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05/04/2021

1981

Voilà, j'ai terminé mon travail, le tri de toutes les poésies écrites depuis les années 70 jusqu'aux années 2000... Je n'ai jamais eu peur de l'autodafé, entre 150 et 200 poèmes sont passés à la poubelle, sans regrets. Ce n'est pas une chose facile de retrouver le jeune homme que j'ai été, un peu naïf, un peu ridicule même (peut-être), l'amoureux permanent, l'obsédé par la mort, par le silence... Et puis il y a eu le deux février 1981 et quarante plus tard la douleur qui frappe encore, le palpitant qui hésite mais je voulais aller jusqu'au bout, j'y suis allé.

 

 



















1981





















ET PUIS VINT LE DEUX FÉVRIER

LE MILIEU DE L'HIVER SON CŒUR

INSTALLER LA MORT DANS TON CORPS

ET LE DUR HIVER DANS NOS CŒURS







Faut-il jouer avec les mots

Maintenant que tu es en terre

Imaginer ce qui est vrai

Ce qui est fou l'absence

Ne plus compter les heures

Me séparant de toi

Je te parle pourtant

Et tu es dans ma tête

A entendre mes mots

Moi aussi je t'entends

Je te vois et c'est tout

La chaleur a quitté nos corps

Ton front ton sein n'existe plus

Et l'amour tourne dans ma cage

Je t'aime encore

Et déjà imaginer l'absence

Et vivre.



05 02 1981

 

 

Tu sais ce que peuvent manquer ton visage et ta chaleur

Et les gestes de tous les jours qui se comptaient par deux

Ma main frôlant tes fesses pour attraper le torchon

Ton sourire ton rire et tes larmes et l'avenir



La chienne sait je le lui ai dit mais elle t'attend encore

A chaque bruit elle est dressée prête à te faire la fête

Elle nous regarde tristement elle ne comprend pas

Les pleurs des enfants dans la nuit l'absence de joie



Tu sais comme peuvent manquer sous mes lèvres ton front

Tes yeux ton nez ta bouche et ton cou et tes mains

Je voudrais encore blottir mon visage sur tes seins

Je voudrais tant que tu arrives il va être dix heures



Mais la vie est impitoyable elle ne regarde pas

Celui qui part celui qui reste on a jamais le choix

Tu es partie un soir d'hiver vers un autre hiver je crois

J'ai la peine rivée au corps la mort ne s'imagine pas



Je pense à ta peur sur la route à ce moment là

Où je me suis levé pour éclairer la nuit je savais

Mon bel amour est blessé et je reste tout seul

Mais tu es là présente et tu n'existes plus



tu sais ce que peuvent manquer la tendresse et l'amour

Et les gestes de tous les jours que l'on faisait à deux

Je t'aime encore comment d'ailleurs ne plus pouvoir t'aimer

tu sais ce que peuvent manquer la tendresse et l'amour.



06 02 1981



 

 

Je voudrais bien fermer le livre de notre amour

Mais je ne peux pas

Tu es partie avec la clé je crois

Et jamais ce livre ne sera fermé

Je t'ai dans la tête je suis comme un con

Mille fois encore je vais jusqu'à la fenêtre

Je regarde le portail que tu ne franchiras plus je t'attends

Jamais je ne cesserai de t'attendre

Les enfants sont là vivants comme si bien elles savent être vivant

Les mots appuient sur l'injustice de ta mort

Je sais que ma douleur est égoïste elle est à moi

Précise et cruelle au cœur

Lancinante à l'âme

Tu es partout tu me tires et je suis déséquilibré

J'ai vu ton corps cloué par la nuit et par la mort déjà

Ce soir d'hiver que je sais ne jamais oublier

Je t'aime je vis j'ai froid

J'existe encore mais c'est étrange de vivre maintenant

J'ai posé un dernier baiser sur ta peau froide

Je sais que tu n'existes plus mais je t'attends mon amour

Les mots sont si cons

Certains seront imprononçables ton nom

Ce nom tendre et enfantin que je te donnais mon amour

J'ai encore bien du chemin à faire je crois

Un long chemin avec des peines et des joies

Le temps s'est arrêté pour toi et j'ai encore besoin de ton amour de ta tendresse mon amour

Ce n'est qu'une page de notre amour qui a tourné

Le livre n'est pas fermé

Je t'attends.

07 02 1981

 

 

 

Doucement je descends

De durs escaliers

Peut-être suis-je en bas

Ils ne sont pas de bois

Ni de fer ni de pierre

Il sont faits de tristesse

Et même je ne sais

S'ils me mènent vers toi

Ni même où tu es

Je sais dur l'hiver

Et ton corps glacé

Dans le fond de la terre

Il y a sur les marches

tout ce qui nous faisait

La beauté des choses

Le sourire du chien

Tout ce qui se partage

Ton regard ton sourire

La chaleur de ta voix

Deux filles si mignonnes

A vivre encore pour elles

Je me parle sans cesse

A toi et tu me parles

Tu es dans tous les gestes

Tu me donnes la main

Un jour je viendrai

Je te rejoindrai

dans l'inconnu et le néant

Ici le chemin se tourne

Et me cache son horizon

J'entends ton message et j'aime

qu'il me dise aimes !



14 02 1981

 

 

 

Deux février

Ma bien aimée

Tu es partie

T'a emmenée

L'autre pressé

Et endormi

Il t'a cassée

Ma bien aimée

Il t'a meurtrie

Et m'a privé

De tes baisers

Et de ta vie

Je vais chanter

qu'il faut s'aimer

C'est ton message

La lampe est restée allumée

Je vais chanter.



14 02 1981







Parles mon bel amour

Parles dans la machine

Parles j'entends si bien

Le fond de ta pensée

Ta vie et puis la mienne

violemment séparées

Dans une nuit d'hiver

Parles encore toi que j'aime

Parles.



14 02 1981



Je ne sais pas ta mort

Je ne sais pas ta nuit

La porte reste ouverte

J'ai tant de choses à partager

ton sourire n'éclaire plus les amitiés

Ami viens quand même

Habiller de musique la tristesse

Ami

Mon amour n'est pas mort

Mais il m'est arraché

Je l'ai vu sur la route l'autre nuit

Il fait froid

Les filles sont gentilles

Elles ne réclament pas

Leur maman

Mais elles ont dans les yeux

Tant de peine au fond

Je ne sais pas ta mort

Tu n'es plus près de moi

Et je ne sais pourquoi

Je vis parfois je pense

En regardant le feu

A toi et à la terre

A la nuit

J'ai froid

J'ai mal à moi

A toi

Mon amour

Et je t'attends.



15 02 1981





Je voudrais bien tout poser là

Entre la fatigue et le froid

Laisser le poids des inquiétudes

La mort me tire un peu des fois

quand elle s'habille un peu de toi

Dans les fonds de ma solitude



Je voudrais bien poser mon cœur

Vider l'océan des douleurs

Et me coucher dedans la terre

La vie du réveil marque l'heure

Je voudrais conjurer la peur

On a pris ma moitié entière



On a croqué mon meilleur fruit

Tranché la masse de ma vie

Et scié deux pieds de la table

Je boite de cœur et d'esprit

Et ne rencontre plus ici

que des images impitoyables



Ça fera deux semaines demain

Dix ans peut-être après demain

Que s'est arrêté ton âge

Nos filles se donnent la main

Et des baisers et des câlins

Nous poursuivons notre voyage



C'est si dur de ne plus te voir

Une nuit a tué l'espoir

Nos rêves vont à la dérive

Tout seul devant le feu ce soir

Ces mots c'est comme un peu te voir

Mais sans passer sur l'autre rive

Je sais il faut pas s'arrêter

Mais mon bel amour en allé

La nuit me couvre de silence

On ne s'aime jamais assez

Toute la maison est glacée

Mon âme aussi de ton absence



Ça fera deux semaines demain

Mille ans peut-être après demain

Que s'est arrêté ton âge

Nos filles se donnent la main

Et des baisers et des câlins

Nous poursuivons notre voyage.



15 02 1981

 

 

 

J'ai pris un livre et je l'ai lu

Je crois qu'il parlait de montagnes

Je ne sais plus rien de l'histoire

Le feu est dans la cheminée

Le chien le chat dans leurs paniers

chaque chose a gardé sa place



Les filles ont le sommeil profond

Il fait très froid en ce moment

Et parfois j'arrive à sourire

Mais j'ai le cœur tout arraché

Je n'ai pas fini de t'aimer

Il faut déjà fermer le livre



J'ai écrit des chansons nouvelles

Je ne sais pas si elles sont belles

Mais tu habites chaque ligne

tu ne pourras plus rien me dire

Et pourtant je t'entends encore

J'ai dans la tête ton sourire



Je ne t'ai pas assez serrée

contre moi et mes lèvres tremblent

Au seul souvenir de ta bouche

La nuit seul dans le lit glacé

Je ne trouve pas le sommeil

J'attends que tu viennes t'étendre



Je sais ce qui n'est plus possible

Mais la nuit me fait peur et mal

Je me raconte des mensonges

L'hiver est accroché dedans

Et si dehors il fait beau temps

Le froid reste là impassible

J'ai attrapé le froid un soir

En février dans le brouillard

Sur la route où la mort t'a prise

Le soleil peut bien me chauffer

Mon cœur déjà s'en est allé

Près de toi dans la terre grise.



17 02 1981





Elle pensait au chien et au chat

A ses filles et aussi à moi

Elle me savait déjà l'attendre

Elle avait le cœur plein de joie

Et sa pensée s'arrête là

La mort est venue la surprendre



Elle pensait peut-être au jardin

Aux fleurs qui s'ouvriront demain

Aux primevères et aux jonquilles

Aux courses faites le matin

Aux cadeaux qui demain matin

Feraient s'émerveiller les filles



Certains hommes sont trop pressés

Pour de l'argent ou du papier

Ils se foutent des conséquences

Et le soir du deux février

Un de ces cons a supprimé

toutes joies de notre existence



Elle pensait déjà aux beaux jours

A notre maison à l'amour

Au printemps et peut être même

A l'avenir qui un beau jour

viendrait sourire à notre tour

Une nuit a forgé la peine



A quoi sert de toujours courir

Me dit-elle et je veux écrire

Ce qu'elle pensait dans la nuit blême

Tous un jour nous devons partir

Rien ne vaut qu'on fasse mourir

Les gens il faut surtout qu'on s'aime.

20 02 1981

 

Julos je pense beaucoup à toi

Depuis que j'ai attrapé froid

A la chandeleur

Nous voilà frère en souvenir

D'avoir vu notre amour partir

A la chandeleur

Peut être on ne le sait pas

Elles se sont rencontrées là-bas

De l'autre côté

Qu'elles parlent de nous les vivants

De leurs amis de leurs enfants

De l'autre côté

Les voilà sœur maintenant

D'être parties brutalement

En février

75 ou 81

Ça ne change rien au chagrin

en février

Je ne connais que des poèmes

des musiques et des mots que j'aime

Qui disent amour

De toi je je sais rien encore

Que des chansons et que la mort

De ton amour

Michèle pleurait en janvier

Nous avions été t'écouter

Et c'est fini

Je suis proche de toi ce soir

Et je n'arrive pas à croire

Que c'est fini.

21 02 1981

 

 

Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui

Je n'ai plus que des souvenirs

Il va être deux heures et demi

Je voudrais tant te voir venir



Comme les soirs quand vient dix heures

J'entends le bruit de ta voiture

Pourtant je sais qu'en chandeleur

S'est arrêtée notre aventure



Je voudrais tant t'ouvrir la porte

T'embrasser et te réchauffer

J'ai beau me dire que tu es morte

Je ne peux cesser de rêver



Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui

Je n'ai plus que des souvenirs

Il va être deux heures et demi

Je voudrais tant te voir venir.



22 02 1981





Les amis sont partis le silence revient

Dans toute la maison que tu habites encore

Et je reste tout seul devant la cheminée

Qui ne chauffera plus jamais qu'une moitié

De tout ce qui fut nous jusqu'à ce triste jour

Des jours et puis des jours qui faisaient notre amour.



22 02 1981



Je ne peux écrire le silence

Des nuits fermées où je me tiens

Guetteur immobile et patient

Avec la folie dans la tête

Ni dire la longueur du temps

Ni mes dialogues avec toi

Ni les conseils que tu me donnes

Quand les larmes me viennent aux yeux



Je ne peux pas écrire le froid

De ton front rayé par le sang

Ton visage comme pierre glacée

Et ton regard sur le dedans

Mais je ne peux rien dire en fait

Qui pourrait meubler de douceur

Les plaines grises de douleur

L'immensité de ton absence.



22 02 1981







La vie tient à bien peu de chose

Trois semaines après à dix heures

Le soir se tait dans la maison

La petite ce soir ne voulait pas manger

Elle voulait sa maman

Où est l'espérance à trois ans

Le fil est ténu qui nous tient

Tous trois serrés dans notre amour

Avec les parents les amis

comme des murs chauds tout autour

Ne pas sauter dans l'inconnu

Même si vivre sans toi n'est pas vivre

Vivre et aimer encore

Parce qu'on t'aime encore.



24 02 1981







Je passe de l'autre côté

Mon amour

Et j'ai peur

Tout était si facile à deux

Je ne sais plus pourquoi les gestes

Je sais la blancheur de la nuit

Qui vient si peu de sommeil

Chaque chose

Ici

Me dit notre amour

Il n'est pas facile d'accepter

L'idée

De la fin

C'est à toi que je veux parler

C'est toi que les enfants attendent

Et on t'a enlevé à nous

Pour rien

Je t'aime

24 02 1981

 

 

Je range ma guitare

Dans son cercueil bleu

Je parle je mange je souris

Je cache mon cafard

J'étale comme la mer

Et j'écris des poèmes

Pour qui ?



Je fais de la musique

Les amis viennent me voir

Je raconte je demande je dis

Les enfants ont besoin

De beaucoup de tendresse

Je ne remplace rien

Moi aussi



Je vis comme si le soir

J'allais te retrouver

Je marche je bois je vis

Et puis vient le silence

Et la blancheur des nuits

Parfois je voudrais m'arrêter

Mais je vis



Je sais dans ma douleur

L'égoïsme et la peur

Un peu de triste joie

Mais je t'aime si fort

Que rien même la mort

N'arrêtera mon amour

Pour toi.



25 02 1981



 

La nuit est au dedans de moi

Avec son brouillard et son froid

Et elle est au dehors aussi

Ce soir dégoulinant de pluie

Ça va faire bientôt un mois

Que tous les bonheurs d'ici bas

Se sont trouvés écartelés

Parce qu'un homme était pressé



Je crois que je vivrais longtemps

Peut-être bien jusqu'à cent ans

Mais on ne peut jamais prévoir

Ce que réserve la route un soir

J'ai nos deux petites à aimer

Aimer aussi le monde entier

Mais il suffit d'un con parfois

que tout soudain s'arrête là



S'il advenait que dès demain

Il me faille quitter le chemin

Je laisserai au moins ceci

A ceux qui resteront en vie

Ces quelques vers de février

Ma tête de toi habitée

Et mon corps qui t'attend encore

Refusant de savoir la mort



Il n'y aura pas de compte à faire

Pour le partage de mes affaires

Chacun prendra selon ses goûts

Certains ne prendront rien du tout

Je n'ai jamais eu de richesse

rien que l'amour et la tendresse

Toutes choses qu'on ne compte pas

compter d'ailleurs je ne sais pas



Non si j'écris un testament

C'est pour que sachent les vivants

Ce que je souhaite pour mon corps

Quand j'aurai épousé la mort

Je veux bien que les chrétiens prient

Mais qu'ils ne fassent pas de bruit

Je ne veux église ni curé

Dans le bout de ma destinée



Au cercueil je veux aller nu

Comme le jour de ma venue

Qu'ainsi on aille me coucher

tout auprès de ma bien aimée

Et quand je serai dans la terre

Ne traînez pas au cimetière

Vous pourriez y attraper froid

Et la mort guette n'oubliez pas



Que ce soit hiver ou été

Que l'air soit chaud ou bien glacé

Mes amis allumez un feu

Et pour que nous soyons heureux

Allumez aussi des guitares

Et des chansons jusque très tard

Dites aussi quelques poèmes

Surtout ne soyez pas en peine



Nous nous serons juste à côté

Mon amour et moi retrouvés

Et nous nous donneront la main

Pour courir sur d'autres chemins

Amis qui resterez sur terre

Faites que ça ne soit pas l'enfer

Vivez le restant de vos jours

Avec le maximum d'amour



Ce soir j'écris je suis blessé

Je ne suis plus qu'une moitié

Le temps qui passe est bien trop long

Je ne sais pas où mes pas vont

La nuit est au dedans de moi

Avec le brouillard et le froid

La mort attend viendra le jour

Où je rejoindrai mon amour.



27 02 1981











C'était le bonheur simplement

En petits riens tout doucement

Ces choses pour lesquelles on vit



Petites joies multipliées

Petits gestes d'amour quotidien

Tout fini le deux février.

27 02 1981

 

 

Dernier jour de février

Demain de mars est le premier

La nuit avance

Il y a déjà des giboulées

Ta photo sur la cheminée

Rit à la vie et à l'amour

La nuit avance

A la fenêtre il y a le vent

La grêle qui tombe en frappant

Le chat dort sur ton fauteuil

La nui avance

On est rentré vers les dix heures

On a mangé chez des amis

J'ai le cœur encore écrasé

De notre avenir impossible

Dernière heure de février

Les filles étaient fatiguées

Le sommeil est venu les prendre

Moi je vais aller le chercher

Je sais que je n'ai pas rêvé

Que tu es morte en février

La nuit avance



28 02 1981



▄▄▄





Dormir maintenant

Alors que tu es là

Avec moi

En moi

J'ai retrouvé le sourire et le rire

Avec ce toi des souvenirs

Ce toit qui m'abrite un peu des tristesses

Tout ce que je me dis de toi

Du vécu et du à vivre

Vérités et mensonges agglomérés

Pour aider à un sommeil

Dont il ne reste rien

Demain

Que toi et encore dormir

Et vivre et parler

Des souvenirs

Comme ça le soir

Pour demain encore

vivre.



29 03 1981





Tout ce que tu aimais me fait mal

Je ne parle pas des gens

Mais des choses simples

Comme le linge étendu dehors

Près des arbres en fleurs

Et ses couleurs et les couleurs

Les odeurs le jardin touffu

Du printemps

Les mésanges et les rossignols

Et je ne partage plus l'amour

De toutes ces choses

Avec toi mon amour.

26 04 1981

 

 

J'ai laissé un à un les rêves

Dans les tortures du chemins

Je crois qu'il a plu tout le temps

Depuis la nuit de ton départ

Je m'adresse toujours à toi

Je te raconte et te questionne

J'avais un beau rêve en secret

Je voulais vieillir avec toi



Plein de temps s'écoule en silence

En cette fin de mois de mai

Les enfants vivent leur enfance

La chienne a eu d'autres petits

Les jours se suivent et se ressemblent

Mais la tendresse a disparu

L'avenir a cessé sa course

Je voulais vieillir avec toi



J'ai tant aimé imaginer

Pour nous deux des vieux beaux jours tendres

Il faudrait ne plus y penser

Parer les mauvais coups des songes

Tu aurais eu trente et un ans

A la fin de ce mai pluvieux

J'écris encore des chansons

Et j'ai peur de devenir vieux



J'ai laissé un à un les rêves

Dans les tortures du chemin

Je crois qu'il a plu tout le temps

Depuis la nuit de ton départ

Je m'adresse toujours à toi

Je te raconte et te questionne

J'avais un beau rêve en secret Je voulais vieillir avec toi.

24 05 1981





Si douce que tendre

Mais je reste seul

Je ne peux qu'attendre

Ne sais que rêver



La vie va si vite

La mort toujours là

Le temps qui palpite

Et ne revient pas



J'ai le cœur malade

Qui est parti pour

Une sombre balade

Quand est mort l'amour



Je vis et je marche

Sans savoir pourquoi

La route m'arrache

Le cœur en éclat



J'ai serré si tendre

Ton corps dans mes bras

Je ne sais qu'attendre

tu ne reviens pas.



21 06 1981



▄▄▄▄



Années 70 et 80



Ce qui fait vivre l'espérance

Tout ce que je crois

Ce que je dis ce que je chante

Je voudrais sortir du silence.



1979

ANNÉES 70 et 80











Comme une perle de rosée

Un beau matin m'a réveillé

Tu es si fraîche entre mes bras

Je ne rêve plus que de toi

Comme une étoile au ciel de nuit

A effacé les matins gris

Comme une princesse une fée

Tu es venue tu m'as trouvé

Comme un océan de plaisir

La douce fleur de ton sourire

Que je ne cesse d'embrasser

Que je ne cesse d'appeler

Comme une feuille un jour d'automne

Soudain que sa branche abandonne

Tu es venue te reposer

Près de moi tu t'es allongée

Comme une source inespérée

Vient mouiller ma gorge asséchée

Comme une oasis un mirage

Tu es le but de mon voyage

Comme le calme comme la paix

Comme l'enfance que j'aimais

Comme une grande solitude

Comme une immense quiétude

Comme une perle de rosée

Un beau matin m'a réveillé

Mon Amour...



29 03 73

 

 

Que pourrais-je te dire qu'à moi même je ne dis

L'amour n'est pas folie mais je suis fou d'aimer

Plus rien ne m'appartient ni la mort ni la vie

J'ai trop soif d'être seul pour ne pas te quitter



Je fais mon désespoir mes chagrins et mes peines

Que puis t'expliquer qui ne s'explique pas

Tu es toi peu importe ce que tu es je t'aime

Mais nos amours ne marchent pas du même pas



Rien n'est rien et pourtant dans mes yeux pas de larmes

Pas de sanglots cachés avalés silencieux

Rien que des nuits blanchies alarme après alarme

Plus rien que la lumière qui a brûlé mes yeux



Depuis longtemps mon âme n'avait plus souvenance

Des jours après les jours sans comment ni pourquoi

Je ne savais plus les longues heures de souffrance

A n'attendre plus rien que le temps qui s'en va



J'ai voulu boire tout les promesses les serments

J'ai voulu croire tes mots les boire jusqu'à l'ivresse

L'oubli serais trop beau je n'oublie rien vraiment

Pas plus le dégoût que nos nuits de tendresse



A quoi bon dire je t'aime mon amour à quoi bon

Quand c'est si vrai que déjà résigné je suis

J'ai déjà trop perdu mes belles illusions

Alors amour ou pas maintenant c'est fini.



06 04 1973

























Silence dans la nuit folle des cris de tes silences

Souffrance dans la nuit sourde aux cris de mes souffrances

Amour dans le silence où souffre mon amour

Le jour où meurent mes cris aux nuits d'après le jour.



04 04 73







De senteurs salées ici le vent se charge

Sortie des rêves enfin ma Bretagne revit

J'ai sur les lèvres le parfum de l'air du large

J'a dans l'âme les vagues qui viennent et qui s'enfuient

Bretagne de demain que je fais chaque nuit

Bretagne je te rêvais hier sous les étoiles

Tu n'es plus une image une belle utopie

Tu fais souffler l'amour qui vient gonfler ma voile



Michèle te souviens-tu du temps déjà enfui

Le souvenir me porte vers les anciennes nuits



Les ciels chauds de Bretagne abritaient nos désirs

Et je disais qu'un jour et je disais qu'un jour

Je viendrai vivre ici et j'y viendrai mourir

La terre garde le feu de mes premières amours



Dans ton âme Michèle la flamme brûle t'elle encore

La Bretagne tient captif mon cœur jusqu'à la mort.



14 08 73





Parler encore et dire les mêmes choses

Les mêmes heures cent fois recommencées

Raconter son histoire quand tout est habitude

Qu'aujourd'hui est hier et qu'il sera demain



Parler dire les mots sortis de mille bouches

Bonjour comme ça va banal et quotidien

Comme un geste envolé le sourire de l'autre

Rencontré dans la rue et qu'on ne connaît pas



Parler de tous les rêves qui fabriquent la vie

Et de ce fait-divers écrit sur le journal

Pour dire je suis là j'existe écoutez moi

Ma voix traîne des mots qui sont aussi les vôtres



Parler tout simplement pour taire la solitude

Pour taire au fond de soi ce désir si fort

Parler pour ne pas dire la folie qui s'acharne

comme une vague forte aux plages d'amertume



Pour étouffer dans l'œuf cet instinct cette peur

Cette envie de s'enfuir comme le gibier traqué

Parler pour endormir la douleur de l'ennui

Pour dominer l'angoisse de ce monde à la porte



Parler de rien de tout ce qui fait l'habitude

Pour être un peu ici où les gens semblent vivre

Et pour combattre encore ce désir violent

De devenir enfin prisonnier du silence.



1975







Je vois par la fenêtre le soleil qui s'éteint

Derrière moi le disque tourne tourne tourne

Tu peux venir quand tu veux la porte est ouverte

Je ne sais pas ce que je ferai demain



J'ai un lit pour ce soir et un sourire aussi

Je suis fatigué  « tu fais comme chez toi »

Je ne vois plus le soleil la route est longue

J'ai en moi la lumière de ton sourire



Le disque est dans ma tête il tourne tourne tourne

Michèle sourire amie amour Michèle

Les yeux fermés je meurs « j'arrive à vingt et une heures trente »

Et derrière la fenêtre il n'y a que la nuit



06 09 74





NAUFRAGE



Il était temps que tu arrives

Je ne t'attendais déjà plus

Je cherchais une main ou n'importe quoi

Pour reposer ma tête ou ma main

Tu n'as pas pris ma solitude

Et je t'aime

 

J'ai fait naufrage dans tes yeux

Au ciel de tes étoiles larmes

Et dans l'océan silencieux

De ton sourire qui me désarme

Dieu ou diable qui donc viendra

Pour me sortir de cette mort

Au large qui m'emmènera

Loin de l'eau tranquille du port

 

J'ai fait naufrage sur tes lèvres

Où stagne ta douleur salée

Je me suis noyé de ta fièvre

Et de tes rêves réchauffé

Pluie ou tempête qui donc viendra

Me sortir de cette lumière

Et dans l'obscurité du froid

Qui me rappellera l'hiver

 

J'ai fait naufrage à tes sanglots

Je ne sais plus où est la porte

Et je suis ivre de ton eau

Qu'une rivière d'amour emporte

Faudra t'il donc que j'abandonne

Et que je me plie à l'été

Moi qui aie tant aimé l'automne

Faudra t'il aussi le quitter

 

J'ai fait naufrage sur ta peau

Emprisonné de tes caresses

Et de la douceur des barreaux

Si bien scellés de ta tendresse

Qui donc viendra chagrins ou peines

Me sortir de ce lit de soie

Faut-il que je dise je t'aime

J'ai fait naufrage entre tes bras.

 

10 74





Qu'adviendra t'il de toi

Ma fille mon amour

Qu'adviendra t'il de toi ?

Que t'aurais-je laissé

Me reste t'il encore

quelque chose à donner

Je n'ai su qu'être aveugle

Je te laisse un enfer

Et pour seul héritage

Une planète morte



Qu'adviendra t'il de toi

Comment pourras-tu vivre

Comment pourras-tu vivre ?

Qu'aurais-je fait pour toi

Les mots sont un peu faibles

Surtout quand on est seul

Je n'ai que courtisé

Mon royal égoïsme

Entassant des ordures

Jusque dans ton jardin



Ne me pardonne pas

Ma lâcheté cruelle

Ne me pardonne pas

Et crache sur mes larmes

Puisque comme cadeau

Je laisse une poubelle

Comme c'était facile

De vivre de mon temps

On était bien dressé

On faisait des enfants

Qu'adviendra t'il de toi mon enfant...

1977

Au vent ces regards qui me chantent le passé

Au vent qui me bouscule et me parle de toi

Ces images d'hier ta tête sur mon bras

Ces parfums qui recréent les regrets oubliés

Les nuits douces d'étoiles les nuits douces de lune

L'horizon qui se meurt Dans la brume et la nuit

Ces chemins du passé de soleil ou de pluie

Ces rêves que j'aimais hier dans les dunes



Le temps comme le vent passe et souvent revient

Es-tu rêve en ce rêve où je dors et je vis

Est tu l'amour pour moi et l'amour est-il vie ?

Ma Bretagne renaît d'hier pour demain



Mais toi, sauras-tu lire et comprendre ces vers

Aujourd'hui le soleil est tout glacé d'avant

Glacé vient le parfum du port de Lorient

Pourras-tu me comprendre ou m'es-tu étrangère ?

Assis sur le jetée là je ne vois plus rien

Je suis peut-être ailleurs je couche sur le vent

Tu es là dans mon âme et ta main douce me prend

Assis sur la jetée étranger et plus rien



Les souvenirs d'amour sont toujours nostalgiques



13 08 1973





J'ai les yeux déjà loin de ces murs sales et gris qui cernent mes regards

Mes yeux voguent déjà vers d'autres horizons de Bretagne et d'espoir

J'ai déjà quitté tout le terne de la ville et de ces rues sans joie

Pour retrouver les yeux fermés l'écume sur la vague et le vent de noroît



J'ai oublié le bruit d'ici pour le silence des chemins creux

J'ai oublié les gens qui courent pour le pas sûr des paysans

J'ai oublié ce ciel trop triste et dès que j'ai fermé les yeux

J'ai vu la mer rougir là-bas dans le soleil finissant



J'ai entendu le vent chanter le goût des îles bretonnes

Quand la lumière dévoile la terre qui se réveille là devant

Belle comme ce sourire que mon amour me donne

Belle comme l'avenir qui se réveille là devant



10 10 1973













Le temps passe bien vite

Dans la vie des autres

On les voit s'agiter

De pendules en horloges

De journée en journées

Et s'égrainent les heures

Et soufflent les années

Ainsi passe la vie

Qui va de mort en mort.



16 06 1972





A quoi bon chaque jour refaire le jour passé

Est-on venu au monde pour ne rien y changer

Ses routes bien trop vieilles pour nous intéresser

A quoi bon malgré tout vouloir s'y enchaîner



Homme où vas-tu si vite quel vent peut te pousser

Regarde autour de toi ce monde pollué

Les rivières qui se couvrent de poissons crevés

Les goélands qui meurent d'une mer empoisonnée



Mon amour jamais nous ne ferons d'enfants

Quelle terre connaîtraient-ils qu'est-elle maintenant

Il ne sert à rien de pleurer les larmes sont du vent

L'homme a semé de mort le paradis d'antan.



02 09 1973





Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro de l'ère

zéro

 

Je cavale au hasard perdu dans les rues sombres

Je crache sur les murs des vierges graffitis

Je gueule sans qu'on m'entende je parle d'anarchie

Mais en ont-elles encore des oreilles ces ombres ?

 

Le maquillage est réussi je félicite

L'esthéticien de la clownerie des sentiments

Votre amour ne ressemble presque plus à l'argent

Seule la vérité est maintenant illicite

 

Je dégueule ma haine à vos principes usés

Et je pose mon cul sur vos institutions

Et l'église et l'armée et tous ces pièges à cons

Elle a goût de moisi l'eau de vos bénitiers

 

La justice ne se fait que moyennant finances

Si t'as plein de pognon à toi la liberté

Si tu n'as pas de pèse tu seras bien logé

Dans un cachot malsain d'une prison de France

 

On vend l'art au kilo en prêt à consommer

Les publicités chantent une vie d'aventure

Vous l'avez si vous achetez leurs pourritures

La connerie fleurie sur le mur des cités

 

La télé bourre de peur le crâne des français

L'État banque organise le lavage de cerveau

Votez toujours pour nous et payez vos impôts

Vos intérêts ne sont pas les pavés de mai

Le sexe tient sa place dans le marché commun

La France au goût du jour parle d'éducation

Et les bourgeois pensent qu'ils font la révolution

Partout des sex-shop naissent le long des chemins

 

La guerre fait travailler des millions d'ouvriers

Seule sur elle peut se reposer l'économie

On ne peut supprimer une telle industrie

Les patrons eux ne vont jamais se faire tuer

 

Et moi je crache du noir et je lève le poing

Je fais parti des fous qui prêchent la liberté

Poète miséreux peut-être mal aimé

J'aurais dû n'être rien ou bien naître demain

 

Le virus anarchiste à envahi mes veines

M'a donné le dégoût de cette société

Et celle dont je rêve ne peut que se rêver

Ce monde n'est pas le mien il met mon cœur en peine

 

Je suis mort depuis jamais je suis de l'an zéro

de l’ère zéro.

 

10 01 1973

 

 











Il faut oublier la flamme

Quand le feu nous brûle encore

Il faut oublier la pluie

Quand le ciel nous noie de larmes

Il faut oublier le corps

Ne se soucier que de l'âme

Il faut oublier la vie

Pour mieux oublier la mort



27 09 1973







Le temps me revient d'un amour avorté

Une vieille carte postale aujourd'hui retrouvée

Une rose s'enfuit une rose revient

Qui fane et refleurit une rose demain

Un amour platonique un amour en courrier

Une tendresse lointaine et le ciel d'un été Une rose



Les images me reviennent et sous mon ciel sombre

Fleurissent des étoiles des transparentes ombres

Une rose fleurit parmi mes souvenirs

Une rose rouge et rose comme un sourire

L'espoir vierge encore de douceurs infinies

Éclose la douce fleur au cœur de mes nuits Une rose



Les secrètes envies les rêves d'un jardin

Où naîtrait dans la friche le plus doux des parfums

Une rose embaume l'horizon de mon âme

Une rose de feu une rose de flamme

C'est la trop vieille fleur d'une enfance fanée

La brume porte les traces d'un amour avorté Une rose



Il y a d'un côté trois maisons sous l'hiver

Des mots sur l'autre face couchés tout de travers

Une rose qui meurt seul reste le rosier

Une rose qui pleure l'odeur d'un été

Mais que meure le temps d'une jeunesse vieillie

Au soleil je vois : un espoir refleurit



Une rose

07 11 1973







ON AURAIT

On aurait, écoute, on aurait ce que tu veux, ce que je veux, une maison, une grande maison avec des lits pour tous, pour tout le monde et des animaux et du soleil et de la paix. On aurait la paix et la liberté et tout le monde serait comme nous, on aurait l'égalité totale et la liberté. On aurait la liberté et l'amour.

Je suis fou de voguer comme ça au gré d'un vent de rêve et d'amour, on aurait l'amour.

J’effleure ta peau encore les clos de sommeil

Je sens ta bouche sous ma bouche

Je viens dans la nuit m'éclairer à tes rêves

Je t'aime



On aurait, mais qu'a t'on ? On a un cœur un corps, on a entre les lèvres une fleur qui rit, une fleur qui pleure aussi, on a au fond des poches des restants de misère, on a aussi dans le cœur des bonheur et des chagrins d'amour.

Mais on a l'amour, on a dans la tête trop de liberté quand des lourdes chaînes de principes et d'habitudes entravent nos pieds

On a des poings serrés.

On a dans la tête des belles idées de liberté,

trop de liberté ?

Trop de liberté !

On aurait la liberté, on aurait des fleurs dans les yeux, des folles musiques d'espérance dans la bouche, on aurait des mots d'amour, tous les mots seraient amour, on aurait l'amour.



Mais au présent l'amour est béton et fumées, contrat et hypocrisie, mais l'amour n'est plus la vie ! Alors, aimer ?

Pourquoi puisqu'on a rien, que faut-il ?

A quoi bon les larmes ?



On a plus rien que des rêves, que vains espoirs alors il faut s'inventer une prison nouvelle pour goûter la solitude. Il faut être seul pour savoir l'amitié, pour savoir les hommes et les femmes qui tendent les mains.

Alors aime moi, cache moi et regarde dans mon regard la folie du rêve, la folie du vent. Écoute, on aurait un toit et des amis et on s'aimerait, on s'aimerait. On s'assumerait sans contrainte et on serait peinard. Viens, plonge avec moi dans ce rêve.

J'effleure ta peau, j'ai les yeux rougis de peine

Je sais en toi mon chagrin

Je sens ta bouche sous ma fièvre

Je sens tes lèvres sous mes lèvres

On aurait...



29 07 1973



Vivre sur un nuage se baigner de soleil

Se taire toujours se taire voyageur égaré

vivre au milieu de tout et être à tout pareil



Vivre seul isolé et pourtant toujours là

Connu aimé ou mal aimé ou étranger

Croire à l'amour du monde d'une femme qui tend ses bras



Vivre comme le vent tout en ne bougeant pas

Aimer la pluie la nuit l'automne et puis l'été

Et plonger dans mes rêves pour voir au fond de moi



Savoir crier sa haine savoir serré le poing

Quand la force et la haine s'appelle liberté

Aider le camarde qui a tendu sa main



Vivre pour un oiseau vivre pour un espoir

Vivre pour une fleur Vivre sans y penser

vivre comme une mort pour un jour ou un soir

Mes idées



05 08 1973





Paris tout sale Paris tout le temps

Je crève la vie toute sale me tue

Où est ma terre je ne respire plus

Ma terre qui vit loin de Paris



J'ai dans la bouche l'odeur des vagues

J'ai dans les yeux la mer qui joue

L'écume n'est plus qu'un reflet vague

A Paris l'odeur vient de l'égout



Un jour j'irai à Montparnasse

Une fois pour toutes une dernière fois

Un jour j'irai à Montparnasse

Cette vie de con n'est plus pour moi



J'ai dans la tête la marée haute

La berceuse de l'océan

J'ai dans la tête la marée haute

Les cris des mouettes et goélands



Paris tout sale Paris tout le temps

Terre et mer Glenmor Bretagne

Je sens enfin venir le vent

La brise du retour en Bretagne



20 08 1973 (Paris gare du nord)





Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores

Nous aurons tant marché de routes sans ailleurs

A l'horizon s'étire un chemin sans ennui

Je sais pour nous demain la chaleur d'autres ports

Je sais des matins neufs de mille belles couleurs

Ton regard est en moi qui bouscule la nuit

demain nous abordons un bien plus doux rivage

Que ces rues d'habitudes qui tuaient nos espoirs

Que ces cris qui mouraient sans sortir de nos voix

Partir est déjà fait dans tes yeux qui voyagent

Le vent a dispersé les restes de brouillard

Je serra le soleil quand tu es dans mes bras

Vient dans le ciel baigné de la folie des jours

Le temps dort pour nous ne le réveillons pas

Viens s'égayent dans l'air les chansons des forêts

Comment t'appellerais-je ? Sourire mon amour

Fermes sur mon épaule tes yeux ne dors pas

Ton souffle sur mon cou rêves de joie et de paix

Bientôt viendra le jour des corbeaux évadés

Entends tu leurs chansons dans l'espace tout près

Tes longs cheveux sur moi qui tendrement se posent

Demain nous laissons là les regrets du passé

Pour là-bas des torrents je te dirai je t'aime

Je te ferai des lits de pétales de fleurs

Bientôt s'éveilleront de nouvelles aurores

J'abandonne ces routes glacées et solitaires

Mon Amour laissons faire ce vent qui nous entraîne

Laisses ma peau se chauffer aux douceurs de ton corps

Je sais pour nous demain des nouvelles lumières

Ne bouges plus près de moi fermes les yeux je t'aime.



30 10 1974 (la Monniais – Cesson-Sévigné)



La folie me fait mal à la mort mon amour

Et toi qui est ma vie je meurs de vivre à te rêver

Toi ma réalité des cris qui font le jour

Des douleurs du silence de l'âme transpercée



La folie fait de bruit la musique des corbeaux

Mes ailes me font mal de te faire souffrir

Dans l'enfer de mon ciel tu te brûles la peau

Et mes larmes bloquées me déchirent à mourir



La folie ne fait rien qu'un tremblement abstrait

Aujourd'hui est tant mort qu'il en est éternel

Ma tête dans les murs pour y trouver la paix

La folie de ton sang à ma corde je bêle



La folie est prison dans mes yeux de la mort

Et me casser les mains à frapper les barreaux

Aliéné que je suis au béton de mon corps

Mon bec à te blanchir les nuits de mes corbeaux



La folie me fait mal à la vie toi ma vie

Mon soleil éclaté quand la mort se ramène

Mon étoile blessée par le vide des nuits

Et la vérité mots de ma folie des peines.



01 11 1974





Ne pas aller plus loin que demain à la fois

Être sans être plus que des ombres

Multiplié quel est le nombre

Un plus un ça fait deux je crois

N'être rien que ce rien qui me fait

N'être que ce sanglot que je pleure en dedans

Que je me cache à moi et que la mort me tait

Et que je métaphore en des larmes et du vent



Tu ne sais pas l'étendue de mon désespoir et c'est bien

C'est toujours mieux

si j'écris ça maintenant que tu es là c'est de ne pouvoir faire autrement

tu comprends peut-être je t'aime

Je ne sais pas même l'eau me saoule

Je croyais te dire ma folie mais que dis-je ?

Rien qui ne vaille la peine de se souvenir



Tu te souviendras de ces heures mortes

Ce temps fini qui part en cris étrangers

Je parle et c'est un vent anarchique qui me porte

Et de te dire je t'aime je me sens libéré

Je suis un prisonnier de toi et toi m'étrange

Je t'aime et ma folie me souffre dedans toi

Comme une armée d'oiseaux ou d'éléphants mélange

Et mes mots se répètent ma solitude est toi



Tu ne connais peut-être que ça à me perdre mon désespoir idiot égoïste et de solitude !

J'en ai marre et je t'aime comme l'automne qu'on a vu ensemble et mes mots corbeaux qui viennent comme les

autres comme des cons il ne m'en reste qu'un seul

Je t'aime et tu es seule quand je pars ou quand tu pars et peu importe où tu es

Je t'aime.



11 11 1974



La neige s'est faite pluie et coule sur le seuil

La montagne se cache sous son lit de nuages

Le ciel est bien lourd comme portant le deuil

Devines dans la brume un plus beau paysage



La chaleur tranquille de mes rêves oppressés

A fondu dans l'ennui les reflets de tes yeux

Et d'obscurs tourments voyagent dans nos cœurs

Inventes des couleurs pour repeindre le ciel



Si tout le poids du temps se pose sur ton âme

Penses que je t'aime et que je suis là

Que j'ai à jamais pour toi une flamme

Un rêve d'éternité pour construire nos joies



Berces de ta voix la musique des songes

Emplis toi le corps d'espoir et de vie

Fais de ce jour gris où les regards se plongent

Un rêve d'amour pour égayer les nuits



Écoutes la nouvelle chanson du silence

La musique neuve des jours

Ton regard revit dans la grise mouvance

Et invente de bleu le bonheur de l'amour.



27 11 1974 (Léard, Jarrier)





Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents

Tant de chemins appellent nos voyages

Ailés de rêves vers quels océans

D'amour ferons d'autres vagabondages



Tant d'horizons nous restent inconnus

Où seront nous lorsque naîtra le jour ?

Nos mains scellées ne se détachent plus

Sur chaque route se refait notre amour



Et tant de matins nous verront partir

Encore vers d'autres idées d'autres gens

Tant de pays viendront nous endormir

Qui sait jusqu'où nous mèneront les vents.



19 11 1974 (Lagarde-Enval)





Regardes celui-là qui voudrait boire le ciel

qui dit avec les gens faire autant de soleil

Qui marche dans Paris en y voyant la mer

Et qui dit de la mort faire jaillir la lumière



C'est lui aussi qui meurt du désespoir de l'ombre

Qui meurt de ce monde sans âme froid et sombre

C'est lui qu'on dit perdu quand il dit vous êtes fous

C'est lui que l'on dit fou parce qu'il reste debout



Laisse dire le monde ce n'est rien qu'un poète



27 12 1974 (Montreuil)





J'ai quitté le champ de pierres

Où ne fleurissait plus rien

Et voilà que m'abandonne

L'arbre rêvé de demain



Je quitterais la rivière

Si la source se tarie

Comme un jour j'ai quitté la pierre

Qui peignait les arbres en gris



J'ai quitté la mort et l'ombre

Pour mourir dans la lumière

Si la lumière devient ombre

Moi je resterais de pierre



Ma vie n'est pas un jardin

Où fleurit n'importe quoi

Si les arbres y meurent trop vite

Les pierres n'y meurent pas



J'ai quitté le champ de pierres

Pour une rivière asséchée

Les pierres ont bloqué la source

Je meurs d'avoir trop rêvé.



28 12 1974





Où sont les mille horizons

Du royaume de triste joie

Où sont les belles illusions

Que j'avais inventé pour toi ?



Où sont-ils donc tous les oiseaux

Dont je t'ai raconté l'histoire

Les mouettes et les corbeaux

Où sont-ils donc tous nos espoirs ?



Quand aurons-nous notre maison

Près du ciel et de l'océan

Refuge des fous et vagabonds

Quand voudra t'il tourner le vent ?



Et lorsque je te dis je t'aime

Sais-tu l'espérance du mot

L'amour brisera toutes nos chaînes

Et viendra un monde nouveau



Où sont les mille horizons

Du monde que je rêve pour toi

Faisons la vie d'une illusion

Faisons d'une illusion la joie



Notre route est longue notre rêve est loin

Notre route est dure donnes moi la main

Notre route est longue en vois-tu la fin

Sais-tu ? L'amour est le plus court chemin.



31 12 1974





Douces nuits fécondes de rêves

Où vous êtes vous donc perdues

Les nuits de sommeil sont brèves

Et de mirages dépourvues



Heureux celui aux jours sereins

Au creux du soleil et des vagues

Aux nuits sans soucis de demain

Courant sur les plages et les algues



Heureux qui peut rêver la mort

Heureux qui peut rêver la vie

Se rassasier de métaphores

Et se laver de l'eau des pluies



Ceux dont le temps ne compte pas

Qui choisissent le liberté

Pourquoi pas vous pourquoi pas moi

Dans le berceau des nuits rêvées



Tant de sentiers sont devant nous

Loin du bruit et loin des cités

Qui se fait oiseau n'est pas fou

De solitude imaginé



Douces nuits fécondes d'amour

Un homme sait vous retrouver

Rêver la nuit pour faire le jour

Un poète vit en liberté.



08 01 1975



















Dans les pas du présent s'empalent mes silences

Et le vent solitaire s'en revient m'appeler

Mais que dire qui ne soit pas chargé de souffrances

L'amour la solitude l'amour la liberté.



17 01 1975



La terre et grasse de trop de pluie

Et me rassasie de douceurs

comme le ciel de cette nuit

Où se perdent les yeux et le cœur



Je n'étais qu'un graine au vent

Nulle Glèbe ne voulait de moi

J'allais comme un oiseau planant

Même mes soleils étaient froids



Et je me rive au sol enfin

Chaque jour forme mes racines

Dans la terre douce à la main

D'une magie qui me fascine



Aimer au point de s'en nourrir

D'être l'immobilité qui bouge

Serrer le vent sans fléchir

Au cœur des automnes rouges



Aimer au point de n'être plus

La folie qui rêve de mort

Mais la joie d'avoir voulu

Et d'avoir pu toucher le port



J'aime cette terre au gré des temps

au fil de l'eau des jours des nuits

J'aime cette terre comme le vent

Qui est devenu mon pays.



23 01 1975





Si tes rêves sont dans le ciel

Je me ferais oiseau pour te les amener

J'irais jusqu'à la nuit pour te donner le jour

Mes ailes seront toi pour me porter d'amour



Si ton rêve est bergère je me ferais mouton

Et je viendrais manger ta forêt de velours

Je tisserais de laine les plus chauds de tes jours

Et la glace du vent fondra en notre amour



Si ton rêve le plus beau est fleur épanouie

Je me ferais pensée pour t'éclairer de feu

Dans ton jardin d'amour je serais liberté

Et naîtrait au soleil de tes yeux parfumés



Tu es mon rêve oiseau le feu de mon soleil

Et je veux que ma sève soit la fleur du printemps

Et que rose tu pousses dans mon jardin d'amour

que tes rêves se noient d'un temps baigné d'amour.



20 12 1974





Quand le temps s'en ira de nos rêves folie

Comme une flamme meurt dans le fond de la nuit

Je fera des champs rouges sous le ciel de granit

Je fera des poèmes pour nos voix nostalgiques

Je resterai de braise pour faire d'autres feux

Je t'aime et je me vis au hasard des voyages

Comme les dés que l'on jette en changeant de maison

Je t'aime et me consume et te consomme aussi

Que je meurs en rotin au bois de l'horizon

Je t'aime dans l'anarchie que l'on vit et l'on rit

Car si on doit pleurer faut laisser faire le ciel

Et les savantes critiques qui sourient aux pavés

Peuvent si elles le veulent détruire l'éclat de rire

Et mes alexandrins pourquoi pas de quinze pieds

Dansent sur le parquet des danses étrangères

Pour combler quelques blancs maculant mon délire

Je recommence aussi comme le temps violet

Que je viole de mes dents au dedans du dehors

La folie n'est-elle pas ce rêve de mort qui vit

Et qui fauche alors vient j'ai encore bien du blé

Diraient les paysans car moi je n'en ai plus

Et ça m'emmerde tant que j'en perds l'appétit

La mort est une dame que nul aime faut pouvoir

Faux qui fauche les fausses vies qui s'en vont

Celles qui poussaient bien aussi mal celles qui pouvaient nuire

De toute façon je m'en fous je ne veux plus rien

Il n'y a plus de place je raccourcis un peu

Je pouffe sur mon pouf et bouffe du caramel

En attendant que le vent emmène la folie du rêve

Le temps des flammes ne m'a pas brûlé la braise est douce

Et mes alexandrins qui disent que je t'aime

Le dise pour combler les restants du désir.



02 02 1975

Je dis je t'aime pour la vie

Et je renais dans chaque mot

Et j'ai tant peur à chaque cri

Qu'il soit le dernier des oiseaux



Tu vas tu viens devant mes yeux

Un jour il nous faudra mourir

Je mets ma main dans tes cheveux

Et mes yeux fous sur ton sourire

Le bruit se fait dans le quartier

Le jour s'en va jusqu'à demain

Dans la chambre triste et glacée

Il me semble tenir ta main



Je dis je t'aime pour toujours

Toujours c'est aussi maintenant

Quand la pierre devient velours

Quand la douceur me fait amant

Dans les musiques de mon âme

Quand les corbeaux sont apaisés

Qu'incessantes viennent les larmes

Sur mes plages de sable mouillé



Quand ma bouche avale tes larmes

Baisant tes paupières de soie

Et que mon cœur sans fin s'alarme

De tes chagrins où je me noie

Alors je t'aime et c'est jamais

Et je me fonds au fond de toi

alors c'est toi que j'aimerai

Tant que notre vie durera.



25 02 75 (Nantes)

Quand glacée dans le vent froid les quais sont déserts

Les mouettes se cachent là-bas dans les creux de rochers

J'ai perdu le fil me reliant à l'infini

Dans le soleil du désespoir dans la chaleur de l'hiver

J'ai perdu l'ailleurs où je me suis tant saoulé

Les nuits ou la mort était encore la folie

Et je vois que sont les hommes que ce qu'ils étaient

Je me voulais oiseau il ne reste plus rien

J'ai manqué un barreau de l'échelle du temps

Et je suis revenu de mes rêves abstraits

Et je vois et je touche et je ne comprends rien

Car j'ai perdu les ailes qui me tenaient au vent



Je veux que mon enfant connaisse une autre vie

Connaisse une autre terre et un ciel plein d'oiseaux

Je veux tant que les hommes soient des hommes enfin

Et l'amour m'est venu tant est longue la nuit

Écoutez moi écoutez je suis un corbeau

Et l'enfant de l'amour viendra naître demain

Et quand la pluie glacée et grise d'amertume

Et que je pense à toi mon amour les chemins

Dans ma tête se croisent et se bousculent encore

D'où viens-tu ? Si longtemps et tant et tant de brume

Et l'enfant mon amour cet enfant de ton sein

Cet enfant de mon corps dans l'acier de la mort



La folie s'oublie loin de la solitude

Et le cœur aux étoiles je rêve de jamais

Et je noie de fumier le passé et les peines

Et la folie revit loin de la solitude

Dans l'ailleurs d'un enfant que nous deux avons fait

Et dans le froid désert d'ici je vis je t'aime.



08 03 1975

Je ne veux pas brûler ma peau sous les soleils du désespoir

Et les nuits blêmes de jadis s'en sont allées entre tes mains

Je ne veux plus fouiller l'abîme obscur de la lumière noire

Quand mon cœur tremble de joie pour qu'un oiseau vive demain



Je veux laisser venir le jour quand tu es douce entre mes bras

Et voir l'aube renaître encore au fil des jours de notre vie

Je veux vivre pour cet enfant quui se réveille au fond de toi

Je ne veux plus chanter la mort je ne veux plus chanter la vie



Je t'aime et dans ses tourbillons la mer traîne des rochers

Et je te blesse et je me tue au gré des vagues en colère

Dans tes yeux je pleure et tes larmes brûlent les blessures ravivées

Et dans l'océan de l'amour le temps oublie le temps amer



Tes yeux je les ai tant noyé de peine et de mort inutiles

Un oiseau prendra son envol un jour de nos deux mains serrées

Le soleil ne s'éteindra pas je t'aime et mon âme vacille

Sous ces mots larmes mais de joie qui me naufrage d'être aimé.



15 03 1975







...J'ai rêvé sur ton corps vagues et océan

Les tempêtes la nuit ont d'obscurs desseins

Je t'ai fait goéland comme on fait un dessin

Pour courir avec moi sur les plaines du vent



J'ai posé sur ta peau des baisers de velours

Dans la soie langoureuse de nos doux corps à corps

Tes lèvres avec mes lèvres ont signé leur accord

J'ai noyé dans ta chair les graines de l'amour



J'ai semé dans ton corps les ailes d'un oiseau

Cet enfant dont mes rêves se peuplent et je voyage

D'un sommet imaginé et des nouveaux rivages

J'ai semé dans ton sang mes rêves les plus beaux



J'ai trouvé sur ta peau un nid et je m'endors

Dans le parfum des fleurs et dans la quiétude

du repos mélangé de nos deux solitudes

J'ai fait d'amour ma vie sur l'aube de ton corps.



23 03 75







J'ai eu froid j'ai eu faim partout le long des routes

Ne vivre que d'amour faut se nourrir de vent

Et les pieds dans le ciel la tête vide de doutes

Il aimer là-bas des nouveaux océans



Pour t'aimer dans le ciel je me suis fait mouette

Quand tu étais cette île où je vins me poser

J'étais parti enfin les yeux dans la tempête

Te disant la musique des vagues la liberté



Mais quels murs nous cernent à ne pouvoir s'enfuir

Le chemin est devant serrons nos mains d'espoir

Quelles prisons croient avoir la force de nous tenir

La liberté est vraie la mort est illusoire



Je sais être dans l'arbre qui se nourrit de terre

Et tant que le vent souffle je vole avec lui

Je t'aime je suis le vent et le ciel est ma terre

Je t'aime viens avec moi et nous serons la vie.



15 04 1975





Mais je n'ai rien écrit pour toi !



Il fut un temps où je savais

Quand je vivais de solitude

Que ce n'était qu'une habitude

Une habitude que j'aimais

Il fut un temps je l'écris bien

Car il est mort et enterré

Tu es toute ma liberté

Et tu es tout ce qui est mien



Mais je n'ai rien écrit pour toi

Quand je meurs de ton absence

Dans ces murs clos de silence

Qui ne respire qu'avec toi

Et si j'ai chanté les oiseaux

Les étoiles et les draps de soie

C'est sans savoir que sans toi

Les nuits ne sont que des tombeaux



Le silence habite le silence

Et sans un bruit coulent les mots

Tu n'es pas là je suis en trop

Et je souffre dans ta souffrance

Mais je n'ai rien écrit pour toi

Qu'en ce soir de déchirure

Et au profond de ma blessure

Le sang qui vient me vient de toi



Car je n'ai rien écrit pour toi !

27 04 1975





Écrire pour mes racines nues

Arbre levé dessus la terre

Dans l'impuissance solitaire

De la nuit



Dans le lit vide ou je m'endors

reste un soupçon de ton parfum

Dans le silence où meurt le jour



Dans le noir je cherche ta peau

Et je rêve déjà du jour

Où nous pourrons faire l'amour



Je voudrais écrire les cris

De la pluie qui frappe à la vitre

Dans la lumière d'aube blafarde



Le vent souffle sur le pays

Où est ton cœur que je m'abrite

Des larmes que le vent brouillarde



Et de brume se font les heures

Au pas cassé du temps banal

Et arbre je ne sais voler



Mon âme éraille sa fureur

A gueuler le feu de son mal

Dans ces instants assassinés.



29 04 1975





Je t'aime dans le fraîcheur du vent qui peigne les genêts

Qui ride la Vilaine et envole mes rêves fous

Et envole mes rêves fous

Je t'aime



Dans la chanson d'amour d'un merle ou d'une hirondelle

quand le matin doré les réchauffe et les caresse

Nous réchauffe et nous caresse

Je t'aime



Dans le va et vient lourd de la marée qui monte

Dans l'odeur des algues et la mousse d'écume

qui roule sur la plage

Je t'aime



Je t'aime comme la terre où mes pieds s'enracinent

fleurissent les ajoncs les coucous et la lande

Je t'aime dans le vert et le jaune de mai



Dans ce printemps et la beauté de ce pays qui se réveille

Et son soleil sur les rochers

Chauffe les lézards et les vipères

Et rosit tes joues comme des pétales



Je t'aime Michèle comme un arbre aime sa terre.



19 05 75





Un peu de nuit où s'endorment les vents

Où le silence naît et la paix

Un peu de nuit où respirent les fleurs

Où repose l'amour

Et la vie



Un peu de vie dans ce souffle si doux

qui s'endort

Un peu de vie clame comme le serait

La mort



Un peu de ciel et le chant des oiseaux

Et la fraîcheur du soir sur la mer

Un peu de sel d'une larme séchée

De la joie de l'été

De la vie



Un peu de vie où meurent les canons

Et la mort

Un peu de vie quand la vie à raison

D'être vie



Un peu de terre où la graine a germé

Et l'épi sera beau de demain

Un peu de terre quand l'enfant sera grand

Et fera de sa vie

De la vie



Un peu de vie où nous vivrons nos rêves

Dans l'amour

Un peu de paix que l'on a dans les mains

De la vie

Un peu d'amour et les chant des oiseaux et la nuit tranquille de la paix.

01 06 1975

Dans a pluie de l'aube

Le long du chemin

Crèvent les nuages de mes souvenirs

Et je me rappelle le temps maudit

Quand tu n'étais pas

Quand je n'étais pas

Dans la pluie de l'aube



Dans le gris de l'aube

Je lis dans les larmes

L'éclat de la lampe derrière les carreaux

Et je me rappelle

Derrière la fenêtre

Que j'étais mal

Et que tu étais mal

Dans le gris de l'aube

Je lis dans les larmes



Dans le gris du ciel

Je sais ton sourire

Ton espoir de moi mon espoir de toi

Et je me rappelle

toutes ces villes les soirs

Tu m'aimais déjà comme je t'aimais déjà

Dans le gris du ciel



Dans un coin du jour

Vivent nos solitudes

Au creux de l'amour qui les a réchauffées

Et je vois demain

L'été d'aube claire

Je sais que tu es je sais que je suis

Dans un coin de l'aube je vois le soleil

Je vois le soleil. 28 06 1975

Quels seront les mots d'aujourd'hui

Quelle sera la force du sourire ou des larmes

Combien de mains écriront ce poème

Quels seront les mots de l'instant ?



D'où viendront le repos et la paix

Après la blancheur de la nuit

Les gens s'en vont dans la rue

Le soleil chauffe t'il leur cœur ?



Quelles seront les armes du temps provisoire

Les armes du vent et de l'amour

Fugitive seconde d'un sourire inconnu

Ou mon chien calme qui sommeille



Quels seront les sons d'aujourd'hui

Des aujourd’hui passés des aujourd'hui demain

Des yeux se ferment sur la mort

Les mêmes motos se forment dans ma main



Suprême instant de triste joie

L'arbre et la terre tant unis

Et les mots toujours de l'instant

Et les mots de demain déjà s'en vont



Quels seront les mots de ma mort

Qu'un long poème recommencé

J'écris sur l'aile d'un corbeau

Les mots abstraits de l'infini.



09 07 1975



Dans le silence cloîtré des habitudes

Quand le vent vient parfois me caresser

Je me dis que l'amour n'a rien changé

A la triste joie de nos solitudes



Tu t'en vas dans un rêve et tu me laisses

Choisir mon chemin vers d'autres au-delà

On se dit que l'on sait que l'autre est là

Et on va doucement et sans tristesse



La maison est remplie de ta présence

Sans toit il n'y aurait pas de liberté

Je te sais près de moi sans pouvoir te toucher

Mais l'instant dans l'air se charge d'espérance



Sur le lit le chien dort dans le matin

Je n'ai rien à perdre et rien à donner

Décidément l'amour n'a rien changé

Et pourtant sans toi je ne suis plus rien.



16 07 1975



NOSTALGIQUE BLUES

On partait de la ferme, on allait dans la boue jusqu'au parc du château glaner du bois pour la cheminée

Marie-Pierre venait nous voir, elle nous amenait un pain, elle se taisait et elle ne mangeait presque rien

Tu te souviens ?



Il faisait froid, on se serrait près du feu, je lisais tu tricotais, dans le silence on était bien



Jean-Pierre venait, on allait faire les courses en passant le pont de l'autoroute, à la petite épicerie



Lucie jouait de la guitare et chantait Marie-Claire, je te serrais dans mes bras, au chaud on était bien



On écoutait de la musique, Ferré, Glenmor et les beatles et puis aussi Simon and Garfunkel



Dans le froid de la chambre on chantait un peu désespéré, pour cacher la souffrance la folie et les larmes



Tu faisais des bouquets avec les fleurs des champs, ça sentait bon et on s'aimait comme des fous



Tu te souviens, gitane aboyait toujours après nous et le mouton paisible nous regardait



On partait de la ferme et on allait dans la boue jusqu'au parce du château glaner du bois pour la cheminée



Tu te souviens ?



19 07 1975



La tempête nous a glacé en un instant

Il est déjà cinq heures et la nuit va tomber

Novembre gris s'avance et son odeur fanée

Amène près de nous le souffle de l'océan



Nous arriverons dans la nuit à la maison

Mais pourquoi s'en aller déjà l'air est si pur

Le ciel qui s'assombrit se souvient de l'azur

Mais est-ce bien le froid qui te donne ces frissons



Mon enfant mon amour ma fille de satin

Approche toi de moi vient contre mon épaule

Que ton souffle si doux et mon souffle se frôlent

Reste près de moi et ne pense pas à demain



Viens et marchons au rythme des vagues qui se couchent

Entre les draps glacés du sable de la nuit

Ce lent balancement des instants qui s'enfuient

Comme l'oiseau de vapeur envolé de ta bouche



Nous rentrerons plus tard ou ne rentrerons pas

qu'importe c'est si bon près de toi de mourir

sur la plage égayée d'une écume sourire

La tempête revient rentrons il fait trop froid



Le temps s'allonge automne et nous gèlent les vents

comme la solitude silence comme la mort

Le temps s'allonge et dans la lumière de l'aurore

Vient au creux du rêve le souffle de l'océan.



22 07 1975















Écume moite d'un dimanche août écume bouillante

La brume de chaleur d'est vite dissipée évaporée

Et l'instant fugitif à l'allure éternelle

De l'ennui



Pas un souffle de vent ne tremble les rideaux

Et le soleil éclate en lambeaux d'incendie

Et le jour est si chaud qu'il chauffera la nuit



Août merde !



03 08 1975





Bien sûr c'est JE

C'est aussi TU

Car tu c'est je

Car tu sais je

Aussi me tue

Et quand c'est Il

Je se retrouve

Mais qu'en sait-il ?

Si c'était ELLE

Ce serait tu

Qu'en saurais-tu ?

Toi si belle

Nous sommes NOUS

Tenez le fil

Car VOUS est tu

Et tout se noue

Nous sommes ILS

Et tu es elle

Si tu est elle

Je deviens fou

Après vous je

Est encore tu

Tout ça c'est je

Car tu c'est je

Car tu sais je

Aussi me tue !



07 08 1975





Quand tu auras quitté les remparts de l'enfance

Qu'il te faudra courir les chemins de la vie

quand seront épuisés les jeux de l'innocence

Quand tu seras seul sur les chemins de l'ennui



Alors mon fils si l'espoir s'enfuit loin de toi

Et si tu te demandes pourquoi vivre la peine

Songe aux temps oubliés rêve d'un autre là-bas

Fais d'amour ton chemin les amours seront tiennes



Quand tu seras révolte au temps d'adolescence

Et que tu sentiras les forces de ton corps

Dans l'aube d'un printemps bois aux fleurs l'espérance

Si avant l'été tu ne rencontres la mort



Alors mon fils alors si tu passes ce pas

Si éclatent d'été les grains de ta jeunesse

Gardes toi des raisons tous ces feux sans éclats

N'ont de gloire qu'argent et d'amour tristesse



Quand tu verras l'automne habiller tes cheveux

Et derrière toi la grisaille des souvenirs

Si tu as échappé aux gens qu'on dit heureux

Que de franchise amère se plisse ton sourire



Alors quand tu seras proche de toucher le port

L'enfance te reviendra comme un peu de poussière

Tu rêveras encore aux portes de la mort

D'un parfum de printemps dans le cœur de l'hiver



Mon fils quand tu auras terminé ton chemin

Que ne sonneront plus les gaietés et les rires

Ton fils où sera t'il quel sera son destin

Lui diras-tu ceci au moment de mourir ? 09 08 1975

Où vent les mots dans la fatigue du travail

Quand le soir vient sans envie de faire l'amour

Où va l'espoir quand demain i faut se lever

Quand le vol du corbeau ne perce plus la brume



Une goutte d'aube comme un retour de poésie

Deux doigts de vent dans la fraîcheur du matin

La caresse d'un cri d'oiseau qui se réveille

Où va la poésie dans des journées sans fin



Dois-je dire à l'enfant le monde t'appartient

Et ne fais pas le con tu as une bonne place

Je lui donne la vie il faut déjà mourir

Mais alors qu'on me dise ce que c'est : le bonheur



Que fais le désespoir dans ce temps qui avance

Et à quoi bon l'amour si plus rien ne l'appelle

Où va la poésie dans la mort quotidienne

quand le cri des corbeaux ne disent plus liberté.



24 09 1975







Un dernier rêve dans la nuit

Un dernier regard avant le seuil du jour

Justice liberté amour

Une dernière aurore de vie



Des noms résonnent dans nos têtes

Une première pensée au réveil

Où vont dans leurs derniers sommeils

Les rêves des martyrs de Franco



Mourir pour des idées goût de littérature

On est loin de la mort à ne faire que dire

Ce n'est pas pour un mot que demain vont mourir

En Espagne des hommes sous le garrot franquiste



Allons je me dégoûte de rester bien vivant

Avec juste des cris pour aider la conscience

A rester bien en paix crions « à bas Franco »

Ces hommes en Espagne ne meurent pas pour des mots.



26 09 1975





Le froid comme les flammes pénêtre dans mes pores

Une vieille sur le chemin tremblotte sous son châle

Dans le silence du parc un écureuil s'étonne

Ma chienne se tait roulée en boule dans le soleil



J'entends le bruit d'un bus un enfant joue tout seul

Je pense à l'éternité à la sagesse des arbres

Je pense à mon amour et je pense à la mort

Au silence précieux des diamants de lumière



La paix est dans le gel qui étourdit ma chair

Comme la pluie transpercée d'un vieil imperméable

J'ai envie de boire un coup dans une ferme isolée

Du vin rouge quand le soleil s'apaise aux rideaux de la porte



Je pense à mon enfance et puis à mon enfant

blottit contre le dos de ma femme dans le lit

Je bande au pont du Cens d'un rêve chaud de tissu

Triste joie solitaire d'un royaume sans roi



Le froid est dans la laine du pull sur mon corps

La paix s'en va pressé par la rage impuissante

La semaine dernière en Espagne des hommes

Troués et de leur peau n'a pas jailli mon sang.



04 10 1975









Le vent d'automne

Passe et me donne

Des longs baisers

De rêves emplis

Dans cette nuit

Déjà rêvée



Et d'un regard

Dans le brouillard

De mon passé

Je vois fleurir

Des souvenirs

Recommencés



Dans le silence

alors je pense

Quelle triste vie

Et je repars

Dans le hasard

Vers d'autres nuits.



09 10 1975



Nous partirons dans une aube claire

Ou dans un soir tiède

Vers des pays que nous ne connaissons pas

Tu me prendras par la main

Tu me feras traverser des fleuves

Je te dirai que je t'aime



Nous aurons la sagesse des montagnes

Et de l'océan

Nous irons à pied dans la plaine

Le vent n'emporte pas les souvenirs

Demain est déjà un souvenir

Maintenant je te dis je t'aime



Nous trouverons un jour une vérité

Sans dieu ni rien pour l'obscurcir

Nous trouverons le vide

La paix et le silence

Tu m'apporteras l'oubli

Je te dirai que je t'aime.



11 10 1975





Je suis né où mon cœur m'appelle

Dans le vent d'amour et de nuit

Un goût de mer dans la bouche

La terre est à moi sans pays



Je suis né où l'amour m'attend

J'hérite du feu et du gel

J'aime le soleil et la pluie

La terre est à moi sans frontières



Je suis né sans père ni mère

Sans saisons ni nostalgie

Là où la liberté respire

Je suis né sans état civil



Et si mon cœur s'est fait arbre

Pour grandir dans la terre d'ici

Le vent peut emmener mon âme

Ailleurs au gré de sa folie



Je suis né sans le faire exprès

Dans un monde où l'on m'a fiché

Je nais où le veulent de mes désirs

La terre est à moi sans papiers



Je suis né suis-je déjà mort

Dans le béton de la cité

Le vent m'indique le chemin

D'un autre rêve où je suis né



Mille autres rêves où je naîtrais.



01 12 1975









Je n'oublie rien il n'est rien que je ne donne

Ce rire mêlé de toux secouée ce regard

Je suis par vous il n'est rien qui m'abandonne

Un parfum de tendresse de vent qui passe espoir



Je n'oublie rien fenêtre ouverte à deux battants

Poignées de mains caresses au chien et ce silence

Si chaud si clair ce sourire je vous aime tant

Que dire de l'amour que dire de l'espérance



Je suis nu de par vous je suis bien

Je n'oublie rien



30 12 1975







Je rentre le soir il fait jour encore

Il gèle parfois et ce matin

Quelques flocons de neige sont tombés



Les arbres sont gris et paraissent morts

Encore un mois d'hiver le printemps vient

Viendront bientôt des jours ensoleillés



Le temps nous mène et d'habitudes

Se font les jours recommencés

Le temps nous mène et l'habitude

Dans la mort bientôt va casser



Dans la mort demain va casser.



24 01 1976





Cherches au hasard des émotions la voie de la plénitude

Jusqu'à savoir la puissance des larmes



Laisses tes gestes aller à leur quotidienneté mécanique

Cherches la pais dans le renoncement et la folie

Jusqu'au bout



Creuses en ton âme un puits de sagesse et de vide

cherches encore la plénitude et le silence

Jusqu'à être silence et éternité



Ta force abolit le temps l'amour et la mort

cherches l'éternité dans cette fraction de temps

Tranquille

Jusqu'au bout



Vas t'en jusqu'au-delà de l'au-delà

Oublies jusqu'à l'oubli jusqu'aux mots de ton intelligence

Recrées le silence apaisant de la neige épaisse



Élèves toi plus haut que les hommes plus loin que leurs dieux

Vas dans l'absolu du hasard

Jusqu'à créer la mort

Jusqu'au bout de la mort.



15 02 1976





Ici la mer m'a dit

Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves

Le vent n'est pas levé ne cherche pas ton voilier

Il restera au port



Ici la mer m'a dit

Sur le sentier de la falaise où rien ne se fait nuage

Tu ne peux pas t'envoler



Ici la mer m'a dit

J'ai creusé de silence une île au fond de toi

Et tu tournes en rond sans un mot dans la tête

Immobile



La mer m'a dit ça



alors j'ai pris un galet et au bout de la plage

Me suis mis à genoux

Le vent au fond de moi s'en revenait du large

Frappant sur les rochers



J'ai gravé dans le sable

Les mots que j'entendais

J'ai vu sur l'horizon

Se dresser une voile

Que la brise gonflait



Je me suis vu écrire ici la mer m'a dit

Le chant de mes oiseaux effacera tes rêves

Quand l'horizon s'embrume une vague est venue

Laissant le sable lisse

Les oiseaux ont chanté.



21 02 1976

Tes yeux sont des reflets du vent

Quand dans leur bleu le mariage

Se fait de la mer et du ciel



Tes yeux qui bruinent de rosée

Dans le vert où je me promène

Quand la forêt a du chagrin



Tes yeux où passent en un instant

Les écumes des mers du monde

Comme dans un rêve de musique



Tes yeux mon amour où je meurs

quand j'y vois briller le plaisir

Et que je murmure je t'aime



Tes yeux sont des reflets d'amour

Quand dans la terre de leurs ombres

tu inhumes toutes mes peines



Tes yeux sont des reflets du vent

Où je voyage avec l'amour

Qui illumine tes regards.



21 02 1976





Je voulais ne rien perdre du temps qui s'en allait

Faire n'importe quoi n'avoir pas de regrets

Courir à perdre haleine tous les chemins devant

Vivre chaque seconde comme un ultime instant



Mais monter et descendre ça ne fait pas grand bien

De l'amour à la haine il n'y a presque rien

Espoir et désespoir tout volait en éclats

Vivre chaque seconde je suis tombé bien bas



Mais vivre nom de nom à quoi ça peut servir

J'ai connu la misère j'ai perdu le sourire

Et j'ai tout essayé pour être -un peu- heureux

Mais l'alcool et la drogue c'est pas ce qu'il y a de mieux



Je me suis fatigué sur toutes ces routes vaines

Où j'ai récolté moins de bonheur que de peines

Ce sont des mots il faut savoir pour les comprendre

Qu'un est le mois de juin et que l'autre est décembre



Dans ce monde où je vis je ne suis pas chez moi

Je tourne en rond je cherche et je ne sais pas quoi

Et puis tous les matins je m'en vais travailler

Et j'écris des poèmes parlant de liberté



Mais vivre comme ça ça n'en vaut pas le coup

A vouloir ne rien perdre je suis devenu fou

J'en ai marre mais j'espère encore et malgré moi

Je tourne en rond je cours sans savoir après quoi...



06 03 1976



L'instant qui vient est déjà loin

dans les instants que je vivrai

Le temps prison qui me retient

Et que je n'oublierai jamais



Quand je fais deux pas en avant

A tout hasard vers la lumière

Le temps de respirer le vent

Et je fais deux pas en arrière



Je joue comme un tango lassé

Entre désespoir et espoir

Et je rêve du mot liberté

Dans le ciel pluvieux de mes soirs



Les habitudes sont vite là

Le rêve n'engendre pas l'action

Quand je parle d'autre là-bas

Je reste planté là comme un con



Un jour je quitterai la ville

Comme on fait un geste banal

Je verrai que c'était facile

Et que cela ne fait pas mal



L'instant qui vient est déjà loin

Dans les instants où je vivrai

Le temps prison qui me retient

Ne laissera pas de regrets.



21 03 1976





Nous irons jusqu'au delà des rêves

Mon amour tu verras

Rien ne nous barrera la route

Et nous aurons pour vivre

L'éternité



Nous chanterons toutes les mers

Mon amour tu verras

Nous verrons toutes les terres

Et tous les êtres

De l'univers



Rien n'empêchera la jeunesse

Mon amour tu verras

De faire du monde un seul pays

Et de l'amour une seule paix

Éternelle



Et nous irons vivre nos rêves

Mon amour tu verras

Dans le cœur des hommes nouveaux

Nos enfants seront ceux là

Mon amour.



03 04 1976





Un peu de musique comme pour taire l'ennui

Mon amour je sais

Je suis fatigué je pourrais dire tu

Tu rentres à huit heures ce soir

Fatiguée

Mon amour ne regarde pas ce feu

Dans mon regard

Il est hier



Deux gouttes de guitare pour un samedi

A qui dire j'en ai marre je deviens fou

Quelle heure est il ? Mon enfant tousse

Je t'attends



Ce feu qui brillait comme une étoile loin

Que l'on touchait du cœur

Comme un soleil

Il est hier



Lundi je partirai dans l'aube froide

Il sera six heures et demi et puis le soir

Plus encore abruti je ne rêverai pas

Mon boulot paye mal et il est dur

Ce soir je prendrai un comprimé pour ne pas y penser

Pour ne pas voir dans la nuit le feu d'un rêve

Demain il y aura un peu de joie et puis

Lundi nous crèvera

Dimanche sera le feu

Mon amour ne dis pas l'espoir !

Je t'en prie.



10 04 1976





Un couple de vieux est passé au soleil

Dans la rue is se tiennent la main

Serré sur tant de peines et tant de joies

Aujourd'hui m'étrange étrangement



Une femme en minijupe qui serre son enfant

Sur sa poitrine un gamin en vélo

Un morceau de désert calme et silencieux

Comme aujourd'hui où je suis ailleurs



Une phrase d'un poète qui par le du Chili

Les camarades morts du temps de Franco

Le sourire du bébé, la chienne un coup de langue

Avril samedi



Le printemps c'est une voix comme aujourd'hui

Et samedi m'étrange étrangement.



10 04 1976



Le vent de l'Est s'en va dans les vagues

Le village est dans le rouge du soleil

Les cloches sonnent il est huit heures à Muzillac

Je pars dans la coupure du temps de mon poème

Les merles sifflent des hymnes à la liberté

Dans la maison les enfants mangent

Le petit déjeuner



La paix est vivante dans l'absence

Je puise de la joie dans le vent glacé

Le temps s'est arrêté dans le silence

Tranquille de mes mots assemblés

Mais il fait trop froid il faut que je rentre

Ma chienne devant moi court sur le chemin

Elle est heureuse



Mon amour je ne veux pas quitter ce poème

Donnes moi la main fermes les yeux

L'instant de déchirure verticale de l'espace

Je ne sais pas si nous en sortirons

Le vent de l'Est s'en va dans les vagues

Le temps n'est plus à Muzillac

Mon amour.



25 04 1976







il me revient des souvenirs sans arbres

Nos pas jumeaux dans l'herbe rase

De l'amour dans nos regards

Et les vagues contre les rochers là-bas

Derrière le phare



Il me revient du vent dans les cheveux

Et toi pensive assise face à la mer

Un chien qui va nous rassemblant

Dans la lande et les chemins

du bout du monde



Il me revient cette île tout a recommencé

Le silence et les rires

La brise glacée de pluie on marchait

Mon amour il me revient cette île

Il me revient Ouessant.



08 05 1976





Toute ma vie de vivre je cherche

Dans vos yeux

Un rêve pareil au mien

Où je suis comme une pierre

Parmi la pierre qui vit

toute ma vie je cherche

Ce regard d'horizon ensemble derrière les vagues

Ensemble

(je ne sais rien)

Au delà des vagues de cette mer

De cette terre

Au delà même (je cherche) de cet ailleurs

Chacun

Chacun ensemble avec lui-même

J'aigris je cherche quoi ?

Toute ma vie de vivre au temps qui va

Au delà de mon amour ma quête de paix

J'aigris dans la solitude et la folie

Le regard avant les mots

Le regard humble devant la beauté

Je cherche

Je cherche ce regard d'ailleurs ?

Je n'en sais rien

Ce sourire figé dans l'espace imperceptible du temps

Je cherche et ne vois rien

Toute ma vie de vivre j'espère pourtant

L'espérance...



15 05 1976



Poème d'un homme dans une usine

Il est là pour travailler

Il pense à sa vie maintenant

Il se demande pourquoi ?

Poème d'un homme qui est triste

Qui rentrera dans un « chez moi »

Anonyme et comme chez eux

Ces gens tout à côté de lui

Poème d'un homme dans une usine

Qui pense à son amour

Amour qui est loin au travail

Et qui se demande aussi pourquoi ?

Les heures les jours les jours les jours

Qui se demande pourquoi le vie

Pourquoi l'enfance pourquoi la vie

Pourquoi le rêve sortir de quoi ?



Poème d'un homme et d'une femme qui en ont marre



Poème d'un homme qui sourit

A une femme qui sourit

sur leurs lèvres glisse je t'aime

Ils ont leur enfant dans les bras

L'instant est lumineux

Pourquoi sont-ils déjà

Un peu tristes un peu blessés

Pourquoi les larmes pourquoi la peine

Pourquoi la vie ?



Poème d'une femme et d'un homme qui travaillent

Ils pensent à leur vie maintenant

Et ils sourient pour la folie

Et ils espèrent.

05 06 1976

Ce toi qui est un rêve assassine les miens

Et je vois dans tes yeux des tourments obscurs

Des cris demain qu'arrache à ma gorge ton chant

Ce rêve au fond de moi est toi dans ma folie



Je t'aime et le silence m'enveloppe de vent

Avec des souvenirs ressassés de corbeau

L'avenir je le vis dans tes rires et tes larmes

Ces ailleurs de maison où nous serons heureux



Mes rêves sont noyés dans l'océan trop vite

Notre amour bateau a ses voiles gonflées

Et joue sur les chevaux d'écume et de misère

Notre port est la nuit où s'échoue le plaisir



Et ce toi dont je rêve me caresse sans fin

Des enfants dans tes doigts courent sur ma peau

Tous ces cris que demain arrache de ton ventre

Ce rêve dans ma folie où nous sommes heureux.



03 07 1976















Pour ce regard bruissant d'ombrage d'automne

Le miroir d'amour et de paix j'écris

Pour la jeunesse dans les rues

Deux doigts en V et le sourire

Pour ce regard de nuit luisante et lunaire

J'écris.



02 08 1976











L'arbre de la liberté, chétif

Dans un triporteur va les rues

Les blousons noirs se battent

Le soir chez les pompiers

C'est les années soixante

J'achète des pétards

J'ai gardé la monnaie en revenant des courses

Et j'ai des culottes courtes

Dans la banlieue des accordéons

C'est le bal des misères les quatorze juillet

La connerie humaine bat le goudron trop chaud

De leur Bastille maquillée et solide

Ça me dégueule maintenant

Jusque dans mes godasses.



16 08 1976









Où vont les jours

Il fait si lourd

Où est l'automne

Où va la vie

Le temps me plie

Tant monotone



Où s'en vont les jours

Où partent les mots

Et la mort bientôt

Viendra mon amour



Les heures se perdent

Et je m'emmerde

L'esprit absent

J'attends toujours

Oh mon amour

Un autre temps



Où s'en vont les jours

Où partent les mots

Et la mort bientôt

Viendra mon amour.



25 08 1976



Un envol blanc et gris au raz de l'écume

Puis les ailes étendues sur un doux lit de vent

L'oiseau comme mes rêves s'éloigne dans l'azur

Mais garde dans son regard l'océan en furie



Il faudra bien qu'il plonge bientôt pour se nourrir

Même un oiseau ne peut vivre que des nuages

Et mes rêves le suivent dans son plongeon vital

Mais ne remontent pas avec lui dans le ciel



La fange existe tant que j'y reste collé

Et avec la folie dans mon regard absent

Je vois l'oiseau de mer m'abandonner ici

Et je meurs doucement noyé comme mes songes.



30 08 1976













Un instant comme sorti d'un rêve

Un seul instant encore

Et je retrouve mes yeux de demain

Et d'hier

Et le sang comme d'habitude

Et le silence

Couleront des arbres et de tes yeux

Couleront des arbres et de tes yeux

Des océans

Et la folie mêlée d'espoir

Ne sera plus

Qu'un instant qui reviendra

Peut-être

Dans l'infini de l'éternité



04 09 1976



J'écris avec des mots d'automne

Des mots mouillés comme le ciel

Comme la terre

Comme mon cœur

Mon âme s'en va vers le nord

J'écris avec des mots de brume

Avec des mots prisonniers

Comme mon amour

Je vais sans espérance



Pourtant c'est bon d'aimer



J'écris avec des mots tristes

Des mots qui coulent comme des larmes

Comme des fleuves

Vers la mer

Mon âme s'en va vers la mort

J'écris avec des mots d'automne

Le souffle de mon désespoir

Celui de mon amour

Et de ma vie



Ne dites pas que c'est le temps

Qui me fait ça

Ne dites pas le temps

Ne dites pas ça



Pourtant c'est beau l'amour !

Et j'aime.



04 10 1976







Je suis toujours allé comme ça

De misère en misère

Comme la nuit

Le papillon vers la lumière

J'ai oublié mon innocence

Entre deux filles deux aventures

Je suis toujours allé comme ça

Au hasard

Le destin me pousse vers cette fange

Si c'est le prix de la liberté

Si j'ai le choix



Je suis toujours allé comme ça

comme une barque seule au large

Je ne porte pas d'uniforme

Ni la crasse ni les cheveux

Je regarde au fond de votre âme

Je ne m'arrête pas sur vos yeux

Je suis toujours allé comme ça

Dans la vie

La vie me pousse dans la fange

Si c'est le chemin de la liberté

Si j'ai le choix

Je vais.



16 10 1976





Je ne peux te donner de moi

Que ce qui est moi

Des mots qui coulent entre des silences

Un sourire qui semble venir de mon enfance

Un sourire des rues

Quelques vagues d'une mer révolue

Une vision bizarre des choses et du monde

Quelques siècles de retard ?

Un enfant qui te ressemble

Et mon amour comme la liberté



Je ne peux te donner de moi

Que ce qui est moi

Des mots qui volent entre des silences

Une fracture du ciel un instant

Qui brise le temps qui passe

Le vent glacé de l'aube

Quand tu vas au travail

Une idée toujours comme une route

Vers la liberté



Je ne peux rien te donner

Je ne peux rien te donner !



21 11 1976





La brume du matin prépare

Le temps pour l'automne arrivant

L'été est plus dans nos mémoires

Que dans le soleil pâlissant



L'aube a des couleurs virginales

Le gel habille la terre en blanc

Les fleurs ont perdu leurs pétales

Les arbres vont leur dénuement



Je sais qu'il est vain de chercher

Dans l'amour quelque raison

Mais je traîne mon cœur glacé

Le notre a duré la saison



Tu as fermé ta porte

Et sur ton seuil le vent

Balaie nos amours mortes

Et s'en va tristement



Viennent les saisons mortes

Emportant notre amour

Tu as fermé ta porte

La nuit chasse le jour.



1978





Quand aura tant coulé le temps

Comme un torrent nous emportant

Quand nous serons devenus vieux

S'il plaît aux dieux que nous soyons

Encore vivant



Je voudrais te donner la main

Arrivé au bout du chemin

Te dire je t'aime oh mon amour

Je t'aime comme au premier jour



Quand la vie nous aura laissé

Un seul rivage pour aborder

Avant que soit l'heure de la mort

L'heure de toucher le dernier port

L'ultime instant



Je voudrais te donner la main

Baiser ta bouche et me noyer

Dans la tendresse et le chagrin

Que ces instants soient les derniers



Je voudrais partir avec toi

Fermer mes yeux sur ton visage

Et ne plus se quitter jamais

Partir pour le dernier voyage

Oh mon amour



Je voudrais te donner la main

Et avec toi être entraîné

De l'autre côté s'il n'y a rien

Notre amour est éternité.

1978

Et je pousse comme une herbe folle

Dans ces sillons trop ordonnés

Je cherche je cherche

Qui peut être heureux dans ce monde

Où je voudrais simplement vivre

Qui viendra avec moi ?



Mais mes racines sont tordues

Et les vents toujours m'écartèlent

Je cherche je cherche

Bloqué par les contradictions

Et englouti sous le silence

Qui viendra avec moi ?



Mais je ne suis pas ce chemin

Si droit qu'il ressemble à la mort

Je cherche je cherche

Pourrais-je trouver dans les mots

La vie enfin sortie des rêves

Qui viendra avec moi ?



La liberté existe t'elle

La liberté la paix l'amour

Je cherche je cherche

Et je tends mes mains et mon âme

Vers cet espoir simple et fou

Et je reste tout seul.



1979

Je rentre le soir il fait jour encore

Il gèle parfois et ce matin

Quelques flocons de neige sont tombés

Le temps...



Les arbres sont gris et paraissent morts

Encore un mois d'hiver le printemps vient

Viendront bientôt des jours ensoleillés

Le temps...



Le temps nous mène et d'habitudes

Se font les jours recommencés

Le temps nous mène et l'habitude

Dans la mort bientôt va casser



Dans le mort bientôt va casser.



1975







On arrive presque à l'an deux-mille

L'homme à quelques millions d'années

Que si Cro-Magnon revenait

Il serait complètement paumé

On arrive presque à l'an deux-mille

Toutes les sciences ont fait des progrès

On vit de plus en plus longtemps

Peut-être grâce aux médicaments

Ça devrait être bien portant



Autoroute et tour de fer

C'est ni paradis ni enfer

On de vivre avec son temps

Est-ce qu'on pourra vivre longtemps

Je n'en suis pas sûr



On vit à l'air industrielle

Ça nous fait pas le vie très belle

L'herbe est noire dans les fossés

Au bord des routes surchargées

L'usine c'est pas la liberté

On a fermé toutes les issues

Rien dire rien entendre rien voir

L'incommunicabilité

Est bien la reine incontestée

Tant le monde a évolué



Gros verrou sur porte en fer

C'est ni paradis ni enfer

Il faut vivre avec son temps

Est-ce qu'on pourra vivre longtemps

Je n'en suis pas sûr



Les réserves de pétrole s'épuisent

En deux-mille tout sera à sec

Mais il faut continuer de produire

chercher autre chose sans s'arrêter

Les flics c'est la sécurité

Il y a des atomes un peu partout

Et c'est pour des siècles et des siècles

Il faut que le monde soit vraiment fou

Mais on continue le chemin

On se prépare une drôle de fin



Flic partout et nucléaire

C'est ni paradis ni enfer

On dit faut vivre avec son temps

Mais enfants l'auront-ils ce temps

Il faudrait pouvoir tout arrêter

Avant que tout soit terminé !



23 04 1979



En forme de testament

Une liberté de mots et de gestes

Peut-être trop de rêves peu de vie

Longue

L'infini de l'instant

Le silence en forme de testament

Le silence comme un aboutissement

Avec l'anarchie

Avec un éternelle adolescence



Mon corps je m'en fous



En forme de testament

Chaque rêve en dernière volonté

C'est bien long la vie parfois

Le silence léger et doux

Avec des rires et de la musique

L'adieu sans larmes

quelque soit la couleur du temps

En forme de testament

L'amour.



16 04 1978



Rien ne ramène la douceur du temps

Pour hier il n'y a pas de chemin

Hors le souvenir

Je cherche d'autres voies vers la liberté

Tout ce que j'ai marché s'inscrit dans mon histoire

Mais ma mémoire ignore le cheminement de demain

Je n'échapperai pas à ma route

Qu'aujourd'hui encore je cherche

La tristesse ne peut vivre au futur

Mais l'espoir et le rêve

Alors je vais sans renier mes pas

Je cherche mon chemin

J'espère et je vis avec ma force et ma folie

Je marche.



1978

J'ai quitté le champs de pierres

Où ne flrurissait plus rien

Et voilà que m'abandonne

L'arbre rêvé de demain



Je quitterais la rivière

Si la source se tarie

Comme un jour j'ai quitté la pierre

Qui peignait les arbres en gris



J'ai quitté la mort et l'ombre

Pour mourir dans la lumière

Si la lumière devient ombre

Moi je resterai de pierre



Ma vie n'est pas un jardin

Où fleurit n'importe quoi

Si les arbres y meurent trop vite

Les pierres n'y meurent pas



J'ai quitté le champs de pierres

Pour une rivière asséchée

Les pierres ont bloqué la source

Je meurs d'avoir trop rêvé.



1978

De plus en plus je me clos

Dans le silence

A quoi serviront tous ces mots

Jetés

Même si je m'en retournais

Jusqu'à l'enfance

Je n'y retrouverais

Que la nuit



Et de plus en plus je rêve

Dans le silence

D'une jouissance infinie

Et secrète

Mais si je vais trop vite

Vers elle

Je ne trouverais

Que la nuit



Et de plus en plus je m'enfuis

Dans le silence

A quoi serviront tant d'instants

Jetés

Dans les poubelles du vent

Qui n'emporte

Qu'un tout petit peu de moi

Dans la nuit



Et de plus en plus je meurs

Dans le silence.



07 05 1978





Si le présent est imparfait

A l'imparfait c'était le bon temps

Si pour nous le passé est simple

Que conjugueront nos enfants



Pauvre maison ta vie est morne

Car en dehors des souvenirs

L'environnement uniforme

Ça n'a rien pour te réjouir

Tu n'auras jamais eu de chance

Habitée trois mois dans l'année

C'est secondaire une résidence

Pour les nantis et les trop gavés



Tu étais traitée sans amour

Par des touristes indifférents

Tu appelais l'automne au secours

L'été n'était pas alléchant

A part les lézards paresseux

Qui se réchauffaient sur tes pierres

C'étaient des cris des coups des feux

Et le goût de l'huile solaire



Au moins l'automne il ya avait des feuilles

Que le vent balayait gaiement

La musique dans les branches vides

Des saules et des chênes puissants

Maintenant l'automne c'est à peine

S'il verdit l'herbe il y en a si peu

Pas besoin de chercher de chênes

Il n'y a même plus de résineux



La mer n'était pas une poubelle

IL y avait encore des pêcheurs

Et sur des plages propres et belles

Nichaient des oiseaux migrateurs

Maintenant si on approche la côte

On est averti par l'odeur

Les grèves sont noires et pestilentes

Il y a longtemps que les oiseaux sont morts



Il n'y a plus dans le silence

Le grincement régulier

D'une charrette sue devance

A pas lent un goémonier

Un goémonier pour quoi faire

Puisqu'il n'y a plus de goémon

Qu'il n'y a plus de vie sur terre

Que dans tes souvenirs de maison



Que dans tes rêves de maison.



1977

Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre

Ils marchent dans l'épais de la pluie

Enracinés au froid de l'air qui leur fouette la peau

Ceux de nulle part ne sont pas du néant

Ils ont dans les yeux un peu de chaque pays

Ils ont dans le cœur déjà la terre où ils vont

Celles où ils iront

Peut être aussi celle où viendra les prendre la mort

Ceux de nulle part sont du ciel

Ils sont des arbres aux racines nuages

Ils emmènent avec eux le bonheur

Moi je suis d'ici et d'ailleurs

De partout un peu

D'ici et du ciel et du vent

Ailleurs de la pluie du froid et du feu

De partout de l'amour

Je suis d'ici de part mes tripes reliées à la terre

Et à la mer

Reliées à la musique aux mots aux morts

Par le flux et le reflux la tempête

Je suis d'ici des chants des champs aussi des fleurs

Je suis d'ici et de nulle part de l'au-delà du rêve

Ceux de nulle part sont du vent comme d'une terre

Et le vent m'emmène ailleurs toujours

M'emmène vers la liberté ailleurs toujours lointaine

Le vent m'emmène je marche dans l'épaisseur de l'air

Je passe je suis sans être vu

Je n'ai pas le temps je passe et j'espère je marche

Je ne sais faire que ça

Je suis d'ici et d'ailleurs de l'amour

je vais où le vent m'emmène toujours le vent

Vers la liberté je n'ai pas le temps je passe et je chante

Écoutez...

01 05 1979

Je n'ai plus

Qu'à refermer les yeux

Et rêver de lumière

Sans prison



Je n'ai plus

Qu'à attendre encore

L'heure de la mort

De ma liberté



Je n'ai plus

Qu'à vivre sans demain

Le temps est déjà loin

D'hier



Et demain

Quelque soit demain

J'ouvrirai les yeux

Sur un soleil nouveau

Et si je n'oublie pas

Le brouillard d'aujourd'hui

Les détours du chemin

M'éloigneront de lui

Même si



Je n'ai plus

Qu'à dormir sans sommeil

Qu'à aimer sans envie

Sans amour



Je n'ai plus

Qu'à refermer les yeux

Et rêver de lumière

Sans prison. 1973

Le monde est fait comme ça

On est sur des rails

En naissant on prend le train

On y reste jusqu'à la fin

Tu as beau tirer le signal d'alarme

Pousser des cris manifester

Des pancartes dans les défilés

Il n'y a pas souvent de gares

Depuis soixante-huit pas d'arrêt

Sauter en marche ne sert à rien

Le monde est fait comme ça

Ceux qui ont la parole s'en servent

Pour dire qu'il n'y a rien à faire

Que leur pouvoir ne va pas si loin

Ne pas toucher aux aiguillages

Qu'on est sur la bonne voie

Qu'on a fait les bons choix

Que sauter en marche ne sert à rien

On est sur les rails

Faudra aller jusqu'au bout

Faudra tomber dans le trou

après le butoir c'est l'explosion

On trouvera mieux que le nucléaire

Pour se foutre la gueule en l'air

On a de l'imagination

Le monde est fait comme ça

Il faut aller toujours plus loin

Il faut aller toujours plus loin !

05 1979



« Je sais d'étranges morts qui ne pourrissent pas

Et qui sont beaux comme la chair adolescente

Ce sont ceux-là dont les vivants parlent tout bas

anges assassinés de leur jeunesse ardente »



Léo Ferré « les morts qui vivent » (Poètes vos papiers)



C'était un soir de fête

Ni à cause des bals

Ni parce que les flonflons

C'était un soir de fête

Parce que la jeunesse

Parce que les copains



On ne se connaissait peut-être pas encore assez

Pour que je dise « mon ami »

On s'entendait bien

Tout le monde s'aimait



C'était un soir de fête

Le rire volait avec nous

On avait peut-être un peu bu



Il n'était peut-être pas encore mon ami

Mais on ne se quittait pas beaucoup

On parlait de motos et de filles

On faisait connaissance



C'était un soir de fête

Peut-être qu'on a sommeillé un peu

Il ne s'est pas réveillé

C'était un soir de fête

pourquoi y a t'il eu demain ?

19 08 1979

Vers quels autres pays s'astreindre à espérer

Mes pas vers quels soleils ou terre d'esprit nouveau

Pétrir quels autres rêves

Sourire



S'installer le matin pour quel autre horizon

Enfoncer de la voix comme un clou dans la main

Quelques trop durs silences

sourire



Vers quels autres étranges lieux se diriger

Dans la pluie drue

Comme dans un ancien automne

De mes joies sans pareilles

Sourire



S'installer sous les arbres allongé sur les feuilles

Les écureuils régnants là-haut dans le regard

Et attendre l'hiver

Sourire



Vers quels autres printemps alors l'enfance comme

Usée d'amour le temps du temps que l'amour s'use

Et dans l'été blessant

Sourire



Vers quels autres pays s'astreindre à espérer

De folie à venir s'envahir doucement

Comme une cinquième saison

Mourir



08 09 1979



C'était un matin gris rappelant nos voyages

La route était déserte dans la brume immobile

Des corbeaux passaient ras la terre retournée

Je voudrais m'arrêter

Et vivre

Te prendre par la main je nous revois si bien

Sur ces routes de pluie combien d'années déjà

Passées et se referment sur notre liberté

Un écureuil rapide a couru dans les phares



On a pris l'habitude le travail les enfants

La fatigue des soirs l'amour que l'on fait moins

La grisaille des jours et moi dans mon silence

Et des ennuis de fric nous qui ne comptions pas



Je voudrais t'emmener d'autres vagabondages

En Allemagne encore pourquoi pas n’importe où

Et n'importe comment mais il faut qu'on y aille

Dans la neige neuve rire comme des enfants



Mais nous ne pouvons pas et le temps fait le reste

La vie ça va si vite on a bientôt trente ans

Le rêve ça va un peu mais l'espérance gèle

De semaines en années notre temps s'obscurcit



Ce midi fatigué j'ai écrit ce poème

Un peu désespéré mais le vie est comme ça

Je voulais simplement te dire que je t'aime

Et que peut-être un jour tout recommencera



C'était un matin gris rappelant nos voyages

La route était déserte dans la brume immobile

Je voudrais repartir avec dans les bagages

Deux petites filles une chienne et toi, mon amour. 11 09 1979





Ce serait un matin d'hiver

Un copain matinal

Allumerait le feu

Et préparerait le café

Le chocolat pour les enfants

Et bientôt on se trouverait

Tous autour de la table

On ferait la liste du jour

Chacun choisirait son travail

Doucement doucement



Ce serait un soir de printemps

Une longue journée

Bien remplis bien aimée

Les plus fatigués dormiraient

certains seraient à lire dehors

Et d'autres à chanter dedans

On allumerait un petit joint

Contents d'aujourd'hui et demain

Hier étant déjà bien loin

Doucement doucement



Ce serait un midi d'été

Il y aurait des invités

Qui nous raconteraient

Ailleurs la vie comment elle est

Dans les autres communautés

Ils nous amèneraient du pain

Ou de la laine ou des sabots

On partagerait le repas

On s'apprendrait quelques chansons

doucement doucement

Ce serait une aurore d'automne

Sur une terre libre

Où vivre une autre vie

J'aurais pu dire dans ma chanson

Les engueulades et les départs

La mort et puis les maladies

La faim les jours noirs les soucis

Mais ça n'est pas intéressant

Et puis on vit ça au présent

Comme des cons comme des cons.



1979

Mon réveil s'arrêtera

Et j'arrêterai aussi

Sans rien pour accrocher mes mains

Ni mes souvenirs

Rien qu'une terre sensible

Qui le nourrit

Et où je renaîtrait

J'attends

J'attends

Avec des rêves grands comme le ciel

Que les mots tuent

Indispensable pour donner

Les mots c'est con

L'amour

J'attends

J'attends

Avec des mots auxquels je crois

Qui ne m'appartiennent pas

Les mots s'envolent

L'amour

J'attends

Combien sommes-nous pour y croire

Les pierres ont elles une mémoire

Le temps c'est con

La mort.



31 12 1978





C'est ce moment tranquille où revit le silence

Où même la maison semble se reposer

Et les objets respirent du même souffle que moi

comme pour calmer les battements de mon cœur



C'est ce moment tranquille où les instants s'étirent

Longs infiniment longs comme une éternité

Où je ferme les yeux et je reste immobile

Pour apaiser en moi la tempête et le feu



C'est ce moment tranquille où doucement se pose

La paix comme un oiseau diaphane et léger

Où tout vit au même rythme lent et minéral

Des secondes où j'arrive presque à le plus penser



Mais ce temps est si court et au combien fragile

Qu'un bruit de pas un rêve l'image d'un sourire

Où un souffle de vent suffit à la casser

Mais je ne sais pas parfois de temps qui soit plus tendre

Qu'attendre

T'attendre.



07 11 1979



Les gestes qui ne comptent pas

Ni les mots nés des habitudes

Les bruits les musiques les voix

Bourdonnement des multitudes

Tout ce qui bouge tout ce qui vit

Les rues les villes les cafés

Les terres les mers les pays

Les femmes les hommes les sociétés



Tout ce que je vois

Ce que je sens ce que j'aime

Ce que je combats

Au fond de moi mon âme saigne

Je voudrais sortir du silence



Et tous les pas que j'ai pu faire

Comme ceux que je ferai encore

Les vagues revenues de la mer

Les bateaux revenus des ports

La liberté jamais atteinte

La page vierge et le stylo

Qui imprimera mon empreinte

Dans l'éternité d'un sanglot



Tout ce que je vois

Ce que je suis ce que je montre

tout ce qui fait mon espérance

Tremble au fond de moi

Comme les secondes sur la montre

Je voudrais vomir mon silence



Tous les poèmes amoncelés

Tous ces mots scellés dans l'encre

Les pages qu'un jour j'ai tournées

Les baies où j'ai jeté l'ancre

Aucune chanson n'est finie

Même quand la guitare s'est tue

D'autres s'enfoncent dans l'oubli

C'est le silence qui continue



Tout ce que je vois

Ce que j'admire ce qui m'enchante

On y a pas pensé souvent

Mais un mot suffit pour que vienne

L'idée du poids que font trente ans

Alignés derrière le miroir

quand on se croise du regard

En se disant qu'on a rien fait



Il faut bien dire aussi

Que la machine nous enchaîne

Et le manège tourne si vite

Demain vient où l'on sera vieux

Que dans le ciel de notre vie

Il n'y a pas beaucoup d'éclaircies



L'image paraît jeune encore

C'est dans la tête que le temps pèse

On sait ce qu'on ne ferait plus

On a plus de ces folles joies

Qu'hier nous arrachaient le cœur

Plus de folles peines non plus



On a laissé notre folie

Le long d'un fleuve merveilleux

On sait pourtant qu'il coule encore

Quand on vivait le temps présent

Sans souci d'après ni d'avant

En laissant filer la jeunesse



On prend encore des coups au cœur

Par la beauté ou par la mort

Comme des retours d'adolescence

On n'a pas passé de frontières

C'est pas demain qu'on sera vieux

Le ciel est bleu par la fenêtre



Il n'y a qu'à dire aussi

qu'on peut arrêter la machine

Qu'on peut descendre du manège

Et se jeter à cœur ouvert

Dans le fleuve tumultueux

Où vivra toujours la jeunesse.



14 07 1980



Matin pluvieux

Aux cris d'oiseaux

Timides

Le vent secoue

Les peupliers

Dimanche



Un parapluie

Énorme et noir

Promène

Sous ma fenêtre

Un chien avec

Son maître



Longeant les murs

Sac sous le bras

Une femme

Le pas pressé

Le pain frais sous

La cape



Un goéland

Vire lentement

Au ciel

Un géranium

Pleure des pétales

Fanés



Et moi assis

Bien à l'abri

J'attends

Que le soleil

Montre son œil

Brûlant

Matin d'été

qui ressemble à

L'automne

Les cloches sonnent

Il est neuf heures

Dimanche



20 07 1980



Qui est venu sonner

Cette nuit à ma porte

Était-ce un ami

Ou bien un inconnu

Je ne sais



Je n'ai pas bougé

De la chaleur du lit

Mais j'ai ouvert les yeux

Et j'ai écouté le silence



C'était peut-être un rêve

C'était peut-être ailleurs

Il n'y a plus rien eu

Vague peur

Et le noir de la nuit



C'était peut être un homme

Ou peut-être un fantôme

Ou peut-être la mort

Qui venait me chercher

je ne sais



Un clochard un poète

Ou un souvenir

Mais je n'ai pas bougé

Cette nuit et je garde

Des regrets



Qui est venu sonner

Cette nuit à ma porte ?

Je ne sais.



28 08 1980

tu peux croire que tu aimes vivre

Et même que tu es heureux

C'est un bon moment à passer

Mais il ne dure pas longtemps



Quand le cafard te tenaille

Sans que tu saches son secret

Tu penses que la fin est au bout



Et passent sans fin les jours

Qui se suivent et se ressemblent

Le travail et le sommeil

Avec amour ou sans amour



Tu veux supprimer la tristesse

En fumant l'herbe de ton jardin

Le matin le soleil t'aveugle

Tu sais que rien ne change rien



Le jour où tu en as marre

tu restes chez toi tu t'en fous

Tu vas cueillir des champignons

Ou tu ramasses des pommes de terre



Tu te dis que tu aimes vivre

Et même que tu es heureux

Puis tu retournes à l'usine

Tu sais que rien ne change rien



Alors tu prends ta guitare

Et tu rêves de liberté.



14 09 1980

Ce que je vis doucement

L'air respiré des forêts

Les lentes longueurs

Je vois quand je veux

Les nuages se déchirer

Où restent sur les crêtes où restent

Des neiges d'hiver

J'ai l'âme éparpillée

sous le ciel gris ou bleu

Comme un blues

doucement

Ce que je vis en douceur

Sur les plages gelées de décembre

Quand je suis seul

Avec les oiseaux

Les goélands les mouettes

Hérons cendrés des marais

Ce que je voudrais

C'est presque tout ce que je voudrais

J'ai la tête en morceaux

Devant la mer étalée

Comme un blues

En douceur

Ce que je vis en dedans

Le soleil perdu du soir

Dans les monts d'Arrée

La liberté des sommets

Tout est songe

Peut importe tout est songe

Je ne peux qu'imaginer

Car je n'ai pas le temps

Le temps que je vis en dedans

C'est un blues, doucement.

29 09 1980

Rien a changé tout se replace

Chaque chose

Les années ont fui

Je n'ai pas vu d'écureuils

Depuis longtemps

Je bois, je fume je vieillis

Je me sens mal

Rien n'a changé rien ne va

Mais je suis si bien

Quand tu es là

Mon amour

J'ai perdu beaucoup de folie

Ma haine est morte

Je vis comme « tout le monde »

J'en ai assez du travail

rien n'a changé

Rien ne va

Mais je suis si bien avec toi

Mon amour

J'ai des cernes noirs autour des yeux

Et des rides

Pas de goût pour le merveilleux

J'ai aigri j'ai maigri

Je n'écris plus rien

Je n'ai pas de souvenir

De ce que j'étais

Rien n'a changé

Mais j'ai peur de la vie

C'est peut-être fou

De t'aimer comme je t'aime

Rien n'a changé rien ne va

Mais je suis si bien

Avec toi

Je t'aime. 30 09 1980







Écoute

La lumière

Des pierres

Leurs chants

D'une éternité

C'est assourdissant

Sans doute car

Tu doutes

Et rien

Tu n'entends.



22 08 1980

Je voudrais écrire

Une chanson belle

Une seule chanson

Me vider de tout

Des mots et des ciels

Des misères du monde

De nos rêves mêlés

Et contradictoires

Je voudrais



Je voudrais écrire

Une musique belle

Une seule musique

Douce comme l'amour

Écrire des poèmes

Dans la longueur des nuits

Pour te dire je t'aime

Et puis t'écrire encore

Je voudrais



Peindre le gris du ciel

Pasant au loin les vagues

Et l'horizon multiple

Des amitiés de sable

S'effritant dans les jours

Ou alors se serrant

Dans un granit lourd

A défier le temps

Je voudrais



Je voudrais raconter

Mais mon temps est trop court

La vie telle qu'elle serait

Si elle était d'amour

Comme un soir tranquille

Chantant sur sa guitare

La voix d'un seul ami

Pour un monde d'espoir

Je voudrais



Je voudrais écrire

Une chanson belle

Une seule chanson

Le temps pousse le temps

Je marche et je vieillis

Et je chante et je sais

si longue soit ma vie

Je n'aurai pas le temps.



09 12 1980

Le matin cache

Son butin

Rouge

C'est en mai

Mais en mai

D'aube



Planté dans

Le froid bleu

Je vois

Loin après

Loin avant

L'aube



Le matin cache

Son butin

Planté dans

Le froid bleu

Rouge

Je vois

C'est en mai

Bien après

Mais en mai

Bien avant

L'aube rouge.



09 05 1979

Rêver sans cesse un monde qui ne sera jamais

Écrire sans cesse un rêve qui ne sera pas lu

Courir sur des chemins magnifiques et faciles

De sourire et d'amour et y rester tout seul



Vivre le cœur ouvert vers la vie souveraine

Aimer l'amour jusqu'à s'en faire péter l'âme

Souffrir aussi sans fin des souffrances humaines

Devant le papier blanc se retrouver tout seul



Un grand remue ménage me secouant la tête

Les idées et les mots me martelant l'esprit

Le cerveau déchiré tel des pieds sur l'asphalte

D'espérance marcher en signes sur le papier



Marcher encore mùarcher jusqu'au bout du silence

Et de la solitude et de l'amour aussi

Avec au fond du sang d'obscures mécaniques

Indécentes à se mettre nues et à crier



Retranscrire les chants qui montent de la terre

Les cris des pierres les arbres les caresses du vent

La mort qui marche aussi et l'angoisse des hommes

Le temps dans la poitrine qui sonnera le glas



Aller du crépuscule à l'aurore est la route

De l'aurore à la nuit de la mort à la vie

Semblable à tout jamais à soi-même et aux autres

Peut-être vivre enfin une cinquième saison



A la mort retrouver le silence être seul

Et puis ne rien laisser qu'en poèmes glacés

Les rêves de ce monde qui ne sera jamais

Qu'un peu de la folie coulant des solitudes. 06 01 1980

Je vois dans la nuit glisser les lumières

De ce train qui vient de quitter la gare

Il vient de Paris et va vers Quimper

En passant il raconte des histoires

Des histoires de pluie des choses d'hier

Des instants perdus dans le désespoir

De l'amour la mort et puis la misère

Et la vie n'efface rien de ce trou noir



Un amour s'en va un amour arrive

La même folie et le même goût

Une partie de moi reste à la dérive

On avance on n'oublie rien du tout

Rien du tout ce soir où par habitude

J'ai pris un stylo pour écrire un peu

Recroquevillé dans ma solitude

De cette douleur j'ai senti le feu



Jamais d'autres flammes si fortes soient elles

Ne pourront masquer cette fièvre là

Je pourrais connaître d'autres amours belles

Je sais un brasier que rien n'éteindra

Et si aujourd'hui la femme que j'aime

Est comme le soleil d'un matin d'été

J'ai au fond du cœur une ombre ancienne

Qui file sur les rails d'un destin brisé



J'ai vu dans la nuit glisser les lumières

D'un train qui traînait des flots de hasard

Et qui sans douceur cassait les barrières

Des profonds secrets de mon désespoir.

07 11 1991

Je voudrais pour toi la mer

Quand les vagues écrivent des poèmes

Quand dans le bleu du matin

Les goélands disent que je t'aime



Je voudrais pour toi le ciel

Quand le vent mange les nuages

Et viennent les étoiles dans la nuit

Guider mes pas dans tes voyages



Je voudrais pour toi le feu

Quand il éclate le bois en cris

Et quand au cœur de l'hiver

Il berce les rêves de ta vie



Je voudrais pour toi le sourire

Pour tes yeux vidés de la peine

Pour l'enfant qui un jour viendra

Je voudrais te dire je t'aime.



28 10 1974





Mon amour s'endort bleu sur ma peur

Aux draps comme les cieux et les fleurs



Mon amour, bercée de silence

S'abrite de mes cauchemars

Et porte en elle la présence

De notre enfant de notre espoir

Mon amour rêve t'elle si calmée

De cette vie nouvelle bien cachée



Et moi je voudrais croire en dieu

Et j'aimerais pouvoir lui dire

toi que l'on dit si glorieux

Pour moi garde lui son sourire

Mon amour frissonne dans ce lit

Douce respiration de la vie



Dans le tendre oubli du sommeil

Avant que la nuit ne s'achève

Avant que vienne le réveil

Ma force soit en elle et ses rêves

Mon amour s'endort bleue fatiguée

Aux draps comme les cieux de l'été



08 07 1975



Tout ce qui vit dans mon regard

Le vent qui fait frémir les fleurs

Le vol blanc des oiseaux de mer

Les vagues frappant le rivage



Ton nom est en toute beauté

Toutes les beautés sont ton signe

L'odeur de la terre mouillée

Celle du vin frais et de l'ombre



O douceur des choses banales

O silence ardent des tendresses

Toi suspendu avec le temps

A la potence de l'avenir



ton nom est au creux des forêts

Avec l'écureuil et le loir

Avec l'aigle et avec l'agneau

Avec l'enfant émerveillé



Toute vivance t'appartient

C'est pour toi que ma chair vibre

Par toi qu'exultent toutes joies

Par toi que toutes les amours naissent



Tout ce qui vir dans mon regard

Aujourd'hui d'été et de calme

Apporte sur mes lèvres ton nom

Liberté.

23 07 1982





Le bonheur ce n'est pas grand chose

Le bonheur ce n'est pas beaucoup

La beauté fragile d'une rose

Dans le soleil chaud du mois d'août



Le bonheur on ne le voit pas

On ne le sent ni ne le touche

Il est et déjà il n'est pas

comme ce sourire sur ta bouche



Le bonheur va le bonheur vient

Il passe dans notre horizon

comme un lièvre sur le chemin

comme le bateau sous le pont



C'est l'instant qui se fait caresse

Le calme doux d'une embellie

Le plongeon à fond de tendresse

Avant de retrouver la vie



Le bonheur ce n'est pas beaucoup

D'imperceptibles petits riens

A peine le chant du coucou

Dans une aube tiède de juin



Dans le noir il est la lumière

Il est la flamme dans le froid

Le sourire dans la misère

La solitude quelquefois



C'est l'instant qui se fait caresse

Le calme doux d'une embellie

Un plongeon à fond de tendresse

Avant de retrouver la vie. 29 11 1982

Ni l'eau fraîche d'une source vive

Ni le printemps d'un chant d'oiseau

Même la douceur d'une rive

Bordant de vers un ruisseau



Pas l'instant nu d'une caresse

Ou le souvenir de la mer

Ni la folie de la jeunesse

Et son parfum volant dans l'air



Pas même les cieux quand ils pleuvent

L'orage tonifiant de l'été

Ni l'hiver qui donne aux fleuves

D'un torrent la saine gaîté



Non plus la peur des mésanges

Au froid venant à nos maisons

Non plus la perfection des anges

Que créent nos imaginations



Plus que le silence des tendresses

Des matins chauds au fond du lit

Plus que l'insouciance des ivresses

Ou l'obscurité de la nuit



Rien ne suffit il n'est de mot

Ni de chansons ni de poème

Pour dire plus fort et plus beau

Simplement mon amour

Je t'aime.



04 01 1983

La nuit d'aujourd'hui s'emplit d'un vide effrayant

D'un silence chargé de silence

La nuit souveraine chaude et lourde immobile

Les mots s'éteignent les étoiles se taisent

Pas un souffle ne veut troubler cette épaisseur



La poésie me laisse la poésie s'en va

J'ai craché son venin déjà

Le papier reste vierge et muette la voix

Les feux de la mémoire désespère ce temps

Dans lequel je glisse silencieux maintenant



Le désert coule sa chape noire et irréversible

Et noie les mots dans son néant

La forme disparaît dans l'absence de fond

Les sommets s’aplanissent et se comblent les puits

Je reste nu devant les solitudes grises



Les nuits portaient leurs chants au hasard des silences

La poésie vivait encore

Les insomnies avaient le verbe fiévreux

Le désert était plein d'espoir et de musique

La solitude avait la folie du stylo



Mais la nuit d'aujourd'hui reste vide...



08 07 1983



Le soleil de l'aube à allumé le gel

Et libère sur la neige des myriades d'étoiles

Les aiguilles se dressent massives et glacées

Le mélèzes au Sapey laissent passer la neige

que le gel de la nuit retenait en leur toile

Un brouillard amical nous cache la vallée



Il y a aux Chambeaux encore quelques névés

La terre comme une mousse éclate de crocus

Le dôme du Châtelard garde le blanc d'hiver

Les premières marmottes ont quitté le terrier

C'est le printemps qui vient chaque jour un peu plus

On ramasse des trolles en allant aux Bottières



Sur la balme on trouve encore quelques mousserons

Bientôt seront girolles et cèpes dans la panier

Au loin dans nos regards la Meije et l'Étendard

De roche noire on voit les pics de Belledone

A Léard on respire la pleine liberté

Et si je suis ici ce n'est pas par hasard



Quelques flocons parviennent à transpercer la pluie

Et la fraîcheur du soir se perd dans la flambée

Les cimes sont masquées par le flot noir des brumes

souvenirs et futur se mélangent cette nuit

Dans l'éternelle saison fleurie de l'amitié

De ce chalet sourire qui dans mon cœur s'allume.



23 11 1985







Il ne me reste rien d'enfance

Il ne me reste rien de bleu

Dans ces naufrages de silence

Où je me sens devenir vieux



La montagne à des vagues roses

Lorsque tremble la fin du jour

Dans une éternité morose

Nous mortels parlons d'amour



Parlons causons et à boire

Laissons couler les fleuves de mots

Nous voudrions risquer pour voir

Et il ne reste que nos os



Et la mer est infatigable

Dans un érotique ballet

Pénétrée de vent et de sable

violée parfois cocu jamais



que faisons nous nous pauvres diables

De notre mortelle durée

Pour ne pas voir couler le sable

Ineffable du sablier



Nous parlons d'amour et de mort

A l'ombre d'arbres centenaires

Et nous accompagnons les morts

Dans le calme des cimetières



J'ai été un môme innocent

J'ai jeté vite l'innocence

Et mes rides vont se creusant

Me voisi réclamer l'enfance... 06 04 1984

A quatre heures du mat on hésite

Entre la fin et la poursuite

D'une nuit partie l'œil ouvert

Entre paradis et enfer

Refuser le jouir du sommeil

Pour guetter le premier soleil

si le matin n'est pas trop gris

Si le ciel n'est pas trop pourri

Ces quelques heures nues et coupantes

Posées devant la tasse fumante

Se comptent déjà au passé

Si pleines où rien ne s'est passé

C'est le désert en ouverture

Une fenêtre ouverte sur

des libertés inexplorées

Des veilles de rêves éveillés

silencieusement on avance

Entre joie et désespérance

Dans un temps passif et couché

Soufflant les brumes du café

Et puis on voit venir l'aurore

On se retrouve debout dehors

Les six coups vont bientôt sonner

Le vent frais chasse les buées

Dans le premier rayon qui vient

On chasse d'un geste de la main

La dernière fatigue accrochée

Et on boit un premier café

ou

La première fatigue accrochée

Et on boit son dernier café.



26 07 1984

 

Encore une cigarette grillée

En attendant le soleil

Ou l'amour ou la fin du monde

Encore un jour ou une année

Une averse de grêle

Et une fleur épanouie



Aimer le chant des oiseaux

Les merles les chardonnerets

Et grattouiller sa guitare

Encore un verre de vidé

Le cri aigu d'une marmotte

On est vraiment pas pressé



Encore une vie qui s'achève

Le jour où je reviendrai

que serai-je dans ce monde

Peut-être encore animal

Végétal ou minéral

L'important c'est le moral



Ce qu'il faut c'est être bien

Ne rien faire mais le faire bien

S'en aller tout doucement

Vivre et jouir



27 05 1984

Je ne veux pas aller en terre

Allongé dans une caisse en bois

Le trou bouché par une pierre

Avec des fleurs sur le toit



Je ne veux pas chaque Toussaint

Être embellit de chrysanthèmes

Pauvres fleurs triste jardin

Où une routine les sème



Je n'aime pas les cimetières

Savoir couché Dans le froid

Mon corps même déjà poussière

Serait mourir une seconde fois



Vivant je n'aurais jamais cru

Au paradis ni à l'enfer

Je ne veux quand je ne serai plus

Être emmerdé par des prières



Plonger mon corps dans les flammes

Ainsi que j'ai toujours souhaité

L'amour se charge de mon âme

Et ma vie l'aura consumée



Puis confiez mes cendres au vent

Dans le cendrier du hasard

Et que je devienne l'amant

Des pluies des neiges et des brouillards



Je ne veux pas aller en terre

Je veux vivre une dernière fois

éparpillé dans l'atmosphère

Et dans l'infinité du temps 06 11 1985

Peut-être n'ai-je pas su déchiffrer les signes

Moi depuis si longtemps debout dans les tempêtes

Les murs dans la cendre debout encore et dignes

Là dans mon cœur noirci où chantent encore vos fêtes



Une aube de soleil qui vient après la pluie

L'océan des nuages tranquilles dans la vallée

Et dans ce jour qui vient semblable à une vie

Le sourire et les larmes l'hiver et puis l'été



Je connaissais vos rêves je m'immisçais dedans

J'y craquais des membrures répandais mon parfum

Je riais à vos rires et vibrais à vos chants

J'aspirais les vapeurs douces de vos festins



Je sais des cris d'enfants dans des matins légers

Des fatigues sublimes des alcools ruisselants

Les silences spacieux de la sérénité

Ces instants de repos où l'on oublie le temps



Je me souviens du linge séchant sur mon balcon

Les fleurs multicolores peuplant les jardinières

Face au ciel découpé de pics sur l'horizon

Ce grand bleu presque noir d'une étrange lumière



Les nuits sont longues longues bien trop longues parfois

J'aime tant le soleil qui projette des ombres

Mais je sens le sang battre encore au fond de moi

Je sais la renaissance au delà des décombres



Je sais demain j'y suis déjà je me souviens

D'autres rires d'autres chants aux accords des guitares

d'autres vies à venir le printemps qui revient

Et des amis toujours pour écrire l'histoire... 21 09 2011

La fille de l'île









LA FILLE DE L'ÎLE





















OUBLI



avec le temps me reviennent

Des histoires de mon passé

des bévues et des fredaines

Que je croyais effacées

Des amours d'une semaine

D'une folie d'un été

Des erreurs des calembredaines

Des mensonges des billevesées

Pourtant elles me souviennent

avec tant de netteté

Et de façon si soudaine

Que je ne peux en douter

Si j'en ai rêvé certaines

D'autres ont bien existé

Et j'ai encore de la peine

De les avoir vues s'évader

Parmi ces liaisons anciennes

Je vois avec acuité

Le visage d'une îlienne

Sa jeunesse sa beauté

Je sens sa main dans la mienne

L'insolent de ses baisers

Était-ce à Ouessant où Molène

Il a coulé trop d'années

trop de fées trop de sirènes

Passantes que j'ai cru aimer

Était-ce à Paris où à Rennes

Comment ai-je pu oublier...









TRAVERSÉE

La mer envoyait ses paquets

Balayer le pont

Du bueguel Eusa

Le bateau tanguait et roulait

Dans ce béton

Verdâtre et froid

 

Moi je fuyais la capitale

Et la folie et le mal

 

Novembre essayait d'être laid

Avec son crachin

Comme un ciel qui pleure

Les terres disparaissaient

Sous les embruns

Dans le Fromveur

 

Je fuyais l'alcool des nuits

Et la violence et l'ennui

 

Emmitouflée dans la cabine

Regard plongé dans un bouquin

Elle ne voyait rien j'imagine

C'était pour elle quotidien

Moi j'avais plutôt mauvaise mine

La pâleur du parisien

Avec un zeste de déprime

La tempête m'allait si bien

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis elle a levé les yeux

Le port approchait

Cette beauté soudain

Cette fille au regard si bleu

Qui me regardait

J'étais encore loin

 

Elle m'a donné un sourire

Je n'étais pas près d'atterrir

 

Le matin était gris et doux

J'étais arrivé

Dans le bout du monde

Ses cheveux dansaient sur ses joues

comme avait dansé

L'écume sur l'onde

 

Je ne savais pas où dormir

Elle m'avait donné un sourire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



PARIS

Ah Paris Paris Paris du jour

Le matin glauque les yeux lourds

Le chambardement des entrailles

Un café rhum pour que ça aille

Paris Paris et le turbin

Des sept heures et demi le matin

Le jour est long et sans espoir

Tu bosses jusqu'à six heures du soir

Paris métro pour le voyage

La variété du paysage

La page de pub dans les stations

Et le tunnel Dubo-Dubon

Paris de la sueur et du temps

Qui file triste et fatiguant

Paris le sandwiche de midi

Dans un troquet vieillot et gris

Ah Paris Paris Paris des nuits

Paris de rues et des oublis

Quand il n'y a plus d'aujourd'hui

Plus de demain que la folie

L'herbe qui pousse sur l'alcool

Pour être sûr que ça décolle

Paris qui danse sur son nombril

Comme sur le ventre d'une fille

Paris le soleil de minuit

Ou le boulevard sous la pluie

Paris des putains attirantes

Et du sommeil qui s'absente

Paris de l'aube qui hallucine

Pendant le retour à la mine

Paris de la mort annoncée

Et le départ est arrivé...

La baie de Lampaul tranquille Et le sourire de cette fille.

LE GÎTE



L'hôtel était fermé

A quoi bon ouvrir

S'il n'y a pas de clients ?

La patronne du café

M'a donné une adresse

Chez l'habitant



Je ne savais pas

En frappant à la porte

Qu'elle serait là

Comme dans un songe

Où Morphée m'emporte

Quand dans ses bras je plonge



Sa mère est venue

J'ai payé une semaine

Je ne savais plus rien

La vie avait disparu

La ville et la haine

Et j'étais bien







COUP DE FOUDRE

Dans le pâle soleil du matin

Je l'ai accompagné au porc

Nous avons gardé nos distances

Sur la lande tout se voit de loin

Pas un arbre dans le décor

Nous avons gardé le silence

 

Parfois nous nous sommes regardés

Et nos sourires étaient bavards

J'avais pour moi seul la beauté

Celle du monde celle de son regard

 

Et sur le chemin du retour

Ses cheveux volaient sur le vent

Son pull dessinait ses seins

La folie nous tournait autour

Me faisait bouillir le sang

Alors je lui ai pris la main

 

Ça a duré dix mètres à peine

avant les premières maisons

Dans sa paume contre la mienne

Je sentais une douce vibration

 

Je l'ai laissé là sur le seuil

Je suis parti me promener

Il faisait si beau ce jour là

J'étais léger comme une feuille

J'avais envie de m'envoler

Les vagues rugissaient ma joie

 

dans un creux entre les rochers

Dans le sable je lui ai écrit

Les mots que l'amour ne dictait

La plus belle des poésies

 

Bientôt la mer a effacé

Ce message qu'elle n'a pas lu

Mais par transmission de pensées

Je sais bien qu'elle l'a entendu.









PRÉ SALÉ



Loin des restaurants miteux

Les bars pourris les bouis-bouis

Les casse-dalles calamiteux

Les verres sales la bière aigrie



Le nuage de fumée

Flottant sous le plafond jauni

Le steak dur vite avalé

Les légumes vite vomis



Loin l'œuf dur du comptoir

Avec son goût d'eau usée

Les rêves de vrais tartares

A la viande avariée



Les choucroutes ratatinées

Le vin blanc qui fait des trous

Les sardines trop huilées

Qui imbibent le pain mou



Bout de terre entourée d'eau

que puis-je manger de meilleur

que des côtelettes d'agneau

Pour consolider mon bonheur



C'est simple autant que c'est beau

C'est parfumé et succulent

Rien n'égale la viande d'agneau

De pré salé de Ouessant !





NUIT EUSA

Dans sa chambre d'adolescente

Aux murs décorés de posters

De tous ces rêves qui la hantent

Je suis passé avec sa mère

Simplement pour lui dire bonsoir



On a échangé un sourire

Quand la maman tournait le dos

Je n'avais pas envie de dormir

Son regard me faisait chaud

Comme le soleil troue le brouillard

Demain matin elle partira

Vers Brest et la cour du lycée

Je crois qu'elle me manque déjà

Mardi sera vite arrivé

enfin je pourrai la revoir



Les yeux ouverts sur ce lit

J'entends les vagues qui déferlent

Décorent le silence de la nuit

Comme dans l'aube le chant du merle

Je pense à elle dans le noir



que suis venu faire ici ?

Qule piège me tend le hasard

Quitter la ville et sa folie

Tordre le cou du désespoir

Je pense à elle dans le noir

Demain matin elle partira

Vers Brest et la cour du lycée

Je crois qu'elle me manque déjà

Mardi sera vite arrivé

Enfin je pourrai la revoir...

LUNDI



Lundi je me suis fait des copains

Pour échapper à la pluie

Je suis resté au bistrot du coin

Pour tromper l'attente et l'ennui

Il y avait quelques mecs au rade

Qui avait l'air d'écluser sec

rien à faire d'autre que boire avec

Et devenir bons camarades



On s'est marré comme des benêts

A se moquer des parisiens

Des marseillais et des lyonnais

Et puis aussi des ouessantins

Ils connaissaient bien sûr les gens

Chez qui j'avais une carrée

Des discrets des pas causants

Comme l'île sait en fabriquer



Que la fille était bien jolie

La plus belle dans les parages

Ils auraient aimé qu'elle dise oui

Mais elle était si sauvage

Le retour a été bien long

Je tanguais comme sur les vagues

Je devais avoir l'air d'un con

Sous la pluie marcher en zigzag



Mais la journée se finissait

Et j'étais bien dans mon ivresse

Quand je vis mon lit j'étais fait

Et j'y tombais à la renverse.

AMOURÎLE



J'étais flottant dans ce nuage

Près de la pointe de Créac'h

Imaginant des mélodies

Dans le son rauque

De la corne de brume

J'étais entre angoisse et espoir

devant la suite du voyage

Je scandais son nom en silence

Sur mon pas dans le brouillard

Impatient de la revoir

Peut-être de reprendre sa main

Et de lui dire des bêtises

Chaque instant me menait vers elle

Bercé par les cris des mouettes invisibles

J'avançais dans la gwerz lancinante

De cette merveilleuse folie

La veille je l'ignorais

Elle m'ignorait aussi

Ai-je depuis aimé avec autant

D'amour ?



OBSESSION



Allongé sur ce grand lit froid

Je bouquinais les fleurs du mal

Ou autre chose je ne sais pas

Peut-être même le journal

Je la voyais à chaque page

Je l'entendais à chaque mot

Elle m'avait mis dans une cage

Dont elle était tous les barreaux

Je fermais les yeux pour dormir

Pour sortit de cette obsession

Mais je retrouvais son sourire

Le sommeil fuyait pour de bon

Je regardais par la fenêtre

Tourner la lumière du phare

Mais dans mon corps et dans ma tête

Rien ne perçait le brouillard

Je voulais maudire le jour

Où j'étais venu sur cette île

Où j'avais reconnu l'amour

Dans le regard de cette fille.





VAGUES



Comme dans une hallucination

avec a fatigue et la brume

Une irréelle apparition

Aérienne comme une plume

Elle est entrée silencieuse

Ses ailes portées par le vent

Dans la lumière cafardeuse

Elle a amené un printemps

J'ai d'abord cru à une vision

La nuit a des effets pervers

Un excès d'imagination

Elle m'a fait signe de me taire

 

Tremblante un peu sans qu'il fasse froid

Elle semblait encore indécise

Elle s'est approchée de moi

Et elle a ôté sa chemise

Alors j'ai ouvert grand le lit

Elle s'est glissée entre les draps

Frissonnante fraîche et transie

Je l'ai serrée entre mes bras

Les vagues caressaient la plage

De sa peau comme de la soie

Nous sommes partis en voyage

Plus haut que tous les au-delà

 

Aller jusqu'au bout du désir

Chaque retour est un départ

On sait que la nuit doit finir

Que reviendra le jour blafard

Alors on s'est donné sans fin

C'était pour elle la première fois

Et quand est venu le matin

Elle dormait tout contre moi

Combien de filles dans mes nuits

Une semaine un jour ou un mois

Et qui sont tombées dans l'oubli

Pour que ne reste que celle là

 

Les vagues caressaient la plage

De sa peau comme de la soie

Nous sommes partis en voyage

Plus haut que tous les au-delà.





LES MOTS

Je voudrais connaître les mots

Que la poésie distille

Dans son alambic

Dire la force du printemps

Quand il vient au cœur de novembre

Jouer sa musique

 

Dire le soleil de la nuit

La chanson du vent sur le toit

Compagnons d'instants fantastiques

Traduire tout ce qu'elle m'a dit

Prise dans l'étau de mes bras

Pour ce voyage magnifique

 

Je voudrais vivre infiniment

La douceur de ces instants

Ces délices harmoniques

retrouver ce goût ce parfum

Le velouté du satin

De sa peau douce et magique

 

Dire le soleil de la nuit

La chanson du vent sur le toit

Compagnon d'instants fantastiques

Pris dans l'étau de ses bras

Pour ce voyage magnifique

 

Si loin des peurs irraisonnées

La mort derrière la porte

La folie toujours à guetter

Le petit bonheur qu'elle emporte

La course effrénée des jours

Les nuits au bord des démences

L'angoisse qui joue des tours

Et la prison du silence

 

Si loin l'avenir triste et gris

De la grande ville sans lumière

Sinon le néon sans vie

De ce tunnel sous la terre

Si loin les amères aventures

Qui me laissaient désespéré

Bien loin cette désinvolture

Qui ne servait qu'à me cacher

 

Je voudrais connaître les mots

Que la poésie distille

Dans son alambic

Dire la force du printemps

Quand il vient au cœur de novembre

Jouer sa musique.

 



JE L'AIMERAI



Le lycée l'avait reprise

Les vacances seraient pour plus tard

Moi j'avais des choses à régler

A dérégler

Je ne voulais plus de Paris

Je ne voulais plus du désespoir

J'avais envie de m'envoler de rêver

Le samedi elle reviendra

On se croisera sur le quai

Et le bateau l’emmènera

Enez Eusa

Je lèverai le pouce

Au bord de la route

La pluie cachera mes larmes

Enfin s'il pleut

Un jour je reviendrai c'est sûr

Mais demain est bien compliqué

Je suis devant tant de ruptures

Tant de blessures

Que garder de cette aventure

Que le vent de la liberté

Soufflant de la mer un air pur ou impur

Demain est un autre monde

On ne peut pas s'arrêter

J'avance et chaque seconde

Fait partie de mon passé

Je vis avec cette histoire

Et avec bien des regrets

J'avais beau ne pas vouloir

Cette fille je l'aimais

Le bateau a quitté le port

tout a changé désormais mais jusqu'à ma mort cette fille je l'aimerai !

OUBLI



Je l'ai revue par hasard

Quelques années plus tard

A Vannes allez savoir

La chance nous conduit

Nous nous sommes regardés

Le temps avait glissé

Elle n'avait pas changé

Et nous avons souri

 

Au café de la mairie

Assis à la terrasse

J'ai commandé un demi

Elle a pris une glace

 

On ne se disait rien

Ses yeux au fond des miens

Elle a dit : tu vas bien

Pour rompre le silence

Elle venait ici

Chez son petit ami

Quelques jours quelques nuits

Elle était en vacances

 

Moi j'étais installé

Je vivais près d'ici

J'allais me marier

J'ai fini mon demi

Alors on s'est levé

Il fallait se quitter

L'amour était passé

Était enfuie la fièvre

A chacun son destin

Il y a tant de chemins

Je lui ai pris la main

Et j'ai baisé ses lèvres

 

chacun de son côté

On a repris la route

Elle ne s'est pas tournée

Un peu triste sans doute

 

J'y pense maintenant

Il s'est passé trente ans

J'ai des petits enfants

Des douleurs de l'arthrose

Quelquefois dans la nuit

Avec mélancolie

Je repense à nos nuits

Et puis à autre chose...



L'île



UNE ÎLE

2006



RACINES



Comme les cheveux d'or des déesses incertaines

Elles tissent aux nuages des lambeaux de soleil

Accrochant les lumières des révoltes anciennes

Et tant de découvertes qui encore m'émerveillent



Elles m'accrochent doucement au vent de liberté

La terre qui les tient est toute la planète

Elles sont migratrices à moi seul agrippées

Elles ma font léger mais fort comme la tempête



Elles sont d'un seul bloc dans de l'amour sculptées

En inversant la pôles on trouve de la haine

C'est un vaisseau fantôme mille fois naufragé

Mille fois revenu mais la côte est lointaine



Elles sont faites de brume de chimères et de mots

de sombres mélodies qui peuplent le silence

La dureté des pierres la mouvance des flots

Le bonheur d'être triste du chant de l'espérance



Elles n'ont pas de repos elles n'ont pas de lieu

A peine un univers du feu et de la glace

Elles flottent dans l'air colonisant les cieux

Jusqu'au vide sidéral des confins de l'espace



Elles sont dans ma peau chaque morceau de chair

Chaque pas chaque odeur chaque respiration

Et sans cesse elles s'étendent elles caressent la terre

Elles viennent s'immiscer jusque dans mes chansons



Mes racines.



SÉRÉNITÉ



Une île a jamais perdue aux frontières des solitudes

Une île jamais explorée au delà des certitudes

Une île qui te ressemble même dans ce que tu veux cacher

Immatérielle diaphane comme la volupté

Sérénité



Une île suspendue comme un vaisseau de vent

Une île suspendue dans un ciel nu et blanc

Une île comme un espace absent des dimensions

Une île comme l'ivresse d'un vol de papillon

Sérénité



Une île où les vivants et les morts se mélangent

Une île dans la douceur de mélodies étranges

Une île de jeunesse d'éternelle folie

Une île d'oubli total où l'on oublie l'oubli

Sérénité



Une île sur ce chemin au grand jour déployé

Une île d'arc en ciel et de nuits étoilées

Une île tranquillement si loin des inquiétudes

Une île jamais perdue aux frontières des solitudes

Sérénité





CE MONDE



Ranger les peurs dans l'armoire des peurs

Entre les piles de quotidien dans la chaleur du nid

Avec un demain semblable aux demains et aux autres demains encore

Tourner les yeux vers l'intérieur pour voir enfin autre chose

Un paisible paradis sans dieux et sans tourments

Une île déserte enfin sans l'angoisse du mal et du bien

De l'amour et de la haine du convenable et du convenu

Du conçu et du concevable du correcte et de l'incorrect

S'ouvrir et s'oublier au plus profond des vagues

Dans la caresse abstraite de la seule réalité tangible de l'être

Ranger les peurs toutes les peurs et se faire face

Ranger le passé dans les tiroirs secrets de l'amertume

Ranger l'avenir dans les tiroirs secrets des aventures

S'allonger dans la pureté de l'air dans l'océan miraculeux

Se laisser porter par le courant caressant du vide

Faire face à la déchéance et à la mort impitoyable

Brûler les peurs et revenir tranquille dans ce monde où tout est différent !

































ÉLÉMENTS

 

 

D'abord la source de la vie

Qui se joue dans la transparence

Dans la mouvance et l'émouvance

Et les subtiles mélodies

Le jaillissement splendide

Du plus loin de l'inconnu

De quelles étoiles fondues

De quel au-delà du vide

 

Puis le support magmatique

Maçonné par la main du temps

Écrabouillé par les géants

Et par leur force tellurique

Le rocher coupant du désert

La glaise douce à façonner

Et la richesse des étés

L'écueil au milieu de la mer

 

Le lait rougeoyant du volcan

Qui allume des incendies

Qui embrase les féeries

Le magicien incandescent

Qui transforme la terre en or

D'un seul cri de sa colère

Fait la légèreté de l'air

Brûle la vie comme la mort

 

Je suis fait d'eau et de terre

Et le feu m'habite souvent

Je suis de tous les éléments

Qui composent l'univers

 

 

 

 

 

 

Je suis la poussière et le vent

Je suis la lave et la rivière

Je suis le silence des pierres

Et les vagues de l'océan

 

D'abord la source de la vie

Puis le support magmatique

Le lait rougeoyant du volcan

Je suis de tous les éléments.

COMBIEN



Combien de fois suis-je déjà venu ?

Combien de fois sur la parallèle invisible

Suis-je encore semblable et différent

Perdu au cœur du voyage infini

Combien de vies passées

Combien de vies qui passent

Pour autant de morts à venir

Combien de fois l'aspiration du vide

Vers des promenades silencieuses

Sur des chemins désolés

Vers des amours impossibles

Vers des mondes qui n'existent pas

Combien de balades à deux

Tenant des fées miraculeuses

Pour tant de bonheur envolé

Combien de bonheurs refusés

Pour garder le vent sous mes ailes

Et l'habiller de mots étincelants

Combien de marées rugissantes

Pour effacer sur le sable

des traces de rêves aux longs cheveux

Des sourires angéliques

Les poèmes clandestins de la jeunesse éternelle

Combien de mondes imaginés pour exister dans ce réel chimérique

Combien de navires naufragés par les tempêtes de démence

avant d'être serein sur le pont de celui qui sait où il va

Combien de fois devrais-je partir encore

Avant de toucher terre sur cette île

Pour longuement me reposer

Pour devenir ce que je suis

Pour enfin revenir au monde et à l'amour.



KELTIA



Pauvres pays de granits affleurants

Aux récifs plantés dans le flanc des collines

Nageant la lande sauvage et la fleur d'aubépine

Aux âmes vagabondes dans les pluies et les vents



Ruisseaux dégringolant le long des chansons pures

Caressant les racines des chênes centenaires

aux arbres se battant sur l'épaule des pierres

Et aux fées habitant dans les forêts obscures



Pauvres et tristes pays dans le fond de mon cœur

Montagnes décharnées sur les vallées ombreuses

Menez Arrée ici ou Monédières ailleurs

Une île Keltia dans le fond de mon cœur.



























SONGES



J'ai hissé la voile des songes

Et le vent s'y est engouffré

qu'importe s'il est un mensonge

quand il est ma réalité



Demain suffira pour ma peine

Puisqu' hier déjà a suffi

Que me libère de mes chaînes

Le songe qui peuple ma nuit



Il me faut bien chaque jour

Quitter la brise vagabonde

Retrouver dure et sans amour

La tristesse de ce monde



Que flottent mes mots vers vos âmes

Qu'ils portent un soleil chaleureux

Qu'ils fassent de nous hommes et femmes

Sur mon île des gens heureux



Qu'ils permettent que l'on s'évade

Pour échapper aux coups du sort

que la vie soit une dérobade

Pour n'y pas penser à la mort



J'ai hissé la voile des songes

Et le vent s'y est engouffré

qu'importe s'il est un mensonge

quand il est ma vérité.

 

 

 

RETOUR



Je reviens un monde m'appelle

Je dois quitter l'océan

Rejoindre l'artificiel

Quitter l'émerveillement

 

Je dois aller faire les courses

Au supermarché du coin

Ouvrir les cordons de la bourse

Acheter des pâtes et du vin

Je dois passer au tabac

Pour mon quotidien poison

Jouer au loto pourquoi pas

Ma chance sur quelques millions

 

Je dois aller au boulot

Il parait que c'est normal

Que chacun en a son lot

Qu'il faut se tuer au travail

Ensuite si je ne suis pas crevé

Après le repas du soir

Je regarderais la télé

Avant de me mettre au plumard

 

Gavé de publicités

Et de programmes à la con

Je rêverais que je vais acheter

Une grosse bagnole de patron

Quand le réveil sonnera

Il sera temps d'y retourner

Ça dure toute une vie comme ça

C'est la libéralité

 

 

Puis par un beau jour de fête

Petit vieux ratatiné

Je pourrais prendre ma retraite

Et un peu en profiter

Mais payé une misère

Je devrais bosser encore

Le repos c'est au cimetière

Les vacances c'est la mort

 

Alors je repars sur mon île

Où souffle un vent de liberté

Où on peut vivre tranquille

Avec les lutins et les fées.



Poèmes

 

 

 

 

« Il s'agit d'un sentiment de vide intérieur et d'isolement qui ne correspond pas nécessairement à un besoin de compagnie ou au manque de quelqu'un en particulier, mais plutôt au sentiment d'être à la fois déconnecté du monde, incompris. Au fond, c'est la conscience aiguë de sa situation d'humain qui est et qui restera seul face à lui même et à la mort. »

(Les nouvelles solitudes. Marie France Hirigoyen. La découverte 2007)

 

 

 

 

 

ANNÉES 2000

Et quelques égarés des années 90, 80 et 70...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Juste laisser filer les jours après les jours

Le pas après le pas l'instant après l'instant

c'est le chemin qui compte qu'il soit long ou court

l'indiscutable fin ne viendra qu'en son temps

 

11 / 01 / 2021 1

 

 

 

 

 

 

Dans le creux frais du jour

Épuisé des nuages

Comme dans l'ivoire des tours

Refusé des voyages

Dans l'éphémère tremblant

des absences sereines

Et les déchirements

des bonheurs et des peines

 

Je laisse une lampe allumée

Et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi

 

Près de ce lit bien fait

Des livres éparpillés

La table de chevet

Tant de mots égarés

Dans le cœur noir des nuits

Perdues dans le secret

Ce souvenir qui fuit

Mais ne s'oublie jamais

 

Je laisse une lampe allumée

Et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi

 

Dans le matin glacé

du soleil de l'hiver

Comme un brouillard tombé

L'orage sur la mer

L'incroyable splendeur

Qui arrête le temps

tu reviens tout à l'heure

Et toujours je t'attends

Je laisse une lampe allumée

et elle me souvient de toi

Petit point dans l'obscurité

Tout cet amour est pour toi.

 

27 09 07

 

 

 

C'est un p'tit mec

Aux grands quinquets

Tout bleu

Un vrai soleil

même quand dehors

Il pleut

Si ça va pas

J'vois son sourire

Ça va

J'entends ses cris

J'entends ses rires

Ça va

Je l'vois pousser

De jour en jour

C'est bien

J'demande pas plus

J'prends l'amour comme

Il vient

J'veux pas savoir

Qu'un jour il se-

Ra grand

Quand ce sera

J'l'aimerai toujours

Autant !

Quand il m'appelle

Qu'il dit je t'aime

Papa

C'est du bonheur

Qui ne s'enfui-

Ra pas

C'est un p'tit mec

Aux grands quinquets

Tout bleu

Un vrai soleil

Même quand dehors

Il pleut

17 04 03

Je ne sais pas si le soleil va se montrer

Dans la fraîcheur du matin qui m’exaspère

Encombré par le vide d’un dimanche d’été

Alourdi et pensif d’une torpeur étrangère



Je joue dans le jour gris une autre adolescence

Je regarde grimper lentement les volutes

Des mots dans le tabac grillés par le silence

Avalés d’un pinson qui s’essaie à la flûte



J’attends la visiteuse à l’alignement strict

Qui aujourd’hui se traîne de douze sabots lourds

Puis je pèse je juge et je rends mon verdict

Les vers éparpillés s’étonnent tout autour



Je suis mon propre alien et n’en suis pas content

Je dévoile des secrets je fore dans l’intime

Je m’écoute mentir dans la chanson du vent

J'attends de la folie une fin pour la rime



J'ai trop dormi sans doute et j’ai les cheveux longs

Avec un peu de gris soulignant le blafard

Un bâton sur l’épaule portant le baluchon

Je voudrais supprimer la route de la mémoire



Quelques grilles éparses tentent l’enfermement

Je regarde de loin j’apprécie la distance

Je me perds dans le vague de l’immense océan

Aspirant les embruns rénovés de l’enfance



Je triture l’avenir d’un passé que j’exhume

J'oublie de regarder le jour qui me fait face

Ce présent sans saveur que le vide consume

Qui me perce pourtant de ses yeux de rapace



Je promène mes panards tranquilles dans la campagne

Une balade rythmée d’un accord de guitare

Une habanera en direct d’Espagne

Qui s’amuse en chantant sur mon tempo faiblard



J'ai des ampoules aux pieds j’en épaissis mon style

Les syllabes fatiguées arrivent par douzaine

Dragueuses insatisfaites elles cherchent une idylle

Aujourd’hui je crains que leur prospection soit vaine



Le soleil s’est montré une chaleur paisible

A envahi l’espace et le ciel a bleui

Le vide s’est écrasé j’ai pété ses fusibles

Et dans le soir léger solitaire je souris.



    1. 20/07/2008







Je la sais-là qui rôde

Comme la chair qu'érode

Les vagues en maraude

Le temps écrit une ode

Une onde mélodique

Dans le parfum frangé

Qu’étranglent les tropiques

Dans le soir fatigué

Encore combien de fois

Ce regard amusé

Les fragrances de lilas

Trompant mon âme usée

Immobile impavide

Et de fière apparence

J'emmène mon pas vide

Visiter le silence

De mon mieux j'écartèle

Le poids des souvenirs

Et je mets des attelles

A demain pour tenir

Si le néant me happe

Je le remplis de mots

Ainsi je m'en échappe

En y laissant mes maux

Je pleus parfois dedans

Des pluies noyant les peurs

Larmes séchées de vent

Et derrière les pleurs

Et avril quelquefois

Vient troubler mes hivers

L'aube gardant le froid

Comme regardant hier

L'erreur de perspective

Dans laquelle je badaude

Patience définitive

Je la sais-là qui rôde



14 03 2009









 

J’envoie au sol

D’un coup de boule

Les idées molles

Comme les quilles

Dans un bowling

Je suis ma boule

Dans la rigole

Le rire des filles

Me désaltère

Sur une jambe

Je fais un Spare

Je suis sensible

Aux crissements

Je rate la cible

Du sentiment

Je le défais

D’un coup de tronche

Et le goudron

M’obstrue les bronches

Je vais serein

Dans les angoisses

Avec ce chien

Appelé poisse

Et sur l’écran

Je me torgnole

Je meurs tout seul

Avec la gnôle

Je pisse des murs

Dans mon cocon

Ça devient dur

Pour mes poumons

Même le masque

A oxygène

Ne ressuscite

Pas les baleines

J’envoie aux chiottes

Les idées flasques

Je pars aussi

Tirez la chasse.



16/03/09









Peut-être qu'après tout

Je suis une métaphore

Une image perdue

Comme un égarement

Métaphore euphorique

Photophore sans lumière

Comme la voie lactée

Quand on aura tout bu

Je ne suis qu'un reggae

Aux guitares muettes

Un poème funambule

Nageant dans le whisky

Une note oubliée

D'un sombre concerto

Ce voyageur lassé

De rester immobile

Un noble aventurier

Affamé qu'on sert tôt

Un amour en attente

D'un avion sans moteur

L'ordinateur d'un cadre

Qui joue en solitaire

Le cul d'une fausse blonde

Qui m'empêche de dormir

Et la main de ma sœur

Qui ne naîtra jamais

Cette table ou Gauguin

N'a jamais mis les pieds

Et cet alexandrin

Qui ne sait pas compter

Un métro déjanté

Qui prolonge sa ligne

Et porte son quartier

Jusqu'au bord de la mer

Une jeunesse enfuie

Une mémoire amère

Un jour surréaliste

Sans soleil et sans nuit

Quelques années encore

A crever sous l'ennui

Un état dépressif

Qui rigole et qui baise

Et se saoule la gueule

En buvant son tilleul

Un bonheur du matin

Un fromage de montagne

Des rêves pour demain

De néant garanti

En bref pas grand-chose

Dans ce noir qui avance

Une simple méta chose

Et ma mélancolie



04 08 06



Rien qu'un bout de silence

A peine habillé

Des mots dans la danse

Des phrases rimées

C'est rien qui nous gène

Une mélodie

Pour dire toi je t'aime

Pour dire toi

Mais qui ?

Du soleil un peu

Doux comme au printemps

Quand on est heureux

Et qu'on a le temps

Une fraction de paix

Loin de la folie

Un sourire qui met

La joie sur la tristesse

Rien qu'un bout de silence

Pour une chanson

Sans importance



16 03 82





Marcher tranquille

Infiniment

Dans une ville

Ou dans les champs

Pour aller voir

Tout simplement

Fleurir l'espoir

Et le printemps

 

Dans le cagnard

Ou les frimas

Dans ce hasard

Où vont les pas

Sur la montagne

Dans la beauté

Dans la campagne

Jaunie des blés

 

Dans l'aube claire

Ou le brouillard

Vers la rivière

Au cours traînard

Vers le torrent

Et ses galets

Ses scintillements

Et ses reflets

 

Franchir le vent

Qui se rebelle

Contre ce temps

De l'irréel

De l'inconscience

Du dépassé

Des imprudences

Échevelées

 

Loin des camions

Et des bagnoles

Dans les mousserons

Et les girolles

En toute quiétude

Dans la forêt

Dans la solitude

Et la paix

 

Pour ramasser

Des champignons

Se balader

Dans les saisons

Les bois les prés

Et les ravins

En liberté

Dans les chemins

 

Des fruits d'été

Pleins de plaisirs

A déguster

Comme un sourire

Des blancs divers

Comme l'aubépine

Et des hivers

De neige fine

 

Si sous les pas

File le temps

Si la vie va

Plus lentement

C'est encore bon

Dans le matin

Chaque saison

A ses parfums

 

Marcher sous le

chant des oiseaux

sous les étoiles

au fil de l'eau

se moquer de

la nuit qui vient

le soleil

reviendra demain

 

Pour vivre libre

Rester debout

En équilibre

Sans garde-fou

Se battre pour

La dignité

Et pour l'Amour

La liberté

 

Contre les fous

Jamais repus

Qui tuent le monde

Et qui nous tuent

de leur pouvoir

et leur violence

de leurs mensonges

et leur démence

 

Marcher Tranquille

Infiniment

Dans une ville

Ou dans les champs

Pour aller voir

Tout simplement

Fleurir l'espoir

Et le printemps

06-11-2004 & 12-04-2018 & 09-01-2021









Je laisse le monde et l'immonde

Je pars me baguenauder

Antennes ouvertes sur les ondes

Qui forgent ma sérénité



Je marche dans l'aube en fleurs

Et dans la chanson des oiseaux

Chaque pas évacue mes peurs

Ma chienne boit le ruisseau



Mes fantômes sont avec moi

Ils flottent en ma compagnie

Ils me racontent n'importe quoi

Parlent de la beauté de la vie



Le merle me dit attention !

Ne marche pas sur ce beau ver

Le rouge-gorge et le pinson

Décident d'aller boire un verre



Les ajoncs cachent leurs piquants

Dans l'or brillant de leur parure

Des jonquilles passent fleurissant

Le chemin de mon aventure



Mais bientôt il faut revenir

Il faut se rendre à la raison

Goûter les fruits d'autres plaisirs

Dans l'abri doux de la maison



Les bonheurs sont de toute sorte

Demain le soleil va briller

et je pourrai ouvrir la porte

qui ouvre sur la sérénité



27 03 05





Comme le bois rongé rejeté par les flots

Allégé et usé dévoré par le sel

comme une réminiscence flottante entre deux eaux

Si semblable aux nuages envahissant le ciel

avec je ne sais quoi qui ressemble à l'automne

L'élégance fragile et le décharnement

Dans le jour velouté que le brouillard façonne

quand la feuille de l'arbre s'évade doucement



Comme un feu qui s'éteint laissant la brume épaisse

S'installer pour de bon jusque dans les pensées

Étendre sur la nuit son manteau de tristesse

qu'un soleil matinal ne saura pas ôter

Comme le marée tranquille qui recouvre l'estran

Noyant dans son voyage le sable des chimères

Laisse un soupçon d'écume chahuté par le vent

s'amarrer aux regrets troubles d'un autre hier



tous les rêves secrets fermés dans le silence

Les paroles non dites les amours avortées

Le sourire des femmes et leur indifférence

Au moment où la vie aurait pu basculer

les douces illusions la rondeur des hanches

Sur lesquelles la main ne s'est jamais posée

qui durent comme un fruit accroché à la branche

Relents d'adolescence au goût acidulé



Tous ces morceaux d'histoire peuplant les cimetières

Qui frappent brusquement et emportent le cœur

Dans un galop brutal et des sanglots amers

qui détruisent un peu plus les restes de bonheur



Des souvenirs banals qui pourtant font naufrage

Comme le soleil couchant se perdant dans le roux

Et le rire même fou qui renaît d'une image

Est happé par le sel et s'éteint dans la boue



Et le pas est plus lourd et chaque heure est plus pleine

De ce sac gonflé par les vies et les morts

De la balance qui penche du côté de la peine

Mais chaque pas attire un autre pas encore

Demain sera demain pétillant comme un vin

Ou aigri et amer sans trace d'allégresse

Et le soleil viendra réchauffer le matin

Alors je sortirai promener ma vieillesse.



26 11 05





Aux percussions mouillées de la pluie sur l'ardoise

Quand le matin éclate les nuages sur le toit

Au goût des confitures de mûres et de framboises

Au sentier du printemps qui marche dans le bois

 

Au crépitement sec des hivers glacés

Dans la chaleur du bois qui pète et se consume

A la finesse de l'air des silences enneigés

A l'heureuse chanson des bêtes qui transhument

 

A l'océan furieux qui s'acharne à la grève

Aux tempêtes qui viennent arracher les embruns

Aux ports cimetières pour les bateaux qui crèvent

Le pont mangé de rouille déserté des marins

 

Au miaulement geignard de mon chat à la porte

Qui rêve de croquettes et de coussins moelleux

A la musique légère du pas dans les feuilles mortes

A l'oignon épluché qui fait pleurer les yeux

 

A l'accord de guitare qui ferraille sous mes doigts

Une harmonie loufoque qui me va comme un gant

au tabac qui graillonne jusqu'au fond de ma voix

Et qui met dans les notes d'étranges sifflements

 

A ce bouchon content de quitter la bouteille

Pour donner à mon pif l'assemblage de parfums

Des fruits secs du blanc aux rouge des groseilles

Rigolant les papilles dans la gueule des copains

 

Aux averses que coupe l'averse de soleil

Quand le vent fait chuter la blancheur des pétales

Au gel qui fait briller le jour qui se réveille

Au pigeon qui roucoule sa rengaine matinale

Au renard qui mulote sur les prés de septembre

Quand l'azur a permis de clore les moissons

Au héron qui repeint ses plumes dans la cendre

En guettant son dîner du coin de son œil rond

 

Au sourire pointu de cette jolie femme

A la nuit qui avance vers l'autre jour demain

Aux mélodies secrètes à démonter la gamme

Quand les crampes salopes viennent attaquer mes mains

 

Au voyage lointain des soies de Samarkand

Et tant d'autres cités où je n'irai jamais

Aux huîtres de Penerf et au sel de Guérande

A tous les souvenirs qui me grimpent au palais

 

A la liberté noire du fond des solitudes

A la beauté parfois qu'elles font naître en dedans

Aux rêves qui se créent dans la douce hébétude

Aux mensonges utopiques qui me poussent en avant

 

Au bonheur fragile du sourire des gosses

Au rire qui engloutit le reste du chagrin

Ma chienne qui salive en rêvant à un os

aux pauvres qui voudraient ne plus l'être demain

 

A l'imagination tranquille qui radine

Aux fêtes qui viendront dans les rues pavoisées

A la révolution qui se lèche les babines

Devant l'alternative qui construira l'été

 

Au champignon furtif qui tremble du chapeau

Quand le champignonneur armé de son panier

Voit déjà dans sa poêle posée sur le réchaud

Le cèpe voisinant les patates sautées

 

 





A ce mouflet fiérot qui chiale des escarbilles

Debout dans le couloir du train de son passé

A ce futur vieillard qui regarde les filles

En avançant peinard vers la sérénité



Au rythme alexandrin qui syncope mes pieds

Au sombre désespoir qui s'agrippe à mes basques

A l'alchimie secrète qui les fait se mêler

Et oblige les mots à faire tomber les masques



A tout ça et au reste je n'ai rien à donner

qu'un peu de temps passé aujourd'hui pour écrire

Tout ce fatras de mots épris de liberté

Dans la nuit qui s'avance vers le jour pour mourir.



12 / 12 / 2007



Regarder briller l'incandescence

Avec des airs de liberté

Dans la nuit glauque qui avance

Dans un cortège désespéré

Parce que c'est la mort qui conduit

Cette infinité de fantômes

Qui nous suivent toute la vie

comme un régiment de symptômes

Car la mort celle dont on parle

Celle qui a pris les êtres aimés

Les a tiré vers la néant

qui par la main qui par les pieds

Les poumons qui n'en peuvent plus

La voiture ivre du connard

La corde serrée du pendu

Qui étrangle son désespoir

Ces morts qui ne sont pas la notre

Et qui nous rongent et nous appellent

C'est toujours celle des autres

Impitoyables et cruelles

Et même si elle était belle

comme une fille prête à tout

Docile douce et éternelle

Qui donc voudrait tirer un coup

Prendre la tête du défilé

Hanter de larmes et des rires

Les amours et les amitiés

Jusqu'à leur heure de partir

La mort est une vraie salope

Qui nous tend les bras pour toujours

Sans se soucier de l'horoscope

De l'année du mois et du jour

Elle n'oppresse que les vivants

Elle est comme la plainte du loup

L'immense brûlure d'un instant

qui nous brûlera jusqu'au bout

Même quand elle est la délivrance

Ce n'est que pour celui qui part

Celui qui reste a la souffrance

D'un puits profond et sans espoir

La mort est au bout du chemin

Elle nous attend avec patience

Elle est comme une nuit qui vient

Nous enfermer dans le silence

Le soleil brille sur la vie

Et dans le feu des souvenirs

Traînant la douleur sans oubli

Présente jusque dans les sourires

La mort est une vraie salope

Qui nous tend les bras chaque jour

Comme le froid qui nous enveloppe

Et nous prive à jamais d'amour



21 / 11 / 2005





J'ai connu un Montreuil qui n'existera plus

Le crottin des chevaux ramassé dans la rue

Les bateaux de papier courant les caniveaux

La bande de copains pour les courses en vélo

Les filles gentilles et douces pour quelques émotions

Des promesses non tenues des paniers de frissons

Des soleils d'amitié des flippers des billards

Et des soirées trop bues à tenir les comptoirs



J'ai construit des Corrèze chimériques et tranquilles

Des collines ondulantes pour entourer les villes

Des chemins dans les bois d'automne mordorés

Des amours au printemps fleuri des châtaigniers

J'ai bâti des enfances au ventre des étés

des bonheurs insolents des filles au cerisier

Des veillées de silence des matins doux et clairs

Et des incandescence au toit des Monédières



J'ai vécu des Bretagne d'îles noyées de vent

Des féeries rougies au feu de l'océan

Des endormissements de brumes et de pluies

Des journées bien trop courtes et des nuits de folie

J'ai ceinturé mes songes d'ajoncs et de genêts

Espace fleuri de landes profondeur des forêts

D'éternelles aventures échappées des chansons

De délices infinies perdues dans l'horizon



Il ne faut pas grand chose pour construire une vie

Des histoires et des rêves des jours suivant des nuits

Des souvenirs parfois amenés par le vent

Pour que je sache encore que j'ai été enfant

Que j'ai pensé un monde qui serait sans frontières

enfin débarrassé des douleurs et des guerres

Mais je n'ai rien trouvé de ce que j'imagine

Pas trouvé une terre où planter mes racines



Je n'ai rien vu passer je suis adolescent

Porté par les hasards j'ai filé dans le temps

Bien assez pour savoir que la vie est cruelle

Qu'il suffit de l'amour pour qu'elle devienne belle



08 / 06 / 1986





La terre que je pétris prend la forme des mots

Qui ne peuvent pas dire la douceur de l'argile

Le contact soyeux de mes doigts sur ta peau

L'opulente rondeur d'une saison tranquille



Je bande du pinceau sur le papier trempé

Comme la note qui vient éclater dans l'oreille

L'obsession qui me comble comme la volupté

D'un dimanche d'été ravagé de soleil



Le silence rebondit sur la portée du vent

Là où le verbe est mort trop bavard quelque fois

Le trait et la couleur disent le sentiment

Ou l'exacerbation du désir parfois



J'entends des violons en marchant dans la rue

Quand je ferme les yeux la lumière est violente

Comme une envie d'alcool subite et incongrue

Comme la beauté bleue d'une femme indolente



Et ce rêve de lèvres enfiévrées de douceur

qui vient me caresser le ventre de la nuit

Comme l'aquarelle sait en donner la couleur

Comme un double soupir repose la symphonie



qu'importe que comprenne ou ne comprenne pas

Les sculptures de mots la peinture des musiques

Elles n'ont rien à dire et pourtant elles sont là

Un simple souvenir pour un moment magique



Que raconte l'oiseau dont le chant m'émerveille ? 06 /10 / 08

A peine quelques feuilles au sol

Tu changes la couleur de l'alcool

Tu n'es pas un petit joueur

tu te fous pas mal du bonheur

tu sais garder de l'allure



Tu sens déjà venir l'hiver

qui te prend les côtes et te serre

Même si le froid est pour demain

Il t'écrase déjà les mains

tu préserves la devanture



Et comme pour préserver ton âme

Tu sais sourire aux jeunes femmes

Tu te veux toujours prêt à tout

Tu gardes quelque chose de fou

Tu te prépares à l'aventure



Ta jeunesse reste devant toi

Te dit tant que tu veux de moi

Tu peux compter sur ma présence

Pour garder ton adolescence

Et elle te montre sa cambrure



Tu fais le rêve que tu veux

Partir jeune tout en étant vieux

Si l'amour reste ton joker

Tu aimes encore ce poker

Tu as su garder ton cœur pur



Alors qu'importe la saison

Le grand soleil ou la mousson

L'horloge où s’égrènent les heures

Devant toi il y a du bonheur

Tu sais écouter son murmure



A peine quelques feuilles au sol

Tu changes la puissance de l'alcool

Tu n'es pas un petit joueur

Tu te fous pas mal du malheur

Tu sais garder de l'allure.



01 10 06





C'est du soleil en noir et blanc

Sur des photos d'un autre âge

Brillant au regard des enfants

Le sourire mangeant le visage

Un grand soleil en noir et blanc

Que l'on pétrit comme l'argile

Qui laisse partir au néant

La pluie des jours difficiles

C'est de l'amour sans le chagrin

Doux comme la beauté des filles

Les fleurs d'été dans le jardin

Et l'ombre des siestes tranquilles

C'est le miel des pauvres matins

L'odeur du charbon et du bois

Le ballon avec les copains

L'orage qui cogne sur le toit

C'est la parfum particulier

D'une chambre dans la maison

Les cris des gamins du quartier

Et un refrain d'accordéon

C'est le goût du premier baiser

Et de la peau nue sous la main

De ce premier lit partagé

Dont le drap rêche devient satin

C'est une ancre posée au fond

De l'océan des souvenirs

L'éternité d'une saison

Qui ne pourra pas revenir

Le provisoire définitif

Du sourire d'une fiancée

Que comme peignant sur le motif

Le peintre n'a pas terminé

C'est l'avenir d'un autre temps

C'est le passé que l'on construit

Et qui dure éternellement

Que l'on appelle nostalgie.



05 04 07





Je joue toujours je veux jouer

Je ne supporte pas les murs

Ni les impossibilités

De cette absence de futur



Les pétales de la fleur de l'âge

renaissent de l'humus parfumé

Je voudrais partir en voyage

Votre monde me tient enfermé



Je mets la folie en musique

Elle naît de ma tête étoilée

Dans cette vie où tout se complique

L'amour ce n'est pas compliqué



Derrière la porte la lune veille

Presque pure dans l'obscurité

La nuit m'allume le soleil

L'existence ne fait que passer



Les barreaux sont de cordes douces

De la geôle où je me morfonds

Dur l'univers que courrouce

Qui brave les interdictions



Un soir peut-être ou un matin

Peut-être at temps des cerises

Cette balade prendra fin

Il n'y aura pas de surprise



Dans un dernier sursaut lucide

Avant que le néant m'aspire

Et que je parte dans le vide

Encore une fois j'aimerais rire



Je veux jouer je joue toujours

Funambule de la folie

Sur le fin filin de l'amour

Que notre monde n'a pas compris



25 07 07





Oh ! J'en ai rêvé des grands voyages

Je me voyais explorateurs

Abordant des nouveaux rivages

Comme un captain Cook amateur

Vasco de Gama d'opérette

Naviguant au gré de l'envie

Entre la tristesse et la fête

Entre le silence et la vie



Oh ! J'avais des terres à défricher

Des îles vierges à conquérir

Des mystères à élucider

Et dans la voile de mes désirs

Quelques beautés adolescentes

Qui me rassasiaient de sourire

Avec une grâce insolente

J'étais au port à me maudire



Oh ! Quel océan là devant moi

Quel horizon encore après

Quand l'horizon n'existe pas

Puisqu'il s'échappe à tout jamais

Que de flots en vain parcouru

Que de naufrages et de tempêtes

Pour toucher des côtes inconnues

Approcher des berges secrètes



Oh ! Qu'aurais-je bien pu découvrir

Qui fasse qu'un jour je m'arrête

Aurais je gagné un empire

Il n'eut été qu'une défaite

Entre le silence et la nuit

Quand me souviennent les aventures

Quand entre tangage et roulis

l'appel du large me capture



Oh ! Sur la route qui mène à vous

Je n'ai pas mis mon dernier pas

Vous êtes toujours je l'avoue

Une terra incognita

Vous êtes encore dans le lointain

Ce paysage àa contempler

Et je ne suis bien qu'en chemin

Vers votre cœur à prospecter



Oh ! J'en ai rêvé des grands voyages

Où je chavirais dans vos yeux

Abordant de nouveaux rivages

Des archipels merveilleux

Où me mène l'envie d'aimer

Partir encore pour toujours

Tant d'univers à explorer

C'est l'océan qui est l'amour.



14 02 04







J'appartiens à ce monde

Je suis un animal humain

En ce monde rien ne m'appartient

Ni l'air ni l'eau ni le feu

Je sens chacune des pulsations

Les glissements les tremblements

Car mes racines sont robustes

Et mobile comme le vent

Chaque jour je tourne chaque nuit

Le hasard m'a conduit ici

Ailleurs il pouvait m'emmener

Ici ou là-bas quelle importance

Les cailloux des déserts ou l'eau des marais

La sombre et verte éternité des forêts

La couleur de ma peau celle de mon âme

Je suis un animal humain

Je n'aime pas beaucoup mes semblables

En ce monde rien ne m'appartient

De la beauté devant mes yeux

Ni du regard des amoureuses

J'aspire le chant des rossignols

Et je vibre dans le printemps

chaque frissons des saisons vivantes

Me touche au plus profond du corps

le soleil me caresse jusqu'au cœur de l'hiver

J'appartiens à ce monde



10 11 06









Mickaëlle on s'aimait sur le bancs dans la rue

C'était en quelle année je ne m'en souviens plus

Je venais te chercher le soir devant chez toi

La rue était à nous et tu étais à moi

Jamais il ne pleuvait parce qu'on avait vingt ans

Et puis c'était l'été on n'avait pas le temps

Aujourd'hui dans mes nuits il y a du soleil

Mais si je suis bien vieux c'est que tu es bien vielle

Mille ans se sont passés je ne t'ai pas revu

Je suis déjà pépé qu'es-tu donc devenue

Tu t'encalifourchais sur moi sous les étoiles

Et on partait voguer grand vent dans la grand-voile

L'aventure de ces nuits tes jolies seins tout ronds

Dont tu étais si fière qui me rendaient si con

Ces plaisirs défendus qu'on défendait si bien

Sur les bancs dans le rue quand tu me disais viens

Mickaëlle si longtemps après je pense à toi

J'aimerais bien jouer encore à ces jeux là

Mais je tourne une valse à nos jeunesses enfuies

Un rayon de soleil sur ma mélancolie

Sans cesse le présent est déjà du passé

Ces petites nostalgies paraissent bien dépassées

Du gnangnan de poète au romantisme lourd

Pourtant nos galipettes c'était bien de l'amour



Mickaëlle on s'aimait sur les bancs dans la rue

C'était en quelle année je ne m'en souviens plus

Je venais te chercher le soir devant chez toi

La rue était à nous et tu étais à moi. 14 07 99

A peine passé le sas de la porte cochère

Une odeur lourde et grasse de sardines et de bière

Vient m'assaillir le nez je la suis dans la cour

Retenant ma nausée mais j'ai le souffle court

Elle a piqué son fard en me faisant de l'œil

Je revenais le soir de Paris vers Montreuil

Dans ce triste métro je pensais à son cul

A la croix de Chavaux nous sommes descendus

Pad besoin de lancer d'inutiles discours

elle a le pas pressé d'envie de faire l'amour

Elle marche devant moi son manteau est râpé

Moi je bande déjà j'en suis un peu gêné

A ses traits je devine une trentaine avancée

Un trou dans ses bottines clame sa pauvreté

La porte s'ouvre en grinçant sur un couloir gris

Le décor désolant et terne de sa vie

Puis nos corps ont chanté un refrain de bonheur

On a tout oublié pendant une petite heure

Je me suis rhabillé et puis je suis parti

Au creux du lit froissé elle s'était endormie

J'ai rejoint mes copains dans notre vieux bistrot

Joué au 4,21 en buvant quelques pots

Je n'ai rien raconté de cette drôle d'histoire

Cette heure vite passée sentait le désespoir.



21 09 06





Elle est venue me voir

Sans mon consentement

J'en fais pas une histoire

Mais n'étais pas content

Je discutais peinard

Avec mon marmouset

Sirotant un p'tit noir

Le printemps finissait



Je laissais les cerises

Pour une cigarette

Et sous la cagnardise

J'enlevais ma liquette

Elle s'approchait déjà

La salope invisible

J'en aurais ri mais là

Ce n'était pas risible



Elle m'a sauté au cou

Quand je buvais mon jus

Et puis plus rien du tout

J'avoue je n'ai rien vu

Elle est venue par derrière

Et elle m'a étranglé

Je suis tombé par terre

Et elle m'a embarqué



Mon gamin regardait

Et j'étais couché là

Quand elle rigolait

Me pensant au trépas

Elle donnait rien de mieux

Que le vide absolu

N'y étant pas heureux

J'en suis vite revenu



Je lui ai dit tu repasseras

Quand tu veux maintenant

J'espère que t'attendras

Que mon môme soit grand

Je te connais assez

Pour ne pas avoir peur

Mais je n'ai pas usé

Mon forfait de bonheur



Et puis tu te crois forte

Mais tu n'as pas compris

Les amours ne sont mortes

Que lorsqu'on les oublie.



21 06 07







Alors à quoi on joue à bosser comme des cons ?

A quoi ça peut servir ? Pas le temps d'y penser

On glisse sur notre erre sans savoir s'arrêter

Sans savoir où on va sans imagination

Qu'y a t'il donc devant puisqu'on fait des enfants

Quels espoirs garde t'on pour eux Qu'ils soient meilleurs ?

Les petits riches dans la richesse et le bonheur

Les petits pauvres dans les rues avec la faim

Le précaire la précarité l'impuissance

La colère qui ne gonfle pas ou est vaine

Le contentement du peu l'absence de haine

L'autre protégé se pavane dans l'insolence



Les mots ne servent à rien les oreilles sont bouchées

Par les discours verbeux des pouvoirs et du fric

Et par les religions qui sont comme des tics

Je me courbe je me plie je me signe et je prie

dieu multiple et sanglant et partout et ailleurs

Qui agenouille le monde et lui tord la bouche

Par la douleurs les cris et les armées farouches

par la folie encore installant la terreur

Bétail chômeur il y en a plein le réservoir

Esclaves consommateur nourri de faux espoirs

On naît et on avance on ne sait faire que ça

Sans réfléchir jamais qu'au profit immédiat



On nous dit liberté quand c'est libéralisme

On entend liberté déformé par le prisme

De la politique et de la publicité

Être riche être beau être blanc et bronzé

En cherchent on ne trouve pas mais il se peut

Aussi qu'on trouve et sans chercher qu'on est heureux

Aveugle et sourd bien sûr sans fatigue et sans rêves

qu'une télé plus grande et du foot sans trève

Une troisième voiture un frigo en couleur

Et des enfants esclaves pourrissant dans l'horreur

Pour que des mômes goinfrés chéris par l'occident

consomment de la marque mais restent innocents



Est-ce qu'il se peut encore qu'on rêve d'autre chose ?

Se peut-il que des mots disent encore quelque chose ?

Que tout n'est pas perdu que la braise rougeoie

Que ce vent seul suffit pour retrouver la joie

Est-ce qu'il se peut encore qu'on quitte notre nombril

Que l'on constate simplement qu'on n'est pas seul

Qu'on peut faire autrement que coudre notre linceul

Que partout sur la terre on peut barrer la route

Au monstre commercial et son cortège idiot

En levant des idées en rénovant des mots

En retrouvant des rêves au sortir du doute



D'un autre monde une autre vie une illusion

Au fond du puits une lumière à entrevoir

Une belle alternative tuant les désespoirs

Alors à quoi ça sert de bosser comme des cons ?



22 12 04









Si vous saviez derrière les brouillards

Alors que je suis immobile

Sans pluie ni vent posé comme un poids mort

dans le flou abrupt de l'absence de détails

si vous pouviez voir

si vous pouviez voir comme c'est facile

Et grisant de filer dans les gares et les aéroports

Pour être sûr d'être là sûr d'être vivant

Moi je ne bouge pas je reste assis

Je crains trop les mirages

Je laisse Syracuse et Kérouan

Mais je croise les étoiles qui

Brillent dans vos yeux et qui font mes voyages

Mon escale c'est vous cette sécurité

De venir de partir au gré de nos rencontres

Je vais au port la nuit

Ce n'est pas Amsterdam

Mais c'est un port quand même

Je me fous des marins je préfère les filles

Je veux dire dans mes rêves de fauteuil

Quand je pars ou je reste c'est du pareil au même

Aucun embrun ne vient me fouetter les narines

Et la mer n'arrive jamais jusqu'à Montreuil

Et pourtant je m'en vais là où vous n'allez pas

Là où vous n'irez pas parce c'est dans l'intime

Dans mes Valparaiso mes Buenos aires

Mes Kamtchatka ma Tasmanie

L'infini du voyage ce voyage infime

D'infime du visa collé là, dans ma tête

A créer des images dans le cœur de la nuit

Si vous alliez derrière les brouillards

Vous y trouveriez un jardin

Sans bassin et sans nénuphars

Un désert de sable fin

Des voyages de solitude

Pour partager avec le monde

En buvant une bonne bière

En fumant une mauvaise clope

Si vous alliez derrière les brouillards

que la nuit installe entre nous

si vous pouviez voir

Il y a du bonheur

Immobile.



28 11 04





Un geste suffirait

Pas n'importe quel geste

Un baiser sur les lèvres

Une main sur l'épaule

La chaleur d'une chambre

gorgée de ton parfum

Et le soleil vainqueur

D'un lendemain matin



Quelques mots suffiraient

Pas n'importe quels mots

Ceux qu'il ne faut pas dire

Ceux qui sont bien trop doux

Les mots d'une chanson

Qui parlerait de nous

Les pages d'un roman

Écrasé d'amour fou



Le geste cependant

c'est tout juste un sourire

et les mots d'aujourd'hui

C'est à peine un bonjour

Mais je sais que tu rêves

Et tu sais que je rêve

Si nos songes se joignent

C'est pour faire l'amour



20 06 06





Qu'est-ce qui va tomber encore

Une tuile de mon toit ?

Une pierre de mon puits ?

Quel sorcier m'a jeté un sort ?

Est-ce que je peux tomber plus bas

Dans cette misère qui m'envahit ?



Que peut-il aussi m'arriver

Qui ne s'est pas encore produit

Quelle saloperie dans mon enfer ?

Quelle nouvelle adversité

Va venir me pourrir la vie

Quelle maladie quel cancer ?



Est-ce que le feu crépitera

Cet hiver dans la cheminée

Quand le froid glacera mon sang ?

Quel alcool me réchauffera

Et m'aidera à rêver

De la venue d'un autre temps ?



Sans doute que le jour viendra

Demain peut-être

Avec le sourire du soleil.



16 09 06





L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

Où rien n'est interdit

L'amour avec Lucie

est un peu comme une île

Où tout serait facile

C'est si doux et si lent

Qu'on se perd sur son corps

Dans cette suprême torture

Même si chaque instant

Vers la petite mort

Est une grande aventure

Elle est d'aspect menue

Les seins comme des cimes

Douces à s'y promener

La rondeur de son cul

De ses fesses sublimes

Invite à s'arrêter

l'amour avec Lucie

S'il n'est pas anodin

S'il est tellement bon

L'amour avec Lucie

N'a pas de lendemain

Il est comme un bonbon

On le croque en rêvant

Que sa saveur sucrée

pourrait durer toujours

Mais elle n'a pas d'amant

Qu'elle n'a pas viré

Avant le point du jour

J'aimerais être celui là

Puisqu'elle dit qu'elle m'aime

Que je la fait bien jouir

Qu'elle est bien avec moi

Qu'enfin elle est elle même

Et pourtant elle me vire



L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

où rien n'est interdit

L'amour avec Lucie

Est un peu comme une île

Où tout serait facile...



19 04 05





Est-ce que c'est simplement l'approche

Sereine ou non du dernier port

Malgré la folie qui s'accroche

Comme cette jeunesse qui tient encore



Est-ce simplement le goût des brumes

Où s'est évaporée l'enfance

Et que notre présent parfume

D'incompréhensible espérance



Est-ce les voyages en utopie

Qui sont restés tant utopiques

Qui engrossent les nostalgies

Et font demain mélancolique



Est-ce les rêves inaccessibles

Toutes les bien trop belles chimères

Tous les désirs indicibles

Quand rien ne peut se refaire



Est-ce pourtant sans tristesse

Novembre qui montre son nez

Humide zet noir comme une détresse

Du jour par les nuits éventré



L'environnement monochrome

Dans l'épaisseur des brouillards

Et les voix glacées des fantômes

Qui reviennent du désespoir



Est-ce l'hiver qui vient bientôt

Ou le printemps trop éloigné

Et le silence des oiseaux

Sur les branches aux feuilles tombées



Est-ce le ventre gelé du temps

Qui nous traîne vers l'avenir

D'un univers où nos enfants

Peut-être connaîtront le pire



Est-ce déjà les chrysanthèmes

Aux couleurs passées des chagrins

Ces paroles qui disent je t'aime

Mais qui reviennent de trop loin



Peut-être ces relents d'été

Cet accent de soleil qui brille

Une sensation de liberté

L'insaisissable beauté des filles



Est-ce les regrets les remords

qui mordent dans le vivant

Qui nous rapprochent des morts

Sans nous attirer pourtant



Tous les amis trop tôt partis

Comme ces fiancées provisoires

Dont le souvenir engourdi

Vient en nous prolonger l'histoire



Les pères et les mères échappés

Qui manquent à notre quotidien

Les enfants trop vite envolés

Dont on voudrait tenir la main



De notre adolescence enfuie

On a rempli notre mémoire

L'adolescence dure et puis

On en néglige les désespoirs



Est-ce simplement effet de l'âge

De ce corps qui ne veut plus rien

De ces amours qui font naufrage

Et dont on n'oublie jamais rien



Est-ce de l'espoir l'usure

Qui nous transporte vers l'absence

Et fait crier les déchirures

Qui se plaisaient dans le silence



Est-ce une poussée romantique

A saisir une providence

Un dernier sursaut poétique

Une suprême incandescence



Cette nuit pourquoi cette nuit

Cette troupe autour de moi

Cette étrange mélodie

Quand me souviennent leur voix



Est-ce simplement l'approche

Sereine ou non du dernier port

Ou le passé qui s'effiloche

traînant son lourd fardeau de morts.



17 & 28 10 2006



Lorsque vous aviez dix-sept ans

Madame vous étiez belle

Et aussi souvenez-vous

Je n'étais pas mal du tout

Par une chaude journée d'août

De cette année exceptionnelle

Vous m'avez offert sans tabou

Votre corps de demoiselle

Elles avaient assez vécu

Nos belles amours platoniques

On pouvait mettre au rebut

Nos poèmes romantiques

Nos longues lettres enflammées

Transporteuses des passions

Ces gros paquets de courrier

C'était bon pour le pilon

Tout cet amour dans le texte

Avait perdu son parfum

Il nous paraissait grotesque

Comme un passé trop lointain

Pas besoin d'être savant

Même tous les cons le savent ou presque

Si l'amour est un sentiment

Il ne peut se passer du sexe

Nous savons bien aujourd'hui

Approchant les soixante berges

que l'absence de sexe ternie

Vite la beauté des vierges

Adieu la poésie d'hier

Quand la folie qui me submerge

N'est qu'un excès glandulaire

Évacué par ma verge

Si un jour les mots croisés

Remplacent les siestes amoureuses

C'est que l'ennui aura gagné

Finies les époques heureuses

C'est pour mieux parler de tendresse

Qu'on aura chacun son plumard

On pensera avec sagesse

Qu'on pourrait faire chambre à part

Incorrigibles romantiques

Les souvenirs qui viendront

Dans le soir mélancolique

De bien loin remonteront

De ce temps encore courtois

Où je vous aimais à distance

Si pour vous je bandais déjà

vous n'étiez qu'une espérance

Lorsque vous aviez dix-sept ans

Madame vous étiez belle

Et aussi souvenez-vous

Je n'étais pas mal du tout

Par une chaude journée d'août

De cette année exceptionnelle

Vous m'avez offert sans tabou

Votre corps de demoiselle



25 10 06

Alors que j'étais garé

Immobile

J'ai vu passer sous les nuages

Un immense silence

Tranquille

Qui voulait partir en voyage



Il était fait de neige

Épaisse

Et ressemblait à un fauteuil

Alors j'ai calé sur ce siège

Mes fesses

Sur le dur froid de cet accueil



Je n'avais pour seul bagage

qu'un sourire

Et un fatras de mots tordus

Rassemblés au fil de mon âge

Souvenirs

Chaos de sentiments confus



Et j'ai vogué dans ce ciel pâle

Cafardeux

Suspendu dans la peine

Comme un poisson dans un bocal

Malheureux

D'être sans amour ni haine



Un jour comme les autres jours

Blafard

Au cœur d'une ville inconnue

Fermé dans l'ivoire de ma tour

Une guitare

Soudain s'est offerte à ma vue



Cette vision était sonore

Et belle

Rassasiée de réminiscences

Elle était plus encore

Cruelle

Pour moi bloqué dans le silence



J'ai rêvé si fort du soleil

Brûlant

Pour fondre toute cette neige

Que j'ai entendu le réveil

Sonnant

qui m'a éjecté de mon siège



Depuis je tombe lentement

Emporté

Bercé de douces ritournelles

Planant tranquille au gré du vent

En liberté

Le chant des oiseaux sous mes ailes.



29 05 06



Je ne sais pas qui vous êtes

Je ne crois pas vous connaître

Je voudrais que vous soyez demain

Celle qui me donnera la main

Celle qui me fera oublier

Tous les malheurs du passé

Les violences d'aujourd'hui

Le silence glacé des nuits

Et toutes les folies du monde

Bien sûr le gris dans mes cheveux

Bien sûr les rides au coin des yeux

Et tout le poids de mon histoire

Les bonheurs et les désespoirs

Bien sûr le torrent s'est calmé

Mes colères sont apaisées

Si quelques force m'abandonnent

Il reste l'espoir que me donne

Le désir de vous rencontrer



Je veux oublier l'automne

Cette saison qui frissonne

Après les délires de l'été

Les fruits et fleurs à satiété

Je veux recréer le printemps

Chaque jour chaque moment

L'insouciance et l'allégresse

Saoulées du feu de la jeunesse

Je veux manger votre sourire

J'ai hâte enfin de vous tenir

Dans mes bras hâte de vous dire

La folie de nos lendemains

La folie de l'âge qui vient

Pour nous seuls dans notre abri

Loin du cauchemar et du bruit

Débarrassés de nos chaînes

Exclus du monde et de la haine

Sans dieu ni maître que l'amour



J'ai envie d'un grand soleil

Même s'il doit faire fondre mes ailes

Un soleil de dessin d'enfant

Avec des rires et des chants

Des champs reverdis de plaisir

Des grandes prairies à courir

Des couleurs à mettre en bouquet

Sur notre table de chevet

Et pour parfumer notre lit

J'envoie ce message dans le vent

Et moi je reste dérivant

Flottant au gré des espérances

Et des relents d'adolescence

Le vide veut être comblé

La solitude être gardée

Pour le soleil gelé du soir

Quand il se perd dans les brouillards

En attendant je vous attends



J'ai envie que vous m'aimiez

J'ai envie de vous aimer

Où êtes-vous ?



20 09 04

Il y a le monde autour en larmes et en sourire

Et le cri des enfants dans la cour de l'école

Des rêves de soleil et des pluies de désirs

des chansons qui s'écrivent et des chats qui somnolent



Les plages noires des volcans où l'océan se brise

Et l'orchestre du vent qui joue ses symphonies

Un ourson qui s'amuse sur son bout de banquise

Un albatros errant qui plane dans la nuit



Le parfum de l'humus dans le sous-bois d'autmne

Une déchirure de mouettes sur le gras d'un labour

La beauté d'une femme dans le regard qu'elle donne

Qui habille de bleu la mélodie du jour



Cette odeur de café qui vient charmer l'aurore

Le bonheur du sentier qui s'allonge sous les pas

La luisance du trottoir que l'averse décore

Et le torrent limpide qui file entre les doigts



Le poète insolent défricheur de béances

Qui vide des silences sur du papier nu

Accrochant au matin les voiles de l'espérance

Que viennent gonfler les songes d'un passé disparu



Il y a le monde autour en larmes et en sourires.



05 09 08







La nuit menteuse t'enveloppe de rêves

Elle prend plaisir à malaxer

Ta conscience et ton inconscience

Elle sait faire hurler les silences

Et te rejeter sur la grève

Le vide cruel et fatigué



La nuit est réelle comme l'idée

Que tu regardes dans le miroir

Dans l'onde fraîche de la mer

La vague grimpe sur ta chair

Comme tes doigts dans la volupté

Une fumée dans le ciel noir



A peine le temps d'un sommeil

Les quelques secondes du songe

Le trouble gomme ton sourire

La gêne gène le plaisir

Et au moment où tu t'éveilles

Le jour efface le mensonge



Je me contente de me taire

Je me satisfais de si peu...



10 09 08



Ce n'est pas une toile de maître

Ici des maîtres il n'y en a pas

(Sauf un peu pour l'altitude

Juste pour les droits d'hauteur)

Ici il y a le ciel

Les parfums ne se racontent pas

Le silence et le soleil

Et tout ce que je ne dis pas



Ici tout est grave et beau

Comme la pluie qui tape le toit

Comme le trou au fond du seau

qui laisse passer le pipi de chat

Ici la grâce du dérisoire

Le sourire d'un ami qui boit

La beauté de l'illusoire

Et tout ce que je ne dis pas



Ici les mots ont la saveur

D'un grand cru classé de bordeaux

Ils se distillent avec bonheur

Ils sont gazeux comme de l'eau

Ici parfois quand le soir miaule

Dans un printemps baigné de froid

C'est douceur le vent qui nous frôle

Et tout ce que je ne dis pas



D'ailleurs je n'ai plus rien à dire

Le monde est moche quelquefois

Il se ferme sur ses délires

Il pèse lourd vers le bas

Le feu vient griller les arbres

Le maquis et la pampa

Il brûlera même le marbre

si ça continue comme ça



La folie que vit la terre

N'est pas ma folie à moi

Sept milliards d'humains sur terre

Et moi et moi et moi ?

Ici il y a le ciel

Les parfums qu'on ne raconte pas

Le silence et le soleil

Et tout ce que je ne dit pas.

28 04 2005









Quand les silences tomberont

Comme des fruits trop mûrs

Quand les paroles des chansons

Feront trembler les murs

Quand la pluie fleurira

Le sable des déserts

Quand l'homme arrêtera

Sa course vers l'enfer

Quand le vent frais du matin

Dissipera les fumées

Que le soleil câlin

Viendra nous réchauffer

Quand nos rêves ne seront plus

En richesses inutiles

quand nous changerons le superflu

contre une vie tranquille



Alors nous pourrons nous aimer.



26 01 06





Une valse russe et lente

Une longue mélopée

Une gwerz lancinante

Ou un blues déchiré

Comme la brume du matin

Sur la lande désolée

Ces notes comme un chagrin

Comme un sanglot réprimé



Le chant exprime la douleur

Il sait la mort inéluctable

Et par son cri ou sa douceur

Il console de l'imparable

Par la grâce d'une mélodie

Il anime le désespoir

C'est une lueur dans la nuit

Une porte au bout du couloir



Le chant transforme la douleur

Dans son secret laboratoire

C'est un espace de bonheur

Une étoile dans le ciel noir

Quelques minutes sorties du temps

Un instant d'oubli total

Un tranquille éloignement

Une injection de penthotal



Une valse russe et lente

Comme un sanglot réprimé.



29 09 06

Je rêve de la constance du souffle

La continuité du vent

Je veux que jamais ne s'essouffle

La fertilité du néant



Construire une bulle fragile

Regarder dans sa transparence

toute une éternité futile

Et y musiquer le silence



Je rêve que jamais rien n'arrête

La violence du torrent

Que la rime se tienne prête

A combattre le courant



Construire la profondeur du puits

Pour y vider le temps perdu

Pour y dilapider l'ennui

Pour y perdre le superflu



Je rêve debout le nez en l'air

De l'amour étendant ses ailes

Pour qu'il transporte l'univers

Que pour tous la vie soit belle



Construire un monde c'est facile

Tout en sourire et en douceur

Seul tapant comme un imbécile

Le clavier de l'ordinateur



Je rêve qu'encore le rêve dure

Qu'il me montre sur son chemin

Les immobiles aventures

Qui me feront bouger demain



Je rêve de la constance du souffle

La continuité du vent

Je veux que jamais ne s'essouffle

La fertilité du néant



07 08 08



Qu'est-ce qui va tomber encore

Une ardoise de mon toit

Ou une pierre de mon puits

Quel sorcier m'a jeté un sort

Est-ce que je peux tomber plus bas

Dans la misère qui m'envahit

Que peut-il aussi m'arriver

Qui ne s'est pas encore produit

Quelle saloperie dans mon enfer

Quelle nouvelle adversité

Va venir me pourrir la vie

Quelle maladie quel cancer

Est-ce que le feu crépitera

Cet hiver dans la cheminée

Quand le froid glacera mon sang

Quel alcool me réchauffera

Et m'aidera à rêver

De la venue d'un autre temps



Sans doute que le jour viendra

Demain peut-être

Avec le sourire du soleil.



16 09 06





Pas de vacances pour moi

Pas de week-ends de repos

Pas de plage sous le soleil

Pas de bonheur pour demain

Les secondes s’égrènent

Les jours et les semaines

Et je suis là inutile

Dans ce monde difficile



Pas de pitié pour moi

Puisque je n'existe pas

Je ne sers plus à rien

Ni ma tête ni mes mains

Je traîne mes angoisses

Des montagnes de poisse

Et je reste immobile

Tandis que le temps file



Pourtant j'étais normal

Quand j'avais du travail

Depuis que je suis chômeur

Je vis dans le malheur

Le temps file en vitesse

Quand ça rigole un peu

Mais quand vient la tristesse

Il freine il devient vieux



Pas le temps de penser

Ou d'être en liberté

Je voudrais bien savoir

Où se trouve l'espoir

Pourquoi je n'ai plus rien

Pour ma tête ou mes mains

A quoi je peux servir

quand tout ça va finir.



22 10 03



Je t'envoyais par la poste

Toute ma mélancolie

Une fortune en timbres-poste

Pour expédier mes lents colis

Puis je guettais le facteur

Le matin des samedis

Pour savoir si du bonheur

Allait colorer ma vie

Notre histoire était étrange

Aussi belle et aussi bête

Je taisais nos beaux échanges

Tu devais rester secrète

Les copains et les copines

Et les petites amies

Se doutaient je l'imagine

Que déjà mon cœur était pris

Mais, mais je savais me taire

Même tranquille sur l'oreiller

Après l'étreinte passagère

D'une belle amourachée

Qui usait de tous ses charmes

Pour savoir enfin pourquoi

Je refusais de rendre les armes

Je leur disais n'importe quoi

L'époque n'était pas faite

Pour les amours éloignées

Quelques centaines de kilomètres

C'était la mer à traverser

On suivait chacun sa route

Avec l'esprit bien occupé

On se disait que sans doute

On finirait par se retrouver

Alors chaque semaine

On noircissait du papier

On écrivait les je t'aime

Qu'on ne pouvait se susurrer

Petit vieux perclus de misères

Il m'arrive de regretter

Cet amour épistolaire

D'avant que la mort soit passée



Je t'envoyais par la poste

Toute ma mélancolie



26 10 06





Un jour ou l'autre l'on se dit

Tous ces courriers trop refroidis

Déposés presque par hasard

Consignés dans une triste gare

Un autre jour comme aujourd'hui

Ou dans le secret de la nuit

Le temps dans sa distillerie

Dégueule son alcool maudit



Pourquoi de toutes ces aventures

Cette douleur qui fulgure

De ce deuil l'avortement

Si ce n'est parce qu'on est vivant

Derrière la trame des confidences

On a usé même les silences

Pourquoi cette désespérance

Pourquoi le poids de cette absence



Un mot suffit ou une image

Pour que l'on reparte en voyage

Le souvenir n'est pas la mort

Même si l'on a quelques remords

On était dans le même train

Sans se questionner sur demain

si ce demain est dépassé

Le sourire d'hier est resté



Que me reviennent

Les joies anciennes

Qui parfumaient nos désespoirs.

20 05 07

TABANARCHIE

 

Une paix abstraite s'installe dans le silence crépusculaire

Le merle se tait l'air a cessé de bruisser dans les feuilles

A peine encore à l'ouest ­l'incandescence fait un clin d'œil

L'obscur et le tragique des mots dans la nuit se libèrent

 

Mais ce n'est pas un cri je n'ai pas cette peur

Rien qu'un jour qui arrête là sa banalité

Le chant sans désespoir d'un amour qui meurt

De ce triste trépas de trop avoir été

 

Au couvercle quelques étoiles indécises

colorent le bleu sombre de tachetures nacrées

Les ombres sans contours deviennent imprécises

Le poumon goudronné goûte sa rareté

 

Comment s'appelait-elle et qu'importe son nom

jusqu'il y a si peu elle était ma jeunesse

Si jamais je l'oublie je deviens un vieux con

Le sexe racorni sans espoir de tendresse

 

Elle habitait rue de la solidarité

Juste dans l'angle du boulevard Bakounine

Elle avait une âme qui me faisait bander

Le cul d'une ouvrière le sang de Kropotkine

 

Le temps passe paraît-il et je passe dans le temps

Pauvre incrédule aux récits des contes de fées

Éternel cocu et toujours espérant

Et croquant dans la mie du pain de l'amitié

 

Contemplatif je compte au camping des misères

Les tipis du refus les wigwams des clodos

Quand le vent libéral rétame leurs colères

Quand l'assassin hiver les couche sur le dos

 

Il me reste un euro juste assez pour un litre

A boire à la santé d'un quelconque richard

Mais le cœur n'y est pas l'estomac récalcitre

Pas facile pour le pauvre d'abreuver les soiffards

 

Qu'est-elle donc devenue elle qui était si belle

Pour que je me déplace le dimanche matin

Les guibolles en coton les éponges en flanelle

Et le doigt dans leur urne avec mon bulletin

 

A me faire bassiner avec la république

Je ne suis pas un mec je suis un citoyen

De quoi me parlez-vous ? Les services publics ?

J'ai vu ça en histoire c'était les temps anciens

 

La nuit me berce tranquillement

D'une valse lente à souhait

Je tousse un peu sur ses trois temps

Deux pour la guerre un pour la paix

 

où est de mes rêves la beauté

Alors que la connerie s'obstine

Et que la mort est à guetter

Que m'achève la nicotine

 

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour

 

C'est curieux comme parfois vie et mort se marient

Quand la terre fait toujours sa révolution

Mais que fais t'on de plus d'un mot aussi joli

A l'Est rien ne se lève sans le goût du pognon

 

Moi j'arrive à mon terme et je n'ai rien changé

La bêtise me tue les cons sont si nombreux

Quelques esprits peut-être que j'ai un peu touché

Qui se sentent si seuls qu'ils en sont malheureux

 

Quelques marches à monter dans la rue sur les flics

quelques coups échangés avec quelques fachos

Quelques drapeaux levés contre l'ère atomique

Des discours bégayés aux comptoirs des bistrots

 

Je n'en ai pas fini de mes propos futiles

Seule la mort à son heure me fermera le bec

A moins que la folie voulant se rendre utile

D'un de sa magie rende mon cerveau sec

 

C'était peut-être rue Proudhon qu'elle habitait

Un vieux taudis dont elle n'était que locataire

Elle sortait son tabac des troncs qu'elle pillait

Elle me le partageait comme on partage en frères

 

Mais mes pauvres frangins va comprendre aujourd'hui

si tu as des idées il faut les convertir

Dans la publicité si tu y as des amis

Ou dans la politique si tu n'as rien à dire

 

La clope du condamné que je roule dans mes doigts

Ça fait quarante piges qu'elle me tient enfermé

Avec un peu d'alcool elle me tire vers le bas

Construisant une fortune pour les cigarettiers

 

Ça tire sur les neurones ça épuise les soufflets

Mais ça a du parfum dans le vent libéral

L'imbécile fumeur chante le dernier couplet

Pas de richesse pas de sécurité sociale

 

Un monde sans autoroute voudrait-il de l'indien

C'est duchanvre bien sûr qu'il me plaît de parler

Ça sèche un peu la gueule mais ça fait tant de bien

Où donc habitait-elle je n'en ai pas idée

 

La nuit me berce tranquillement

D'une valse lente à souhait

Je tousse un peu sur ses trois temps

Deux pour la guerre un pour la paix

 

Où est de mes rêves la beauté

Alors que la connerie s'obstine

Et que la mort est à guetter

Que m'achève la nicotine

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour

 

Elle habitait dans cette maison insalubre

avec des fantômes et des adolescents

On entendait la nuit la musique lugubre

La voix des copains mort pour ses beaux yeux de sang

 

Je fumais des P4 c'était quelques centimes

Je me noyais dans le parfum des parisiennes

Je jouais les funambules sur le bord de l'abîme

Je trouvais dans l'alcool des délices musiciennes

 

Dans le matin bancal je jetais aux oiseaux

Quelques miettes de pain avant d'aller au taf

Je rêvais de l'amour et j'empilais des mots

Avec des noms de filles titrant les paragraphes

 

Et jamais de réponses à mes drôles de questions

Je rencontrais parfois pour un peu d'espérance

Les quelques camarades habitant sa maison

On construisait des plans pour rompre le silence

 

J'affichais sur les murs des slogans interdits

Je décorais le tubes de mots provocateurs

Mes songes mon montraient en poète maudit

La route me tendait ses bras et puis son cœur

 

Les vieux de ce temps là me foutaient les jetons

Pas un seul argument plaidant à leur décharge

Être en vie si longtemps pour devenir si con

Combien je durerais à rester dans la marge ?

 

Elle habite mes tripes alors que maintenant

Mes éponges rongées me tirent vers la frontière

Que mon corps ne veut plus être un adolescent

Que mon cœur ne veut pas faire machine arrière

 

Je suis un vieux corbeau croassant des silences

Parfois je fais la pause si souvent je soupire

Je me les roule amer au fond des dépendances

En regardant demain il m'arrive de sourire !

 

Un temps pour la sérénité

Malhabile un temps pour l'amour

Jamais rien pour la liberté

Mais un temps pour l'espoir qu'un jour...

 

 

D.L, Tabanarchie 14/15/16/08/2006

 

 

 





Elle sera devant moi alanguie nue et belle

Et je n'aurai pas peur en avançant vers elle

J'allongerai le pas pour être à ses côtés

Et je frissonnerai devant tant de beauté



Je lui dirai peut-être s'il me reste des mots

La saveur de sa chair la douceur de sa peau

Je poserai mes lèvres sur le carmin des siennes

J'en goûterai le miel et j'oublierai ma peine



Et je me coucherai contre son corps tranquille

Contre la fraîcheur pâle de son ventre immobile

Puis je l'enlacerai et elle m'enlacera

Je pleurerai peut-être quelques larmes de joie



J'aimerai qu'elle m'emmène bien au delà de l'âge

M'engloutir longuement dans l'infini voyage

Je suis prêt à partir avec toi maintenant

Pour une éternité ou même pour un instant



Pour ce si court moment qui sera le dernier

après toutes les amours qui m'ont été données

Une seconde seulement au bout de la folie

Mon souffle s'en ira se perdre dans la nuit.



22 04 14





Esthète de l'ombilic

Je marche sur mon fil

Au dessus des à-pics

D'un quotidien tranquille

La nuit je me dépêche

De ne rien faire du tout

J'attends des denrées fraîches

Pour modifier mes goûts

Je fais des longs voyages

Je plane infiniment

Je tente l'atterrissage

Quand il n'y a plus de vent

J'ausculte et j'introspecte

Jusqu'à l'obscur profond

De noir je me délecte

Je fabrique du poison

Je chute quelquefois

Dans des marais bizarres

Des gluances de vodka

Des sombres désespoirs

A dessein je cramponne

Dans ces délires amers

Les rêves que me donnent

L'alcool nu de l'enfer

Je tourne sur mon axe

Et je vomis enfin

Les cailloux que malaxe

L'estomac du matin

Et le jour vient banal

Un peu enchifrené

Alors d'un mouchoir sale

Je me vide le nez.



25 10 07



La folie est passée un jour à la maison

Je lui ai dit d'entrer et de boire un gorgeon

Quelques lambeaux alcoolisés

De poser quelques hardes sur sa rugosité

De poser quelques routes devant ma liberté

Quelques déserts désenchantés



C'était un simple geste d'avoir ouvert la porte

Je larguais le normal en me disant qu'importe

Je préfère croire à la magie

J'imaginais sans peine des vastes étendues

Des prairies de poèmes gravées sur sa peau nue

Comme sur une terre embellie



Elle m'a montré des mondes engloutis et glacés

Des hallucinations de matins fatigués

Comme des soleils de corbeaux

Elle m'a montré des feux qui n'existeront pas

Les chemins désolés qui ont fui sous mes pas

Des amours enfuies bien trop tôt



En pensant à l'envers j'ai inversé l'envers

Et dans l'artificiel j'ai inventé l'enfer

Sur le fil du rasoir des nuits

Elle restait là gentille dans chacun de mes mots

fidèle derrière la grille qu'elle tressait de barreaux

Et jusqu'au creux chaud de mon lit



Et elle est encore là à me combler le vide

A exploser toujours ce réel insipide

A me tordre les mots béants

Elle lancine à mon âme des phrases torturées

Et des mélancolies d'utopies déchirées

Qui s'absentent dans le néant



La folie est passée un jour à la maison

Plus jamais elle ne m'a quitté.



21 12 07



Une pleine valise de mots

Et un tombereau de musiques

Quelques sentiments à propos

Pour assurer les harmoniques

Quelques montagnes sous le ciel

Avec une armée de nuages

Taches grises sur l'aquarelle

Photographiant ce pays sage



Le gris d'un crachin quelquefois

Et quelques malles de brouillard

Le soleil des autrefois

Quand j'allais encore quelque part

Avec le sourire dans les yeux

De ce regard qui intrigue

Pâlissant les pupilles bleues

Dans l'énormité des fatigues



J'ajoute les bordées de comptoirs

De maintes nuits adolescentes

Cette vie qui finit si tard

Cette vieillesse qui s'absente

Dans l'ambre maltée des whiskys

Dans le vieil or de la bière

Et le matin des amnésies

Sur le manège de l'enfer



Quelques aventures gelées

Vers l'Est dans le cœur de l'hiver

Avec le chaud des amitiés

Pour effacer les frontières

Des logorrhées débordantes

Sur des torrents de ţuica

Quelques images désopilantes

Pour se souvenir de ça



Un cargo de vent dans les voiles

Pour faire surgir des sirènes

A bécoter sous les étoiles

Dans des obscurités sereines

L'implacable beauté des femmes

Avec leurs offrandes douces

Et le chagrin des mélodrames

Lorsque le désir s'émousse



Voilà un peu de mon bagage

Le minimum à emporter

Si tu veux partir en voyage

Avec l'envie de m'emmener

Je complète d'une brosse à dents

Et d'une paire de chaussures

Et je suis prêt dès maintenant

Pour chevaucher les aventures.



05 06 06





Il demi tourne sans brusquerie

Sans lâcheté sans menteries

Et s'il te tire en arrière

c'est qu'il connaît sit bien ta vie

Qu'il vire à la mélancolie

Quand il te renvoie sa lumière



Il te ramène avec tendresse

Aux eaux troubles de ta jeunesse

Et ses amourettes perdues

Toutes les filles étaient princesses

Tu pensais surtout à leurs fesses

En ignorant leur « vertu »



Aucune pluie sur le trottoir

Aucune nuit quand il fait noir

Aucune parole sans musique

Pas une couleur sans espoir

Pas une larme sans mouchoir

Au ciel des étoiles magiques



Tu aimes à te laisser aller

Pas de frontières barbelées

Quand tu démarres sur ton âge

Toutes les vies sont à rêver

Il ne faut pas être pressé

Pour s'embarquer dans ces voyages



C'est une chanson de Ferré

C'est la plage sous les pavés

Ou le regard clair d'une fille

Ou un poème d'Aragon

Que Ferrat a mis en chanson

Comme une aspiration tranquille



Aucune image dans le brouillard

Pas un semblant de désespoir

Aucune parole sans musique

Pas un copain qui fout le camp

Sans un signa amical avant

Pour rejoindre un monde magique



Et si je dois partir demain

Comme un bandit comme un vaurien

Gavé du sirop de la rue

Que va t'il donc rester de moi

Dès que je ne serai plus là

De celui que je ne suis plus



Que pourront penser mes enfants

Et les enfants de mes enfants

Si je devais rester muet

Ne pas leur parler des parents

Et des parents de mes parents

De la vie avant ma venue



De tout ce que je garde au cœur

Des milliers d'instant de bonheur

Tous les printemps de mon décor

L'aube des levers de bonne heure

quand vient sur la cime la lueur

Qui vient illuminer l'aurore



Et tout l'amour que j'ai pour eux

Quand je me sens devenir vieux

Parfois dans mes nuits solitaires

Ne serait rien sans la mémoire

De ceux qui ont fait notre histoire

Ceux qui ont brûlé les galères



A qui ou à quoi suis-je égal

Dans ce monde pour être normal

Est-on esclave avant de naître

Si je ne me souviens de rien

vous pourrez d'une seule main

Éliminer tous mes ancêtres



Mais quand je regarde derrière

C'est pas très loin après la guerre

A moi ça me donne des ailes

Je vole au dessus des tordus

Les libéraux et les glandus

Je plane encore hors de leur ciel



qu'est-ce qui ne vient pas d'hier

De quoi pourrais-je être fier

Quand l'univers perd le sourire

Il ne sert à rien d'être amer

Je veux pour mes enfants la terre

Qui ne soit pas qu'un souvenir



Aucune honte sur ma vie

Qui se tourne sans brusquerie

Sur tous nos rêves du passé

Le soleil brille sur mes nuits

C'est la beauté des nostalgies

Que l'avenir vient éclairer.

12 04 06



Je sens venir de terre comme une vibration

Un petit tremblement quelque chose qui gronde

Une autre poésie dans les mots des chansons

Je sens dans le présent se propager une onde



J'entends que devient fade le chant d'autres sirènes

Que grelotte la frousse dans leurs voix éraillées

Qui nous vantent en grinçant un avenir bien terne

J'entends déjà le bruit de ce train dérailler



Je vois venir l'après comme une impertinence

Des ailes d'albatros dégageant les brouillards

qui nous cachent encore les fleurs de l'espérance

Qui nous tiennent encore entres ces murs blafards



J'imagine demain béants de la corgniole

Les riches méprisants qui n'auront pas compris

Pleurnichant dans leur flic attendant la torgnole

Qu'ils ne recevront pas car ils seront finis



C'est demain c'est déjà leur monde qui se fendille

La rue qui fait tomber les pierres de leurs palais

C'est demain c'est déjà le futur qui scintille

Comme dans cette chanson de mes rêves secrets.



18 10 07





Qu'est-ce c'est cette vie qu'on vie

Quelle est cette dans qu'on danse

Ces trépidations ces cris

Et cette désespérance

Et ces lumières dans la nuit

Ce chaos qui tue le silence

Toute l'horreur et le bruit

La panique et la violence

Tous ces avenirs finis

Grâce aux dieux en dissonance

Tout ce future qui s'enfuit

Dans ce monde en décadence

Faut-il que tout soit écrit

Que cet animal qui pense

Sans cesse construit et détruit

Et détruire le met en transe

A quoi ressemble aujourd'hui

Alors qu'hier était souffrance

On a vraiment rien compris

Rien gardé des expériences

On a rêvé l'Anarchie

Laissant au vent sa semence

On a vénéré l'utopie

Se disant qu'avec de la chance...

Dans les ruines on est assis

A pleurer nos souvenances

Entre Guevara et Gandhi

On espère partir en vacances



Lest avions qui trouent l'infini

Ont bousillé les distances

Les villes qui brillent les pays

Qui ne savent plus les différences

On ressort les mots bannis

On prêche la tolérance

Mais les rêves ont déjà cuit

Dans le feu froid de l'impuissance

La richesse a de l'appétit

Le pauvre ne crie plus vengeance

Le riche doit être enrichi

Le pauvre lui remplit la panse

Le portefeuille bien garni

on achète même l'enfance

Même l'amour s'est enfui

avec la paix et l'insouciance

La tristesse qui m'envahit

C'est la joie de mon enfance

Les idées de paradis

Un reflet de l'innocence

Je me fous de la folie

Et de la mort qui commence

J'ai encore la force d'un cri

Pour anéantir le silence



Faut-il que tout soit écrit

Quelle est cette dans qu'on danse

Même l'amour c'est enfui

On espère partir en vacances.



26 10 04













Le silence imposant se répondait tout seul, son écho, mille fois répercuté par le vide, multipliait sa puissance.

L'absolue nudité du néant était parfaitement immobile.

L'espace infini et sans couleur n'était traversé par rien.

Je vis comme un nuage transparent ma dernière pensée s'enfuir, j'étais mort.

12 02 1982









Assemblage de mots mouvants, tournants

Dans mon environnement

Et, qu'un à un

J'attrape

Et dénude et

Range dans un tiroir à mots

Pour un jour en extraire

Vite

Un poème

27 12 1981





Elle est comme l'aigle sur sa proie

Tu ne peux sortir de ses serres

Elle est comme la pluie et le froid

Elle te maintient en hiver

Et ton sourire reste coincé

Et ton amour reste endormi

Elle est possessive et sacrée

Et tu es seul à sa merci



Elle vient forte et souveraine

Tu l'attends comme une mousson

Dans le silence des matins blêmes

Où elle te laisse nu et con

Et tu ne connais pas les armes

Qu'il te faudrait pour la tuer

Tu as le cœur au bord des larmes

Et du chaos dans tes pensées



Elle pose son sac et s'installe

Au plus profond de ton esprit

Et sans te faire ni bien ni mal

Elle casse doucement ta vie

Elle s'empare de la tendresse

Comme pour la sortir de ton cœur

La remplace par la détresse

La solitude et le malheur



La tristesse est tranquille

Elle aime à faire pleurer

Elle te met en exil

Le bonheur à côté. 20 01 1982



















Ce n'est qu'après avoir marché pendant huit heures que je me rendis compte, en me réveillant, que j'étais couché dans mon lit.

12 02 1982





J'ai suivi le fleuve innombrable

Mille chemins, mille nuits, mille horizons, mille silences

Je ne sais pas si j'ai choisi

Si je choisis ce mot qui vient avant d'âtre pensé

Celui qui s'inscrit avec son poids

Son passé, sa culture et la mienne

Et qui sera compris ou pas, qu'importe !

Je suis encore le fleuve

Je parle d'amour avec lui presque involontairement

Il est là en moi

Je suis là en lui

Si je me tais il m'étouffe

Et quand lui ne dit rien

Me voilà infirme de lui à chercher le membre absent

Comme s'il s'agissait d'un de mes bras ou de ma tête

En fait c'est tout à la fois

C'est moi entier coupé par me manque de lui, d'elle

Lui, le mot, elle, la poésie

La poésie est l'air que je respire

La fleur que je vois, la femme que j'aime

La poésie s'appelle amour

Elle est partout la poésie

A l'usine quant tu crèves, chez toi quand tu vis

Dehors, dedans, partout

J'ai suivi son fleuve innombrable

Et je retourne au fond de moi quand j'y plonge

Elle est le sang en moi

La où tout est clos, si clos qu'elle ouvre les barrières

Et que je laisse aller sa jouissance

La poésie est l'espoir du monde

L'espoir universel, le seul espoir

viens avec moi, tourne les pages

La poésie c'est la vie

Tu peux suivre à ton tour ce fleuve magnifique

Où rien ne s'oublie, rien ne s'oublie

On est si petit on dure si peu de temps

Viens...

07 09 1980





Des troupeaux de chiens morts cavalent dans les couloirs

Du même rythme fou ils se poussent et se pressent

S'écrasent contre las murs et marchent sans rien voir

Et moi les voir suffit que leur allure m'oppresse

Et je ne peux rien faire que d'aller à leur pas

Poussé traîné tiré bientôt sans volonté

Presque même allant là où je ne voudrais pas

Et le cauchemar dure vais-je me réveiller



Et je me ratatine contre les portillons

Dans mon regard s'éteint la dernière des flammes

Je suis indifférent sans haine je dis pardon

Quand je sens dans les reins le sac d'une dame

Je suis dans le troupeau numéro matricule

Je cours au fond de moi la machine travaille

Elle est réglée pour prendre des coups de pieds au cule

Je vais bêtement où l'on a voulu que j'aille



Je sens la mutation je deviens un taré

On me marche dessus et je reste placide

Intimement je rêve de paix de liberté

Et j'appelle folie ces seuls instants lucides

Parfois dans mon délire je deviens une chèvre

Encornant les chiens morts cassant les portillons

Ballottant de la queue et grignotant des dents

Ballottant de la queue et grignotant des dents.



25 01 1974





Progressivement je transhume

De l'avant je me catafalque

Je rumine ce titre posthume

Lettres dorées à l'orichalque

Qui orneront le virtuel

D'une pierre de vocabulaire

Qui a défaut d'être éternelle

N'encombrera rien sur la terre



Le jour sournoisement m'affale

Par cette douceur attendue

Qui fait tant de bien dans le mal

Comme un oxymoron verrue

J'oublie en me creusant la tête

A l'affût de quelques conneries

Les pinces du crabe qui guette

Derrière mes vertèbres pourries



Je revendique le droit des fous

A taciturner la folie

A triturer l'espace mou

Dans lequel se contraint leur cri

J'envisage du téléphone

Le bouchon quittant le goulot

Des copains aux verrées gloutonnes

Au cœur des nuits gorgées de mots



Je m'entends sentencieux et con

Prêchant mon discours libertaire

flottant dans le fétide sans fond

Comme l'anneau détaché du ver

N'en gardant que la solitude

Comme le garde-fou du contraire

La mauvaise fois dès le prélude

Et l'amitié pour le sincère



Alors dans la nuit je débonde

J'écoute mon corps voyager

Et mon esprit se dévergonde

Puisqu'il n'a rien à expliquer

Pas de retenue de censure

Pas d'aile de pigeon de côté

Pour éviter les salissures

Qui jaillissent de ma liberté



Pas l'obscure clarté étrange

De la lanterne du passé

Ni l'horrible odeur de vidanges

Que donne les rêves dépassés

Je poursuis sans bruit mon voyage

En aspirant dans le silence

Un peu d'air de la fleur de l'âge

Qui parfume ma transhumance.



04 12 07





C'est comme une océan gris et froid de ciment

Qui cogne les rochers lucides de la grève

Le soc d'une charrue au corps du sentiment

Une réalité qui vient noyer les rêves

Un crachin vespéral qui brouillasse l'azur

Une pesanteur sombre qui appuie sur le dos

L'ivresse masochiste qui ouvre les blessures

La mort qui frissonne de ce froid dans le dos

C'est ton système à toi qui flingue les systèmes

Une idée essentielle ou renaît l'animal

Heurtant l'intelligence dans ce qu'elle a d'humaine

quand l'inhumanité intègre le normal

C'est la peu qui s'échappe et la folie qui gagne

Qui te prend par la main clamant sa vérité

Qui ne te lâche plus trop fidèle compagne

T'entraîne sur les cimes d'un pays désolé

C'est l'ennui qui s'absente derrière la porte close

Là où on ne sait plus qui a tort ou raison

Là où on aimerait que les ordures explosent

retombant en cascade pour enfouir les cons

C'est l'alcool noctambule qui prend de l'altitude

Et te fait explorer le puits de ta conscience

Le silence de l'autre qui dit ta solitude

Quand tu planes là-haut Contemplant la démence

C'est ce savoir malsain qui peint ta poésie

Mais qui ferme la porte à tant d'entendement

Une idée perspicace qui frôle la folie

Et que l'univers prêche par tous ses saignements

C'est l'amour qui talonne pour sortir de la crasse

Et c'est la liberté une liberté noire

Cette bulle qui remonte seule vers la surface

Et la lumière viendra sortie du désespoir. 07 08 07 58

A quoi bon la couleur les soleil les nuages

L'automne qui démarre sa saison de voyage

Depuis un mois déjà l'été a fait naufrage

Et maintenant l'hiver est en apprentissage

A quoi bo la douceur la chaleur de midi

Quand c'est dans le sous-sol que se cache la vie

Que le jour peu à peu se perd dans le gris

Que l'aube se fatigue a remplacer la nuit



Tout autour de mon île l'océan est plus dur

Et les vents sont plus forts pour gonfler la voilure

La nostalgie du temps chante les aventures

D'une jeunesse enfouie sous bien des déchirures

A peine un souffle d'air et trente ans sont passés

Une vague de rêves que je voudrais surfer

Cet endroit où se mêle avenir et passé

Toute la neige qui vient ne va rien effacer



Le gel va venir dans le mois de novembre

Déjà je le sens bien il fait froid dans la chambre

Le matin trouvera la braise sous la cendre

Dans la cour il ya encore des bûches à fendre

Qu'importe la météo puisque l'on est vivant

Et qu'en mars c'est sûr reviendra le printemps

Il suffit de savoir ce qui est important

Je ne suis pas pressé je veux durer longtemps



Changement de saisons

changement de bonheur

La nuit arrive

De bonne heure.

20 10 06



Même si je laisse hier tout ce qui est trop tard

Que les dés sont pipés je le sais par avance

Je saute dans la flaque au milieu du trottoir

Même les jours de pluies ensoleillent l'enfance

Alors je vois demain les traces dans la neige

Que la folie d'aimer laisse sur son chemin

Ce sont les notes d'un impossible solfège

qui ne se joue qu'à deux comme d'une seule main



Le soleil qui revient je le vois dans tes yeux

Mais je suis en retard de bien quarante piges

quand il me semblait être cet ado merveilleux

Et tous mes souvenirs n'en sont que des vestiges

Je me rêvais et j'aime à me rêver encore

Romantique et maudit dans la nuit solitaire

En poète debout face au vent dans l'aurore

Une fille avec moi sauvage libre et fière



Ça se soigne c'est sûr mais toujours je déjante

En humain parmi d'autres pauvre grain de poussière

Je vois un autre monde ici me désenchante

Alors je m'en fabrique un bel imaginaire

L'âge me ride de son fouet mais ne pénètre pas

La sève monte encore même dans le rude hiver

Ce serait le printemps mais je n'y pense pas

Quelquefois la jeunesse à des relents amers



Je me réchauffe des femmes qui s'offrent à mon regard

si berlles je me raconte des filles de mensonge

Quand le sommeil arrive je les suis sans retard

Qui viennent se promener dans l'espace des songes



Et combien seront-elles ces passantes à mes yeux

A me convier pour tant d'infaisables voyages

Je voudrais voir mes mains dans ce désir soyeux

Avec du pur amour sans filet ni trucage



Alors je laisse autant et je laisse toujours

La démence mener ma barque chimérique

Et je persiste à voir dans l'invisible autour

Des aventures chaudes rencontres utopiques

Je suis un maraudeur à l'affût du plaisir

Je fais don de tendresse et j'accepte l'offrande

D'un geste d'un regard ou d'un joli sourire

J'ai l'épargne secrète j'attends les dividendes



Je ne suis pas de ceux hésitant du tango

Myopes qui ne savent plus ni l'avant ni l'arrière

Le rêve c'est demain hier est dans les mots

Et le baiser final a les pieds sous la terre

Je ne suis pas de ceux croyant dans le miracle

Qu'un déluge annoncé laissera sains et saufs

Et tranquilles et légers contemplant la débâcle

Assis sur un gazon que le soleil réchauffe



L'âge creuse et ravine et burine la peau

Agit sur la tripaille et sur le palpitant

Il essore les muscles et fait tordre les os

Mourir jeune c'est fini je n'en ai plus le temps

Je berce d'illusions ma vieillesse à venir

D'une main virtuelle pour caresser les courbes

Je m'aide quelquefois d'une verrée de plaisir

Pour adoucir ma gorge parfumée par la tourbe



Mon âme est insatiable elle guette l'émotion

Que le désir allume parfois sur la pupille

D'une inconnue rêveuse dont la séduction

Écrira dans ma tête un poème fébrile



Je ne suis pas de ceux que la peur ratatine

Et qui bourre à ras bord de fric leurs édredons

Qui méprisent les gueux et cela me fascine

Rêvent de l'autre vie promise des religions

Je ne suis pas de ceux qui façonnent leur corps

En prenant pour modèle un dieu publicitaire

Et dont la chair pendouille dépourvue de ressort

Quand l'âge triomphant laisse s'en échapper l'air

Je ne suis pas de ceux qui en conquistador

choisissent sur catalogue des congés exotiques

Et pleurent pour une nuit dans un aéroport

Une grève bloquant leurs vacances idylliques

Je ne suis pas de ceux dont la seule ambition

Est celle de « m'as-tu vu » de petite envergure

Qui guette dans les temples de consommation

La marque qui d'un seul coup allonge la pointure



Notre monde est le même c'est le regard qui change

La solitude amie qui fait le sentiment

Et le ressentiment de la bêtise étrange

Qui nous prend par le cou pour un étranglement

Je suis cet amoureux permanent et perdu

Dans le bonheur suprême que crée la permanence

Un nostalgique amer des amours jamais eues

Un vagabond errant aux portes du silence

Et j'attends de demain une bouche pour la mienne

L'  « ardence » du désir et la pulpe gonflée

La fraîcheur juvénile qui purifie l'haleine

Les lèvres sans scrupules qui s'offrent à baiser



Je ne suis pas de ceux sans amour ni haine

Formaté jusqu'au fond aveuglé jusqu'au sang

Dans le cruel des jours mon esprit se promène

Sens en éveil je vois je goûte j'écoute je sens

dormir dans des draps une femme à son côté

En se tournant le dos taciturnant le noir

Je me demande parfois où est la dignité

Une chambre lugubre ou un coin de trottoir



Je n'ai pas de sagesse la votre m'horripile

Je préfère la folie quand elle l'est à vos yeux

Aucun de vous ne peut aborder sur mon île

Elle est si jeune et belle et vous êtes si vieux

Dans le mensonge miroir vous vous voyez si grands

Que vous trouvez indigne le pauvre qui mendie

vous ne donnez alors qu'un regard méprisant

Et le miroir réel vous rend votre mépris



Je ne suis pas de ceux bloqués dans une case

Dont la pensée minus rebondit sur les murs

Leur revient dans la gueule les plie et les écrase

Fait gonfler leur orgueil et leur cache l'azur

De ceux qui s'agenouillent marquant leur soumission

A une vieille horreur bâtie de couardise

Pour y régénérer l'essence de leurs pulsions

Et semer la violence où le monde s'enlise



Je suis celui qui passe en se sachant passer

Je suis celui qui rêve de ta peau impossible

Les ailes étendues et la bouche fermée

Le sourire en dedans du regard impassible

Comme ce brouillard léger dans les arbres en lambeaux

Comme ces mots veloutés que je ne dirai plus

Comme l'appel au secours d'un monde qui fut beau

La lettre non écrite que j'ai pourtant reçue



Je suis celui qui met du printemps dans l'automne

Quand janvier au soleil craque dans la froidure

Quand le poil qui blanchit fait vieillir le bonhomme

quand son songe imagine l'été et l'aventure

Je suis cet ignorant dont le seul savoir

Se construit de désir et de désespérance

Le désir animal l'animal désespoir

Et l'amour par dessus pour grossir la souffrance



Dans le vent de l'hiver j'agglomère ce chaos

Adolescent encore debout dans ce poème

Et la nuit qui blanchit m'épargne de ces mots

Et je tais à jamais cette romance : Je t'aime.



16 01 09





J'ai vécu des instants aux confins de l'horreur

Dans une nuit entre le brouillard et la peur

Des instants ou mes rêves étaient de terminer

Ce chemin où l'amour m'avait abandonné



J'ai traîné derrière moi sur ce chemin de terre

Une besace lourde de joies et de misères

Je n'oublie rien pas même que je suis vivant

Que la mort peut venir dès le prochain tournant



Mais je ne suis pas seul et ce n'est plus l'enfer

Demain arrive pour atténuer d'hier

Les douleurs et les larmes et pour créer l'espoir

Et faire de tendresse ce soir et d'autres soirs



Mais je ne peux plus dire jamais

Mais je ne veux plus dire toujours

Et je ne veux plus

Parler d'amour.



02 07 1981





J'entends la chanson des champignons qui poussent

Les percussions de la pluie qui éclabousse

Le froissement léger des feuilles qui pourrissent

Le cri lent du granit le rire de mon fils



L'automne qui chuchote sa vie secrète et dense

Au ventre de la terre fourmillement intense

hirondelles parties vers la lointaine Afrique

L'écume bouillonnante de la côte Atlantique



On pourrait croire que le monde est en paix

Que la nature va sur son chemin parfait

Que rien ne peut perturber l'équilibre

Que l'amour existe que les hommes sont libres



La neige est vierge sans la trace d'un pas

Le ciel est pur l'avion ne le strie pas

Le chant du merle habille le silence

Le sourire d'une fille habille l'espérance



Un accord de guitare sur le feu qui crépite

La brise qui envoie l'averse sur les vitres

Une femme lovée dans la douceur du lit

La malice dans les yeux de l'enfant qui sourit



On pourrait croire que partout c'est pareil

que jamais rien n'arrête la course du soleil

Que les frontières ne sont pas inventées

Et que la guerre n'a jamais existé



Sur l'océan l'ouragan se prépare

Typhon cyclone qui frappent au hasard

Comme l'avalanche qui dévale l'adret

Et qui emporte les hommes et les chalets



Jusqu'où peut s'envoler mon rêve d'aventure

Plus haut que ce tuyau où brûle les ordures

Plus loin que les fumées qu'il crache vers les nues

Comme pour nous cacher un Éden perdu



On voudrait croire que le monde est en paix

Que la nature va sur son chemin parfait

Que rien ne peut perturber l'équilibre

Que l'amour existe que les hommes sont libres



25 10 05







Avec le ciel et ses nuages

Avec le vent avec ton âge

Avec l'oiseau qui vient chanter

Dans ton jardin sa liberté



Avec les fleurs avec les fruits

Avec le corps avec l'esprit

Avec la mer avec le sel

Avec le vin avec le miel



Avec l'enfance qui ne revient pas

L'adolescence qui ne s'en va pas

Avec les filles que tu as aimé

Sans rien leur dire juste rêvées



Avec maintenant comme hier

Avec le monde avec la terre

Avec les hommes malgré l'enfer

Pour que la paix balaie la guerre



cherche l'harmonie.



13 05 04







Le linge est craquant sur le fil

Le silence est blanc comme la neige

Sous la lune le sol scintille

comme les étoiles de mon rêve



On ira dans les pentes

Avec des luges et des skis

On fera des descentes

Des courses jusqu'à la nuit



Le froid est dans mes mains

Le gel est dans mes pieds

Au chaud je serais bien

Il est temps de rentrer



Le gros bonhomme glacé

A des yeux de charbon

Une carotte pour le nez

Et des dents en bouchons



L'hiver est arrivé

Les jours vont s'allonger

On va pouvoir glisser

On va bien s'amuser



24 12 05



Et puis elle est partie

Épuisée et finie

Sans pouvoir revenir

Que dans les souvenirs

Elle était douce et belle

Singulière et plurielle

Les nuits comme les jours

Elle se gavait d'amour

Parfois je le sens bien

elle tend encore sa main

vers ma paume ridée

Vers mon cœur fatigué

Dans le printemps parfois

Je crois entendre sa voix

chanter dans un murmure

Le goût de l'aventure

Je me prends à réver

De sublimes étés

D'un parfum de vacances

D'un refrain d'insouciance

D'une vie à construire

Un nouvel avenir

Je sais que c'est folie

Je sais qu'elle est partie

Parfois je le sens bien

Elle tend encore sa main...



23 06 07



Sans souci de l'impertinence

Je m'installe au cœur de la nuit

Pour transpercer les transparences

Dans les jeux de la poésie

J'écris ce qui me vient à l'âme

Depuis demain ou le passé

J'écris le sourire des femmes

Et leurs épaules dénudées

La fragilité de l'amour

Et la longueur de la vie

Parfois l'obscurité des jours

Parfois la langueur et l'ennui



Je voudrais rompre le silence

En faire des menus cristaux

Trancher le cou des apparences

Me défaire de mon air idiot

J'aimerais animer les débats

Des élections médiatisées

Faire avaler aux candidats

Du sérum de vérité

Les montrer à poil au vingt heures

Quand ils retiennent leurs proutes

voir sil leur talent d’esbroufeur

Résiste à leurs corps en déroute



J'écris le cul d'une voisine

Si la lune me fait du gringue

On peut croire que j'hallucine

Et même que je deviens dingue

L'albatros me donne ses ailes

Et la jeunesse sa folie

Je me promène dans le ciel

Sans jamais me bouger d'ici

Je fais des filles violoncelles

Dans mes visions surréalistes

Je chantonne les ritournelles

D'un vieux solitaire anarchiste



Je rêve que le pouvoir des mots

Peut à lui seul virer la crasse

Nous dépolluer le cerveau

Sortir la terre de la mélasse

Alors tout seul dans mon coin

Avec la nuit tout autour

Je pisse dans mon jardin

Et puis je dors jusqu'au jour



Bonjour...



15 10 06





Quelques minutes comme un luxe insensé

Ce temps qui file pour rien que pour rêver

Oublier les oublis et tout le reste

vivre dans l'harmonie du jour qui vient

Du soleil pâle habillant au lointain

En rose indien des nuages modestes



Quelques minutes arrachées au réel

Dans la couleur douce d'une aquarelle

durée tranquille d'une respiration

Juste se dire il fait beau on est bien

Dans l'air léger baladant des parfums

Attendre encore dans cette vibration



quelques minutes à s'ancrer dans le cœur

l'éternité d'un instant de bonheur

chercher le mots pour partager tout ça

Dire l'indicible le néant et la paix

tout le fragile de ce moment secret

Quelques minutes qui ne s'effaceront pas



Poser son cul sur le banc du jardin

Juste avant l'aube dans le frais du matin

Quelques minutes la musique du silence

Un peu de brume comme un paquet cadeau

De la lumière sur le chant des oiseaux

Un vent subtil qui fait la transparence.



06 07 05





Est-ce que c'était rue saint Michel

Ou bien rue de saint Malo

Cette nuit quand tombait du ciel

Des larmes tirées d'un piano



Qu'avait-on fait ce soir là

Il n'y avait que nous deux

Est-ce qu'on sortait du cinéma

Je crois que j'étais heureux



C'est toi qui a pris ma main

Sans réfléchir comme une enfant

Je ne pensais pas aux lendemains

Tu pleurais en souriant



Nous avons marché enlacés

Jusqu'à ton appartement

Et comme on n'était pas pressé

On a fait l'amour lentement



On a recommencé parfois

Sans se dire de mots inutiles

Pour le simple plaisir d'être là

Rêvant dans la nuit tranquille



Puis la vie nous a séparés

On a rangé les souvenirs

Quelquefois quand pointe l'été

J'aimerais bien y revenir



Peut-être bien rue saint Michel ?... 31 03 06

Après ces jours sans fond où j'ai mis à la voile

En mouillant ma chemise à souquer face au vent

Je vois surgir du gris un port pour une escale

Et la lumière du phare a le goût du printemps

Après toutes ces nuits ravagées de colère

De désespoir ancré du désenchantement

Je laisse enfin aller je glisse sur mon erre

Et la toile faseye lourde sur le gréement



Après l'écran tordu où je glisse mes notes

Une à une sur la vague qui charrie mes ordures

Des silences et des mots qui s'emberlificotent

Aveuglant la vigie en haut de la mâture

Je me laisse flotter et la brûlure du sel

Et le froid de la bise qui mord dans ma chair

S'habillent soudainement de la douceur du miel

sous un ciel chatoyant qui embellit la terre



qu'importe le mensonge s'il construit du plaisir

Et si le poil blanchit sous les assauts du temps

Si la mémoire ne garde qu'un éclat de rire

Et le soleil radieux du sourire d'un enfant

Si ce jour d'aujourd'hui ne compte que vingt-quatre heures

Même si ce provisoire se termine demain

L'éphémère de la valse suffit à mon bonheur

L'éternel de l'amour suffit à mon destin.



18 01 08





L'aurore est mélodieuse sur les bourgeons craintifs

Dans les branches presque nues que le vent fait frémir

Le soleil de l'hiver darde un rayon chétif

Sur le pinson transi et beau comme un sourire



Il y a dans le gel des brillances nacrées

Même dans le froid pâle des chaleurs insouciantes

Une grive m'observe depuis le cerisier

Un pigeon applaudit de ses ailes battantes



Je respire lentement le silence fleuri

Les grasses matinées d'une enfance tranquille

Une odeur de dimanche pour se sortir du lit

Au jardin où se montrent primevères et jonquilles



Ce n'est pas le printemps encore ce n'est pas lui

D'ailleurs l'azur clair est vide d'hirondelles

Et la lumière tarde à éloigner la nuit

A envoyer la brume se perdre dans le ciel



J'ai tant aimé le givre crissant dans les chemins

Au gré de mes balades solitaires et fécondes

De l'infini des rêves : sans jamais le mot fin

Immobile je poursuis mes pensées vagabondes



J'ai tant aimé la bise me cisaillant la chair

A me sentir vivant dans l'ivresse glacée

Comme l'oiseau passant de la mer à la terre

Le héron engourdi mulotant dans les pré



Mon fils regarde l'eau dévaler la colline

Emplis toi de la beauté pure de ce moment

La blancheur des cristaux que la clarté satine

La mélodie sereine qui baigne cet instant



Février aujourd'hui a des allures d'avril

Et le prunus habille de rose ses brindilles

Demain encore lointain apparaît comme une île

L'autre côté des nuits où les étoiles scintillent



Mon fils garde toujours le bonheur dérisoire

Et fugace de l'amour de ce morceau de temps

Cette fragile seconde d'éternel provisoire

Dans laquelle l'hiver sait rêver du printemps.



14 02 08





Dans les prisons touffues des épines acérées

Qui labourent la chair des blessures ouvertes

Dans le dur tintamarre des mensonges avérés

Qui inonde l'espace que l'amour déserte

Dans le monde qui ploie sous la fatalité

La folie de si peu qui suicide l'espoir

Dans ce zoo où l'humain joue la fraternité

Dans le ciel si bleu que ce bleu vire au noir

Dans les mots des discours où le vide résonne

Les lendemains heureux ne sont plus que des rêves

Dans le bel océan profond qu'on empoisonne

Il y a le reflet d'une planète qui crève

La prison est partout même dans un fauteuil

Dans la publicité aveuglant la lucarne

Dans l'œil borgne et froid de la rue qui t'accueille

Son objectif sec comme le sort qui s'acharne

La cage domestique qu'on te fait avaler

Tu le gardes tout seul pas besoin de serrure

Quand la consommation s'appelle liberté

Que la télévision s'appelle l'aventure...



Dans le souvenir sec comme dans le vent du soir

Dans la tristesse acide et dans le vin à boire

Je m'évade

Dans les morts venues dans la mort qui viendra

Dans les chagrins perdus et les confins des joies

Je m'évade

Dans la lumière bleue de l'aube ensoleillée

Le carmin frémissant d'un crépuscule d'été

Je m'évade

Dans le rêve serein d'un plus bel avenir

Les yeux de cet enfant et ses éclats de rire

Je m'évade

Dans le mutisme lourd des campagnes enneigées

Le crissement du pas sur la terre glacée

Je m'évade

Dans la brise flottante caressant l'horizon

L'ombre légère du soir qui ferme la maison

Je m'évade

Dans la vive lenteur des arbres et des pierres

Et le lourd sentiment des absences amères

Je m'évade

Dans l'incessant voyage de l'immobilité

Et le sourire sauvage du vent dans les nuées

Je m'évade

Dans la chair profonde des notes et des silences

La liberté des sources et dans la transparence

Je m'évade...



2009 ?







C'est une route déserte et nue

Un chemin qui va nulle part

Là où personne n'est attendu

Là où il n'y a rien à croire

Un joli sentier sentier sur la crête

Pour y dominer le néant

Défricher ses pensées secrètes

Dévaler les pentes du temps



C'est une route clandestine

que personne ne veut savoir

La mélancolie qui patine

Sur le vécu de son miroir

Pa l'ombre creuse de l'été

Où aiment s'abriter les bonheurs

Pas le creuset des amitiés

Dans lequel fondent les peurs



C'est une route noctambule

Trimballée au gré des hasards

Le fil ténu du funambule

Et la trouille du désespoir

C'est le lendemain qui vacille

Dans un présent sans horizon

Le passé qui met des guenilles

Pour habiller son abandon



C'est une route sans histoires

Dans le taciturne des nuits

Sans avenir et sans mémoire

Pas même celle des nostalgies

C'est ce petit chemin sordide

Sue lequel on existe plus

Où se crée la haine solide

Et le principe du refus



C'est une route...



29 01 08



Les amours égarées au gré de l'inconscience

Parmi les mots qui taisent les plus beaux des silences

Les souvenirs construits par les rêves présent

Cet assassin qui part avec l'adolescent



Les bonheurs incertains du vers dans la poème

Avec le rythme lourd des lettres qui vont et viennent

Comme des ventres collés qui vieillissent lentement

Comme le soleil d'hiver présage le printemps



Les tripes déchirées d'un avenir déçu

La nausée réprimée dans les boyaux tordus

Les nuages qui fondent dans le bleu de la mer

La chanson vagabonde qui traîne dans l'amer



La mémoire assiégée des passés qui s'arrangent

Ce qui ne sera plus et qui devient étrange

Avec ce sentiment de fin et d'être encore

Un bateau dérivant dans l'attente d'un port



Et ce repos absent sous le ciel de la nuit

Cet obscur agressif où se planque l'ennui

La mélodie glacée du râle dans les éponges

Ce vide de l'aurore où se planquent les songes



Comme le défilement des âmes arrachées

Livres si peu ouvert et déjà refermés

Et pourtant tant de cris dans la blancheur des pages

L'absence quelquefois fait durer les voyages



Avec ce poids poisseux qui poigne dans la chair

Qui tord les existences les demains les hier

La rivière qui défile son film au ralenti

On y pêche l'instant on y laisse la vie



Comme contemplant de loin l'horizon du rivage

L'horizon dont les murs ferment cet ermitage

Creusé dans les photos blêmes des espérances

La sirène épuisée du navire en partance



Dans la dilatation spatiale des aventures

comme la beauté du jour qui naît d'une blessure

L'imparfaite distance qui roule dans ce torrent

Où l'immobilité regarde passer le temps.



11 01 08



Noir en dessous noir en dessus

Noir en dehors noir en dedans

Noir alentour comme un refus

Noir comme désespérément

Fermé derrière fermé devant

Le silence comme une barrière

Le froid fermé toujours pesant

Mordant jusqu'au cœur de la chair

L'angoisse qui creuse son trou

Et qui refuse les voyages

Le rêve désarmé qui s'en fout

L'oppression qui fait des ravages

Pas d'horizon ni de nuances

La vue bloquée du quotidien

La blancheur qui avance

Jusqu'à la peur du matin

L'impossible oubli des souffrances

Qui tordent les muscles et les os

Et qui lardent les espérances

En piqûres froides du couteau

La mémoire marbrée du miroir

Qui se souvient d'un avenir

Que le temps passant peint en noir

Comme le revers d'un sourire

Noir en dessous noir en dessus

Noir en dehors Noir en dedans

Noir alentour comme un refus

Noir comme désespérément.

21 03 08





Je ne retiens qu'anecdotiques

L'amour infinitésimal

Le fou rire des nostalgiques

Histoires qui finissent mal



Ce goût de tourbe qui stationne

Dans le rêve doré des whiskys

J'ai le décodeur qui déconne

Je passe le cap de la nuit



J'ai la mémoire qui sature

De beaux mensonges encore trop verts

Et la jeunesse qui s'aventure

Dans les chants givrés de l'hiver



Je me bavarde en solitaire

des contes à s'asseoir debout

bourré pissant comme une gouttière

Saoulé d'un hermétisme mou



Je me concrète d'incrédible

En concrétions stalagtitantes

Qui donnent des nausées pénibles

Aux petits matins qui déchantent



J'ai la vieillesse qui voyage

vers des lointaines galaxies

Quand le jour revient j'ai mon âge

Au fumet des mélancolies



Alors j'arrache de demain

Le vin gâché des utopies

Judas préservé de copains

Je ne peux vendre que ma folie



Je m'ermite le choix est sincère

En saignant de l'âme et du cœur

Pour les amours que j'ai su taire

Pour y enfermer le malheur



J'espère voir éclater un signe

Le cul posé sur mon divan

Tout en tâchant de rester digne

Je lâche un pet tonitruant !



27 12 07







Le silence est d'or

Il ne vole pas

Je préfère les oiseaux qui pépient

Le silence c'est la mort

Il tombe au fond il est inerte

Le silence c'est le poids du malheur

Et de la solitude

Je préfère les oiseaux qui chantent

Ils sont légers ils dansent dans l'air

Des ballets insensés

Ils sifflent l'air de la liberté

Le silence me cloue au sol

Sa musique est sombre et monotone

Sa musique est bavarde et parle de folie

Je préfère la mandoline

Le oud la lyre et la conversation

Le silence est cotonneux et lourd comme la neige mouillée

Il s'ennuie dans les fonds

Dans les profonds de l'âme

Dans les poèmes abscons

Et dans les déchirures de l'amour

Je préfère les cris des enfants qui sont comme des oiseaux

Je préfère les oiseaux et la conversation

Je préfère m'envoler

Et pourtant je me tais

Chut...

04 12 04





Sentir le froid glacé du vent dans la tempête

Un cerveau congelé quelque part dans la tête

l'alcool seul pétrifié dans l'absence des nuits

L'aurore décolorée dans la brume endormie



Voir le temps s'étaler gluant comme une morve

Une boue molle et grasse fille au regard torve

Inquiétant et collant du vide déprimant

Sans l'éclat de malice des pupilles d'enfants



Découdre fil à fil le crêpe noir des mémoires

Voiler l'écran lucide et sombre du désespoir

N'accepter de folie que la folie du jour

Ce sourire tranquille qui ressemble à l'amour



Dégueuler le breuvage amer et solitaire

De la peur planquée jusqu'au fond des chimères

La musique tordue des sommeils incertains

L'obtuse logorrhée trompeuse du matin



Mais j'attends le printemps demain

Pour y planter mes pas pour y placer mes mains

Pour revenir de loin comme on vient de l'hiver

Pour y planter mes pas sur un chemin désert

De l'avenir qui vient moi j'attends le printemps demain



15 01 08



 

La pluie sur les vitres

Tape la mesure

Ça ne va pas trop vite

Ça ne cogne pas trop dur

La brise désarçonne

L'oiseau sur le fil

Ma chanson d'automne

Reste bien tranquille

Le soleil se montre

Entre les ondées

Je vais à sa rencontre

Je ne suis pas pressé

Je n'ai rien à foutre

Je suis un chômeur

J'ai l'œil dans la poutre

Une paille de bonheur

Je reste debout

je fais face au vent

J'aimerais j'avoue

Que ça dure longtemps

Ce petit tempo

Cette valse lente

A tout ce qu'il faut

Et cela m'enchante

La pluie sur les vitres

Qui marque le temps

Me fournit un titre

Pour une chanson

Je fais face au vent

J'aimerais j'avoue

Que ça dure longtemps... 19 10 06



La danseuse de tango

A le cœur argentin

Elle aime son macho

La guitare et les pleurs

avant arrière elle va

Jusqu'au petit matin

Elle accroche ses pas

A ceux de son danseur

Elle a le cœur vibrant

comme la corde qui sonne

Et le corps languissant

du temps qui s'abandonne



Elle n'a sur la peau que le noir du satin

Au creux du ventre le désir et le chagrin



La danseuse de tango

Glisse sur les tristesses

elle exulte et c'est chaud

La beauté de l'offrande

La danseuse de tango

Est gracieuse et lucide

Elle jette le pied haut

Et son sourire candide

Elle tourne et transpire

Au bras d'un hidalgo

Elle use du plaisir

Comme d'une arme terrible



Elle semble se plier

A ses caprices hautains

A lui faire oublier

que sans elle il n'y a rien



Elle n'a sur la peau que le noir du chagrin

Au creux du ventre la douceur du satin



La danseuse de tango

Mène l'homme où elle veut

elle bride la macho

Pour mieux le rendre heureux



26 01 04





Je la regarde quand elle passe

Quand elle sourit légèrement

Son regard embellit l'espace

Comme une averse de printemps

Je reste seul à la terrasse

Avec mes yeux d'adolescent

J'aimerais tant trouver ma place

dans sa vie même pour un instant

Je suis un morceau de silence

Que le hasard à posé là

Moins réel qu'un transparence

Un triste miroir sans éclats

Mais au profond de mes absences

Je rêve que je lui prends la main

Et qu'un nouveau chemin commence

Qu'elle fait partie de mon destin



Elle est mon but inaccessible

Je cherche les mots à lui donner

Tant de beauté est indicible

Tant de douceur est à pleurer

Je la regarde quand elle passe

Quand elle sourit légèrement

Son regard embellit l'espace

Comme une averse de printemps



Mais pour elle je n'existe pas

Je ne suis qu'un objet banal

Elle ne me voit pas je la vois

Elle est si belle que j'en ai mal.

29 08 07

Je voudrais vous raconter

Ce coin où je suis né

Où j'ai vécu l'enfance

Ce petit coin tranquille

Dans le cœur d'une ville

Mon temps de l'insouciance



Dans la maison en bois

qu'avait construit papa

C'était pas la richesse

Pour moi j'étais petit

C'était un paradis

Tout rempli de tendresse



C'était il y a longtemps

Avant que je sois grand

Dans les années cinquante

C'était toujours la fête

Quand un air de musette

Sortait du poste à lampes



Avec tous les copains

Les mômes des voisins

On jouait dans la rue

On n'emmerdait personne

Et sur le plan bagnoles

C'était pas la cohue



De nos grands yeux d'enfant

On admirait les grands

Qui avaient des mobylettes

Eux c'étaient des loubards

Des vrais des blousons noirs

Des héros dans nos têtes



Soixante et soixante-dix

Sont passés bien trop vite

Pour que vraiment j'y pense

Quatre-vingt est venu

Et puis tellement de plus

La nostalgie avance



Quand je vais à Montreuil

Je revois ce quartier

Bourré de souvenirs

si tout a bien changé

Pas l'ombre d'un regret

Ne voile mon sourire



Le passé est passé

J'ai quitté ce quartier

J'ai quitté mon enfance

Et mes mômes un beau jour

Penseront avec amour

A leur temps d'insouciance



08 02 1985 – 16 12 1992



J'ai connu un Montreuil qui n'existera plus

Le crottin des chevaux ramassé dans la rue

Les bateaux de papier courant les caniveaux

La bande de copains pour les courses en vélo

Les filles gentilles et douces pour quelques émotions

Des promesses non tenues des paniers de frissons

Des soleils d'amitié des flippers des billards

Et des soirées trop bues à tenir les comptoirs



J'ai construit des Corrèze chimériques et tranquilles

Des collines ondulantes pour entourer les villes

Des chemins dans les bois d'automne mordoré

Des amours au printemps fleuri des châtaigniers

J'ai bâti des enfances au ventre des étés

Des bonheurs insolents des filles aux cerisiers

Des veillées de silence des matins doux et clairs

Et des incandescence au toit des Monédières



J'ai vécu des Bretagne d'îles noyées de vent

Des féeries rougies aux feux de l'océan

Des endormissements de brumes et de pluies

Des journées bien trop courtes et des nuits de folie

J'ai ceinturé mes songes d'ajoncs et de genêts

Espace fleuri de lande profondeur de forêt

D'éternelles aventures échappées des chansons

De délices infinies perdues sur l'horizon



Il ne faut pas grand chose pour construire une vie

Des histoires et des rêves des jours suivant des nuits

Des souvenirs parfois ramenés par le vent

Pour que je sache encore que j'ai été enfant

Que j'ai pensé un monde qui serait sans frontières

Enfin débarrassé des horreurs et des guerres

Mais je n'ai rien trouvé de ce que j'imagine

Pas trouvé un pays où planter mes racines



Je n'ai rien vu passer je suis adolescent

Porté par le hasard j'ai filé dans le temps

Bien assez pour savoir que si elle est cruelle

Il faut bien peu de choses pour que la vie soit belle.



1995 ?





La nuit me balaie le visage

Comme le soleil de minuit

Elle me saoule bien davantage

Qu'une botte de radis

Cette nuit il fait bien clair

Pourtant c'est à peine midi

Un casse-croûte et un petit verre

Et ce sera reparti !



La grande Berthe me l'avais bien dit

Celle du fond du bout du fond

Ne bois pas cette saloperie

Ou tu vas devenir con

Tu vas faire comme moi après

Tu ne sauras plus ce que tu fais

Tu iras chercher du muguet

sur une plage en plein juillet



Tu pourras voir des voitures

Sur les quais dans le métro

Et semer sur tes brûlures

Quelques beaux plants d'artichaut

Tu arriverais à confondre

Le pape avec une putain

Et donner à son arrière train

Le dû du pauvre tapin



Prends pas ce truc au trichlo

Ça te donne mal à la tête

Tu crois que c'est rigolo

Que c'est mieux pour faire la fête

Mais pourquoi tu fais du vélo

Sur le képi de cet agent

Ça ne lui plaît pas de trop

Et tu pédales contre le vent



Arrête de tambouriner

Je te dis c'est pas un taxi

Et l'hôtel où on va t'amener

N'est pas l'hôtel du paradis

Fais gaffe ne pique pas les grilles

Pour en faire un barbecue

Déjà ce ne serait pas facile

Et ça ne leur plairait pas du tout



Demain si tu sors intact

Tu vas te mettre aux radis

Ça a beaucoup moins d'impact

Que cet alcool je te le dis

Tu n'est pas près d'être bourré

En buvant du jus de salsifis

Mais tu gardes ta liberté

Même si tout autant tu vomis



Mais tu auras des regrets

Et même de la nostalgie

De ces nuits de grand soleil

Où tu jouais avec ta vie

En oubliant les garde-fous

Et lorsque tu seras mort

Tu ne regretteras rien du tout !

1997



Il fait chaud il fera beau demain

C'est l'été qui crache son venin

Des jeunes filles nues prennent leur bain

Une autre mafflue montre ses seins

Vivement l'automne

Que je mange des pommes

Tout seul



Le sable sent l'huile et la sueur

Les touristes y trouvent leur bonheur

Les amoureux s'activent dans les fourrés

Les châteaux sont détruits par la marée

Vivement l'hiver

que je pêche des praires

Tout seul



Les campings débordent de graisse brûlée

Ça pue la friture et la diarrhée

Lest bagnoles écrasent les bas-côtés

Le garde-champêtre est débordé

Vivement le printemps

Que je cueille les fleurs des champs

Tout seul



Au café il y a des filles délurées

Qui se laissent facilement peloter

Le string à peine caché par la jupette

On y met la main sans qu'elles rouspètent

Y a que l'été

que je ne prends pas mon pied

Tout seul !

06 07 06

Avant de te connaître

Je croyais à la mort

Le ciel par la fenêtre

N'était plus qu'un décor

Je ne pouvais y voir

Que des étoiles éteintes

Comètes sans espoir

Ne laissant pas d'empreinte



Avant de te connaître

J'avais tout oublié

Je faisais semblant d'être

Enveloppe abandonnée

Je ne sentais plus rien

Ni désir ni douleur

J'allais sur le chemin

Sans malheur ni bonheur



J'étais sans impatience

Du sourire des femmes

Perdu dans le silence

Où je tenais mon âme

Je contemplais le vide

De l'avenir perdu

Je goûtais l'insipide

Et je m'y plongeais nu



Et puis tu m'as fait naître

Puisque je n'étais rien

Avant de te connaître

que tu me tendes la main

Dans le vert de tes yeux

J'ai vu le grand soleil

Disque d'or sur le bleu

Dont tu as peint mon ciel



Au désert de ma vie

Tu as semé des fleurs

Ton sourire a suffit

A réveiller mon cœur

Tu es ma source vive

Et ma liberté même

Ma chance mon estive

Je t'aime



22 09 07







Elle lui lance un regard

Bavard

Et lui

Ébahi imbécile

Ne voit que la beauté

La beauté sombre et bleue

De ses yeux

Plus tard

Pour s'endormir peut-être

Il verra tout le reste

Il verra tous les gestes

Il repensera

A la tête penchée sur l'épaule

Au visage posé sur la main

A la chair pulpeuse

La bouche entrouverte

Plus tard sera trop tard

Au sourire

Comme une lumière

Il aura encore un espoir

Puis le contraire

Plus tard

Perdu dans son regard

Trop tard.



27 07 08



Combien de temps faut-il

Des souvenirs tranquilles

Des frôlements secrets

Des regards discrets

Pour ce premier baiser

Cette peau caressée

Pour ces mots murmurés

Pour ces deux corps serrés



Combien de temps faut-il

Petits instants tranquilles

A voir main dans la main

Le soleil du matin

Et puis tant d'autres jours

A se dire toujours

A ne faire plus qu'un

A rêver le chemin



Combien de temps faut-il

Pour une vie tranquille

De chansons et de rires

Voir les enfants grandir

Pour ce petit matin

Sur le banc du jardin

Paisible et silencieux

Simplement être heureux



Combien de vies faut-il ?



12 07 08



Je ne comprends plus tes messages

Je ne sens plus tes vibrations

Je ne sais plus si tu es sage

Je ne sais plus qui a raison

tout ce passé qui m'appartient

Quand je me souviens de tes yeux

Comme cette pluie du matin

tombée de tes nuages bleus

Est-ce que tu sais ce que je veux ?



Je ne vais plus dans tes méandres

Je ne fouille plus tes silences

Je suis sans sourire à te rendre

Le présent est une indécence

Tout ce passé qui est le mien

Cette vie où rien ne s'agite

Mes lèvres posées sur ta main

Cette vie où je vais trop vite

Est-ce que je sais ce que je veux ?



Je déchire toutes les attaches

Puisque demain sera nouveau

Je ne sais plus où tu te caches

J'aimerais bien aller plus haut

Tout ce passé qui me revient

Comme un grand vide dans le cœur

Tu t'effaces de mon destin

Pourtant plus rien ne me fait peur

Est que je sais ce que je veux ?



Et si l'amour m'abandonne

Si je choisis la solitude

C'est tout le froid que tu me donnes

Pour l'avenir qui se dénude

Tout ce passé déjà lointain

A longer des tristes frontières

Qui m'accompagne vers un demain

Qui va ressembler à hier

Est-ce que je sais ce que je veux ?



Mais je ne veux pas te corrompre

Pas plus que te sacraliser

Il n'y a plus de lien à rompre

Plus rien ne peut nous détacher

Je choisis la route déserte

Parce que je n'ai pas trouvé mieux

Si ce chemin me déconcerte

Est-ce que je sais ce que je veux ?



(non daté)



Je cherche des pierres de patience

Pour construire mon bunker

Je les choisis soigneusement

Elles doivent préserver le silence

Qui règne dans le fond de la mer

Comme dans mon enfermement



Je n'ai pas de maître à penser

Je n'ai pas d'idole pas de dieu

J'attends sans hâte la vieillesse

J'ai une enfance dans le passé

Un grand soleil d'étés heureux

Et je me dis que rien ne presse



Je suis un moine contemplatif

Qui ne connaît pas de prières

Sinon des blagues pour rire à l'aise

Le diable et moi c'est kif-kif

Quand je rode dans la monastère

Où je veux vivre mon ascèse



Je suis un mystique ignoré

Un vieux messie sans foi ni loi

Je lève le jupon des blondes

Un irréligieux athée

J'ai même du mal à croire en moi

Sauf quand la bêtise débonde



J'ai vécu cent-mille vies

Dont quelques unes de bonnes

Celles que j'ai oubliées

J'ai eu des milliards d'amis

Excusez moi je déconne

Ce qu'il faut une poignée



J'ai travaillé bien longtemps

Pour autant de choses futiles

Que je suis bien fatigué

Est-ce qu'il me reste du temps

Pour enfin jouir de l'inutile

De nature et de liberté



Où vais-je trouver un désert

Une terre que le vent dénude

Pour y installer la paix

J'y inventerais des pierres

Pour protéger ma solitude

Je vous y inviterais



Mais mon pas se fait si lourd...



02 08 06





Elle est douce elle file dans nos mains

Comme les traits blancs des autoroutes

Ces lueurs dans le lointain

Entre le ciel et le doute



Elle est comme une frontière

Une rupture dans le temps

Entre demain et hier

Comme l'avenir au présent



Elle est ce que l'on veut en faire

Du plaisir ou du malheur

Le paradis ou l'enfer

Elle ne dure que quelques heures



Elle est à toi maintenant

Sans limite et sans profondeur

Fraîche comme un coup de vent

Parfumée comme les fleurs



Insaisissable et magique

Elle peut te faire voyager

Sur des ondes de musique

Surfant sur la voie lactée



Elle vient tout doucement

Et s'insinue dans les regards

S'immisce dans les sentiments

Et fait naître les brouillards



C'est une porte vers la liberté

Un sas avant la plénitude

Une tristesse désarmée

Le secret de la solitude



Elle a tout ce qu'il faut pour plaire

Même si elle peut faire peur aussi

Avec sa curieuse lumière

Ce silence qui s'épaissit



Elle est ma compagne fidèle

Elle guide ma main quand j'écris

Elle est une fée si belle

Qui peut allonger la vie



Elle est vive comme un torrent

Immobile comme l'attente

Blanche comme le gel craquant

Ou sombre et désespérante



Elle te passe de l'autre côté

Mais c'est toi qui avance toujours

Elle revient pour nous reposer

On voudrait qu'elle soit l'amour



Elle va de soleil en soleil

Elle nous montre l'univers

Des myriades de points pareils

Au grain de sable du désert



Je l'aime livide sous la lune

Je l'aime noir comme l'oubli

Je l'aime légère comme une brume

Je l'aime sombre comme un puits



Elle est la promesse du jour

Elle est le désir du lit

Elle est tout cet espace autour

Qui fait ressentir l'infini



La nuit



17 10 04





Tu es ivre de son regard clair

Tu n'as plus besoin d'autre chose

Que le satiné de sa chair

C'est ce que la vie te propose

Qu'importe les heures et les jours

Et la mélodie du silence

La rivière du temps qui courre

Sur son éternité immense



Rien que sa peau contre ta peau

Te suffit pour que tu découvres

Sa transparence comme de l'eau

Derrière la fenêtre qui s'ouvre

Elle devient ton alcool tranquille

L'aube de ton jardin des délices

Ton utopie de l'an dix-mille

Ton addiction sans artifice



Elle joue sur ton corps des arpèges

Comme sur les cordes d'une guitare

Tu fais parti de son solfège

Sur la portée où elle t'égare

Et si elle part sur le vent

Vers des ailleurs où tu n'es pas

Des paysages différents

Ton amour ne la quitte pas



Alors tu la serres dans tes bras

tu laisses tes mains se promener

Quand elle s'allonge près de toi

Avec l'envie de voyager. 22 10 08

Tu peux sans t'en rendre compte

Sauter tous les ruisseaux

Tu es si près de la source

Tu écoute ce que raconte

Le son cristallin de l'eau

Qui sans fin poursuit sa course



Même si c'est un torrent

Et qu'il cascade parfois

Tu te plais dans ces jeux fous

Comme tu joues avec le vent

S'il te malmène quelquefois

T'entraîne dans ses remous



Mais la rivière s'élargit

il faut apprendre à nager

Ou remonter sur la berge

Ce tumulte c'est la vie

Ce souffle la liberté

Qui inonde tes vingt berges



Plus tard et plus large encore

Il te faut chercher des ponts

Pour poursuivre le voyage

Le fleuve change le décor

Et s'il approche l'horizon

Il alourdit le bagage



Et si tu me tends la main

Est-ce que je pourrais franchir

D'un bond cette éternité

Quand j'arriverai demain

En dépit de mes désirs

A l'océan redouté



Quand seront loin les tempêtes

Les folies les ouragans

tous les ponts seront trop courts

Quand seront mortes les fêtes

Les jours de déchaînement

Il n'y aura plus d'amour



Laisse aller à la jeunesse

Le sang vif du ruisseau

Tu es si près de la source

Ne te soucie pas que cesse

Un jour de couler le flot

Quand j'aurai fini ma course.



10 11 08







Le vent dessine dans les nuages

Des vraisemblances chimérique

Des géographies des voyages

Et des émotions poétiques

La beauté d'une déchirure

Le gris qui s'ouvre sur le bleu

Je lis dans les effilochures

La tendre lumière de tes yeux

Je suis assis comme au spectacle

L'âme dans les rêves ancrée

Pour y déchiffrer les oracles

Météo de la destinée

Je vois la jeunesse dans mon âge

Des fleurs rouges épanouies

Le désir au cœur du présage

Comme l'espoir dans la folie

Et puis la nuit mange le ciel

Étale l'obscur sur la toile

Et dans ce noir artificiel

Elle allume quelques étoiles

Je me satisfais de bien peu

A peine une vision fugace

L'effleurement sur mes cheveux

Un geste pur comme une audace

Que m'importe les transparences

La lune visible sur l'azur

La peur jusqu'au fond du silence

Le songe noyé sur ta cambrure

Ce n'est rien d'autre qu'un nuage

Que le vent vient effilocher

Qui m'entraîne dans ce voyage

Que stoppe la réalité.



11 07 09

Il reste là sans rien attendre

Ne lui demande pas qui il est

Sa réponse pourrait te surprendre

Si par hasard il répondait

C'est un beau vieux aux cheveux gris

Au sourire dans les yeux brillants

La clope au bec les dents jaunies

La peau tannée par les ans

Son visage creusé de ravins

Est couvert d'une barbe frisée

Il tient sa canne dans une main

L'autre sur un genou posée

Il me regarde sans me voir

Ne répond pas à mon bonjour

Il va resté là jusqu'au soir

Assis sur ce banc dans la cour

Ça fait bien longtemps qu'il habite

Ce vieil immeuble de Paris

Personne ne lui rend visite

Personne ne sait comment il vit

C'est un vagabond du dedans

Je le vois chaque matin

Venir se poser sur le banc

Sa canne tordue à la main

Je persiste à le saluer

Et il persiste à me sourire

Sans cesser de voyager

Son passé est son avenir

Un jour il ne sortira pas

La cour restera déserte

Je crois qu'il me manquera

Que je souffrirai de sa perte

Il reste là sans rien attendre

Je ne lui demande rien...



11 09 06





Il faudrait l'éloquence froide et mordorée

De cette feuille qui tombe dans son dernier silence

Et qui rougeoie un peu sur le fond délavé

Du ciel bleu et tremblant et de sa transparence



La musique du vent soufflant aux branches nues

L'appel d'un corbeau sur le matin tranquille

A peine ce nuage qui traverse les nues

Et me met dans la tête quelques idées puériles



Sans sa beauté lugubre l'automne ne vaut rien

Le soleil est trop vif d'une gaîté étrange

Sa lumière trop pâle étouffe les chagrins

Et la douceur du spleen n'aime pas ce mélange



Les reflets de la lune viennent astiquer le sol

blanchissent le gazon des pelouses séchées

La buse sur le poteau guette le campagnol

Le crépuscule voit l'horizon s'embraser



Il manque quelque chose qui ne sait dire son nom

Un poids peut-être bien une lourdeur grise

La noirceur des brouillards dessus comme un plafond

Les embruns quelquefois transportés par la bise



Dans mes veines palpite ce printemps décalé

Les lézards sortent encore paresser sur les pierres

Le chrysanthème en fleur voit l'abeille butiner

Pour dire cette splendeur trompeuse de la terre

Il faudrait l'éloquence...



15 10 09

A peine léger comme une brume

Comme la feuille décrochée

Un fragment de temps que parfume

Ce bout de rêve ensommeillé

Je n'ose pas ouvrir les yeux

Je ne veux pas me réveiller

Je plane sur le sourire bleu

De ce matin ensoleillé



L'étoile brille dans ma nuit

comme la lumière de l'été

Le froid s'esbigne dans l'oubli

Ta peau est chaude et veloutée

Je n'ai plus ni âge ni poids

Je ne crains pas de me noyer

Je m'agrippe de tous mes doigts

A tes seins comme à des bouées



Mais il est temps je le sais bien

Que je dégage du plumard

L'automne souffle un vent malsain

Et la douceur du songe m'égare

Je dois retrouver le réel

La rouille qui fait grincer les os

Quitter le bonheur virtuel

De ma peau tout contre ta peau



A peine ce soupçon de vent

Déjà ton corps s'est échappé

Dans l'air sourire évanescent

Petit plaisir pour la journée

Ce bout de rêve ensommeillé. 05 10 05 96

L'amour désarticule le sang de l'éphémère

Le précipice ouvert sous le fil aveuglé

Puits profond de silence

Et parfois je me vois mendier dans le désert

Parfois je rêve encore de cette éternité

Comme d'une innocence



Il peut pleuvoir comme le vent peut souffler très fort

Un fragment d'azur clair peut déchirer le gis

Venir même le printemps

Parfois mes jambes sont lourdes je regarde dehors

Sans trouver de courage même au cœur de la nuit

Quand l'escalier descend



L'amour même la haine me deviennent étrangers

Je flotte au gré de l'air parfois dans une bulle

Et je suis libre enfin

Dans le poison cruel de cette liberté

Le tranchant du rasoir sous mon pas funambule

Comme unique chemin



Le poids de l'or me ploie sous sa charge imposante

Je fermerai ma gueule un de ces jours prochains

Lorsque tout sera dit

Jamais je n'ai écrit de chansons qui se chantent

si parfois j'ai voulu m'y noyer mes frangins

Des torrents de whisky



Je laisserai pourtant ces délires gravés

Des poussières de cagnard avant l'heure des moustiques

Des soleils qui se lèvent

quelques étoiles filantes dans le ciel d'un été

Des concrétions amères qui se voulaient musique

Les mots pillant les rêves



Parfois le blanc nacré sur des routes lointaines

Un copain mâchonnant une baguette en béton

Et tant d'autre voyage

Des navire sauvés d'un port en quarantaine

Sur la mer givrée d'une autoroute sans fond

L'aventure en bagage



Je suis né immobile depuis je vagabonde

Et je refais des pas tant de fois déjà faits

Qui ne se refont pas

chaque instant m'est précieux tant que je suis au monde

Ma mémoire est un gouffre qui se gonfle de laid

Et de beau quelquefois



Je n'oublie jamais rien je m'arrange et je passe

Je fais des analyses dans mon laboratoire

Je triche un peu parfois

Je lâche l'animal si l'animal me lasse

Je tangue vers l'obscur j'y devine un espoir

Dans le cœur lourd et froid



Hambourg Copenhague Vienne Bratislava

Satu-Mare Bercu Dunkerque Rotterdam

Quand parfois j'y reviens

Ultime vagabond qui traînaille par là

Tant de temps qui s'écoule où s'écoule mon âme

Quand il n'y a plus rien



J'étends mes jambes maigres au cygne qui décolle

Avec mes pieds puants trempant dans le Neckar

Sous la pluie germanique

Parfois je laisse au fond un peu de cet alcool

Cette chair de houblon que l'on boit jusque tard

Un bière utopique



Je naufrage parfois d'un sombre désespoir

Je laisse dériver ma barque sur mon ire

Et je vais jusqu'au bout

Le matin me réveille arpégé de guitare

Et de cernes bleuis allégés d'un sourire

La sagesse du fou



Je suis d'os et de peau et de ce sang impur

Qu'on apprend aux gamins qui s'en font une idée

Pourtant je reste intact

Rien de rien en ce monde dont je puisse être sûr

Que la mort qui m'attend à cette extrémité

Et qui manque de tact



Je n'oublie rien jamais et je souris encore

L'out back violet de l'été en décembre

Où je n'irai jamais

La méditerranée si nue de l'autre bord

Hamid de Kabylie a cessé de m'attendre

Au bled à Michelet



Michèle me tient la main souvent quand je transpire

Elle reste avec moi elle me donne des mots

Comme des enfants heureux

Quand je me couche alors le désert se retire

Et si je sens parfois un souffle sur mon dos

J'en prends assez pour deux



L'amour me condamne perpétuité infime

a la saveur du jour demain qui se prépare

A me noyer encore

A la douceur du grain aux fragrances intimes

Et aux navigations obscures et sans radar

Pour repousser les ports



Le facteur est passé du mot épistolaire

Tenant son pistolet à factures braqué

Dans ma boite crânienne

Je sème à la tempête des jeux de solitaire

Cette lettre nouvelle qui n'est pas arrivée

Est-ce la pénultième



Tout ce temps échappé fuyant d'une blessure

Pour encore une aurore et une aurore parfois

Respirant l'avenir

Le surf sur les lames frôlant la déchirure

Et les chevaux d'embruns galopant sous le toit

Je les entends hennir



Et des visages lampes et du son de vos voix

J'éclaire consciemment jusqu'au fond de mon cœur

Une onde familière

Un rire de guitare me surprend quelquefois

Un hoquet ferraillant qui ressemble au bonheur

Le sang de l'éphémère.



02 08 08





Ce miroir fendillé renvoie surtout mes rides

Il confond le futur et le conditionnel

Mais le « si » qu'il me joue s'agace devant le vide

C'est le poids de ce rien qui fait trembler mon ciel



Il ramène l'imparfait avec ses auxiliaires

Les images transies d'un temps aléatoire

La blessure d'un soleil qui se cachait hier

Qu'une goutte de pluie ranime à la mémoire



Des images de mots en noir sur le fond blanc

La fougue de ce torrent en presque automatique

Qui roule dans ses galets les morts et les vivants

L'avenir qui s'en fout le passé qui claudique



C'est derrière que ça joue en mineur bien souvent

En septième quelquefois pour blueser le plaisir

Et le majeur tendu pour voir d'où vient le vent

Qui grave sur l'écran l'infime du souvenir



Ce fleuve me réfléchit parfois un flot d'insultes

Un barrage de remords contient l'impétueux

Jusqu'à ce que l'oubli apaise le tumulte

Semant dans la musique des soupirs pernicieux



Même l'imaginaire quand je suis sur le pont

Envoie sur le tableau sa lumière rasante

Il creuse des ravins même dans les chansons

Il grésille jusqu'aux croches les plus insignifiantes



Maintenant je regarde le passé immédiat

Les yeux de l'avenir avalés par les cernes

Une lumière noire envoyant ses éclats

Dans mon dos loin derrière où je tiens la lanterne



Demain n'existe pas sinon au creux des songes

Et le passé n'est simple qu'à ne pas y penser

L'avant qui nous soutient si le présent nous ronge

Comme une météo de la réalité



Lecteur pointilleux je déchiffre les signes

Que mon cerveau envoie par mes doigts engourdis

S'afficher sur l'écran et même entre les lignes

Je vois se resserrer celles du fendillement



Alors laissant aller je cataracte encore

Contemplant ébahi dans ce fatras de mots

Ma jeunesse qui se terre au fond de ce décor

Et se souvient d'un monde où demain sera beau.



28 06 07





Que de temps qui passe à ne penser à rien

Suspendu dans le vide comme un triste pantin

A regarder dans l'invisible et dans l'absence

A piétiner dans le néant et le silence



Que de moments figés dans une gélatine

La transparence molle d'un ennui qui s'obstine

A ouvrir les yeux sur le gris du matin

Au seuil d'une journée longue comme un chagrin



Trop de désirs manquants pour que le soleil vienne

Que le chant des oiseaux me tire et me retienne

Tant d'obstacles à sauter quand je me sens perdu

Sans force dans le pied pour me botter le cul !



19 06 06





Tant de nuits tant de jours qui passent

Et les gestes d'amour s'encrassent

S'éloignent les soleils les étoiles

Vient le goût du sommeil dans la toile

Dans les toiles



La toile blanche du jour ou de la nuit

Où sont les traces d'amour où sont-elles parties

On dit que c'est tendresse cet ennui

Avant j'aimais tes fesses et la vie

Et la vie



J'aimais être dans toi et courir

théâtre et cinéma le plaisir

Profiter te ta peau me nicher

Tout ce doux et ce chaud embrasé

Exacerbé



C'est fini le temps du tango bien ralenti

On a perdu le tempo on a vieilli

Bientôt sera le moment de tout fermer

Pour moi maîtresse pour toi amant fini de rêver

Fini de rêver



Tu reviendras contre moi est-il trop tard

Y a t'il d'autres émois d'autres espoirs

Autre chose à vivre pour nous Rien que deux

Oublier brouillards et remous être heureux

Être heureux



Tomorow is another day c'est ce qu'on dit

Ça fait du bien au oreilles C'est joli

Je ne pas te dire je t'aime ou chérie

Je ne veux pas te faire la peine d'une menterie



Tant de jours tant de nuits

Vient le goût du sommeil...



19 12 04





Bien sûr je prends toujours

Quelques gestes d'amour

Que parfois tu me donnes

Ce sont des faux semblants

Exempts de sentiment

Juste un ersatz en somme



J'y trouve l'apaisement

La fin de ces tourments

Qui maltraitent mon corps

Ce n'est pas une offrande

Rien qu'une affaire de glandes

Qui cesse après la mort



Fini les barricades

Les sombres engueulades

Quand je n'en pouvais plus

Que je hurlais de rage

Tu faisais ton bagage

Puis on n'en parlait plus



J'étais dans le malheur

Vivants sur mes douleurs

Nié solitaire et fou

Mais tu vois le temps passe

Et les chagrins s'effacent

Ce temps là je m'en fous



Les mois et les années

Et les heures ont filé

Voyage sans retour

Emmenant les souffrances

Et la désespérance

Et détruisant l'amour



Je n'ai pas cette tristesse

Ni ce mal que laisse

Les anciennes blessures

Je n'ai pas de colère

Je ne suis pas amer

Je suis sans déchirure



Mais maintenant tu vois

Tu fais n'importe quoi

Et je ne dis plus rien

Tu restes dans ma vie

Mais pas dans mes soucis

Plus dans mes lendemains



Tu fais comme tu veux

Ou bien comme tu peux

Je ne sais rien y faire

C'est dommage mais tu vois

Aujourd'hui chaque pas

Que tu fais m'indiffère



Ce qu'il faut de duperies

Ce tas d'hypocrisies

Je les ai balayé

Je vis au jour le jour

Et ce désert autour

Je me sens libéré



C'est curieux quand j'y pense

De sortir sans souffrance

D'un naufrage pareil

Et d'aimer en silence

La belle indifférence

Qui devient mon soleil.



(non daté)



Salut vieux crabe salut beau prince

C'est la camarde qui tient tes pinces

Je viens t'écrire une chanson

avant que tu aspires mes poumons

Que tu viennes bousiller mon foie

Mon œil ma langue mes pieds mes doigts

Que tu t'en prennes à mon colon

A mon cerveau ou mon menton

Que j'ai des ganglions qui poussent

Et des tumeurs comme cette mousse

Qui vient sur les troncs d'arbres au nord

Du côté froid du côté mort

Tu joues mais ce n'est pas marrant

Puisqu'on perd la plupart du temps

Même si on perd dès la naissance

Même si c'est perdu d'avance

Je dois dire qu'on est pas pressé

De voir la ligne d'arrivée

Les sprinters c'est bien en vélo

Avec toi c'est moins rigolo

Qu'est-ce que tu attends pour y passer

Tes stases ne peuvent pas t'infecter

Tu es caché au fond de nous

Sûr de ne pas rater ton coup

Tu es dans l'eau tu es dans l'air

Tu fais du paradis l'enfer

Tu es dans la chair et le sang

tu vas jusqu'au cœur des enfants

Moi je sais bien que tu es là

Tu ris quand je me moque de toi

Tu es sûr de tous tes calculs

Tu affûtes tes mandibules

OUI je sais bien que tu es là

Peut-être bien que tu m'auras

Peut-être bien que je mourrais

Et qu'avec toi je partirais

En attendant je suis vivant

Et si je n'en ai plus pour longtemps

Il me reste un filet de voix

Assez pour t'écrire tout ça



Salut vieux crabe salut beau prince

C'est la camarde qui tient tes pinces

Moi c'est l'amour qui me tient debout

Tant que j'en aurais Tu ne m'auras pas !



15 11 04



Je ne veux pas des avions

Ni des trains à grande vitesse

Je suis bien à la maison

A profiter de ma paresse

Après quoi courent tous ces gens

Que je vois sur les trottoirs

Ou qui forment ce serpent

Qui bouche le boulevard

A quoi bon courir tout le temps

Passer sa vie au boulot

Courir est bien trop fatiguant

La mort viendra bien assez tôt

C'est si bon de ne rien faire

Que d'aller se promener

Les pieds bien posés sur terre

Et ses parfums dans le nez

A quoi ça sert d'aller vite

Ne rien voir de la beauté

Dans ce monde où tout s'agite

On ne peut plus respirer !

Je ne veux pas des avions

Ni des trains à grande vitesse

Je suis bien à la maison

A profiter de ma paresse.



Solitaire je bois de l'alcool mou

J'attends

D'une improbable espérance

Faut-i croire que je suis fou ?

Qu'y a t'il derrière le silence ?

Sinon moi

Mes broches font du yo-yo

Mon estomac se révulse

C'est dans mon sang

Ça pulse

C'est ma vie

Ça n'interdit pas le sourire

Ni l'amitié même l'amour

Je pourrais même mourir de rire

Mais ce n'est pas mon jour

Ce sois je bois de l'alcool mou.



09 09 06





Dans cinq minutes ou demain

Sans rien dire ni préparer

Sans bagage ni destin

Que l'envie de respirer

Sans rien oublier d'avant

Et sans rien savoir d'après

Pour profiter d'un instant

Pour n'avoir pas de regrets

Laisser derrière moi les doutes

Préférer le cri du vent

Se laisser faire par la route

Ne pas se soucier du temps

Je suis prêt pour le départ

Je suis paré pour aventure

Puisqu'on est là par hasard

Et que jamais rien ne dure

La vie est une plaisanterie

De bon ou de mauvais goût

On peut la rire à l'envie

Ou la vomir de dégoût

Je vous emmène avec moi

On démarre quand vous voulez

Et puis si on reste là

On a le droit de rêver

Je suis prêt pour une autre vie

Pour toutes les espérances

Toutes les couleurs tous les pays

Tous les bonheurs toutes les chances

Dans cinq minutes ou demain...



25 07 05

La folie est dans la conscience

Où elle joue un accord majeur

Et la sagesse dans le silence

Dans le froid où fanent les fleurs



Et ma main sait rester immobile et secrètes

Quand tu tends cette chair qu'elle ne peut plus toucher

Et les rêves sont vains dans cette nuit abstraite

Et mon âme sous le poids plie sans rien oublier

C'est en mineur que vient vibrer l'accord

Et jusqu'à l'infini s'étend sa résonance

Et l'atroce folie qui sépare nos corps

Prolonge le chant maudit de la désespérance.



05 11 06







Le vert est teinté de froid

Il se recroqueville dans l'aube

Même si l'automne n'est pas là

L'été se confit dans la daube

La brume baigne le matin

L'hiver déjà joue son prélude

Et lje marche sur ce chemin

Dans le vent de la solitude



Bientôt seront entre les murs

Les artifices des guirlandes

Trouées dans le néants obscur

D'un longue nuit de contrebande

Et la lumière va gagner

Une autre bousillera mon cœur

Et le printemps va arriver

Comme une fille qui me fait peur



Le mal succède à la douleur

Et la douleur suit le plaisir

Comme pour un enfant les pleurs

Sombrent dans un éclat de rire

Je n'ai qu'une idée du bonheur

Elle te ressemble aujourd'hui

Je n'ai qu'une idée du malheur

Quand le jour part revient la nuit



Tourne la valse des amours

Qui jamais ne durent

Mais aux nuits alternent les jours

La vie naît de cette blessure.

05 09 06

Sans être nyctalope pourtant

J'ai eu des nocturnes errances

Entre ivresse et désespérance

Qui me reviennent maintenant

Désincarnées et incertaines

Mais encore lugubres et noires

Et je m'y vois comme au miroir

L'image nette bien que lointaine

Chacun de nous la multitude

Lisant l'avenir dans la bière

Encore des demains comme hier

L'âme percluse de solitude

Bien tristes nuits quand j'y repense

Tant de fatigues engrangées

Je m'y vois comme un étranger

Dans ces fermées de l'absence

Mais rien ne cogne et rien ne blesse

A resurgir de ces histoires

Qui titubent sur les trottoirs

Avec un parfum de jeunesse

Je m'avoue parfois des regrets

Qu'avec l'âge l'on s'assagisse

De la mort je vois les prémisses

Est-ce bien elle que l'on cherchait

Quand la folie guidait mes pas

J'avais une chanson aux lèvres

Et cette perpétuelle fièvre

Qui me jetait dans des combats

Alors l'étranger quelquefois

Que je croise dans les souvenirs

Me fait signe de revenir

J'y vais mais je ne bouge pas ! 03 11 0921/02/21



Quand je sors de ce film

-J'y tiens le premier rôle-

Je me perds quelquefois

Dans la réalité

La lumière qui décline

L'aube qui ralentit

La beauté

Qui s'évade vers d'autres horizons

La jeunesse éternelle

Illusion

Un petit pas idiot vers demain

Dérisoire

Une poignée de remords ramassés

Pour l'insensé d'un geste

Hasardé par mégarde

D'un rêve sans contrôle

Quand je sors de ce film

Je laisse les mensonges

Je me retrouve usé

Avec cette fatigue

Et l'âge qui avance

L'avenir exigu

Et le soleil quand même

Pâle et bas de janvier.



25 01 09

Un chien à lunettes

Mange une gaufrette

Couché dans la cour

Assis dans une yourte

Le canard mongol

Joue du violoncelle

Une institutrice

Écrit au tableau

Ce poème idiot



Un chien à lunettes

Assis dans une yourte

Écrit au tableau

Une institutrice

Couchée dans la cour

Joue du violoncelle

Ce poème idiot

Le canard mongol

Mange une gaufrette



Un chien à lunettes

Écrit au tableau

Une institutrice

Le canard mongol

COUCHÉ dans la cour

Ce poème idiot

Joue du VIOLONCELLE

Mange une gaufrette

Assis dans une yourte



Un chien à gaufrettes

Assis au tableau

Écrit le canard

Une institutrice

Mange des lunettes

Idiot dans une yourte

Violoncelle couché

Mongol dans la cour

joue ce poème !



17 09 08



Mourir d'une savonnette au pied d'un lavabo

Une belle glissade et un manque de pot

Provoquant dans la chute une inondation

Jusque dans les éponges il y a des morts plus cons

 

Mourir dans le sommeil au bout des lassitudes

Dans le creux frais d'un rêve presque en béatitude

Ou mourir au réveil contemplant le plafond

Le regard bientôt vite il y a des morts plus cons

 

Mourir en se noyant au fond d'une bouteille

Pour avoir cru y voir se cacher des merveilles

Avant d'être aspiré par le cul du flacon

Et n'en pas revenir il y a des morts plus cons

 

Mourir à la sauvette bien planqué dans le noir

sous un tas de carton couché sur le trottoir

par une nuit d'hiver et de triste abandon

Tué d'indifférence il y a des morts plus cons

 

Mourir dans une baignoire d'aucun ont essayé

La baguette magique de l'électricité

Le chaud et froid banal pour une hydrocution

Ou les doigts dans la prise il y a des morts plus cons

 

Mourir par manque de bol alimentaire coincé

rempli jusqu'au oreilles parfaitement gavé

Bloqué en plein milieu de la déglutition

Sans pouvoir respirer il y a des morts plus cons

 

Mourir aux cabinets d'un prout exceptionnel

A consteller les murs des éclats de shrapnel

Et puis qu'enfin les gaz fassent péter la maison

Dans un feu d'artifesses il ya des morts plus cons

 

Mourir au garde à vous saluant le drapeau

La mitraille ennemie envoyant ses pruneaux

 

 

De ce petit trou rouge en plein milieu du front

De ce petit trou rouge en plein milieu du front

Le doigt sur la gâchette il y a des morts plus cons

 

Mourir ratatiné bouffé de métastases

Mourir de ce virus ramené d'une extase

D'un rhume mal placé d'une maladie sans nom

Ou d'un cœur fatigué il ya des morts plus cons

 

Mourir avec un flic assis sur la poitrine

Un de ces abrutis de la race porcine

Qui n'a pour seule cervelle qu'un ordre de mission

Et le sens du devoir il y a des morts plus cons

 

Mourir en promenade dans la nature complice

Et faire ce pas de trop au bord du précipice

Pour après des années transformé en glaçon

sourdre au pied d'un glacier il y a des morts plus cons

 

Mourir de son vivant avalé par la faim

Vidé de choléra et voir venir la fin

Comme une banalité sans poser de questions

Simplement étonné il y a des morts plus cons

 

Mourir dans la tempête d'un arbre fatigué

qui choisit notre tête pour venir se coucher

Et finir écrasé le pif dans le gazon

comme une fleur fanée il y a des morts plus cons

 

Mourir de s'envoler par la fenêtre ouverte

Les bras bien écartés et atterrir inerte

L'écarlate du sang décorant le goudron

D'un monochrome rouge il y a des morts plus cons

 

Mourir de liberté comme d'une aventure

Pour une belle idée jusqu'au bout des tortures

Partir en envoyant les mots d'une chanson

Au nez du tortionnaire il y a des morts plus con

 

 

 

 

Assis devant un char et bien douché d'essence

Partir dans la beauté de cette incandescence

Pour que se voit de loin le poids de l'oppression

Et qu'elle recule enfin il y a des morts plus cons



Assis dans une bagnole ou tranquille au plumard

Dans un congélateur ou bien en plein cagnard

Que l'on soit centenaire que l'on soit nourrisson

Que l'on soit gros ou maigre la mort c'est vraiment con



C'est le bout du chemin c'est elle qui nous attend

Elle qui nous emmerde tant que l'on est vivant

On aimerait qu'elle soit et reste une abstraction

Qu'elle n'existe pas la mort c'est vraiment con !



16 11 08





Le matin quand je m'éveille

Je tourne mon visage heureux

Vers le généreux soleil

De notre avenir radieux

Je prends mes médicaments

Avant le petit déjeuner

Des excitants et des calmants

des vitamines pour la journée

Ensuite avec le sourire

Je pars gaiement vers le boulot

douze heures par jour c'est pas trop pire

Même si ce n'est pas un cadeau

Le patron en veut toujours plus

On est bien d'accord sur le fond

Travailler plus pour gagner plus

Que me rapportent mes actions

Je constate que certains matins

J'ai un peu de mal à me lever

J'ai mal aux pieds et mal aux mains

Les articulations rouillées

Avec mes quatre-vingt printemps

Je ne m'en sors pas encore trop mal

J'ai tant d'amis qui ont foutu le camp

Vers un autre monde sans travail

Je peux faire cette confidence

Je pense à eux sans tristesse

Je les ai vu crever en silence

Noyer au fond de la détresse

Moi si je pouvais choisir

C'est un dimanche que je partirais

Je voudrais bien mourir de rire

Maintenant qu'on ne rit plus jamais. 10 05 07

Je regarde ce temps immobile qui passe

Au rythme des saisons et de leur souvenirs

Tous ces hivers trop blancs ces automnes fugaces

Que la mémoire invente et qui nous font vieillir



Qu'y a t'il derrière éclairé de jeunesse

Qui vient pour habiter l'avenir étréci

Ces images violentes qui pourtant nous caressent

Et ces larmes qui perlent au bord des nostalgies



Ces bonheurs révolus piquants comme des épines

Le sourire des photos aux couleurs fanées

Les échos de ces voix s'accordant pour le spleen

Et les éclats de rire depuis longtemps fêlés...



(Non daté – oublié - inachevé)

Elle sait le temps qui passe elle chante les saisons

Elle n'a pas peur des mots elle est la liberté

Elle est la voix des hommes jusque dans l'abstraction

Elle taille l'émotion du verbe pour la sculpter

 

Elle se pointe en loucedé et me chope la calebasse

Sa litanie de mots encombrante quelquefois

Comme une averse glauque qui engluerait l'espace

Elle vient me pourrir l'air bien mieux que le tabac

 

Elle gerbe ma folie je la suis à la trace

Sans pouvoir tout capter de ses messages abscons

Car elle est si lucide que s'en est dégueulasse

Et je marfle ses baffes comme si c'était bon

 

Elle est profuse en tout elle embellit le monde

Rarement quand elle plane sur le vol des oiseaux

Mais un coup de fusil lui rappelle l'immonde

Et sa sérénité fout le camp aussitôt

 

Dans ses voyages elle a parfois des Amériques

Des cordillères bleues regorgeant de silence

Quelques Afghanistan aux herbes chimériques

Et des libres Afrique tapant sur la conscience

 

Un tonnerre canonnant lui ramène à propos

Un gendarme casqué debout sur une poubelle

Et quelques abrutis s'enfonçant dans le pot

Des pétards dont les mèches n'attendent qu'une étincelle

 

J'entends sa voix de nuit car elle est les ténèbres

Et que le jour n'efface pas sa réalité :

Ce vrai de pacotille que l'univers célèbre

Cet écrasant de vide qui flingue la vérité

 

Elle envoie dans l'espace d'aventureux messages

Qui cognent et rebondissent sur la bêtise fière

De décideurs sourds et libres dans leur cages

 

De se crever les yeux pour ne pas voir l'enfer

 

Elle pose des questions qui n'ont pas de répliques

Mais font tinter les chaînes qui nous tiennent captifs

Des interrogations de bac philosophique

qui nous laissent dans la brume douloureux et pensifs

 

Elle chante le malheur pour créer son contraire

Et son blues quelquefois s'autorise les pleurs

Dans les larmes il y a l'essentiel qu'elle libère

Dans la douleur parfois il y a du bonheur

 

Dans le quotidien lourd elle prend de l'altitude

Loin du rouge du sang et du blanc du linceul

Elle préfère goûter les vins des solitudes

Et ceux de l'amitié qu'on ne boit jamais seul

 

Elle me tient compagnie quand me lâche l'amour

Elle éponge en secret les sanglots des chagrins

Qu'elle habille tendrement d'une chanson de faubourg

De cette chanson là qui parle de demain

 

Elle est ma sœur ma mère ma femme et quelques autres

Rebelle quand elle unit Villon et Néruda

Fraîche comme ce lit sur lequel je me vautre

Je l'attends sans attendre car je sais qu'elle est là

 

Sans elle il n'y a rien sinon le pragmatique

Des horaires contraignants et des jours incertains

Elle sème dans ses paroles une lumière magique

Pour fabriquer du rêve et changer de destin

 

Elle rêve sans hésiter d'un meilleur utopique

Elle touche à tout coup le cœur du sentiment

Elle se maquille de mots s'amuse de musique

Et se laisse envoler dans les dessins d'enfants

La poésie !

13 09 07