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26/05/2008

Dédicace

Aux percussions mouillées de la pluie sur l’ardoise

Quand le matin éclate les nuages sur le toit

Au goût des confitures de mures ou de framboises

Au sentier du printemps qui marche dans le bois

 

 

Au crépitement sec des hivers glacés

Dans la chaleur du chêne qui pète et se consume

A la finesse de l’air des silences enneigés

A l’heureuse chanson des bêtes qui transhument

 

 

A l’océan furieux qui s’acharne à la grève

Aux tempêtes qui viennent arracher les embruns

Aux ports cimetières pour les bateaux qui crèvent

Le pont mangé de rouille déserté de marins

 

 

Au miaulement geignard de mon chat à la porte

Qui rêve de croquettes et de coussins moelleux

A la musique légère du pas dans les feuilles mortes

A l’oignon épluché qui fait pleurer les yeux

 

A l’accord de guitare qui ferraille sous mes doigts

Une harmonie loufoque qui me va comme un gant

Au tabac qui graillonne jusqu’au fond de ma voix

Et qui met dans les notes d’étranges sifflements

 

 

A ce bouchon content de quitter la bouteille

Pour donner à mon pif l’assemblage de parfums

Les fruits secs du blanc au rouge des groseilles

Rigolant les papilles dans la gueule des copains

 

 

Aux averses que coupe l’averse de soleil

Quand le vent fait chuter la blancheur des pétales

Au gel qui fait briller le jour qui se réveille

Au pigeon qui roucoule sa rengaine matinale

 

 

Au renard qui mulote sur les prés de septembre

Quand l’azur a permis de clore les moissons

Au héron qui repeint ses plumes dans  la cendre

En guettant son dîner du coin de son œil rond

 

 

Au sourire pointu de cette jolie femme

A la nuit qui avance vers l’autre jour demain

Aux mélodies secrètes à démonter la gamme

Quand les crampes salopes viennent attaquer mes mains

 

 

Aux voyages lointains des soies de Samarkand

Et tant d’autres cités où je n’irai jamais

Aux huîtres de Pénerf et au sel de Guérande

A tous les souvenirs qui me grimpent au palais

 

 

A la liberté noire du fond des solitudes

A la beauté parfois qu’elles font naître en dedans

Aux rêves qui se créent dans la douce hébétude

Aux mensonges utopiques qui me poussent en avant

 

 

Aux bonheurs fragiles du sourire des gosses

Au rire qui engloutit le reste du chagrin

Ma chienne qui salive en rêvant à un os

Aux pauvres qui voudraient ne plus l’être demain

 

 

A l’imagination tranquille qui radine

Aux fêtes qui viendront dans les rues pavoisées

A la révolution qui se lèche les babines

Devant l’alternative qui construira l’été

 

 

 Au champignon furtif qui tremble du chapeau

Quand le champignonneux armé de son panier

Voit déjà dans la poêle posée sur le réchaud

Le cèpe voisinant les patates rissolées

 

 

A ce mouflet fierot qui chiale des escarbilles

Debout dans le couloir du train de son passé

A ce futur vieillard qui regarde les filles

En avançant peinard vers la sérénité

 

 

20/05/2008

Qu'est-ce que c'est ?

Dans le passage des semaines

L’aube est tremblante encore en plus

Jusqu’à quand coulera ce fleuve

L’entassement dans la mémoire

Les noms perdus des amours mortes

Les autoroutes de la nuit

Quel jour après viendra tranquille

Avec la chance d’un coup de vent

Remonter les jupes des filles

Jusqu’à mes rêves adolescents

Compterais-je un jour les étoiles

En 93 au mois d’août

Dans les strates éparpillées

Avec mon vieil ami Claudio

 

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Et s’étire infiniment

Attiré par l’invisible

Perdu dans le firmament

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Se dilate et se rétracte

Et se dilue dans l’espace

Alors que la mort nous menace

 

Mais quels sont ces songes étranges

Cette impression de déjà vu

Cette odeur dans l’armoire

Cette scène déjà vécue

Jusqu’où ira la rivière

Pour déterrer notre passé

Et nous montrer la parallèle

D’une autre vie simultanée

L’aurore peut être bleue ou grise

Les douze mois font une année

Mais à quelques années lumières

Je ne suis pas encore venu

Ni même le père de mon père

Pas plus que mon ami Claudio

 

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Et s’étire infiniment

Attiré par l’invisible

Perdu dans le firmament

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Se dilate et se rétracte

Et se dilue dans l’espace

Alors que la mort nous menace

 

Dans la durée de ma chanson

Si je m’enfuyais dans le vide

Je pourrais revenir si loin

Sans rien pouvoir recommencer

Pourtant parfois juste pour voir

Comme au poker dans le doute

Je donnerais tout ce que je n’ai pas

Mais à crédit sur l’impossible

Pour annuler les certitudes

Qui castrent l’imagination

Tordre le cou des solitudes

Et la vitesse des avions

Et puis j’irais boire une bière

Avec mon vieil ami Claudio

 

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Et s’étire infiniment

Attiré par l’invisible

Perdu dans le firmament

Qu’est-ce que c’est ce temps qui passe

Se dilate et se rétracte

Et se dilue dans l’espace

Alors que la mort nous menace

 

Qu’est-ce que c’est ?

 

D.L 2004

 

18/05/2008

Mai 2008

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