19/12/2008
Meilleurs voeux ? 2009
C’est réconfortant, la France, à l’approche de ces putains de fêtes de fin d’année ! Ça fait du bien de vivre dans un pays libre et démocratique, dirigé par des femmes et des hommes sincères et honnêtes qui agissent, à l’évidence pour plus de justice sociale et donc pour le bonheur et la prospérité ! Des si beaux et si intelligents ministres, si ouverts au dialogue (entre eux, à la cantine), si proches du peuple… Un président tellement à l’écoute, qui ne ment jamais, ne manipule personne et agit toujours pour le bien de « tous les français ! »
Les habitants de la rue meurent sans faire de bruit, sous leur tente ou dans leur abri de carton. A une belle cadence, combien depuis le premier janvier dernier ? Un par jour ? Peut-être plus, allez savoir ! Il y en a qui parte de justesse à l’hosto, juste histoire de mourir au chaud…
La poste est vendue au privé, mais ce n’est pas pour privatiser ! Non non ! Penser de cette façon est une erreur d’analyse ! Il est bien évident que notre président n’a jamais eu la moindre intention de supprimer un des fleurons des services publics ! La preuve ? L’État reste actionnaire majoritaire ! Le président se fout de notre gueule ? Ah bon ? Tiens, je n’aurais pas cru ! D’ailleurs le président aime les services publics et leur disparition l’attriste. Non ? Ah bon…
Les médias parlent de la « valse des étiquettes » pour tout ce qui concerne les hausses des prix à la consommation. Les médias sont friands des chiffres qu’ils peuvent faire parler, qu’ils peuvent triturer, tordre et faire mentir comme ils veulent. Ils ne font que suivre les méthodes de l’État. En ce moment, les chiffres valsent beaucoup. Cinq mille par ici, cinq cent mille par là, deux cent douze à Dijon, mille sept cent à Rennes, etc. Quand la poste sera passée au privé, on ajoutera quelques milliers à l’addition… Mais les chômeurs n’ont pas de prix, ils ne valent rien, ils ne sont que des statistiques…
Les économistes, qui parfois ne parviennent même pas à se comprendre entre eux tellement leur langage est clair, sont presque tous d’accord pour annoncer que deux mille neuf sera une année terrible, de récession (si,si !) et donc de hausse du chômage, de baisse de la consommation, le vrai bordel !
Comment voulez-vous alors que le ministre Brice H trouve du fric pour construire un centre de rétention propre, qui respecte au minimum la dignité humaine, à Mayotte et ailleurs… C’est si loin…
J’imagine un dialogue. Nous sommes en deux mille neuf, dans un pôle emploi déshumanisé d’une ville du nord (taux de chômage 25%) :
(Une voix automatique) –Faites le 3949 !
Le chômeur : -Il n’y a personne ici ?
La voix : -Faites le 3949 !
Le chômeur : -Ben tiens, chez les flics c’est le 22, chez le toubib c’est le 33, ici c’est le…
La voix : -Faites le 3949 !
Le chômeur : on y va… (il compose le numéro sur un appareil téléphonique mural)
Une voix enregistrée : -Vous avez demandé le 3949, ne quittez pas, un conseiller va vous répondre. (En boucle)
Puis un déclic et une autre voix : Veuillez taper votre code d’inscription suivi de la touche dièse.
Notre chômeur modèle fait tout ce que les voix lui demandent en pensant vaguement à Jehanne d’Arc.
Enfin une voix lointaine, certes, mais humaine : -Monsieur X ?
Le chômeur : Oui.
Silence
La voix humaine : Vous étiez conseiller emploi formation à la mission locale de L ?
Le chômeur : -Oui.
La voix humaine : Votre CV indique dans les loisirs que vous aimez le bricolage.
Le chômeur : -Oui.
La voix humaine : -Vous connaissez le travail du bois ?
Le chômeur : Oh, un tout petit peu, je fais des petits meubles, des étagères, mais…
La voix humaine : -C’est très bien, on recherche un chef d’équipe charpentier pour la construction d’un centre de rétention à Mayotte. Vous pouvez partir demain !
Le chômeur : -Pardon ? Mais…
La voix humaine : -Monsieur il n’y a pas de mais ! C’est ça ou vos indemnités seront supprimées !
J’arrête là ce sketch qui ressemble à s’y méprendre à la réalité future… J’exagère volontairement pour la destination, je pense que Mayotte a ce qu’il faut comme main d’œuvre pour construire un centre de rétention sans faire appel à la sainte métropole…
Mais sur le fond, on en est déjà là ! Le chômage coûte cher à la collectivité, c’est clair ! Avec un gouvernement comme le notre, socialement très avancé… Il va falloir diminuer rapidement le nombre de chômeurs indemnisés ! Ils ont déjà commencé à œuvrer dans ce sens, ils vont continuer et même mettre les bouchées doubles ! Le travailleur n’est qu’un pion sur l’échiquier de l’économie de marché, le principal est de préserver les profits des plus riches patrons ! Oh la belle vie…
Alors deux mille neuf…
Les locdus, les souffreteux, les esclaves, les pensionnés, les lycéens, les sans abri, les artistes, les homosexuels, les paysans, les précaires, les chômeurs, les sans papiers, les noirs, les hétérosexuels, les intérimaires, les gros et les maigres, les poètes, les blancs, les profs, les aides familiaux, les techniciens de surface, les alcooliques, les beurs, les affamés, les réprouvés, les libertaires, les communistes et j’en oublie forcément…
C’est dans la rue que ça va se passer ! Que ça doit se passer ! Ici et ailleurs dans le monde ! Qu’ils mettent des chars devant les palais des gouvernants et devant les parlements, ils auront perdu ! Et nous auront gagnés !
Même si ça ne doit durer qu’un temps… ça vaut le coup, non ?
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