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03/05/2009

Tabac!

Jeudi trente avril, à bout de fatigue et de troubles divers, sinusite, maux de têtes, difficultés respiratoires, un coup de ras le bol et je prends la décision irrévocable de me rendre chez le médecin. C'est idiot, mais quand on n'a pas une tune, on attend le dernier moment, la limite, et seulement quand on constate qu'il n'y a pas d'autres solutions, on va chez le toubib ! Bref, rendez-vous tardif, beaucoup de monde dans la salle d'attente, le weekend qui se pointe inclut le premier mai, trois jours sans médecin c'est à coup sur la source de l'augmentation des angoisses chez les personnes un tant soit peu hypocondriaque. Je passe sur l'auscultation, mes difficultés respiratoires de vieille panse de biniou koz poreuse et dont le bourdon est désaccordé, la persistance du sifflement, la toux en quintes irrépressibles jusqu'à une tardive et provisoire libération. L'obligatoire ventoline... Quarante piges et même plus de tabagisme, dont une bonne trentaine à trop fumer des cigarettes extra-fortes, des brunes de toutes sortes de la gauloise bleue à la celtique en passant par toutes les autres... Ah les celtiques, gros module, gros plaisir ? S'envoyer le nuage bleu bien profond dans les éponges pour en ressortir un nuage gris qui a laissé dans les alvéoles une terrible quantité de merdes diverses...

 

Jeudi trente avril. Je sors de chez mon pote le toubib, nanti de médicaments (merci), les antibiotiques indispensables pour le grand ménage, et de deux ordonnances, la première pour le pharmacien, d'autres médocs, la seconde pour passer des radios, poumons et sinus. Je monte dans la bagnole, je sors mon paquet de tabac, je me roule une petite cigarette que j'allume, évidemment ! Je tousse, je retousse, je surtousse ! Je roule quand même vers la pharmacie. Je jette la cigarette à peine entamée par la fenêtre en regrettant ce gâchis !

 

Le soir vient (comme tous les jours !), je me roule des cigarettes très fines que je coupe en deux mais malgré ça, chaque bouffée me fait partir dans des quintes de toux abominables. C'est épuisant !

 

Dans les années quatre-vingts, lassé à la fois par le tabac et par les engueulades de mon ex quand j'allumais une clope, j'avais ralenti ma consommation jusqu'à arrêter totalement de fumer. Je me souviens de quelques jours assez difficiles à vivre, mais sans plus... J'étais sportif, je jouais intensément au tennis, je respirais bien, librement ! Deux ans et des brouettes plus tard, je me suis bêtement et lâchement laissé tenter par un cigarillo très doux offert par un beau-frère allumé pendant le réveillon de Noël. J'ai retrouvé instantanément les sensations du fumeur !

 

J'ai réussi à ne pas repartir sur les chapeaux de roues, à maintenir une consommation modérée, plus ou moins selon les circonstances. Mon ex m'horripilait avec ses remarques perpétuelles, elle me donnait l'envie de fumer de plus en plus ! A partir de quatre vingt neuf et surtout de mes premiers voyages en Roumanie, j'ai repris un rythme de croisière de grand fumeur. Aucune réflexion, l'excès tranquille, la cigarette toute cousue qui s'allume à la braise de celle dont il faut se débarrasser ! Des blondes, du tabac à rouler, des légères, des mentholées, des saloperies roumaines poussiéreuses et pas chères, avec filtre ou sans filtre...

 

Au retour des vacances en quatre vingt douze, après deux semaines lourdement tabagique, on fait (je suis avec mes filles), un arrêt chez Marie-Paule et Pal à Budapest. Retour à la civilisation moderne et à la douche chaude. Je fume jusqu'à ma dernière cigarette et, celle-ci écrasée, je décide du départ. J'arrête brusquement, comme ça, après avoir énormément trop fumé pendant les vacances.

Un mois après, jour pour jour, je retrouve mes copains rennais. Le soir, on bouffe dans un restaurant routier, aucun des deux copains qui sont avec moi ne fume. Mais je ne sais pas, l'ambiance, quelque chose... Je m'accroche comme je peux, je résiste et puis je ne tiens plus : Je me précipite au comptoir, j'achète un paquet de cigarettes, des allumettes et hop, je ressaute dans le nuage de fumée... Depuis... Une tentative d'arrêt en deux mille un ou deux ? Prise de Ziban, miracle ! En quelques jours je ne fume plus ! Je n'ai pas fait d'efforts, rien ! Trois semaines et je commence à avoir des démangeaisons sévères sur les mains. Je ne fume plus, je me gratte ! C'est vite insupportable ! Je lis la notice du fameux médicament et comme je ne prends rien d'autre, je dois me rendre à l'évidence, je suis allergique à ce miracle ! Pas de chance ! Je me suis questionné à ce moment là, sur mes motivations profondes... Ou sur leur absence qui aurait pu aider cette allergie... Mais non ! Je souhaitais réellement arrêter et je n'ai pas eu de bol, c'est tout.

 

Depuis, je vieilli vite, j'en ai marre de cette fumée prison, j'en ai fait des poèmes, des cauchemars, je me pose des questions !

 

Vendredi premier mai. C'est un jour comme un autre, à priori. Je me lève très tôt, je me suis couché très tôt hier soir pour ne pas continuer à fumer... Je ne veux pas prendre d'engagement définitif, je fais simplement un test. Je prends mes médicaments, je déjeune, je me lave, je prends un bouquin, j'allume l'ordinateur, je m'occupe, je retarde simplement l'allumage... A midi je n'ai pas fumé, on verra cette fameuse cigarette si bonne de l'après repas. Je ne l'allume pas non plus. Je ne tousse pas beaucoup, je ne respire pas vraiment mieux mais je n'ai pas fumé ! Le soir je traîne un peu, des copains passent, je bois un peu d'alcool mais je ne fume pas !

 

Samedi deux mai, deuxième jour sans tabac. Aïe ! La matinée passe sans trop de difficultés. Je commence à tousser, j'ai des pensées sauvages et dégueulasses qui font leur apparition, je m'imagine me roulant juste une toute petite cigarette, pour simplement aspirer une toute petite bouffée... Je me raisonne, je bois du café, du thé, du cola, des saloperies... Je bouge, il faut que je fasse ! N'importe quoi, que ça ne dure pas trop longtemps... Je me dis que dans les endroits où on ne peut pas fumer, on ne fume pas : Dans le train par exemple. Et ce n'est pas une souffrance ! Dans les troquets ! On sort en griller une dehors... C'est plus difficile avec le TGV, l'atterrissage en douceur n'est pas garanti ! Au boulot, pour ceux qui bosse, on attend la pause et on rattrape le temps perdu, c'est à peine si les fumeurs n'allument pas plusieurs cigarettes en même temps... Putain de prison !

 

Dimanche trois mai. J'ai tenu ! Le deuxième jour est passé, tout propre ! Je tousse de plus en plus, ça se dégage, lentement mais surement. Je me suis encore levé très tôt, je suis hyper nerveux, je tremble, je suis en manque. Ce n'est pas drôle de devenir libre ! A condition qu'il ne soit pas un peu tard, qu'un mauvais crabe ne soit pas en train de se gaver dans mes bronches et dans tout mon système respiratoire ! Je n'ai aucune envie de le savoir. Je n'irais pas, dans l'immédiat, passer de radios. Mon cher copain le toubib n'est pas dupe... J'ai vu les ravages du cancer sur quelques personnes proches, famille, amis... Beurk ! Ce serait étonnant que je passe à travers mais je ne suis pas pressé !

Alors j'en suis au troisième jour, encore deux et ça ira mieux et je voudrais bien encore avoir une dizaine d'années devant moi, voir mon fils grandir, devenir ado, adulte... S'il pouvait échapper à ce piège à con que constitue le tabac ! J'espère que je serais là pour l'aider... Dans dix piges il sera majeur, je continuerais à rêver de révolution à moins qu'elle n'ait eut lieu ? En attendant je dois affronter la longueur du jour, ce besoin pressant qui obsède, qui vide la tronche ! Je dois tenir ! J'ai envie de tenir ! Je vais y arriver !

 

Je vous tiendrai au courant...

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