout glacé d'avant

Glacé vient le parfum du port de Lorient

Pourras-tu me comprendre ou m'es-tu étrangère ?

Assis sur le jetée là je ne vois plus rien

Je suis peut-être ailleurs je couche sur le vent

Tu es là dans mon âme et ta main douce me prend

Assis sur la jetée étranger et plus rien



Les souvenirs d'amour sont toujours nostalgiques



13 08 1973





J'ai les yeux déjà loin de ces murs sales et gris qui cernent mes regards

Mes yeux voguent déjà vers d'autres horizons de Bretagne et d'espoir

J'ai déjà quitté tout le terne de la ville et de ces rues sans joie

Pour retrouver les yeux fermés l'écume sur la vague et le vent de noroît



J'ai oublié le bruit d'ici pour le silence des chemins creux

J'ai oublié les gens qui courent pour le pas sûr des paysans

J'ai oublié ce ciel trop triste et dès que j'ai fermé les yeux

J'ai vu la mer rougir là-bas dans le soleil finissant



J'ai entendu le vent chanter le goût des îles bretonnes

Quand la lumière dévoile la terre qui se réveille là devant

Belle comme ce sourire que mon amour me donne

Belle comme l'avenir qui se réveille là devant



10 10 1973













Le temps passe bien vite

Dans la vie des autres

On les voit s'agiter

De pendules en horloges

De journée en journées

Et s'égrainent les heures

Et soufflent les années

Ainsi passe la vie

Qui va de mort en mort.



16 06 1972





A quoi bon chaque jour refaire le jour passé

Est-on venu au monde pour ne rien y changer

Ses routes bien trop vieilles pour nous intéresser

A quoi bon malgré tout vouloir s'y enchaîner



Homme où vas-tu si vite quel vent peut te pousser

Regarde autour de toi ce monde pollué

Les rivières qui se couvrent de poissons crevés

Les goélands qui meurent d'une mer empoisonnée



Mon amour jamais nous ne ferons d'enfants

Quelle terre connaîtraient-ils qu'est-elle maintenant

Il ne sert à rien de pleurer les larmes sont du vent

L'homme a semé de mort le paradis d'antan.



02 09 1973





Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro de l'ère

zéro

 

Je cavale au hasard perdu dans les rues sombres

Je crache sur les murs des vierges graffitis

Je gueule sans qu'on m'entende je parle d'anarchie

Mais en ont-elles encore des oreilles ces ombres ?

 

Le maquillage est réussi je félicite

L'esthéticien de la clownerie des sentiments

Votre amour ne ressemble presque plus à l'argent

Seule la vérité est maintenant illicite

 

Je dégueule ma haine à vos principes usés

Et je pose mon cul sur vos institutions

Et l'église et l'armée et tous ces pièges à cons

Elle a goût de moisi l'eau de vos bénitiers

 

La justice ne se fait que moyennant finances

Si t'as plein de pognon à toi la liberté

Si tu n'as pas de pèse tu seras bien logé

Dans un cachot malsain d'une prison de France

 

On vend l'art au kilo en prêt à consommer

Les publicités chantent une vie d'aventure

Vous l'avez si vous achetez leurs pourritures

La connerie fleurie sur le mur des cités

 

La télé bourre de peur le crâne des français

L'État banque organise le lavage de cerveau

Votez toujours pour nous et payez vos impôts

Vos intérêts ne sont pas les pavés de mai

Le sexe tient sa place dans le marché commun

La France au goût du jour parle d'éducation

Et les bourgeois pensent qu'ils font la révolution

Partout des sex-shop naissent le long des chemins

 

La guerre fait travailler des millions d'ouvriers

Seule sur elle peut se reposer l'économie

On ne peut supprimer une telle industrie

Les patrons eux ne vont jamais se faire tuer

 

Et moi je crache du noir et je lève le poing

Je fais parti des fous qui prêchent la liberté

Poète miséreux peut-être mal aimé

J'aurais dû n'être rien ou bien naître demain

 

Le virus anarchiste à envahi mes veines

M'a donné le dégoût de cette société

Et celle dont je rêve ne peut que se rêver

Ce monde n'est pas le mien il met mon cœur en peine

 

Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro

de l’ère zéro.

 

10 01 1973

 

 











Il faut oublier la flamme

Quand le feu nous brûle encore

Il faut oublier la pluie

Quand le ciel nous noie de larmes

Il faut oublier le corps

Ne se soucier que de l'âme

Il faut oublier la vie

Pour mieux oublier la mort



27 09 1973







Le temps me revient d'un amour avorté

Une vieille carte postale aujourd'hui retrouvée

Une rose s'enfuit une rose revient

Qui fane et refleurit une rose demain

Un amour platonique un amour en courrier

Une tendresse lointaine et le ciel d'un été Une rose



Les images me reviennent et sous mon ciel sombre

Fleurissent des étoiles des transparentes ombres

Une rose fleurit parmi mes souvenirs

Une rose rouge et rose comme un sourire

L'espoir vierge encore de douceurs infinies

Éclose la douce fleur au cœur de mes nuits Une rose



Les secrètes envies les rêves d'un jardin

Où naîtrait dans la friche le plus doux des parfums

Une rose embaume l'horizon de mon âme

Une rose de feu une rose de flamme

C'est la trop vieille fleur d'une enfance fanée

La brume porte les traces d'un amour avorté Une rose



Il y a d'un côté trois maisons sous l'hiver

Des mots sur l'autre face couchés tout de travers

Une rose qui meurt seul reste le rosier

Une rose qui pleure l'odeur d'un été

Mais que meure le temps d'une jeunesse vieillie

Au soleil je vois : un espoir refleurit



Une rose

07 11 1973







ON AURAIT

On aurait, écoute, on aurait ce que tu veux, ce que je veux, une maison, une grande maison avec des lits pour tous, pour tout le monde et des animaux et du soleil et de la paix. On aurait la paix et la liberté et tout le monde serait comme nous, on aurait l'égalité totale et la liberté. On aurait la liberté et l'amour.

Je suis fou de voguer comme ça au gré d'un vent de rêve et d'amour, on aurait l'amour.

J’effleure ta peau encore les clos de sommeil

Je sens ta bouche sous ma bouche

Je viens dans la nuit m'éclairer à tes rêves

Je t'aime



On aurait, mais qu'a t'on ? On a un cœur un corps, on a entre les lèvres une fleur qui rit, une fleur qui pleure aussi, on a au fond des poches des restants de misère, on a aussi dans le cœur des bonheur et des chagrins d'amour.

Mais on a l'amour, on a dans la tête trop de liberté quand des lourdes chaînes de principes et d'habitudes entravent nos pieds

On a des poings serrés.

On a dans la tête des belles idées de liberté,

trop de liberté ?

Trop de liberté !

On aurait la liberté, on aurait des fleurs dans les yeux, des folles musiques d'espérance dans la bouche, on aurait des mots d'amour, tous les mots seraient amour, on aurait l'amour.



Mais au présent l'amour est béton et fumées, contrat et hypocrisie, mais l'amour n'est plus la vie ! Alors, aimer ?

Pourquoi puisqu'on a rien, que faut-il ?

A quoi bon les larmes ?



On a plus rien que des rêves, que vains espoirs alors il faut s'inventer une prison nouvelle pour goûter la solitude. Il faut être seul pour savoir l'amitié, pour savoir les hommes et les femmes qui tendent les mains.

Alors aime moi, cache moi et regarde dans mon regard la folie du rêve, la folie du vent. Écoute, on aurait un toit et des amis et on s'aimerait, on s'aimerait. On s'assumerait sans contrainte et on serait peinard. Viens, plonge avec moi dans ce rêve.

J'effleure ta peau, j'ai les yeux rougis de peine

Je sais en toi mon chagrin

Je sens ta bouche sous ma fièvre

Je sens tes lèvres sous mes lèvres

On aurait...



29 07 1973



Vivre sur un nuage se baigner de soleil

Se taire toujours se taire voyageur égaré

vivre au milieu de tout et être à tout pareil



Vivre seul isolé et pourtant toujours là

Connu aimé ou mal aimé ou étranger

Croire à l'amour du monde d'une femme qui tend ses bras



Vivre comme le vent tout en ne bougeant pas

Aimer la pluie la nuit l'automne et puis l'été

Et plonger dans mes rêves pour voir au fond de moi



Savoir crier sa haine savoir serré le poing

Quand la force et la haine s'appelle liberté

Aider le camarde qui a tendu sa main



Vivre pour un oiseau vivre pour un espoir

Vivre pour une fleur Vivre sans y penser

vivre comme une mort pour un jour ou un soir

Mes idées



05 08 1973





Paris tout sale Paris tout le temps

Je crève la vie toute sale me tue

Où est ma terre je ne respire plus

Ma terre qui vit loin de Paris



J'ai dans la bouche l'odeur des vagues

J'ai dans les yeux la mer qui joue

L'écume n'est plus qu'un reflet vague

A Paris l'odeur vient de l'égout



Un jour j'irai à Montparnasse

Une fois pour toutes une dernière fois

Un jour j'irai à Montparnasse

Cette vie de con n'est plus pour moi



J'ai dans la tête la marée haute

La berceuse de l'océan

J'ai dans la tête la marée haute

Les cris des mouettes et goélands



Paris tout sale Paris tout le temps

Terre et mer Glenmor Bretagne

Je sens enfin venir le vent

La brise du retour en Bretagne



20 08 1973 (Paris gare du nord)





Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores

Nous aurons tant marché de routes sans ailleurs

A l'horizon s'étire un chemin sans ennui

Je sais pour nous demain la chaleur d'autres ports

Je sais des matins neufs de mille belles couleurs

Ton regard est en moi qui bouscule la nuit

demain nous abordons un bien plus doux rivage

Que ces rues d'habitudes qui tuaient nos espoirs

Que ces cris qui mouraient sans sortir de nos voix

Partir est déjà fait dans tes yeux qui voyagent

Le vent a dispersé les restes de brouillard

Je serra le soleil quand tu es dans mes bras

Vient dans le ciel baigné de la folie des jours

Le temps dort pour nous ne le réveillons pas

Viens s'égayent dans l'air les chansons des forêts

Comment t'appellerais-je ? Sourire mon amour

Fermes sur mon épaule tes yeux ne dors pas

Ton souffle sur mon cou rêves de joie et de paix

Bientôt viendra le jour des corbeaux évadés

Entends tu leurs chansons dans l'espace tout près

Tes longs cheveux sur moi qui tendrement se posent

Demain nous laissons là les regrets du passé

Pour là-bas des torrents je te dirai je t'aime

Je te ferai des lits de pétales de fleurs

Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores

J'abandonne ces routes glacées et solitaires

Mon Amour laissons faire ce vent qui nous entraîne

Laisses ma peau se chauffer aux douceurs de ton corps

Je sais pour nous demain des nouvelles lumières

Ne bouges plus près de moi fermes les yeux je t'aime.



30 10 1974 (la Monniais – Cesson-Sévigné)



La folie me fait mal à la mort mon amour

Et toi qui est ma vie je meurs de vivre à te rêver

Toi ma réalité des cris qui font le jour

Des douleurs du silence de l'âme transpercée



La folie fait de bruit la musique des corbeaux

Mes ailes me font mal de te faire souffrir

Dans l'enfer de mon ciel tu te brûles la peau

Et mes larmes bloquées me déchirent à mourir



La folie ne fait rien qu'un tremblement abstrait

Aujourd'hui est tant mort qu'il en est éternel

Ma tête dans les murs pour y trouver la paix

La folie de ton sang à ma corde je bêle



La folie est prison dans mes yeux de la mort

Et me casser les mains à frapper les barreaux

Aliéné que je suis au béton de mon corps

Mon bec à te blanchir les nuits de mes corbeaux



La folie me fait mal à la vie toi ma vie

Mon soleil éclaté quand la mort se ramène

Mon étoile blessée par le vide des nuits

Et la vérité mots de ma folie des peines.



01 11 1974





Ne pas aller plus loin que demain à la fois

Être sans être plus que des ombres

Multiplié quel est le nombre

Un plus un ça fait deux je crois

N'être rien que ce rien qui me fait

N'être que ce sanglot que je pleure en dedans

Que je me cache à moi et que la mort me tait

Et que je métaphore en des larmes et du vent



Tu ne sais pas l'étendue de mon désespoir et c'est bien

C'est toujours mieux

si j'écris ça maintenant que tu es là c'est de ne pouvoir faire autrement

tu comprends peut-être je t'aime

Je ne sais pas même l'eau me saoule

Je croyais te dire ma folie mais que dis-je ?

Rien qui ne vaille la peine de se souvenir



Tu te souviendras de ces heures mortes

Ce temps fini qui part en cris étrangers

Je parle et c'est un vent anarchique qui me porte

Et de te dire je t'aime je me sens libéré

Je suis un prisonnier de toi et toi m'étrange

Je t'aime et ma folie me souffre dedans toi

Comme une armée d'oiseaux ou d'éléphants mélange

Et mes mots se répètent ma solitude est toi



Tu ne connais peut-être que ça à me perdre mon désespoir idiot égoïste et de solitude !

J'en ai marre et je t'aime comme l'automne qu'on a vu ensemble et mes mots corbeaux qui viennent comme les

autres comme des cons il ne m'en reste qu'un seul

Je t'aime et tu es seule quand je pars ou quand tu pars et peu importe où tu es

Je t'aime.



11 11 1974



La neige s'est faite pluie et coule sur le seuil

La montagne se cache sous son lit de nuages

Le ciel est bien lourd comme portant le deuil

Devines dans la brume un plus beau paysage



La chaleur tranquille de mes rêves oppressés

A fondu dans l'ennui les reflets de tes yeux

Et d'obscurs tourments voyagent dans nos cœurs

Inventes des couleurs pour repeindre le ciel



Si tout le poids du temps se pose sur ton âme

Penses que je t'aime et que je suis là

Que j'ai à jamais pour toi une flamme

Un rêve d'éternité pour construire nos joies



Berces de ta voix la musique des songes

Emplis toi le corps d'espoir et de vie

Fais de ce jour gris où les regards se plongent

Un rêve d'amour pour égayer les nuits



Écoutes la nouvelle chanson du silence

La musique neuve des jours

Ton regard revit dans la grise mouvance

Et invente de bleu le bonheur de l'amour.



27 11 1974 (Léard, Jarrier)





Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents

Tant de chemins appellent nos voyages

Ailés de rêves vers quels océans

D'amour ferons d'autres vagabondages



Tant d'horizons nous restent inconnus

Où seront nous lorsque naîtra le jour ?

Nos mains scellées ne se détachent plus

Sur chaque route se refait notre amour



Et tant de matins nous verront partir

Encore vers d'autres idées d'autres gens

Tant de pays viendront nous endormir

Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents.



19 11 1974 (Lagarde-Enval)





Regardes celui-là qui voudrait boire le ciel

qui dit avec les gens faire autant de soleil

Qui marche dans Paris en y voyant la mer

Et qui dit de la mort faire jaillir la lumière



C'est lui aussi qui meurt du désespoir de l'ombre

Qui meurt de ce monde sans âme froid et sombre

C'est lui qu'on dit perdu quand il dit vous êtes fous

C'est lui que l'on dit fou parce qu'il reste debout



Laisse dire le monde ce n'est rien qu'un poète



27 12 1974 (Montreuil)





J'ai quitté le champ de pierres

Où ne fleurissait plus rien

Et voilà que m'abandonne

L'arbre rêvé de demain



Je quitterais la rivière

Si la source se tarie

Comme un jour j'ai quitté la pierre

Qui peignait les arbres en gris



J'ai quitté la mort et l'ombre

Pour mourir dans la lumière

Si la lumière devient ombre

Moi je resterais de pierre



Ma vie n'est pas un jardin

Où fleurit n'importe quoi

Si les arbres y meurent trop vite

Les pierres n'y meurent pas



J'ai quitté le champ de pierres

Pour une rivière asséchée

Les pierres ont bloqué la source

Je meurs d'avoir trop rêvé.



28 12 1974





Où sont les mille horizons

Du royaume de triste joie

Où sont les belles illusions

Que j'avais inventé pour toi ?



Où sont-ils donc tous les oiseaux

Dont je t'ai raconté l'histoire

Les mouettes et les corbeaux

Où sont-ils donc tous nos espoirs ?



Quand aurons-nous notre maison

Près du ciel et de l'océan

Refuge des fous et vagabonds

Quand voudra t'il tourner le vent ?



Et lorsque je te dis je t'aime

Sais-tu l'espérance du mot

L'amour brisera toutes nos chaînes

Et viendra un monde nouveau



Où sont les mille horizons

Du monde que je rêve pour toi

Faisons la vie d'une illusion

Faisons d'une illusion la joie



Notre route est longue notre rêve est loin

Notre route est dure donnes moi la main

Notre route est longue en vois-tu la fin

Sais-tu ? L'amour est le plus court chemin.



31 12 1974





Douces nuits fécondes de rêves

Où vous êtes vous donc perdues

Les nuits de sommeil sont brèves

Et de mirages dépourvues



Heureux celui aux jours sereins

Au creux du soleil et des vagues

Aux nuits sans soucis de demain

Courant sur les plages et les algues



Heureux qui peut rêver la mort

Heureux qui peut rêver la vie

Se rassasier de métaphores

Et se laver de l'eau des pluies



Ceux dont le temps ne compte pas

Qui choisissent le liberté

Pourquoi pas vous pourquoi pas moi

Dans le berceau des nuits rêvées



Tant de sentiers sont devant nous

Loin du bruit et loin des cités

Qui se fait oiseau n'est pas fou

De solitude imaginé



Douces nuits fécondes d'amour

Un homme sait vous retrouver

Rêver la nuit pour faire le jour

Un poète vit en liberté.



08 01 1975



















Dans les pas du présent s'empalent mes silences

Et le vent solitaire s'en revient m'appeler

Mais que dire qui ne soit pas chargé de souffrances

L'amour la solitude l'amour la liberté.



17 01 1975



La terre et grasse de trop de pluie

Et me rassasie de douceurs

comme le ciel de cette nuit

Où se perdent les yeux et le cœur



Je n'étais qu'un graine au vent

Nulle Glèbe ne voulait de moi

J'allais comme un oiseau planant

Même mes soleils étaient froids



Et je me rive au sol enfin

Chaque jour forme mes racines

Dans la terre douce à la main

D'une magie qui me fascine



Aimer au point de s'en nourrir

D'être l'immobilité qui bouge

Serrer le vent sans fléchir

Au cœur des automnes rouges



Aimer au point de n'être plus

La folie qui rêve de mort

Mais la joie d'avoir voulu

Et d'avoir pu toucher le port



J'aime cette terre au gré des temps

au fil de l'eau des jours des nuits

J'aime cette terre comme le vent

Qui est devenu mon pays.



23 01 1975





Si tes rêves sont dans le ciel

Je me ferais oiseau pour te les amener

J'irais jusqu'à la nuit pour te donner le jour

Mes ailes seront toi pour me porter d'amour



Si ton rêve est bergère je me ferais mouton

Et je viendrais manger ta forêt de velours

Je tisserais de laine les plus chauds de tes jours

Et la glace du vent fondra en notre amour



Si ton rêve le plus beau est fleur épanouie

Je me ferais pensée pour t'éclairer de feu

Dans ton jardin d'amour je serais liberté

Et naîtrait au soleil de tes yeux parfumés



Tu es mon rêve oiseau le feu de mon soleil

Et je veux que ma sève soit la fleur du printemps

Et que rose tu pousses dans mon jardin d'amour

que tes rêves se noient d'un temps baigné d'amour.



20 12 1974





Quand le temps s'en ira de nos rêves folie

Comme une flamme meurt dans le fond de la nuit

Je fera des champs rouges sous le ciel de granit

Je fera des poèmes pour nos voix nostalgiques

Je resterai de braise pour faire d'autres feux

Je t'aime et je me vis au hasard des voyages

Comme les dés que l'on jette en changeant de maison

Je t'aime et me consume et te consomme aussi

Que je meurs en rotin au bois de l'horizon

Je t'aime dans l'anarchie que l'on vit et l'on rit

Car si on doit pleurer faut laisser faire le ciel

Et les savantes critiques qui sourient aux pavés

Peuvent si elles le veulent détruire l'éclat de rire

Et mes alexandrins pourquoi pas de quinze pieds

Dansent sur le parquet des danses étrangères

Pour combler quelques blancs maculant mon délire

Je recommence aussi comme le temps violet

Que je viole de mes dents au dedans du dehors

La folie n'est-elle pas ce rêve de mort qui vit

Et qui fauche alors vient j'ai encore bien du blé

Diraient les paysans car moi je n'en ai plus

Et ça m'emmerde tant que j'en perds l'appétit

La mort est une dame que nul aime faut pouvoir

Faux qui fauche les fausses vies qui s'en vont

Celles qui poussaient bien aussi mal celles qui pouvaient nuire

De toute façon je m'en fous je ne veux plus rien

Il n'y a plus de place je raccourcis un peu

Je pouffe sur mon pouf et bouffe du caramel

En attendant que le vent emmène la folie du rêve

Le temps des flammes ne m'a pas brûlé la braise est douce

Et mes alexandrins qui disent que je t'aime

Le dise pour combler les restants du désir.



02 02 1975

Je dis je t'aime pour la vie

Et je renais dans chaque mot

Et j'ai tant peur à chaque cri

Qu'il soit le dernier des oiseaux



Tu vas tu viens devant mes yeux

Un jour il nous faudra mourir

Je mets ma main dans tes cheveux

Et mes yeux fous sur ton sourire

Le bruit se fait dans le quartier

Le jour s'en va jusqu'à demain

Dans la chambre triste et glacée

Il me semble tenir ta main



Je dis je t'aime pour toujours

Toujours c'est aussi maintenant

Quand la pierre devient velours

Quand la douceur me fait amant

Dans les musiques de mon âme

Quand les corbeaux sont apaisés

Qu'incessantes viennent les larmes

Sur mes plages de sable mouillé



Quand ma bouche avale tes larmes

Baisant tes paupières de soie

Et que mon cœur sans fin s'alarme

De tes chagrins où je me noie

Alors je t'aime et c'est jamais

Et je me fonds au fond de toi

alors c'est toi que j'aimerai

Tant que notre vie durera.



25 02 75 (Nantes)

Quand glacée dans le vent froid les quais sont déserts

Les mouettes se cachent là-bas dans les creux de rochers

J'ai perdu le fil me reliant à l'infini

Dans le soleil du désespoir dans la chaleur de l'hiver

J'ai perdu l'ailleurs où je me suis tant saoulé

Les nuits ou la mort était encore la folie

Et je vois que sont les hommes que ce qu'ils étaient

Je me voulais oiseau il ne reste plus rien

J'ai manqué un barreau de l'échelle du temps

Et je suis revenu de mes rêves abstraits

Et je vois et je touche et je ne comprends rien

Car j'ai perdu les ailes qui me tenaient au vent



Je veux que mon enfant connaisse une autre vie

Connaisse une autre terre et un ciel plein d'oiseaux

Je veux tant que les hommes soient des hommes enfin

Et l'amour m'est venu tant est longue la nuit

Écoutez moi écoutez je suis un corbeau

Et l'enfant de l'amour viendra naître demain

Et quand la pluie glacée et grise d'amertume

Et que je pense à toi mon amour les chemins

Dans ma tête se croisent et se bousculent encore

D'où viens-tu ? Si longtemps et tant et tant de brume

Et l'enfant mon amour cet enfant de ton sein

Cet enfant de mon corps dans l'acier de la mort



La folie s'oublie loin de la solitude

Et le cœur aux étoiles je rêve de jamais

Et je noie de fumier le passé et les peines

Et la folie revit loin de la solitude

Dans l'ailleurs d'un enfant que nous deux avons fait

Et dans le froid désert d'ici je vis je t'aime.



08 03 1975

Je ne veux pas brûler ma peau sous les soleils du désespoir

Et les nuits blêmes de jadis s'en sont allées entre tes mains

Je ne veux plus fouiller l'abîme obscur de la lumière noire

Quand mon cœur tremble de joie pour qu'un oiseau vive demain



Je veux laisser venir le jour quand tu es douce entre mes bras

Et voir l'aube renaître encore au fil des jours de notre vie

Je veux vivre pour cet enfant quui se réveille au fond de toi

Je ne veux plus chanter la mort je ne veux plus chanter la vie



Je t'aime et dans ses tourbillons la mer traîne des rochers

Et je te blesse et je me tue au gré des vagues en colère

Dans tes yeux je pleure et tes larmes brûlent les blessures ravivées

Et dans l'océan de l'amour le temps oublie le temps amer



Tes yeux je les ai tant noyé de peine et de mort inutiles

Un oiseau prendra son envol un jour de nos deux mains serrées

Le soleil ne s'éteindra pas je t'aime et mon âme vacille

Sous ces mots larmes mais de joie qui me naufrage d'être aimé.



15 03 1975







...J'ai rêvé sur ton corps vagues et océan

Les tempêtes la nuit ont d'obscurs desseins

Je t'ai fait goéland comme on fait un dessin

Pour courir avec moi sur les plaines du vent



J'ai posé sur ta peau des baisers de velours

Dans la soie langoureuse de nos doux corps à corps

Tes lèvres avec mes lèvres ont signé leur accord

J'ai noyé dans ta chair les graines de l'amour



J'ai semé dans ton corps les ailes d'un oiseau

Cet enfant dont mes rêves se peuplent et je voyage

D'un sommet imaginé et des nouveaux rivages

J'ai semé dans ton sang mes rêves les plus beaux



J'ai trouvé sur ta peau un nid et je m'endors

Dans le parfum des fleurs et dans la quiétude

du repos mélangé de nos deux solitudes

J'ai fait d'amour ma vie sur l'aube de ton corps.



23 03 75







J'ai eu froid j'ai eu faim partout le long des routes

Ne vivre que d'amour faut se nourrir de vent

Et les pieds dans le ciel la tête vide de doutes

Il aimer là-bas des nouveaux océans



Pour t'aimer dans le ciel je me suis fait mouette

Quand tu étais cette île où je vins me poser

J'étais parti enfin les yeux dans la tempête

Te disant la musique des vagues la liberté



Mais quels murs nous cernent à ne pouvoir s'enfuir

Le chemin est devant serrons nos mains d'espoir

Quelles prisons croient avoir la force de nous tenir

La liberté est vraie la mort est illusoire



Je sais être dans l'arbre qui se nourrit de terre

Et tant que le vent souffle je vole avec lui

Je t'aime je suis le vent et le ciel est ma terre

Je t'aime viens avec moi et nous serons la vie.



15 04 1975





Mais je n'ai rien écrit pour toi !



Il fut un temps où je savais

Quand je vivais de solitude

Que ce n'était qu'une habitude

Une habitude que j'aimais

Il fut un temps je l'écris bien

Car il est mort et enterré

Tu es toute ma liberté

Et tu es tout ce qui est mien



Mais je n'ai rien écrit pour toi

Quand je meurs de ton absence

Dans ces murs clos de silence

Qui ne respire qu'avec toi

Et si j'ai chanté les oiseaux

Les étoiles et les draps de soie

C'est sans savoir que sans toi

Les nuits ne sont que des tombeaux



Le silence habite le silence

Et sans un bruit coulent les mots

Tu n'es pas là je suis en trop

Et je souffre dans ta souffrance

Mais je n'ai rien écrit pour toi

Qu'en ce soir de déchirure

Et au profond de ma blessure

Le sang qui vient me vient de toi



Car je n'ai rien écrit pour toi !

27 04 1975





Écrire pour mes racines nues

Arbre levé dessus la terre

Dans l'impuissance solitaire

De la nuit



Dans le lit vide ou je m'endors

reste un soupçon de ton parfum

Dans le silence où meurt le jour



Dans le noir je cherche ta peau

Et je rêve déjà du jour

Où nous pourrons faire l'amour



Je voudrais écrire les cris

De la pluie qui frappe à la vitre

Dans la lumière d'aube blafarde



Le vent souffle sur le pays

Où est ton cœur que je m'abrite

Des larmes que le vent brouillarde



Et de brume se font les heures

Au pas cassé du temps banal

Et arbre je ne sais voler



Mon âme éraille sa fureur

A gueuler le feu de son mal

Dans ces instants assassinés.



29 04 1975





Je t'aime dans le fraîcheur du vent qui peigne les genêts

Qui ride la Vilaine et envole mes rêves fous

Et envole mes rêves fous

Je t'aime



Dans la chanson d'amour d'un merle ou d'une hirondelle

quand le matin doré les réchauffe et les caresse

Nous réchauffe et nous caresse

Je t'aime



Dans le va et vient lourd de la marée qui monte

Dans l'odeur des algues et la mousse d'écume

qui roule sur la plage

Je t'aime



Je t'aime comme la terre où mes pieds s'enracinent

fleurissent les ajoncs les coucous et la lande

Je t'aime dans le vert et le jaune de mai



Dans ce printemps et la beauté de ce pays qui se réveille

Et son soleil sur les rochers

Chauffe les lézards et les vipères

Et rosit tes joues comme des pétales



Je t'aime Michèle comme un arbre aime sa terre.



19 05 75





Un peu de nuit où s'endorment les vents

Où le silence naît et la paix

Un peu de nuit où respirent les fleurs

Où repose l'amour

Et la vie



Un peu de vie dans ce souffle si doux

qui s'endort

Un peu de vie clame comme le serait

La mort



Un peu de ciel et le chant des oiseaux

Et la fraîcheur du soir sur la mer

Un peu de sel d'une larme séchée

De la joie de l'été

De la vie



Un peu de vie où meurent les canons

Et la mort

Un peu de vie quand la vie à raison

D'être vie



Un peu de terre où la graine a germé

Et l'épi sera beau de demain

Un peu de terre quand l'enfant sera grand

Et fera de sa vie

De la vie



Un peu de vie où nous vivrons nos rêves

Dans l'amour

Un peu de paix que l'on a dans les mains

De la vie

Un peu d'amour et les chant des oiseaux et la nuit tranquille de la paix.

01 06 1975

Dans a pluie de l'aube

Le long du chemin

Crèvent les nuages de mes souvenirs

Et je me rappelle le temps maudit

Quand tu n'étais pas

Quand je n'étais pas

Dans la pluie de l'aube



Dans le gris de l'aube

Je lis dans les larmes

L'éclat de la lampe derrière les carreaux

Et je me rappelle

Derrière la fenêtre

Que j'étais mal

Et que tu étais mal

Dans le gris de l'aube

Je lis dans les larmes



Dans le gris du ciel

Je sais ton sourire

Ton espoir de moi mon espoir de toi

Et je me rappelle

toutes ces villes les soirs

Tu m'aimais déjà comme je t'aimais déjà

Dans le gris du ciel



Dans un coin du jour

Vivent nos solitudes

Au creux de l'amour qui les a réchauffées

Et je vois demain

L'été d'aube claire

Je sais que tu es je sais que je suis

Dans un coin de l'aube je vois le soleil

Je vois le soleil. 28 06 1975

Quels seront les mots d'aujourd'hui

Quelle sera la force du sourire ou des larmes

Combien de mains écriront ce poème

Quels seront les mots de l'instant ?



D'où viendront le repos et la paix

Après la blancheur de la nuit

Les gens s'en vont dans la rue

Le soleil chauffe t'il leur cœur ?



Quelles seront les armes du temps provisoire

Les armes du vent et de l'amour

Fugitive seconde d'un sourire inconnu

Ou mon chien calme qui sommeille



Quels seront les sons d'aujourd'hui

Des aujourd’hui passés des aujourd'hui demain

Des yeux se ferment sur la mort

Les mêmes motos se forment dans ma main



Suprême instant de triste joie

L'arbre et la terre tant unis

Et les mots toujours de l'instant

Et les mots de demain déjà s'en vont



Quels seront les mots de ma mort

Qu'un long poème recommencé

J'écris sur l'aile d'un corbeau

Les mots abstraits de l'infini.



09 07 1975



Dans le silence cloîtré des habitudes

Quand le vent vient parfois me caresser

Je me dis que l'amour n'a rien changé

A la triste joie de nos solitudes



Tu t'en vas dans un rêve et tu me laisses

Choisir mon chemin vers d'autres au-delà

On se dit que l'on sait que l'autre est là

Et on va doucement et sans tristesse



La maison est remplie de ta présence

Sans toit il n'y aurait pas de liberté

Je te sais près de moi sans pouvoir te toucher

Mais l'instant dans l'air se charge d'espérance



Sur le lit le chien dort dans le matin

Je n'ai rien à perdre et rien à donner

Décidément l'amour n'a rien changé

Et pourtant sans toi je ne suis plus rien.



16 07 1975



NOSTALGIQUE BLUES

On partait de la ferme, on allait dans la boue jusqu'au parc du château glaner du bois pour la cheminée

Marie-Pierre venait nous voir, elle nous amenait un pain, elle se taisait et elle ne mangeait presque rien

Tu te souviens ?



Il faisait froid, on se serrait près du feu, je lisais tu tricotais, dans le silence on était bien



Jean-Pierre venait, on allait faire les courses en passant le pont de l'autoroute, à la petite épicerie



Lucie jouait de la guitare et chantait Marie-Claire, je te serrais dans mes bras, au chaud on était bien



On écoutait de la musique, Ferré, Glenmor et les beatles et puis aussi Simon and Garfunkel



Dans le froid de la chambre on chantait un peu désespéré, pour cacher la souffrance la folie et les larmes



Tu faisais des bouquets avec les fleurs des champs, ça sentait bon et on s'aimait comme des fous



Tu te souviens, gitane aboyait toujours après nous et le mouton paisible nous regardait



On partait de la ferme et on allait dans la boue jusqu'au parce du château glaner du bois pour la cheminée



Tu te souviens ?



19 07 1975



La tempête nous a glacé en un instant

Il est déjà cinq heures et la nuit va tomber

Novembre gris s'avance et son odeur fanée

Amène près de nous le souffle de l'océan



Nous arriverons dans la nuit à la maison

Mais pourquoi s'en aller déjà l'air est si pur

Le ciel qui s'assombrit se souvient de l'azur

Mais est-ce bien le froid qui te donne ces frissons



Mon enfant mon amour ma fille de satin

Approche toi de moi vient contre mon épaule

Que ton souffle si doux et mon souffle se frôlent

Reste près de moi et ne pense pas à demain



Viens et marchons au rythme des vagues qui se couchent

Entre les draps glacés du sable de la nuit

Ce lent balancement des instants qui s'enfuient

Comme l'oiseau de vapeur envolé de ta bouche



Nous rentrerons plus tard ou ne rentrerons pas

qu'importe c'est si bon près de toi de mourir

sur la plage égayée d'une écume sourire

La tempête revient rentrons il fait trop froid



Le temps s'allonge automne et nous gèlent les vents

comme la solitude silence comme la mort

Le temps s'allonge et dans la lumière de l'aurore

Vient au creux du rêve le souffle de l'océan.



22 07 1975















Écume moite d'un dimanche août écume bouillante

La brume de chaleur d'est vite dissipée évaporée

Et l'instant fugitif à l'allure éternelle

De l'ennui



Pas un souffle de vent ne tremble les rideaux

Et le soleil éclate en lambeaux d'incendie

Et le jour est si chaud qu'il chauffera la nuit



Août merde !



03 08 1975





Bien sûr c'est JE

C'est aussi TU

Car tu c'est je

Car tu sais je

Aussi me tue

Et quand c'est Il

Je se retrouve

Mais qu'en sait-il ?

Si c'était ELLE

Ce serait tu

Qu'en saurais-tu ?

Toi si belle

Nous sommes NOUS

Tenez le fil

Car VOUS est tu

Et tout se noue

Nous sommes ILS

Et tu es elle

Si tu est elle

Je deviens fou

Après vous je

Est encore tu

Tout ça c'est je

Car tu c'est je

Car tu sais je

Aussi me tue !



07 08 1975





Quand tu auras quitté les remparts de l'enfance

Qu'il te faudra courir les chemins de la vie

quand seront épuisés les jeux de l'innocence

Quand tu seras seul sur les chemins de l'ennui



Alors mon fils si l'espoir s'enfuit loin de toi

Et si tu te demandes pourquoi vivre la peine

Songe aux temps oubliés rêve d'un autre là-bas

Fais d'amour ton chemin les amours seront tiennes



Quand tu seras révolte au temps d'adolescence

Et que tu sentiras les forces de ton corps

Dans l'aube d'un printemps bois aux fleurs l'espérance

Si avant l'été tu ne rencontres la mort



Alors mon fils alors si tu passes ce pas

Si éclatent d'été les grains de ta jeunesse

Gardes toi des raisons tous ces feux sans éclats

N'ont de gloire qu'argent et d'amour tristesse



Quand tu verras l'automne habiller tes cheveux

Et derrière toi la grisaille des souvenirs

Si tu as échappé aux gens qu'on dit heureux

Que de franchise amère se plisse ton sourire



Alors quand tu seras proche de toucher le port

L'enfance te reviendra comme un peu de poussière

Tu rêveras encore aux portes de la mort

D'un parfum de printemps dans le cœur de l'hiver



Mon fils quand tu auras terminé ton chemin

Que ne sonneront plus les gaietés et les rires

Ton fils où sera t'il quel sera son destin

Lui diras-tu ceci au moment de mourir ? 09 08 1975

Où vent les mots dans la fatigue du travail

Quand le soir vient sans envie de faire l'amour

Où va l'espoir quand demain i faut se lever

Quand le vol du corbeau ne perce plus la brume



Une goutte d'aube comme un retour de poésie

Deux doigts de vent dans la fraîcheur du matin

La caresse d'un cri d'oiseau qui se réveille

Où va la poésie dans des journées sans fin



Dois-je dire à l'enfant le monde t'appartient

Et ne fais pas le con tu as une bonne place

Je lui donne la vie il faut déjà mourir

Mais alors qu'on me dise ce que c'est : le bonheur



Que fais le désespoir dans ce temps qui avance

Et à quoi bon l'amour si plus rien ne l'appelle

Où va la poésie dans la mort quotidienne

quand le cri des corbeaux ne disent plus liberté.



24 09 1975







Un dernier rêve dans la nuit

Un dernier regard avant le seuil du jour

Justice liberté amour

Une dernière aurore de vie



Des noms résonnent dans nos têtes

Une première pensée au réveil

Où vont dans leurs derniers sommeils

Les rêves des martyrs de Franco



Mourir pour des idées goût de littérature

On est loin de la mort à ne faire que dire

Ce n'est pas pour un mot que demain vont mourir

En Espagne des hommes sous le garrot franquiste



Allons je me dégoûte de rester bien vivant

Avec juste des cris pour aider la conscience

A rester bien en paix crions « à bas Franco »

Ces hommes en Espagne ne meurent pas pour des mots.



26 09 1975





Le froid comme les flammes pénêtre dans mes pores

Une vieille sur le chemin tremblotte sous son châle

Dans le silence du parc un écureuil s'étonne

Ma chienne se tait roulée en boule dans le soleil



J'entends le bruit d'un bus un enfant joue tout seul

Je pense à l'éternité à la sagesse des arbres

Je pense à mon amour et je pense à la mort

Au silence précieux des diamants de lumière



La paix est dans le gel qui étourdit ma chair

Comme la pluie transpercée d'un vieil imperméable

J'ai envie de boire un coup dans une ferme isolée

Du vin rouge quand le soleil s'apaise aux rideaux de la porte



Je pense à mon enfance et puis à mon enfant

blottit contre le dos de ma femme dans le lit

Je bande au pont du Cens d'un rêve chaud de tissu

Triste joie solitaire d'un royaume sans roi



Le froid est dans la laine du pull sur mon corps

La paix s'en va pressé par la rage impuissante

La semaine dernière en Espagne des hommes

Troués et de leur peau n'a pas jailli mon sang.



04 10 1975









Le vent d'automne

Passe et me donne

Des longs baisers

De rêves emplis

Dans cette nuit

Déjà rêvée



Et d'un regard

Dans le brouillard

De mon passé

Je vois fleurir

Des souvenirs

Recommencés



Dans le silence

alors je pense

Quelle triste vie

Et je repars

Dans le hasard

Vers d'autres nuits.



09 10 1975



Nous partirons dans une aube claire

Ou dans un soir tiède

Vers des pays que nous ne connaissons pas

Tu me prendras par la main

Tu me feras traverser des fleuves

Je te dirai que je t'aime



Nous aurons la sagesse des montagnes

Et de l'océan

Nous irons à pied dans la plaine

Le vent n'emporte pas les souvenirs

Demain est déjà un souvenir

Maintenant je te dis je t'aime



Nous trouverons un jour une vérité

Sans dieu ni rien pour l'obscurcir

Nous trouverons le vide

La paix et le silence

Tu m'apporteras l'oubli

Je te dirai que je t'aime.



11 10 1975





Je suis né où mon cœur m'appelle

Dans le vent d'amour et de nuit

Un goût de mer dans la bouche

La terre est à moi sans pays



Je suis né où l'amour m'attend

J'hérite du feu et du gel

J'aime le soleil et la pluie

La terre est à moi sans frontières



Je suis né sans père ni mère

Sans saisons ni nostalgie

Là où la liberté respire

Je suis né sans état civil



Et si mon cœur s'est fait arbre

Pour grandir dans la terre d'ici

Le vent peut emmener mon âme

Ailleurs au gré de sa folie



Je suis né sans le faire exprès

Dans un monde où l'on m'a fiché

Je nais où le veulent de mes désirs

La terre est à moi sans papiers



Je suis né suis-je déjà mort

Dans le béton de la cité

Le vent m'indique le chemin

D'un autre rêve où je suis né



Mille autres rêves où je naîtrais.



01 12 1975









Je n'oublie rien il n'est rien que je ne donne

Ce rire mêlé de toux secouée ce regard

Je suis par vous il n'est rien qui m'abandonne

Un parfum de tendresse de vent qui passe espoir



Je n'oublie rien fenêtre ouverte à deux battants

Poignées de mains caresses au chien et ce silence

Si chaud si clair ce sourire je vous aime tant

Que dire de l'amour que dire de l'espérance



Je suis nu de par vous je suis bien

Je n'oublie rien



30 12 1975







Je rentre le soir il fait jour encore

Il gèle parfois et ce matin

Quelques flocons de neige sont tombés



Les arbres sont gris et paraissent morts

Encore un mois d'hiver le printemps vient

Viendront bientôt des jours ensoleillés



Le temps nous mène et d'habitudes

Se font les jours recommencés

Le temps nous mène et l'habitude

Dans la mort bientôt va casser



Dans la mort demain va casser.



24 01 1976





Cherches au hasard des émotions la voie de la plénitude

Jusqu'à savoir la puissance des larmes



Laisses tes gestes aller à leur quotidienneté mécanique

Cherches la pais dans le renoncement et la folie

Jusqu'au bout



Creuses en ton âme un puits de sagesse et de vide

cherches encore la plénitude et le silence

Jusqu'à être silence et éternité



Ta force abolit le temps l'amour et la mort

cherches l'éternité dans cette fraction de temps

Tranquille

Jusqu'au bout



Vas t'en jusqu'au-delà de l'au-delà

Oublies jusqu'à l'oubli jusqu'aux mots de ton intelligence

Recrées le silence apaisant de la neige épaisse



Élèves toi plus haut que les hommes plus loin que leurs dieux

Vas dans l'absolu du hasard

Jusqu'à créer la mort

Jusqu'au bout de la mort.



15 02 1976





Ici la mer m'a dit

Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves

Le vent n'est pas levé ne cherche pas ton voilier

Il restera au port



Ici la mer m'a dit

Sur le sentier de la falaise où rien ne se fait nuage

Tu ne peux pas t'envoler



Ici la mer m'a dit

J'ai creusé de silence une île au fond de toi

Et tu tournes en rond sans un mot dans la tête

Immobile



La mer m'a dit ça



alors j'ai pris un galet et au bout de la plage

Me suis mis à genoux

Le vent au fond de moi s'en revenait du large

Frappant sur les rochers



J'ai gravé dans le sable

Les mots que j'entendais

J'ai vu sur l'horizon

Se dresser une voile

Que la brise gonflait



Je me suis vu écrire ici la mer m'a dit

Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves

Quand l'horizon s'embrume une vague est venue

Laissant le sable lisse

Les oiseaux ont chanté.



21 02 1976

Tes yeux sont des reflets du vent

Quand dans leur bleu le mariage

Se fait de la mer et du ciel



Tes yeux qui bruinent de rosée

Dans le vert où je me promène

Quand la forêt a du chagrin



Tes yeux où passent en un instant

Les écumes des mers du monde

Comme dans un rêve de musique



Tes yeux mon amour où je meurs

quand j'y vois briller le plaisir

Et que je murmure je t'aime



Tes yeux sont des reflets d'amour

Quand dans la terre de leurs ombres

tu inhumes toutes mes peines



Tes yeux sont des reflets du vent

Où je voyage avec l'amour

Qui illumine tes regards.



21 02 1976





Je voulais ne rien perdre du temps qui s'en allait

Faire n'importe quoi n'avoir pas de regrets

Courir à perdre haleine tous les chemins devant

Vivre chaque seconde comme un ultime instant



Mais monter et descendre ça ne fait pas grand bien

De l'amour à la haine il n'y a presque rien

Espoir et désespoir tout volait en éclats

Vivre chaque seconde je suis tombé bien bas



Mais vivre nom de nom à quoi ça peut servir

J'ai connu la misère j'ai perdu le sourire

Et j'ai tout essayé pour être -un peu- heureux

Mais l'alcool et la drogue c'est pas ce qu'il y a de mieux



Je me suis fatigué sur toutes ces routes vaines

Où j'ai récolté moins de bonheur que de peines

Ce sont des mots il faut savoir pour les comprendre

Qu'un est le mois de juin et que l'autre est décembre



Dans ce monde où je vis je ne suis pas chez moi

Je tourne en rond je cherche et je ne sais pas quoi

Et puis tous les matins je m'en vais travailler

Et j'écris des poèmes parlant de liberté



Mais vivre comme ça ça n'en vaut pas le coup

A vouloir ne rien perdre je suis devenu fou

J'en ai marre mais j'espère encore et malgré moi

Je tourne en rond je cours sans savoir après quoi...



06 03 1976



L'instant qui vient est déjà loin

dans les instants que je vivrai

Le temps prison qui me retient

Et que je n'oublierai jamais



Quand je fais deux pas en avant

A tout hasard vers la lumière

Le temps de respirer le vent

Et je fais deux pas en arrière



Je joue comme un tango lassé

Entre désespoir et espoir

Et je rêve du mot liberté

Dans le ciel pluvieux de mes soirs



Les habitudes sont vite là

Le rêve n'engendre pas l'action

Quand je parle d'autre là-bas

Je reste planté là comme un con



Un jour je quitterai la ville

Comme on fait un geste banal

Je verrai que c'était facile

Et que cela ne fait pas mal



L'instant qui vient est déjà loin

Dans les instants où je vivrai

Le temps prison qui me retient

Ne laissera pas de regrets.



21 03 1976





Nous irons jusqu'au delà des rêves

Mon amour tu verras

Rien ne nous barrera la route

Et nous aurons pour vivre

L'éternité



Nous chanterons toutes les mers

Mon amour tu verras

Nous verrons toutes les terres

Et tous les êtres

De l'univers



Rien n'empêchera la jeunesse

Mon amour tu verras

De faire du monde un seul pays

Et de l'amour une seule paix

Éternelle



Et nous irons vivre nos rêves

Mon amour tu verras

Dans le cœur des hommes nouveaux

Nos enfants seront ceux là

Mon amour.



03 04 1976





Un peu de musique comme pour taire l'ennui

Mon amour je sais

Je suis fatigué je pourrais dire tu

Tu rentres à huit heures ce soir

Fatiguée

Mon amour ne regarde pas ce feu

Dans mon regard

Il est hier



Deux gouttes de guitare pour un samedi

A qui dire j'en ai marre je deviens fou

Quelle heure est il ? Mon enfant tousse

Je t'attends



Ce feu qui brillait comme une étoile loin

Que l'on touchait du cœur

Comme un soleil

Il est hier



Lundi je partirai dans l'aube froide

Il sera six heures et demi et puis le soir

Plus encore abruti je ne rêverai pas

Mon boulot paye mal et il est dur

Ce soir je prendrai un comprimé pour ne pas y penser

Pour ne pas voir dans la nuit le feu d'un rêve

Demain il y aura un peu de joie et puis

Lundi nous crèvera

Dimanche sera le feu

Mon amour ne dis pas l'espoir !

Je t'en prie.



10 04 1976





Un couple de vieux est passé au soleil

Dans la rue is se tiennent la main

Serré sur tant de peines et tant de joies

Aujourd'hui m'étrange étrangement



Une femme en minijupe qui serre son enfant

Sur sa poitrine un gamin en vélo

Un morceau de désert calme et silencieux

Comme aujourd'hui où je suis ailleurs



Une phrase d'un poète qui par le du Chili

Les camarades morts du temps de Franco

Le sourire du bébé, la chienne un coup de langue

Avril samedi



Le printemps c'est une voix comme aujourd'hui

Et samedi m'étrange étrangement.



10 04 1976



Le vent de l'Est s'en va dans les vagues

Le village est dans le rouge du soleil

Les cloches sonnent il est huit heures à Muzillac

Je pars dans la coupure du temps de mon poème

Les merles sifflent des hymnes à la liberté

Dans la maison les enfants mangent

Le petit déjeuner



La paix est vivante dans l'absence

Je puise de la joie dans le vent glacé

Le temps s'est arrêté dans le silence

Tranquille de mes mots assemblés

Mais il fait trop froid il faut que je rentre

Ma chienne devant moi court sur le chemin

Elle est heureuse



Mon amour je ne veux pas quitter ce poème

Donnes moi la main fermes les yeux

L'instant de déchirure verticale de l'espace

Je ne sais pas si nous en sortirons

Le vent de l'Est s'en va dans les vagues

Le temps n'est plus à Muzillac

Mon amour.



25 04 1976







il me revient des souvenirs sans arbres

Nos pas jumeaux dans l'herbe rase

De l'amour dans nos regards

Et les vagues contre les rochers là-bas

Derrière le phare



Il me revient du vent dans les cheveux

Et toi pensive assise face à la mer

Un chien qui va nous rassemblant

Dans la lande et les chemins

du bout du monde



Il me revient cette île tout a recommencé

Le silence et les rires

La brise glacée de pluie on marchait

Mon amour il me revient cette île

Il me revient Ouessant.



08 05 1976





Toute ma vie de vivre je cherche

Dans vos yeux

Un rêve pareil au mien

Où je suis comme une pierre

Parmi la pierre qui vit

toute ma vie je cherche

Ce regard d'horizon ensemble derrière les vagues

Ensemble

(je ne sais rien)

Au delà des vagues de cette mer

De cette terre

Au delà même (je cherche) de cet ailleurs

Chacun

Chacun ensemble avec lui-même

J'aigris je cherche quoi ?

Toute ma vie de vivre au temps qui va

Au delà de mon amour ma quête de paix

J'aigris dans la solitude et la folie

Le regard avant les mots

Le regard humble devant la beauté

Je cherche

Je cherche ce regard d'ailleurs ?

Je n'en sais rien

Ce sourire figé dans l'espace imperceptible du temps

Je cherche et ne vois rien

Toute ma vie de vivre j'espère pourtant

L'espérance...



15 05 1976



Poème d'un homme dans une usine

Il est là pour travailler

Il pense à sa vie maintenant

Il se demande pourquoi ?

Poème d'un homme qui est triste

Qui rentrera dans un « chez moi »

Anonyme et comme chez eux

Ces gens tout à côté de lui

Poème d'un homme dans une usine

Qui pense à son amour

Amour qui est loin au travail

Et qui se demande aussi pourquoi ?

Les heures les jours les jours les jours

Qui se demande pourquoi le vie

Pourquoi l'enfance pourquoi la vie

Pourquoi le rêve sortir de quoi ?



Poème d'un homme et d'une femme qui en ont marre



Poème d'un homme qui sourit

A une femme qui sourit

sur leurs lèvres glisse je t'aime

Ils ont leur enfant dans les bras

L'instant est lumineux

Pourquoi sont-ils déjà

Un peu tristes un peu blessés

Pourquoi les larmes pourquoi la peine

Pourquoi la vie ?



Poème d'une femme et d'un homme qui travaillent

Ils pensent à leur vie maintenant

Et ils sourient pour la folie

Et ils espèrent.

05 06 1976

Ce toi qui est un rêve assassine les miens

Et je vois dans tes yeux des tourments obscurs

Des cris demain qu'arrache à ma gorge ton chant

Ce rêve au fond de moi est toi dans ma folie



Je t'aime et le silence m'enveloppe de vent

Avec des souvenirs ressassés de corbeau

L'avenir je le vis dans tes rires et tes larmes

Ces ailleurs de maison où nous serons heureux



Mes rêves sont noyés dans l'océan trop vite

Notre amour bateau a ses voiles gonflées

Et joue sur les chevaux d'écume et de misère

Notre port est la nuit où s'échoue le plaisir



Et ce toi dont je rêve me caresse sans fin

Des enfants dans tes doigts courent sur ma peau

Tous ces cris que demain arrache de ton ventre

Ce rêve dans ma folie où nous sommes heureux.



03 07 1976















Pour ce regard bruissant d'ombrage d'automne

Le miroir d'amour et de paix j'écris

Pour la jeunesse dans les rues

Deux doigts en V et le sourire

Pour ce regard de nuit luisante et lunaire

J'écris.



02 08 1976











L'arbre de la liberté, chétif

Dans un triporteur va les rues

Les blousons noirs se battent

Le soir chez les pompiers

C'est les années soixante

J'achète des pétards

J'ai gardé la monnaie en revenant des courses

Et j'ai des culottes courtes

Dans la banlieue des accordéons

C'est le bal des misères les quatorze juillet

La connerie humaine bat le goudron trop chaud

De leur Bastille maquillée et solide

Ça me dégueule maintenant

Jusque dans mes godasses.



16 08 1976









Où vont les jours

Il fait si lourd

Où est l'automne

Où va la vie

Le temps me plie

Tant monotone



Où s'en vont les jours

Où partent les mots

Et la mort bientôt

Viendra mon amour



Les heures se perdent

Et je m'emmerde

L'esprit absent

J'attends toujours

Oh mon amour

Un autre temps



Où s'en vont les jours

Où partent les mots

Et la mort bientôt

Viendra mon amour.



25 08 1976



Un envol blanc et gris au raz de l'écume

Puis les ailes étendues sur un doux lit de vent

L'oiseau comme mes rêves s'éloigne dans l'azur

Mais garde dans son regard l'océan en furie



Il faudra bien qu'il plonge bientôt pour se nourrir

Même un oiseau ne peut vivre que des nuages

Et mes rêves le suivent dans son plongeon vital

Mais ne remontent pas avec lui dans le ciel



La fange existe tant que j'y reste collé

Et avec la folie dans mon regard absent

Je vois l'oiseau de mer m'abandonner ici

Et je meurs doucement noyé comme mes songes.



30 08 1976













Un instant comme sorti d'un rêve

Un seul instant encore

Et je retrouve mes yeux de demain

Et d'hier

Et le sang comme d'habitude

Et le silence

Couleront des arbres et de tes yeux

Couleront des arbres et de tes yeux

Des océans

Et la folie mêlée d'espoir

Ne sera plus

Qu'un instant qui reviendra

Peut-être

Dans l'infini de l'éternité



04 09 1976



J'écris avec des mots d'automne

Des mots mouillés comme le ciel

Comme la terre

Comme mon cœur

Mon âme s'en va vers le nord

J'écris avec des mots de brume

Avec des mots prisonniers

Comme mon amour

Je vais sans espérance



Pourtant c'est bon d'aimer



J'écris avec des mots tristes

Des mots qui coulent comme des larmes

Comme des fleuves

Vers la mer

Mon âme s'en va vers la mort

J'écris avec des mots d'automne

Le souffle de mon désespoir

Celui de mon amour

Et de ma vie



Ne dites pas que c'est le temps

Qui me fait ça

Ne dites pas le temps

Ne dites pas ça



Pourtant c'est beau l'amour !

Et j'aime.



04 10 1976







Je suis toujours allé comme ça

De misère en misère

Comme la nuit

Le papillon vers la lumière

J'ai oublié mon innocence

Entre deux filles deux aventures

Je suis toujours allé comme ça

Au hasard

Le destin me pousse vers cette fange

Si c'est le prix de la liberté

Si j'ai le choix



Je suis toujours allé comme ça

comme une barque seule au large

Je ne porte pas d'uniforme

Ni la crasse ni les cheveux

Je regarde au fond de votre âme

Je ne m'arrête pas sur vos yeux

Je suis toujours allé comme ça

Dans la vie

La vie me pousse dans la fange

Si c'est le chemin de la liberté

Si j'ai le choix

Je vais.



16 10 1976





Je ne peux te donner de moi

Que ce qui est moi

Des mots qui coulent entre des silences

Un sourire qui semble venir de mon enfance

Un sourire des rues

Quelques vagues d'une mer révolue

Une vision bizarre des choses et du monde

Quelques siècles de retard ?

Un enfant qui te ressemble

Et mon amour comme la liberté



Je ne peux te donner de moi

Que ce qui est moi

Des mots qui volent entre des silences

Une fracture du ciel un instant

Qui brise le temps qui passe

Le vent glacé de l'aube

Quand tu vas au travail

Une idée toujours comme une route

Vers la liberté



Je ne peux rien te donner

Je ne peux rien te donner !



21 11 1976





La brume du matin prépare

Le temps pour l'automne arrivant

L'été est plus dans nos mémoires

Que dans le soleil pâlissant



L'aube a des couleurs virginales

Le gel habille la terre en blanc

Les fleurs ont perdu leurs pétales

Les arbres vont leur dénuement



Je sais qu'il est vain de chercher

Dans l'amour quelque raison

Mais je traîne mon cœur glacé

Le notre a duré la saison



Tu as fermé ta porte

Et sur ton seuil le vent

Balaie nos amours mortes

Et s'en va tristement



Viennent les saisons mortes

Emportant notre amour

Tu as fermé ta porte

La nuit chasse le jour.



1978





Quand aura tant coulé le temps

Comme un torrent nous emportant

Quand nous serons devenus vieux

S'il plaît aux dieux que nous soyons

Encore vivant



Je voudrais te donner la main

Arrivé au bout du chemin

Te dire je t'aime oh mon amour

Je t'aime comme au premier jour



Quand la vie nous aura laissé

Un seul rivage pour aborder

Avant que soit l'heure de la mort

L'heure de toucher le dernier port

L'ultime instant



Je voudrais te donner la main

Baiser ta bouche et me noyer

Dans la tendresse et le chagrin

Que ces instants soient les derniers



Je voudrais partir avec toi

Fermer mes yeux sur ton visage

Et ne plus se quitter jamais

Partir pour le dernier voyage

Oh mon amour



Je voudrais te donner la main

Et avec toi être entraîné

De l'autre côté s'il n'y a rien

Notre amour est éternité.

1978

Et je pousse comme une herbe folle

Dans ces sillons trop ordonnés

Je cherche je cherche

Qui peut être heureux dans ce monde

Où je voudrais simplement vivre

Qui viendra avec moi ?



Mais mes racines sont tordues

Et les vents toujours m'écartèlent

Je cherche je cherche

Bloqué par les contradictions

Et englouti sous le silence

Qui viendra avec moi ?



Mais je ne suis pas ce chemin

Si droit qu'il ressemble à la mort

Je cherche je cherche

Pourrais-je trouver dans les mots

La vie enfin sortie des rêves

Qui viendra avec moi ?



La liberté existe t'elle

La liberté la paix l'amour

Je cherche je cherche

Et je tends mes mains et mon âme

Vers cet espoir simple et fou

Et je reste tout seul.



1979

Je rentre le soir il fait jour encore

Il gèle parfois et ce matin

Quelques flocons de neige sont tombés

Le temps...



Les arbres sont gris et paraissent morts

Encore un mois d'hiver le printemps vient

Viendront bientôt des jours ensoleillés

Le temps...



Le temps nous mène et d'habitudes

Se font les jours recommencés

Le temps nous mène et l'habitude

Dans la mort bientôt va casser



Dans le mort bientôt va casser.



1975







On arrive presque à l'an deux-mille

L'homme à quelques millions d'années

Que si Cro-Magnon revenait

Il serait complètement paumé

On arrive presque à l'an deux-mille

Toutes les sciences ont fait des progrès

On vit de plus en plus longtemps

Peut-être grâce aux médicaments

Ça devrait être bien portant



Autoroute et tour de fer

C'est ni paradis ni enfer

On de vivre avec son temps

Est-ce qu'on pourra vivre longtemps

Je n'en suis pas sûr



On vit à l'air industrielle

Ça nous fait pas le vie très belle

L'herbe est noire dans les fossés

Au bord des routes surchargées

L'usine c'est pas la liberté

On a fermé toutes les issues

Rien dire rien entendre rien voir

L'incommunicabilité

Est bien la reine incontestée

Tant le monde a évolué



Gros verrou sur porte en fer

C'est ni paradis ni enfer

Il faut vivre avec son temps

Est-ce qu'on pourra vivre longtemps

Je n'en suis pas sûr



Les réserves de pétrole s'épuisent

En deux-mille tout sera à sec

Mais il faut continuer de produire

chercher autre chose sans s'arrêter

Les flics c'est la sécurité

Il y a des atomes un peu partout

Et c'est pour des siècles et des siècles

Il faut que le monde soit vraiment fou

Mais on continue le chemin

On se prépare une drôle de fin



Flic partout et nucléaire

C'est ni paradis ni enfer

On dit faut vivre avec son temps

Mais enfants l'auront-ils ce temps

Il faudrait pouvoir tout arrêter

Avant que tout soit terminé !



23 04 1979



En forme de testament

Une liberté de mots et de gestes

Peut-être trop de rêves peu de vie

Longue

L'infini de l'instant

Le silence en forme de testament

Le silence comme un aboutissement

Avec l'anarchie

Avec un éternelle adolescence



Mon corps je m'en fous



En forme de testament

Chaque rêve en dernière volonté

C'est bien long la vie parfois

Le silence léger et doux

Avec des rires et de la musique

L'adieu sans larmes

quelque soit la couleur du temps

En forme de testament

L'amour.



16 04 1978



Rien ne ramène la douceur du temps

Pour hier il n'y a pas de chemin

Hors le souvenir

Je cherche d'autres voies vers la liberté

Tout ce que j'ai marché s'inscrit dans mon histoire

Mais ma mémoire ignore le cheminement de demain

Je n'échapperai pas à ma route

Qu'aujourd'hui encore je cherche

La tristesse ne peut vivre au futur

Mais l'espoir et le rêve

Alors je vais sans renier mes pas

Je cherche mon chemin

J'espère et je vis avec ma force et ma folie

Je marche.



1978

J'ai quitté le champs de pierres

Où ne flrurissait plus rien

Et voilà que m'abandonne

L'arbre rêvé de demain



Je quitterais la rivière

Si la source se tarie

Comme un jour j'ai quitté la pierre

Qui peignait les arbres en gris



J'ai quitté la mort et l'ombre

Pour mourir dans la lumière

Si la lumière devient ombre

Moi je resterai de pierre



Ma vie n'est pas un jardin

Où fleurit n'importe quoi

Si les arbres y meurent trop vite

Les pierres n'y meurent pas



J'ai quitté le champs de pierres

Pour une rivière asséchée

Les pierres ont bloqué la source

Je meurs d'avoir trop rêvé.



1978

De plus en plus je me clos

Dans le silence

A quoi serviront tous ces mots

Jetés

Même si je m'en retournais

Jusqu'à l'enfance

Je n'y retrouverais

Que la nuit



Et de plus en plus je rêve

Dans le silence

D'une jouissance infinie

Et secrète

Mais si je vais trop vite

Vers elle

Je ne trouverais

Que la nuit



Et de plus en plus je m'enfuis

Dans le silence

A quoi serviront tant d'instants

Jetés

Dans les poubelles du vent

Qui n'emporte

Qu'un tout petit peu de moi

Dans la nuit



Et de plus en plus je meurs

Dans le silence.



07 05 1978





Si le présent est imparfait

A l'imparfait c'était le bon temps

Si pour nous le passé est simple

Que conjugueront nos enfants



Pauvre maison ta vie est morne

Car en dehors des souvenirs

L'environnement uniforme

Ça n'a rien pour te réjouir

Tu n'auras jamais eu de chance

Habitée trois mois dans l'année

C'est secondaire une résidence

Pour les nantis et les trop gavés



Tu étais traitée sans amour

Par des touristes indifférents

Tu appelais l'automne au secours

L'été n'était pas alléchant

A part les lézards paresseux

Qui se réchauffaient sur tes pierres

C'étaient des cris des coups des feux

Et le goût de l'huile solaire



Au moins l'automne il ya avait des feuilles

Que le vent balayait gaiement

La musique dans les branches vides

Des saules et des chênes puissants

Maintenant l'automne c'est à peine

S'il verdit l'herbe il y en a si peu

Pas besoin de chercher de chênes

Il n'y a même plus de résineux



La mer n'était pas une poubelle

IL y avait encore des pêcheurs

Et sur des plages propres et belles

Nichaient des oiseaux migrateurs

Maintenant si on approche la côte

On est averti par l'odeur

Les grèves sont noires et pestilentes

Il y a longtemps que les oiseaux sont morts



Il n'y a plus dans le silence

Le grincement régulier

D'une charrette sue devance

A pas lent un goémonier

Un goémonier pour quoi faire

Puisqu'il n'y a plus de goémon

Qu'il n'y a plus de vie sur terre

Que dans tes souvenirs de maison



Que dans tes rêves de maison.



1977

Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre

Ils marchent dans l'épais de la pluie

Enracinés au froid de l'air qui leur fouette la peau

Ceux de nulle part ne sont pas du néant

Ils ont dans les yeux un peu de chaque pays

Ils ont dans le cœur déjà la terre où ils vont

Celles où ils iront

Peut être aussi celle où viendra les prendre la mort

Ceux de nulle part sont du ciel

Ils sont des arbres aux racines nuages

Ils emmènent avec eux le bonheur

Moi je suis d'ici et d'ailleurs

De partout un peu

D'ici et du ciel et du vent

Ailleurs de la pluie du froid et du feu

De partout de l'amour

Je suis d'ici de part mes tripes reliées à la terre

Et à la mer

Reliées à la musique aux mots aux morts

Par le flux et le reflux la tempête

Je suis d'ici des chants des champs aussi des fleurs

Je suis d'ici et de nulle part de l'au-delà du rêve

Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre

Et le vent m'emmène ailleurs toujours

M'emmène vers la liberté ailleurs toujours lointaine

Le vent m'emmène je marche dans l'épaisseur de l'air

Je passe je suis sans être vu

Je n'ai pas le temps je passe et j'espère je marche

Je ne sais faire que ça

Je suis d'ici et d'ailleurs de l'amour

je vais où le vent m'emmène toujours le vent

Vers la liberté je n'ai pas le temps je passe et je chante

Écoutez...

01 05 1979

Je n'ai plus

Qu'à refermer les yeux

Et rêver de lumière

Sans prison



Je n'ai plus

Qu'à attendre encore

L'heure de la mort

De ma liberté



Je n'ai plus

Qu'à vivre sans demain

Le temps est déjà loin

D'hier



Et demain

Quelque soit demain

J'ouvrirai les yeux

Sur un soleil nouveau

Et si je n'oublie pas

Le brouillard d'aujourd'hui

Les détours du chemin

M'éloigneront de lui

Même si



Je n'ai plus

Qu'à dormir sans sommeil

Qu'à aimer sans envie

Sans amour



Je n'ai plus

Qu'à refermer les yeux

Et rêver de lumière

Sans prison. 1973

Le monde est fait comme ça

On est sur des rails

En naissant on prend le train

On y reste jusqu'à la fin

Tu as beau tirer le signal d'alarme

Pousser des cris manifester

Des pancartes dans les défilés

Il n'y a pas souvent de gares

Depuis soixante-huit pas d'arrêt

Sauter en marche ne sert à rien

Le monde est fait comme ça

Ceux qui ont la parole s'en servent

Pour dire qu'il n'y a rien à faire

Que leur pouvoir ne va pas si loin

Ne pas toucher aux aiguillages

Qu'on est sur la bonne voie

Qu'on a fait les bons choix

Que sauter en marche ne sert à rien

On est sur les rails

Faudra aller jusqu'au bout

Faudra tomber dans le trou

après le butoir c'est l'explosion

On trouvera mieux que le nucléaire

Pour se foutre la gueule en l'air

On a de l'imagination

Le monde est fait comme ça

Il faut aller toujours plus loin

Il faut aller toujours plus loin !

05 1979



« Je sais d'étranges morts qui ne pourrissent pas

Et qui sont beaux comme la chair adolescente

Ce sont ceux-là dont les vivants parlent tout bas

anges assassinés de leur jeunesse ardente »



Léo Ferré « les morts qui vivent » (Poètes vos papiers)



C'était un soir de fête

Ni à cause des bals

Ni parce que les flonflons

C'était un soir de fête

Parce que la jeunesse

Parce que les copains



On ne se connaissait peut-être pas encore assez

Pour que je dise « mon ami »

On s'entendait bien

Tout le monde s'aimait



C'était un soir de fête

Le rire volait avec nous

On avait peut-être un peu bu



Il n'était peut-être pas encore mon ami

Mais on ne se quittait pas beaucoup

On parlait de motos et de filles

On faisait connaissance



C'était un soir de fête

Peut-être qu'on a sommeillé un peu

Il ne s'est pas réveillé

C'était un soir de fête

pourquoi y a t'il eu demain ?

19 08 1979

Vers quels autres pays s'astreindre à espérer

Mes pas vers quels soleils ou terre d'esprit nouveau

Pétrir quels autres rêves

Sourire



S'installer le matin pour quel autre horizon

Enfoncer de la voix comme un clou dans la main

Quelques trop durs silences

sourire



Vers quels autres étranges lieux se diriger

Dans la pluie drue

Comme dans un ancien automne

De mes joies sans pareilles

Sourire



S'installer sous les arbres allongé sur les feuilles

Les écureuils régnants là-haut dans le regard

Et attendre l'hiver

Sourire



Vers quels autres printemps alors l'enfance comme

Usée d'amour le temps du temps que l'amour s'use

Et dans l'été blessant

Sourire



Vers quels autres pays s'astreindre à espérer

De folie à venir s'envahir doucement

Comme une cinquième saison

Mourir



08 09 1979



C'était un matin gris rappelant nos voyages

La route était déserte dans la brume immobile

Des corbeaux passaient ras la terre retournée

Je voudrais m'arrêter

Et vivre

Te prendre par la main je nous revois si bien

Sur ces routes de pluie combien d'années déjà

Passées et se referment sur notre liberté

Un écureuil rapide a couru dans les phares



On a pris l'habitude le travail les enfants

La fatigue des soirs l'amour que l'on fait moins

La grisaille des jours et moi dans mon silence

Et des ennuis de fric nous qui ne comptions pas



Je voudrais t'emmener d'autres vagabondages

En Allemagne encore pourquoi pas n’importe où

Et n'importe comment mais il faut qu'on y aille

Dans la neige neuve rire comme des enfants



Mais nous ne pouvons pas et le temps fait le reste

La vie ça va si vite on a bientôt trente ans

Le rêve ça va un peu mais l'espérance gèle

De semaines en années notre temps s'obscurcit



Ce midi fatigué j'ai écrit ce poème

Un peu désespéré mais le vie est comme ça

Je voulais simplement te dire que je t'aime

Et que peut-être un jour tout recommencera



C'était un matin gris rappelant nos voyages

La route était déserte dans la brume immobile

Je voudrais repartir avec dans les bagages

Deux petites filles une chienne et toi, mon amour. 11 09 1979





Ce serait un matin d'hiver

Un copain matinal

Allumerait le feu

Et préparerait le café

Le chocolat pour les enfants

Et bientôt on se trouverait

Tous autour de la table

On ferait la liste du jour

Chacun choisirait son travail

Doucement doucement



Ce serait un soir de printemps

Une longue journée

Bien remplis bien aimée

Les plus fatigués dormiraient

certains seraient à lire dehors

Et d'autres à chanter dedans

On allumerait un petit joint

Contents d'aujourd'hui et demain

Hier étant déjà bien loin

Doucement doucement



Ce serait un midi d'été

Il y aurait des invités

Qui nous raconteraient

Ailleurs la vie comment elle est

Dans les autres communautés

Ils nous amèneraient du pain

Ou de la laine ou des sabots

On partagerait le repas

On s'apprendrait quelques chansons

doucement doucement

Ce serait une aurore d'automne

Sur une terre libre

Où vivre une autre vie

J'aurais pu dire dans ma chanson

Les engueulades et les départs

La mort et puis les maladies

La faim les jours noirs les soucis

Mais ça n'est pas intéressant

Et puis on vit ça au présent

Comme des cons comme des cons.



1979

Mon réveil s'arrêtera

Et j'arrêterai aussi

Sans rien pour accrocher mes mains

Ni mes souvenirs

Rien qu'une terre sensible

Qui le nourrit

Et où je renaîtrait

J'attends

J'attends

Avec des rêves grands comme le ciel

Que les mots tuent

Indispensable pour donner

Les mots c'est con

L'amour

J'attends

J'attends

Avec des mots auxquels je crois

Qui ne m'appartiennent pas

Les mots s'envolent

L'amour

J'attends

Combien sommes-nous pour y croire

Les pierres ont elles une mémoire

Le temps c'est con

La mort.



31 12 1978





C'est ce moment tranquille où revit le silence

Où même la maison semble se reposer

Et les objets respirent du même souffle que moi

comme pour calmer les battements de mon cœur



C'est ce moment tranquille où les instants s'étirent

Longs infiniment longs comme une éternité

Où je ferme les yeux et je reste immobile

Pour apaiser en moi la tempête et le feu



C'est ce moment tranquille où doucement se pose

La paix comme un oiseau diaphane et léger

Où tout vit au même rythme lent et minéral

Des secondes où j'arrive presque à le plus penser



Mais ce temps est si court et au combien fragile

Qu'un bruit de pas un rêve l'image d'un sourire

Où un souffle de vent suffit à la casser

Mais je ne sais pas parfois de temps qui soit plus tendre

Qu'attendre

T'attendre.



07 11 1979



Les gestes qui ne comptent pas

Ni les mots nés des habitudes

Les bruits les musiques les voix

Bourdonnement des multitudes

Tout ce qui bouge tout ce qui vit

Les rues les villes les cafés

Les terres les mers les pays

Les femmes les hommes les sociétés



Tout ce que je vois

Ce que je sens ce que j'aime

Ce que je combats

Au fond de moi mon âme saigne

Je voudrais sortir du silence



Et tous les pas que j'ai pu faire

Comme ceux que je ferai encore

Les vagues revenues de la mer

Les bateaux revenus des ports

La liberté jamais atteinte

La page vierge et le stylo

Qui imprimera mon empreinte

Dans l'éternité d'un sanglot



Tout ce que je vois

Ce que je suis ce que je montre

tout ce qui fait mon espérance

Tremble au fond de moi

Comme les secondes sur la montre

Je voudrais vomir mon silence



Tous les poèmes amoncelés

Tous ces mots scellés dans l'encre

Les pages qu'un jour j'ai tournées

Les baies où j'ai jeté l'ancre

Aucune chanson n'est finie

Même quand la guitare s'est tue

D'autres s'enfoncent dans l'oubli

C'est le silence qui continue



Tout ce que je vois

Ce que j'admire ce qui m'enchante

On y a pas pensé souvent

Mais un mot suffit pour que vienne

L'idée du poids que font trente ans

Alignés derrière le miroir

quand on se croise du regard

En se disant qu'on a rien fait



Il faut bien dire aussi

Que la machine nous enchaîne

Et le manège tourne si vite

Demain vient où l'on sera vieux

Que dans le ciel de notre vie

Il n'y a pas beaucoup d'éclaircies



L'image paraît jeune encore

C'est dans la tête que le temps pèse

On sait ce qu'on ne ferait plus

On a plus de ces folles joies

Qu'hier nous arrachaient le cœur

Plus de folles peines non plus



On a laissé notre folie

Le long d'un fleuve merveilleux

On sait pourtant qu'il coule encore

Quand on vivait le temps présent

Sans souci d'après ni d'avant

En laissant filer la jeunesse



On prend encore des coups au cœur

Par la beauté ou par la mort

Comme des retours d'adolescence

On n'a pas passé de frontières

C'est pas demain qu'on sera vieux

Le ciel est bleu par la fenêtre



Il n'y a qu'à dire aussi

qu'on peut arrêter la machine

Qu'on peut descendre du manège

Et se jeter à cœur ouvert

Dans le fleuve tumultueux

Où vivra toujours la jeunesse.



14 07 1980



Matin pluvieux

Aux cris d'oiseaux

Timides

Le vent secoue

Les peupliers

Dimanche



Un parapluie

Énorme et noir

Promène

Sous ma fenêtre

Un chien avec

Son maître



Longeant les murs

Sac sous le bras

Une femme

Le pas pressé

Le pain frais sous

La cape



Un goéland

Vire lentement

Au ciel

Un géranium

Pleure des pétales

Fanés



Et moi assis

Bien à l'abri

J'attends

Que le soleil

Montre son œil

Brûlant

Matin d'été

qui ressemble à

L'automne

Les cloches sonnent

Il est neuf heures

Dimanche



20 07 1980



Qui est venu sonner

Cette nuit à ma porte

Était-ce un ami

Ou bien un inconnu

Je ne sais



Je n'ai pas bougé

De la chaleur du lit

Mais j'ai ouvert les yeux

Et j'ai écouté le silence



C'était peut-être un rêve

C'était peut-être ailleurs

Il n'y a plus rien eu

Vague peur

Et le noir de la nuit



C'était peut être un homme

Ou peut-être un fantôme

Ou peut-être la mort

Qui venait me chercher

je ne sais



Un clochard un poète

Ou un souvenir

Mais je n'ai pas bougé

Cette nuit et je garde

Des regrets



Qui est venu sonner

Cette nuit à ma porte ?

Je ne sais.



28 08 1980

tu peux croire que tu aimes vivre

Et même que tu es heureux

C'est un bon moment à passer

Mais il ne dure pas longtemps



Quand le cafard te tenaille

Sans que tu saches son secret

Tu penses que la fin est au bout



Et passent sans fin les jours

Qui se suivent et se ressemblent

Le travail et le sommeil

Avec amour ou sans amour



Tu veux supprimer la tristesse

En fumant l'herbe de ton jardin

Le matin le soleil t'aveugle

Tu sais que rien ne change rien



Le jour où tu en as marre

tu restes chez toi tu t'en fous

Tu vas cueillir des champignons

Ou tu ramasses des pommes de terre



Tu te dis que tu aimes vivre

Et même que tu es heureux

Puis tu retournes à l'usine

Tu sais que rien ne change rien



Alors tu prends ta guitare

Et tu rêves de liberté.



14 09 1980

Ce que je vis doucement

L'air respiré des forêts

Les lentes longueurs

Je vois quand je veux

Les nuages se déchirer

Où restent sur les crêtes où restent

Des neiges d'hiver

J'ai l'âme éparpillée

sous le ciel gris ou bleu

Comme un blues

doucement

Ce que je vis en douceur

Sur les plages gelées de décembre

Quand je suis seul

Avec les oiseaux

Les goélands les mouettes

Hérons cendrés des marais

Ce que je voudrais

C'est presque tout ce que je voudrais

J'ai la tête en morceaux

Devant la mer étalée

Comme un blues

En douceur

Ce que je vis en dedans

Le soleil perdu du soir

Dans les monts d'Arrée

La liberté des sommets

Tout est songe

Peut importe tout est songe

Je ne peux qu'imaginer

Car je n'ai pas le temps

Le temps que je vis en dedans

C'est un blues, doucement.

29 09 1980

Rien a changé tout se replace

Chaque chose

Les années ont fui

Je n'ai pas vu d'écureuils

Depuis longtemps

Je bois, je fume je vieillis

Je me sens mal

Rien n'a changé rien ne va

Mais je suis si bien

Quand tu es là

Mon amour

J'ai perdu beaucoup de folie

Ma haine est morte

Je vis comme « tout le monde »

J'en ai assez du travail

rien n'a changé

Rien ne va

Mais je suis si bien avec toi

Mon amour

J'ai des cernes noirs autour des yeux

Et des rides

Pas de goût pour le merveilleux

J'ai aigri j'ai maigri

Je n'écris plus rien

Je n'ai pas de souvenir

De ce que j'étais

Rien n'a changé

Mais j'ai peur de la vie

C'est peut-être fou

De t'aimer comme je t'aime

Rien n'a changé rien ne va

Mais je suis si bien

Avec toi

Je t'aime. 30 09 1980







Écoute

La lumière

Des pierres

Leurs chants

D'une éternité

C'est assourdissant

Sans doute car

Tu doutes

Et rien

Tu n'entends.



22 08 1980

Je voudrais écrire

Une chanson belle

Une seule chanson

Me vider de tout

Des mots et des ciels

Des misères du monde

De nos rêves mêlés

Et contradictoires

Je voudrais



Je voudrais écrire

Une musique belle

Une seule musique

Douce comme l'amour

Écrire des poèmes

Dans la longueur des nuits

Pour te dire je t'aime

Et puis t'écrire encore

Je voudrais



Peindre le gris du ciel

Pasant au loin les vagues

Et l'horizon multiple

Des amitiés de sable

S'effritant dans les jours

Ou alors se serrant

Dans un granit lourd

A défier le temps

Je voudrais



Je voudrais raconter

Mais mon temps est trop court

La vie telle qu'elle serait

Si elle était d'amour

Comme un soir tranquille

Chantant sur sa guitare

La voix d'un seul ami

Pour un monde d'espoir

Je voudrais



Je voudrais écrire

Une chanson belle

Une seule chanson

Le temps pousse le temps

Je marche et je vieillis

Et je chante et je sais

si longue soit ma vie

Je n'aurai pas le temps.



09 12 1980

Le matin cache

Son butin

Rouge

C'est en mai

Mais en mai

D'aube



Planté dans

Le froid bleu

Je vois

Loin après

Loin avant

L'aube



Le matin cache

Son butin

Planté dans

Le froid bleu

Rouge

Je vois

C'est en mai

Bien après

Mais en mai

Bien avant

L'aube rouge.



09 05 1979

Rêver sans cesse un monde qui ne sera jamais

Écrire sans cesse un rêve qui ne sera pas lu

Courir sur des chemins magnifiques et faciles

De sourire et d'amour et y rester tout seul



Vivre le cœur ouvert vers la vie souveraine

Aimer l'amour jusqu'à s'en faire péter l'âme

Souffrir aussi sans fin des souffrances humaines

Devant le papier blanc se retrouver tout seul



Un grand remue ménage me secouant la tête

Les idées et les mots me martelant l'esprit

Le cerveau déchiré tel des pieds sur l'asphalte

D'espérance marcher en signes sur le papier



Marcher encore mùarcher jusqu'au bout du silence

Et de la solitude et de l'amour aussi

Avec au fond du sang d'obscures mécaniques

Indécentes à se mettre nues et à crier



Retranscrire les chants qui montent de la terre

Les cris des pierres les arbres les caresses du vent

La mort qui marche aussi et l'angoisse des hommes

Le temps dans la poitrine qui sonnera le glas



Aller du crépuscule à l'aurore est la route

De l'aurore à la nuit de la mort à la vie

Semblable à tout jamais à soi-même et aux autres

Peut-être vivre enfin une cinquième saison



A la mort retrouver le silence être seul

Et puis ne rien laisser qu'en poèmes glacés

Les rêves de ce monde qui ne sera jamais

Qu'un peu de la folie coulant des solitudes. 06 01 1980

Je vois dans la nuit glisser les lumières

De ce train qui vient de quitter la gare

Il vient de Paris et va vers Quimper

En passant il raconte des histoires

Des histoires de pluie des choses d'hier

Des instants perdus dans le désespoir

De l'amour la mort et puis la misère

Et la vie n'efface rien de ce trou noir



Un amour s'en va un amour arrive

La même folie et le même goût

Une partie de moi reste à la dérive

On avance on n'oublie rien du tout

Rien du tout ce soir où par habitude

J'ai pris un stylo pour écrire un peu

Recroquevillé dans ma solitude

De cette douleur j'ai senti le feu



Jamais d'autres flammes si fortes soient elles

Ne pourront masquer cette fièvre là

Je pourrais connaître d'autres amours belles

Je sais un brasier que rien n'éteindra

Et si aujourd'hui la femme que j'aime

Est comme le soleil d'un matin d'été

J'ai au fond du cœur une ombre ancienne

Qui file sur les rails d'un destin brisé



J'ai vu dans la nuit glisser les lumières

D'un train qui traînait des flots de hasard

Et qui sans douceur cassait les barrières

Des profonds secrets de mon désespoir.

07 11 1991

Je voudrais pour toi la mer

Quand les vagues écrivent des poèmes

Quand dans le bleu du matin

Les goélands disent que je t'aime



Je voudrais pour toi le ciel

Quand le vent mange les nuages

Et viennent les étoiles dans la nuit

Guider mes pas dans tes voyages



Je voudrais pour toi le feu

Quand il éclate le bois en cris

Et quand au cœur de l'hiver

Il berce les rêves de ta vie



Je voudrais pour toi le sourire

Pour tes yeux vidés de la peine

Pour l'enfant qui un jour viendra

Je voudrais te dire je t'aime.



28 10 1974





Mon amour s'endort bleu sur ma peur

Aux draps comme les cieux et les fleurs



Mon amour, bercée de silence

S'abrite de mes cauchemars

Et porte en elle la présence

De notre enfant de notre espoir

Mon amour rêve t'elle si calmée

De cette vie nouvelle bien cachée



Et moi je voudrais croire en dieu

Et j'aimerais pouvoir lui dire

toi que l'on dit si glorieux

Pour moi garde lui son sourire

Mon amour frissonne dans ce lit

Douce respiration de la vie



Dans le tendre oubli du sommeil

Avant que la nuit ne s'achève

Avant que vienne le réveil

Ma force soit en elle et ses rêves

Mon amour s'endort bleue fatiguée

Aux draps comme les cieux de l'été



08 07 1975



Tout ce qui vit dans mon regard

Le vent qui fait frémir les fleurs

Le vol blanc des oiseaux de mer

Les vagues frappant le rivage



Ton nom est en toute beauté

Toutes les beautés sont ton signe

L'odeur de la terre mouillée

Celle du vin frais et de l'ombre



O douceur des choses banales

O silence ardent des tendresses

Toi suspendu avec le temps

A la potence de l'avenir



ton nom est au creux des forêts

Avec l'écureuil et le loir

Avec l'aigle et avec l'agneau

Avec l'enfant émerveillé



Toute vivance t'appartient

C'est pour toi que ma chair vibre

Par toi qu'exultent toutes joies

Par toi que toutes les amours naissent



Tout ce qui vir dans mon regard

Aujourd'hui d'été et de calme

Apporte sur mes lèvres ton nom

Liberté.

23 07 1982





Le bonheur ce n'est pas grand chose

Le bonheur ce n'est pas beaucoup

La beauté fragile d'une rose

Dans le soleil chaud du mois d'août



Le bonheur on ne le voit pas

On ne le sent ni ne le touche

Il est et déjà il n'est pas

comme ce sourire sur ta bouche



Le bonheur va le bonheur vient

Il passe dans notre horizon

comme un lièvre sur le chemin

comme le bateau sous le pont



C'est l'instant qui se fait caresse

Le calme doux d'une embellie

Le plongeon à fond de tendresse

Avant de retrouver la vie



Le bonheur ce n'est pas beaucoup

D'imperceptibles petits riens

A peine le chant du coucou

Dans une aube tiède de juin



Dans le noir il est la lumière

Il est la flamme dans le froid

Le sourire dans la misère

La solitude quelquefois



C'est l'instant qui se fait caresse

Le calme doux d'une embellie

Un plongeon à fond de tendresse

Avant de retrouver la vie. 29 11 1982

Ni l'eau fraîche d'une source vive

Ni le printemps d'un chant d'oiseau

Même la douceur d'une rive

Bordant de vers un ruisseau



Pas l'instant nu d'une caresse

Ou le souvenir de la mer

Ni la folie de la jeunesse

Et son parfum volant dans l'air



Pas même les cieux quand ils pleuvent

L'orage tonifiant de l'été

Ni l'hiver qui donne aux fleuves

D'un torrent la saine gaîté



Non plus la peur des mésanges

Au froid venant à nos maisons

Non plus la perfection des anges

Que créent nos imaginations



Plus que le silence des tendresses

Des matins chauds au fond du lit

Plus que l'insouciance des ivresses

Ou l'obscurité de la nuit



Rien ne suffit il n'est de mot

Ni de chansons ni de poème

Pour dire plus fort et plus beau

Simplement mon amour

Je t'aime.



04 01 1983

La nuit d'aujourd'hui s'emplit d'un vide effrayant

D'un silence chargé de silence

La nuit souveraine chaude et lourde immobile

Les mots s'éteignent les étoiles se taisent

Pas un souffle ne veut troubler cette épaisseur



La poésie me laisse la poésie s'en va

J'ai craché son venin déjà

Le papier reste vierge et muette la voix

Les feux de la mémoire désespère ce temps

Dans lequel je glisse silencieux maintenant



Le désert coule sa chape noire et irréversible

Et noie les mots dans son néant

La forme disparaît dans l'absence de fond

Les sommets s’aplanissent et se comblent les puits

Je reste nu devant les solitudes grises



Les nuits portaient leurs chants au hasard des silences

La poésie vivait encore

Les insomnies avaient le verbe fiévreux

Le désert était plein d'espoir et de musique

La solitude avait la folie du stylo



Mais la nuit d'aujourd'hui reste vide...



08 07 1983



Le soleil de l'aube à allumé le gel

Et libère sur la neige des myriades d'étoiles

Les aiguilles se dressent massives et glacées

Le mélèzes au Sapey laissent passer la neige

que le gel de la nuit retenait en leur toile

Un brouillard amical nous cache la vallée



Il y a aux Chambeaux encore quelques névés

La terre comme une mousse éclate de crocus

Le dôme du Châtelard garde le blanc d'hiver

Les premières marmottes ont quitté le terrier

C'est le printemps qui vient chaque jour un peu plus

On ramasse des trolles en allant aux Bottières



Sur la balme on trouve encore quelques mousserons

Bientôt seront girolles et cèpes dans la panier

Au loin dans nos regards la Meije et l'Étendard

De roche noire on voit les pics de Belledone

A Léard on respire la pleine liberté

Et si je suis ici ce n'est pas par hasard



Quelques flocons parviennent à transpercer la pluie

Et la fraîcheur du soir se perd dans la flambée

Les cimes sont masquées par le flot noir des brumes

souvenirs et futur se mélangent cette nuit

Dans l'éternelle saison fleurie de l'amitié

De ce chalet sourire qui dans mon cœur s'allume.



23 11 1985







Il ne me reste rien d'enfance

Il ne me reste rien de bleu

Dans ces naufrages de silence

Où je me sens devenir vieux



La montagne à des vagues roses

Lorsque tremble la fin du jour

Dans une éternité morose

Nous mortels parlons d'amour



Parlons causons et à boire

Laissons couler les fleuves de mots

Nous voudrions risquer pour voir

Et il ne reste que nos os



Et la mer est infatigable

Dans un érotique ballet

Pénétrée de vent et de sable

violée parfois cocu jamais



que faisons nous nous pauvres diables

De notre mortelle durée

Pour ne pas voir couler le sable

Ineffable du sablier



Nous parlons d'amour et de mort

A l'ombre d'arbres centenaires

Et nous accompagnons les morts

Dans le calme des cimetières



J'ai été un môme innocent

J'ai jeté vite l'innocence

Et mes rides vont se creusant

Me voisi réclamer l'enfance... 06 04 1984

A quatre heures du mat on hésite

Entre la fin et la poursuite

D'une nuit partie l'œil ouvert

Entre paradis et enfer

Refuser le jouir du sommeil

Pour guetter le premier soleil

si le matin n'est pas trop gris

Si le ciel n'est pas trop pourri

Ces quelques heures nues et coupantes

Posées devant la tasse fumante

Se comptent déjà au passé

Si pleines où rien ne s'est passé

C'est le désert en ouverture

Une fenêtre ouverte sur

des libertés inexplorées

Des veilles de rêves éveillés

silencieusement on avance

Entre joie et désespérance

Dans un temps passif et couché

Soufflant les brumes du café

Et puis on voit venir l'aurore

On se retrouve debout dehors

Les six coups vont bientôt sonner

Le vent frais chasse les buées

Dans le premier rayon qui vient

On chasse d'un geste de la main

La dernière fatigue accrochée

Et on boit un premier café

ou

La première fatigue accrochée

Et on boit son dernier café.



26 07 1984

 

Encore une cigarette grillée

En attendant le soleil

Ou l'amour ou la fin du monde

Encore un jour ou une année

Une averse de grêle

Et une fleur épanouie



Aimer le chant des oiseaux

Les merles les chardonnerets

Et grattouiller sa guitare

Encore un verre de vidé

Le cri aigu d'une marmotte

On est vraiment pas pressé



Encore une vie qui s'achève

Le jour où je reviendrai

que serai-je dans ce monde

Peut-être encore animal

Végétal ou minéral

L'important c'est le moral



Ce qu'il faut c'est être bien

Ne rien faire mais le faire bien

S'en aller tout doucement

Vivre et jouir



27 05 1984

Je ne veux pas aller en terre

Allongé dans une caisse en bois

Le trou bouché par une pierre

Avec des fleurs sur le toit



Je ne veux pas chaque Toussaint

Être embellit de chrysanthèmes

Pauvres fleurs triste jardin

Où une routine les sème



Je n'aime pas les cimetières

Savoir couché Dans le froid

Mon corps même déjà poussière

Serait mourir une seconde fois



Vivant je n'aurais jamais cru

Au paradis ni à l'enfer

Je ne veux quand je ne serai plus

Être emmerdé par des prières



Plonger mon corps dans les flammes

Ainsi que j'ai toujours souhaité

L'amour se charge de mon âme

Et ma vie l'aura consumée



Puis confiez mes cendres au vent

Dans le cendrier du hasard

Et que je devienne l'amant

Des pluies des neiges et des brouillards



Je ne veux pas aller en terre

Je veux vivre une dernière fois

éparpillé dans l'atmosphère

Et dans l'infinité du temps 06 11 1985

Peut-être n'ai-je pas su déchiffrer les signes

Moi depuis si longtemps debout dans les tempêtes

Les murs dans la cendre debout encore et dignes

Là dans mon cœur noirci où chantent encore vos fêtes



Une aube de soleil qui vient après la pluie

L'océan des nuages tranquilles dans la vallée

Et dans ce jour qui vient semblable à une vie

Le sourire et les larmes l'hiver et puis l'été



Je connaissais vos rêves je m'immisçais dedans

J'y craquais des membrures répandais mon parfum

Je riais à vos rires et vibrais à vos chants

J'aspirais les vapeurs douces de vos festins



Je sais des cris d'enfants dans des matins légers

Des fatigues sublimes des alcools ruisselants

Les silences spacieux de la sérénité

Ces instants de repos où l'on oublie le temps



Je me souviens du linge séchant sur mon balcon

Les fleurs multicolores peuplant les jardinières

Face au ciel découpé de pics sur l'horizon

Ce grand bleu presque noir d'une étrange lumière



Les nuits sont longues longues bien trop longues parfois

J'aime tant le soleil qui projette des ombres

Mais je sens le sang battre encore au fond de moi

Je sais la renaissance au delà des décombres



Je sais demain j'y suis déjà je me souviens

D'autres rires d'autres chants aux accords des guitares

d'autres vies à venir le printemps qui revient

Et des amis toujours pour écrire l'histoire... 21 09 2011

Les commentaires sont fermés.